• Attaques à la grenade à Anvers : l’indifférence de Bart De Wever Kris Vanmarsenille, Guillaume Deneufbourg - 20 Mars 2019 - Daardaar
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    Elle aura donc quand même fini par venir, cette réaction du bourgmestre d’Anvers suite aux multiples attaques à la grenade perpétrées dans sa ville. Après concertation avec la justice et les services de police, Bart De Wever a annoncé un renforcement des contrôles d’identité, une multiplication des patrouilles et l’ajout de caméras de surveillance. Il a aussi incité les jeunes anversois à ne pas se laisser appâter par l’argent facilement gagné. Et le bourgmestre de lancer au passage une pique aux « bobos-cocos[1] », en référence aux adeptes autoproclamés d’un mode de vie plus sain qui sniffent à l’occasion un rail de cocaïne.

    Toujours est-il que les habitants du quartier où les faits se sont produits restent abandonnés à leur triste sort et n’auront pas le privilège d’une visite mayorale. Mardi matin, quelques heures après l’explosion d’une nouvelle grenade sous une voiture, Bart De Wever a rappelé qu’il était tenu au silence afin de « laisser la justice faire son travail ». Il a raison : un bourgmestre ne peut s’exprimer sur une enquête judiciaire en cours. Personne ne lui avait d’ailleurs demandé de déroger à cette règle.

    Le bourgmestre a en revanche bel et bien le devoir de soutenir les habitants de sa ville dans les situations difficiles, de faire preuve de compréhension et d’écoute vis-à-vis de leurs peurs et de leur colère, et de leur garantir qu’il mettra tout en œuvre pour assurer leur sécurité.

    Par le passé, certains bourgmestres se sont déplacés pour moins que cela. Des grenades qui explosent sur le pas de votre porte, des vitres qui volent en éclats, des voitures endommagées, des enfants apeurés. Se coucher chaque soir en se demandant où sautera la prochaine voiture. Des faits qui n’ont rien d’une bagatelle. Dans ce genre de situation, deux ingrédients sont nécessaires pour apaiser les esprits : la promesse que tout sera fait pour mettre fin aux violences et un mot de soutien aux services responsables de la sécurité. Le premier a enfin été apporté, le deuxième se fait toujours attendre.

    À l’évidence, Bart De Wever ne peut trouver de solution miracle à ces attaques du jour au lendemain. Personne n’en serait capable. La problématique de la drogue à Anvers est immense, tentaculaire, multiple. Et ces attaques à la grenade ne sont qu’un aspect du problème.

    Si elles n’ont jusqu’à présent fait aucune victime, elles sont toutefois loin d’être de simples nuisances auxquelles les citoyens de certains quartiers chauds doivent s’habituer. Chaque incident doit ainsi conduire à une réaction du chef de la ville, qui doit songer à ceux qui ont simplement eu la malchance de compter un dealer dans leur voisinage. Les attaques à la grenade doivent certes impliquer une augmentation des contrôles et des caméras de surveillance, mais elles doivent aussi et surtout pousser le bourgmestre à faire preuve de plus d’empathie et de compassion.
     
    [1] NDT : Le terme néerlandais « yogasnuivers », littéralement les « yogis sniffeurs », a fait couler beaucoup d’encre en Flandre. Il s’inspire du terme anglais « cocaine yogis ». Cet article http://www.standaard.be/cnt/dmf20190319_04268642 du Standaard revient sur son étymologie

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