Controverse autour des chômeurs qui gagneraient plus qu’en travaillant, Bertrand Bissuel

#message770754

  • Assurance-chômage : l’Unédic s’interroge sur des chiffres du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/27/assurance-chomage-l-unedic-s-interroge-sur-des-chiffres-du-gouvernement_5441

    Aujourd’hui, le discours gouvernemental suscite de gros doutes parmi les administrateurs de l’assurance-chômage, composés à égalité de représentants des salariés et des employeurs. Alors qu’elle dévoilait à la presse les prévisions financières de l’Unédic, la présidente du régime, Patricia Ferrand (CFDT), a été interrogée, mardi, sur les 20 % de chômeurs dont l’allocation serait supérieure à leurs revenus d’activité mensuels moyens : « On ne sait pas du tout comment ça a été (…) calculé », a-t-elle répondu, en insistant sur le fait que les règles applicables posent comme principe que le demandeur d’emploi ne peut pas gagner plus que le salaire sur la base duquel sa prestation est déterminée. « On aurait besoin d’un appui technique sur ce chiffre [de 20 % mentionné par l’exécutif] parce que ce n’est pas ce que l’on constate (…) dans notre position de gestion de l’assurance-chômage », a, pour sa part, déclaré Eric Le Jaouen, vice-président (Medef) de l’Unédic.

    #paywall

    • « Non, M. le Premier ministre : le chômage ne paye jamais plus que le travail ! » - Mathieu Grégoire

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/29/non-m-le-premier-ministre-le-chomage-ne-paye-jamais-plus-que-le-travail_5443

      Le sociologue Mathieu Grégoire conteste dans une tribune au « Monde » les raisonnements et les chiffres d’Edouard Philippe et de la ministre du travail au sujet de l’indemnisation des chômeurs.

      Tribune. Il y a plus d’un mois, lors d’une conférence de presse marquant le début de la reprise en main de l’assurance-chômage par le gouvernement, le premier ministre a expliqué qu’il fallait que « le travail paye toujours plus que le chômage » et que ce n’était pas toujours le cas : « Il existe des cas où le montant de l’allocation-chômage mensuelle est plus élevé́ que le salaire mensuel moyen perçu antérieurement. » Pour la ministre du travail, cette configuration d’un « taux de remplacement supérieur à 100 % » concernerait plus d’« un chômeur sur cinq ».

      Pour Edouard Philippe, la conclusion s’impose : « Ce système a évidemment pour conséquence de maintenir les chômeurs dans une forme de précarité́. » Ce chiffre – qui, un mois après, n’a toujours fait l’objet d’aucune publication écrite précisant ses sources et sa méthode – et le raisonnement selon lequel cette « situation » maintiendrait les chômeurs dans une précarité volontaire ont de quoi laisser perplexe pour trois raisons.

      Premièrement, le travail paye toujours plus que chômage. Même dans le cas de figure d’une indemnité mensuelle moyenne supérieure au salaire de référence imaginé par le premier ministre et la ministre du travail, l’affirmation selon laquelle il est plus rémunérateur de chômer que de travailler est fausse. Pourquoi ?

      L’indicateur du gouvernement introduit une confusion
      Dans une période donnée, un allocataire sera toujours mieux rémunéré s’il travaille (au même salaire journalier que son salaire passé dit « de référence ») que s’il perçoit une indemnité chômage. Son indemnité journalière est, par construction, toujours inférieure au salaire journalier de la période de référence sur laquelle est calculée son droit. Dans tous les cas, l’allocation ne peut dépasser 75 % du salaire journalier de référence.

      Par exemple, un salarié payé habituellement au smic journalier, c’est-à-dire 70 euros brut, aura une indemnité journalière d’environ 40 euros brut. Ce chômeur aura toujours intérêt à travailler pour 70 euros plutôt que d’être indemnisé pour 40 euros.

      Deuxièmement, l’hypothèse d’un taux de remplacement supérieur à 100 % n’a rien de choquant. Cette configuration n’a rien à voir avec celle d’un salarié qui percevrait davantage les jours où il chôme que les jours où il travaille. Un taux de remplacement supérieur à 100 % correspond à la situation dans laquelle le cumul des indemnités journalières perçues en moyenne durant un mois est supérieur à l’ensemble des salaires journaliers perçus en moyenne durant les mois passés.
      Cet indicateur retenu par le gouvernement introduit beaucoup de confusion, car il ne compare pas les salaires d’une période exclusivement travaillée à des indemnités de périodes exclusivement chômées. Quoi qu’il en soit, il n’y a dans ces situations certainement plus rares en pratique que ne le prétend le gouvernement, aucune indemnisation abusive et aucun dysfonctionnement. La logique de l’assurance-chômage est d’indemniser les salariés lorsqu’ils ne travaillent pas sur la base de ce qu’ils gagnent quand ils travaillent.

