Participation de l’armée aux transports de remplacement et au déblaiement des rues de Paris en mai 1968.

(Allons, bon... oui, désolé, désormais je ferai un brouillon avant de poster :) quoi que je ne me souvienne absolument pas de ce lien... décidément ça ne s’arrange pas... oups ok tu l’avais mis en commentaire...)

Tu disais en gros que la troupe râlait, signe que la hiérarchie n’approuvait pas l’usage de l’armée en maintien de l’ordre.

Pour l’instant (ce matin), les soldats seraient utilisés en statique pour dégager des CRS…

Sentinelle ne fera pas de maintien de l’ordre - La Croix
▻https://www.la-croix.com/France/Politique/Sentinelle-fera-pas-maintien-ordre-2019-03-22-1301010621
▻https://img.aws.la-croix.com/2019/03/22/1301010621/Soldats-operation-Sentinelle-Paris-25-2017_0_1399_933.jp_Soldats de l’opération Sentinelle à Paris, le 25 juin 2017
AFP/Archives_

Dans un interview publiée vendredi par Le Parisien, la ministre des Armées Florence Parly a pour sa part assuré qu’il « n’est dans l’idée de personne de mettre les militaires en face des manifestants ».

La participation des soldats de Sentinelle permet simplement « d’alléger les policiers et les gendarmes d’un certain nombre de tâches qu’il accomplissent communément dans la lutte contre le terrorisme », a-t-elle ajouté.

« Il s’agit de leur permettre de faire ce qu’ils sont les seuls à pouvoir faire : le maintien de l’ordre public », a poursuivi la ministre. « L’idée est donc de remplacer ponctuellement policiers et gendarmes sur des tâches que l’opération Sentinelle peut accomplir ».

« Nous allons veiller à ce que Sentinelle puisse encore davantage soulager les forces de l’ordre » a précisé Mme Parly, tout en assurant que « la répartition des tâches est très claire entre militaires et policiers » et qu’il est « hors de question » que des soldats soient placés face à des manifestants.

« L’armée ne fait plus de maintien de l’ordre en France depuis 1914 »
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/09/13/l-armee-ne-fait-plus-de-maintien-de-l-ordre-en-france-depuis-1914_3477270_32
(article de septembre 2013, en réaction à la proposition de Mme Royal de faire intervenir l’armée dans les quartiers)

Alors que des responsables politiques plaident pour une présence militaire à Marseille, le chercheur Jean-Marc Berlière retrace l’histoire de l’intervention de l’armée dans les villes.
[…]
Les missions de maintien de l’ordre sont impopulaires : l’armée n’y reçoit que coups, insultes et crachats. Et des tueries comme celles qui se produisent périodiquement – Fourmies, Narbonne… – ternissent gravement son image, déjà largement entamée par le soupçon de collusion sociale et politique qu’entraîne son engagement dans les grèves aux côtés du patronat. Au vu du contexte international et de la « revanche » contre l’Allemagne, l’antimilitarisme, alimenté par l’impopularité des missions de maintien de l’ordre exécutées par la troupe, devient un problème préoccupant.

Comment cela se passait-il sur le terrain ?
Le maintien de l’ordre est un vrai métier qui nécessite des comportements, un entraînement et un équipement adaptés. Lorsqu’on mettait des jeunes conscrits avec des fusils à baïonnettes face à des grévistes ou des émeutiers, l’alternative se résumait à abandonner le terrain, ce qui est contraire à l’honneur militaire, ou à tirer. Le recours à l’armée est alors extrêmement sanglant. Il y a souvent des blessés, voire des morts. A Fourmies, dans le Nord, pour la manifestation du 1er-Mai 1891, les militaires tirent pour se dégager, faisant plus de dix morts dont des femmes et des enfants. C’est un acte de guerre qui soulève une émotion considérable.

Remarque, aujourd’hui, on n’a plus de scrupules à tirer sur les manifestants. Mais c’est avec des #armes_non_létales_, c’est pas pareil…
Ayant rompu l’interdit, la pente ne peut qu’être très glissante.

Jules Moch (SFIO) fait appel à l’armée et au 11e régiment parachutiste de choc (bras armé du SDECE) pour briser les grèves de 1947
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Grèves_de_1947_en_France

Grève des mineurs de 1948
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Grève_des_mineurs_de_1948

La grève des mineurs de 1948, en France, est marquée par un important dispositif répressif, dont l’usage massif de l’armée et des blindés...

Des couvre-feux à Paris en 1958 et 1961 : Une mesure importée d’Algérie pour mieux lutter contre le FLN ? Sylvie Thénault
▻https://www.cairn.info/revue-politix-2008-4-page-167.htm

Edit : En métropole, c’est une militarisation de la police au quotidien (contrôles, rafales et armes automatiques partout) qui assura le maintien de l’ordre. Je me suis mélangé les pinceaux suite à divers témoignages d’ados de l’époque évoquant l’omniprésence d’hommes en armes dans Paris, en particulier la nuit.

