• L’#Argentine au temps de l’Europe du Nobel
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/10/14/largentine-au-temps-de-leurope-du-nobel

    Les commentateurs locaux estiment que, sur bien des sujets, le gouvernement est « plus à gauche » que la société. Je pense que c’est vrai sur le plan des réformes démocratiques et du développement des droits individuels. La loi qui donne le droit de vote à 16 ans sera sans doute adoptée avec une majorité large. Mais il n’est pas du tout assuré qu’il en aille de même avec la loi donnant le droit de vote aux étrangers du moment qu’il résident en Argentine de façon continue depuis au moins deux ans ! On ne peut cependant jurer de rien. En effet on avait aussi annoncé beaucoup de difficultés à propos de la loi qui supprima le régime de retraite par capitalisation. Il n’en fut rien. Des millions de gens ont accepté de revenir à la retraite par répartition parce qu’ils ont constaté qu’au minimum cela stabilisait leur situation et dans bien des cas cela l’améliorait. Dans un autre registre, plus récemment lorsque la loi a changé le statut de la banque centrale argentine pour lui ajouter les responsabilités de la croissance et de l’emploi, la résistance des libéraux a été vite épuisée. Socialement donc, la société argentine a mûri. Les mirages libéraux ne fonctionnent plus ici. Il est vrai qu’ils ont coûté très cher et que l’on n’a pas encore fini d’en panser les plaies.

    • Je reviens aux menaces qui pèsent sur l’action du gouvernement progressiste argentin. Et pour cela je dois évoquer les conséquences de la nationalisation de la compagnie pétrolière argentine Repsol. En fait il s’agit d’une re-nationalisation. Autrefois la compagnie appartenait à l’État comme dans la plupart des pays du monde. Elle fut privatisée au moment de la folie libérale du gouvernement Menem. Cette compagnie avait désormais son siège en Espagne. Le gouvernement espagnol s’est donc immédiatement mobilisé pour protester contre cette nationalisation. Mais si l’on veut bien y réfléchir, la question se pose de savoir s’il est légitime pour un gouvernement démocratique de s’en prendre à un autre au nom des intérêts d’une compagnie privée. Le gouvernement espagnol ne s’est pas contenté de protester, il a agi. Les parlementaires espagnols au Parlement européen ont fait adopter une motion, une de plus, où le Parlement condamne cette nationalisation. Mais il y a pire encore. L’union européenne, en tant que telle, à la demande des Espagnols, a porté plainte contre cette nationalisation devant un tribunal international à l’OCDE. Bien sûr ce genre d’initiative n’a guère fait l’objet de publicité dans la presse libre et indépendante des pays du prix Nobel de la paix. Il n’empêche que ce n’est pas acceptable. Comme européen, je ne me sens pas du tout molesté par le retour d’une compagnie pétrolière sous le contrôle de son peuple. C’est même plutôt l’inverse. Et chacun sait que le programme « l’humain d’abord » prévoit la nationalisation de Total. J’estime que le nouveau gouvernement français et le nouveau président de la république ne devrait pas être solidaires de cette démarche contre l’Argentine. Au contraire il devrait demander l’arrêt des poursuites par l’union européenne. Nous allons donc devoir vous occuper d’organiser une campagne pour obtenir le retrait de la plainte. Je crois que ce sera une campagne assez motivante dans la mesure où elle permet de faire le lien entre le soutien aux avancées de la nouvelle Amérique du Sud, la propagande pour que des mesures similaires soient prises en Europe, et la dénonciation du caractère grossièrement agressif et réactionnaire de l’action internationale de l’union européenne, notre cher prix Nobel de la paix.