      Une production de statistiques problèmatique

      L’usage de cet indicateur par le gouvernement n’est peut-être que le symptôme d’une volonté de sortir de cette logique d’assurance-chômage pour aller vers une logique de complément résiduel aux revenus salariaux, en faisant au passage des économies sur les salariés les plus flexibles et les plus précaires.

      Enfin, troisièmement, se référer à un chiffre de « un chômeur sur cinq » non publié et invérifiable, assorti d’un raisonnement aussi faux que stigmatisant pour les chômeurs, relève de la démagogie et d’un rapport à la production des statistiques pour le moins problématique.

      Les ordres de grandeur avancés ne correspondent à rien de connu. Surtout, la méthode elle-même pose problème. Le premier ministre et la ministre du travail justifient une future réforme avec des chiffres que seul le gouvernement connaît et dont il ne communique ni les sources, ni le détail, ni la méthode. Est-ce ainsi, en assénant d’en haut des constats invérifiables, que le gouvernement ambitionne de construire le « diagnostic partagé » qu’il appelle par ailleurs de ses vœux ?
      Le crédit que l’on peut accorder aux services statistiques repose sur la confiance dans leur indépendance et sur le fait que les gouvernants se soumettent à leurs constats. De ce point de vue, il est troublant que le gouvernement commence par annoncer des chiffres et demande, dans un second temps, à son administration de confirmer sereinement et en toute indépendance la parole ministérielle. Ce que, manifestement, ils tardent à faire.

      Nb : des procédures judiciaires n’ont pas permis que soient rendues accessibles aux chercheurs les données de l’Unedic, organisme privé auquel a été délégué une "mission de service public".

      #indemnisation_chômage #chômeurs #revenu #emploi #salaire #intox

    • ALLOCATIONS Le chômage paie-t-il plus que le travail ?
      SANDRINE FOULON, 05/02/2019
      https://www.alternatives-economiques.fr/chomage-paie-t-plus-travail/00088190

      Les modalités de calcul des allocations chômage pour les contrats courts peuvent, dans certaines situations, générer des effets d’aubaine. Mais dans l’immense majorité des cas, il est impossible de gagner plus au chômage qu’en travaillant.

      Il faut s’y résigner. La petite musique des demandeurs d’emploi qui rechignent à traverser la rue pour trouver un job n’a pas fini de résonner. Non seulement ils n’auraient pas le goût de l’effort, délaissant même des centaines de milliers d’offres, mais ils se « mettraient au chômage » par intérêt financier. Dans le magazine Challenges, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a remis une pièce dans la machine, soulignant qu’on pouvait « gagner plus en étant au chômage » qu’en travaillant. Le chômage est-il cet eldorado qui garderait au chaud 5,6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi ? Revue de détails en quatre points.

      #paywall...

      J’ai lu ailleurs que cela pouvait toucher 5% de chômeurs qui ont eu des salaires si bas q’ils ont plus au chômage. C’est comme les histoires de cumul salaire/alloc (ou RSA), trop compliqué pour savoir qui cela peut concerner et comment ça se passe

      Un seul exemple évident à première vue, et c’est pas costaud... si on dépend d’un salaire de moins de 494e (montant de l’ASS) et qu’on a plus de 50 ans et 5 ans d’emploi sur les dix derniers
      https://www.unedic.org/indemnisation/vos-questions-sur-indemnisation-assurance-chomage/jai-plus-de-50-ans-y-t-il-des

      Le demandeur d’emploi de plus de 50 ans peut choisir l’allocation de solidarité spécifique (ASS) plutôt que l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) si elle lui est plus favorable. Il peut également cumuler ses allocations avec une pension de vieillesse ou une pension militaire jusqu’à l’âge de sa retraite.

    • QUI SONT CES CHÔMEURS QUI TOUCHENT PLUS QUE LEUR PRÉCÉDENT SALAIRE ?
      https://www.capital.fr/votre-carriere/mais-qui-sont-ces-chomeurs-qui-touchent-plus-que-leur-precedent-salaire-1329

      Des chômeurs qui touchent plus que ce qu’ils gagnaient pendant qu’ils travaillaient ? La situation a de quoi étonner, mais elle ne serait pas si rare que cela, à en croire les statistiques révélées par la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Ils seraient en effet pas moins de 1 sur 5 dans cette situation… “C’est une donnée issue de Pôle emploi, datant de 2017”, affirme-t-on dans son entourage.