À Beaumont-sur-Oise, l’après-midi en soutien à la famille Traoré encadré par des militaires (28 avril 2018)
▻https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/beaumont-sur-oise-lapres-midi-en-soutien-la-famille-traore-encadre-par-des

https://www.bondyblog.fr/app/uploads/2018/04/DSC_6627-1024x684.jpg

En 2019, après plus de 300 incarcérations, d’innombrables blessés, comment réussir enfin à faire rentrer le dentifrice dans le tube, dissuader les manifestants de s’emparant provisoirement de quartiers réservés de la capitale (VII, VIII, XVI, V, I, ..) et d’autres villes centres. Eh bien, on exauce les exigences policières (pas de plantes vertes par paquet, des forces mobiles !) d’un appui militaire sur les points fixes.

#gouverner-par-la-peur.

Généalogie coloniale du maintien de l’ordre à la française et inconséquence mises à part, il semble donc qu’on ait eu affaire à un coup de comm’ et de bluff foireux plutôt qu’autre chose, enfin dans le rétropédalage c’est plus ou moins vendu comme ça (cf. ►https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/force-sentinelle-mobilisee-le-chef-d-etat-major-des-armees-n-avait-pas-ete-preve).

Mais :

– le message est désormais bien passé de la participation de militaires, même indirecte, dans le cadre du maintien de l’ordre, c’est à dire de la répression de ce mouvement ;
– les déclarations terrifiantes (de députés, de gradés et de troufions), qui participent de l’intimidation, se sont succédées depuis mardi.

Dans la situation plutôt confuse et inflammable actuelle, même s’il « n’est dans l’idée de personne de mettre les militaires en face des manifestants », que se passera-t-il quand des manifestants croiseront des militaires par hasard, puisque personne, pas même les GJ, ne sait où ni comment ils bougeront samedi ? Par exemple dans les gares ? Même voire surtout si les lieux dédiés aux militaires font l’objet d’une interdiction de manifester ?

Indifférence, fraternisation virile et patriotique (vu le délire du truc c’est pas exclu), salutatoi prolétaire et crosse en l’air, ou réactions moins pacifiques à une nouvelle provocation du gouvernement ?...

C’était moins une en 68

Le 31 mai, l’essence revient dans les stations-services et la presse rapporte que des chars convergent vers Paris et que des unités en armes se regroupent au camp de Frileuse. La police et l’armée reprennent possession d’émetteurs de l’ORTF occupés.

▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Mai_68

N’oublions pas la généalogie anti-populaire et anti-ouvrière du maintien de l’ordre par l’armée.

La fusillade de Fourmies, le 1er mai 1891 : la troupe met fin dans le sang à une manifestation pacifique d’#ouvriers clamant : « C’est les huit heures qu’il nous faut ! ». Le bilan est de neuf morts et de 35 blessés.
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_de_Fourmies

Des tâches annexes de maintien de l’ordre ont également été assurées en 1968 et après par l’armée (au temps de la conscription).

Participation de l’armée aux transports de remplacement et au déblaiement des rues de Paris en Mai - Archives d’images de la défense
▻http://archives.ecpad.fr/participation-de-larmee-aux-transports-de-remplacement-et-au-deblaiem

En 68, les militaires ont par ailleurs assuré plusieurs missions dans la capitale : le transport des Parisiens dans des camions militaires, le ramassage de ordures, la remise en état de la chaussée, dépavée et encombrée d’automobiles détruites et renversés.

http://archives.ecpad.fr/wp-content/gallery/participation-de-l039armee-aux-transports-de-remplacement-et-au-deblaiement-des-rues-de-paris-en-mai-1968/F-68-221-R12.jpg http://archives.ecpad.fr/wp-content/gallery/participation-de-l039armee-aux-transports-de-remplacement-et-au-deblaiement-des-rues-de-paris-en-mai-1968/F-68-221-R26.jpg http://archives.ecpad.fr/wp-content/gallery/participation-de-l039armee-aux-transports-de-remplacement-et-au-deblaiement-des-rues-de-paris-en-mai-1968/F-68-221-R40.jpg http://archives.ecpad.fr/wp-content/gallery/participation-de-l039armee-aux-transports-de-remplacement-et-au-deblaiement-des-rues-de-paris-en-mai-1968/F-68-221-R47.jpg

L’armée remplace le RER en grève
▻https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d'actualité/des-camions-militaires-transportent-les-usagers-photo-dactualité/965518568

Des camions militaires ont transporté des usagers des transports pendant la grève des ouvriers de l’entretien des RER et du métro en 30 novembre 1988 à Paris :
▻https://media.gettyimages.com/photos/des-camions-militaires-transportent-les-usagers-pendant-la-grve-d

L’Armée va tester les LBD pour les opérations extérieures
▻http://www.leparisien.fr/faits-divers/l-armee-va-tester-les-lbd-22-03-2019-8037969.php#xtor=AD-1481423553

Selon une note de l’Armée de terre que nous nous sommes procurée, le controversé lanceur de balle de défense, très utilisé contre les Gilets jaunes, va être expérimenté. Si l’idée est retenue, son usage sera limité aux opérations extérieures.
Le ministère des armées l’a martelé vendredi : les militaires de la force Sentinelle appelés à la rescousse dans le cadre de l’acte 19 des Gilets jaunes ne seront en aucun cas équipés de #LBD, les lanceurs de balles de défense. Le seront-ils un jour ? « Pas sur le sol français ou dans le cadre de Sentinelle », assure l’armée de terre. La précision n’est pas anodine.