      Dans quel cas cette situation se produit-elle au juste ? Essentiellement lorsqu’une personne multiplie les contrats de courte durée, en alternant avec des périodes d’inactivité. Elle est alors avantagée par le fait que l’allocation chômage est calculée sur la base d’un salaire journalier, et non pas mensuel.

      Prenons l’exemple d’une personne au Smic, qui perçoit donc 1.521,22 euros brut par mois, pendant un an. Son salaire journalier de référence, qui sert au calcul de l’allocation, sera de 1.521,22 x 12 / 365 = 50,01 euros. Son allocation chômage journalière, découlant de ce salaire de référence, sera de 32,125 euros, soit 963,75 euros brut par mois (pour un mois de 30 jours), selon nos calculs.

      Prenons une autre personne, travaillant seulement un jour sur deux, sur la base d’un même Smic. Elle perçoit donc 760,61 euros brut par mois. Son salaire journalier de référence sera de 760,61 x 12 / 182,5 = 50,01 euros, soit exactement le même que la personne travaillant toute l’année à temps plein. Tout comme son allocation chômage mensuelle, de 963,75 euros. Qui sera donc supérieure à son ancien salaire mensuel, d’environ 761 euros brut…

      Le gros bémol, c’est que cette personne ne travaillant que la moitié de l’année ne percevra cette allocation que pendant 6 mois, puisqu’elle n’a travaillé que la moitié du temps. Tandis que notre personne ayant travaillé toute l’année la percevra pendant un an. Au final, si la personne ayant travaillé seulement la moitié de l’année consomme tous ses droits au chômage, elle recevra donc 5.863 euros, soit moins que le cumul de ses salaires de l’année précédente (9.127 euros). Et moitié moins que les sommes perçues par la personne ayant travaillé toute l’année (11.726 euros).

      Bon, j’en cause, j’en cause, mais j’enchaîne pas les #contrats_courts. Merci Capital :)

    • 4 % ont touché une prestation supérieure à leur salaire antérieur.
      https://seenthis.net/messages/764301#message770754

      Dans ce contexte très polémique, la note de l’Unédic, publiée mercredi, fournit une contribution très utile. Elle se penche sur le sort des allocataires, « avant et après le début » de leur prise en charge par l’assurance-chômage, en exploitant des données relatives à novembre et décembre 2017. D’après ce document, ce sont surtout les personnes ayant travaillé « moins de 25 % de l’année précédant leur ouverture de droit » qui ont touché une prestation supérieure à leur salaire antérieur. Or, elles sont peu nombreuses : 4 %, au total, soit un pourcentage très éloigné de celui évoqué par Mme Pénicaud.

    • « Un chômeur sur cinq gagne plus qu’en travaillant » : vraiment ?
      https://www.alternatives-economiques.fr/un-chomeur-cinq-gagne-plus-quen-travaillant-vraiment/00088700

      Il faut s’y résigner. La petite musique des demandeurs d’emploi qui rechignent à traverser la rue pour trouver un job n’a pas fini de résonner. Non seulement ils n’auraient pas le goût de l’effort, délaissant même des centaines de milliers d’offres, mais ils se « mettraient au #chômage » par intérêt financier.

      https://www.alternatives-economiques.fr/chomage-paie-t-plus-travail/00088190
      cet article de Sandrine Foulon déjà cité par @colporteur n’est plus sous paywall
      Sandrine Foulon est rédactrice en chef d’alternatives-economiques.fr depuis décembre 2017

      Chômage vs Travail : les fausses nouvelles du gouvernement
      https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-de-leco/les-nouvelles-de-leco-du-jeudi-04-avril-2019

  • Assurance-chômage : la Cour des comptes s’attaque à certaines règles d’indemnisation, Manon Malhère
    http://www.lefigaro.fr/social/2019/03/13/20011-20190313ARTFIG00084-assurance-chomage-la-cour-des-comptes-s-attaque-a

    Voilà un document que l’exécutif ne manquera pas de brandir pour défendre sa réforme controversée de l’#assurance-chômage face aux plus sceptiques, à commencer par les syndicats. Dans un référé publié ce mercredi, la Cour des comptes a en effet fustigé certaines règles d’indemnisation qui « s’avèrent inefficientes, voire inéquitables, et complexes pour les #allocataires ». Et c’est rare lorsqu’elle donne du grain à moudre au gouvernement !

    Le sujet est sensible car ces règles s’appliquent bien souvent aux travailleurs précaires

    Les magistrats de la rue Cambon s’attaquent en particulier aux règles permettant de cumuler un #salaire et une allocation qui sont dans le collimateur de l’exécutif. Car si leur but est de favoriser la reprise d’emploi, le gouvernement estime qu’elles peuvent également enfermer les individus dans la précarité en alternant des contrats très courts et une indemnisation, voire ne pas les inciter à retrouver un #emploi durable.

    Dans son référé, la Cour estime que dans un certain nombre de cas limités, ces règles peuvent donner lieu à des « stratégies d’optimisation » et traitements inéquitables entre les individus. Les magistrats ciblent plus précisément « l’#activité_conservée » qui permet à un salarié exerçant plusieurs activités et qui en perd une, de percevoir une allocation en plus de ses revenus. Le sujet est sensible car ces règles s’appliquent bien souvent aux #travailleurs_précaires comme, par exemple, les #assistantes_maternelles. Le problème pointé du doigt ? Le salarié peut parfois cumuler l’intégralité de l’allocation à laquelle il a droit avec ses autres revenus d’activité. Le montant total des revenus d’activité n’est pas pris en compte et aucun plafond n’est prévu pour cette indemnisation. Résultat : cela peut conduire ces salariés « à bénéficier d’un #revenu global très proche d’une activité à temps plein en cumulant revenu d’activité et revenu du chômage », affirmait déjà le gouvernement en septembre dernier, dans sa lettre de cadrage adressée aux syndicats et au patronat pour mener leur négociation sur cette réforme et qui a échoué fin février.

    « Les règles d’indemnisation demeurent trop favorables aux contrats de moins d’un mois »

    Les magistrats examinent également l’impact des règles encadrant les « #droits_rechargeables », qui permettent d’allonger la période d’indemnisation des chômeurs qui multiplient les petits « jobs », ainsi que les modalités de calcul du montant de l’indemnisation. Et leur conclusion est très claire : « les règles d’indemnisation demeurent trop favorables aux contrats de moins d’un mois ».

    Pour rectifier le tir, la Cour recommande d’harmoniser les modalités d’indemnisation des #chômeurs_en_activité_réduite. Enfin, elle préconise de revoir les dispositions relatives à l’accompagnement des chômeurs par Pôle emploi pour éviter l’enfermement de bon nombre d’entre eux dans l’activité réduite.

    #chômeurs #droit au chômage et aussi #prime_d'activité #travail #femmes

    • [Remarques glanées de ci de là] Lorsqu’on doit occuper de tels emplois, il est effectivement plus avantageux, lorsqu’on travaille par exemple uniquement les week-end, de se déclarer sur un contrat de 2 jours chaque semaine et de ne pas ouvrir de droits au chômage tout en restant au RSA plutôt que signer un contrat de 4 mois et se retrouver avec une allocation à 5 euros / jour ! Encore faut-il le savoir. La Cour des comptes pointe l’#optimisation en disant par ailleurs que les règles sont trop complexes pour que les précaires en activité réduite les optimisent.
      Cf. La Cour des comptes s’invite dans le débat sur l’assurance-chômage
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/13/la-cour-des-comptes-s-invite-dans-le-debat-sur-l-assurance-chomage_5435629_8
      Qui optimise, alors ? Les employeurs ? Personne ?

      L’optimisation fiscale qui porte sur des milliards chaque année, on s’en fiche pas mal, mais « l’optimisation » des pauvres qui cherchent à survivre avec quelques centaines d’euros par mois, là, c’est grave, faut sévir ! Laisser entendre qu’il s’agirait d’une fraude, alors qu’il s’agit des règles officielles de cumul emploi (sous-payé) + indemnité (misérable) imposées par Pôle emploi rajoute de la dégueulasserie à la dégueulasserie et ne sert qu’à essayer de faire passer dans l’opinion l’imminente réforme gouvernementale. La manœuvre est grossière, ces gens infects - ne nous laissons pas faire !

    • Un chômeur sur cinq touche plus que son ex-salaire
      https://www.lepoint.fr/societe/un-chomeur-sur-cinq-touche-plus-que-son-ex-salaire-16-03-2019-2301650_23.php

      Cette affirmation contestée de Muriel Pénicaud est statistiquement fondée, mais concerne des chômeurs qui, à 90 %, touchent moins de 1 300 euros par mois.

      Seules les personnes qui ne travaillent pas tout le mois peuvent espérer gagner plus d’argent en étant au chômage.

      Selon la ministre du Travail, un chômeur sur cinq perçoit une allocation supérieure à son salaire moyen antérieur. C’est en tout cas ce qu’elle a déclaré le 26 février dernier lors d’une conférence de presse destinée à présenter les intentions du gouvernement sur la réforme de l’assurance chômage, après l’échec des négociations entre partenaires sociaux. Cette statistique, qui n’est mentionnée dans aucune étude de l’Unédic, a suscité de vives protestations. Ainsi, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a dénoncé un chiffre « caricatural » qui permet à l’exécutif de dire que « les chômeurs profitent du système alors que la plupart ne choisissent pas quand ils travaillent ».

      Mais le chiffre existe bien et vient de Pôle emploi. L’organisme a comparé, à partir des ouvertures de droit, le montant des salaires moyens nets perçus pendant la période de référence au cours de laquelle le demandeur travaillait et le montant de son allocation nette au chômage. Résultat : 600 000 personnes, soit 20 % des chômeurs, touchent une allocation supérieure à ce qu’elles gagnaient en moyenne quand elles travaillaient.

      Le mode de calcul mis en cause

      Un quart d’entre elles bénéficient d’un taux de remplacement (rapport entre le montant de l’allocation et l’ancien salaire) compris entre 100 et 109 %, un quart entre 109 % et 123 %, un autre entre 123 % et 147 % et enfin le dernier quart perçoit un taux supérieur à 147 %.

      Comment cela est-il possible  ? En cause, le mode complexe et spécifique à la France de calcul de l’allocation, basé sur « le nombre de jours travaillés ». C’est en divisant la somme des revenus perçus sur les 12 derniers mois par ce nombre de jours travaillés que l’on obtient « le salaire journalier de référence » qui sert de base pour le calcul de l’allocation mensuelle. Ce mode de calcul est plus favorable aux personnes qui ont des contrats fractionnés, et donc moins de jours travaillés, comme le montre la comparaison de deux personnes qui ont travaillé au smic pendant un an.

      Lire aussi Le chômage atteint son niveau le plus bas depuis 2009 [ce qui n’est p-ê pas sans rapport avec la relance de la chasse, ndc]

      L’une a eu un seul CDD à environ 1 200 euros net. Elle a le droit à un an de chômage, suivant le principe « un jour travaillé = un jour indemnisé », et touchera environ 900 euros par mois. L’autre a fait sur un an douze CDD, de quinze jours par mois, et gagnait donc environ un demi-smic mensuellement, soit 600 euros. N’ayant travaillé que 180 jours sur l’année, elle n’aura le droit qu’à six mois de chômage. Mais elle touchera aussi 900 euros (soit 150 % de son ex-salaire), car ses revenus n’ont été divisés que par 180 et non 365 jours.

      Seules des personnes qui ne travaillent pas des mois complets
      Certains demandeurs d’emploi peuvent donc effectivement gagner plus mensuellement que leur précédent salaire. Mais, mettent en garde les syndicats, cela ne concerne que des gens qui ne travaillent pas des mois complets et donc aux revenus très modestes. Confirmation par Pôle emploi : sur ces 600 000 chômeurs, 16 % touchent une allocation de moins de 750 euros, 33 % entre 750 et 1 000 euros, 41 % entre 1 000 et 1 300 euros.

      Et ils n’ont droit en moyenne à une durée d’indemnisation que de sept mois, deux fois plus courte que celle de l’ensemble des demandeurs. Néanmoins, pour le gouvernement, ce système favorise l’explosion des contrats courts et pose « un problème d’équité » entre demandeurs d’emploi au détriment par exemple de ceux qui travaillent en continu à temps partiel. Pour éviter ces situations, l’une des pistes mises sur la table par le patronat pendant la négociation, et dont pourrait s’inspirer le gouvernement, serait de lier le versement des indemnités au rythme d’acquisition des droits.

      Par exemple, la personne qui a cumulé six mois de travail sur douze mois pourrait voir le versement de ses six mois d’indemnisation étalé sur une période plus longue, avec donc un revenu mensuel plus faible. Les économies seraient potentiellement substantielles, car deux tiers des allocataires sortent de l’indemnisation avant la fin de leur droit.

      Edit, mais non mais non : https://seenthis.net/messages/764301#message770754