Un signalement reçu par la cellule dédiée aux violences sexuelles
Mais au milieu de cet affrontement politique et de ces mises en cause d’une grande violence, s’est déroulé un autre épisode, tenu secret celui-là. Selon nos informations, également en partie évoquées par BFM TV, Taha Bouhafs s’est retiré de la candidature aux législatives suite à un signalement reçu par la cellule de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de La France insoumise.
Il s’agit de l’organe interne chargé de recevoir les alertes concernant des membres du mouvement, d’éventuellement enquêter et de transmettre ensuite les informations circonstanciées aux instances dirigeantes de LFI.
Interrogé mardi 10 mai, le journaliste et militant a confirmé auprès de Mediapart mercredi. « J’étais déjà à bout, le signalement a été la dernière goutte qui m’a conduit à me retirer, explique-t-il. Cela fait partie des calomnies évoquées dans mon communiqué. » Sur le fond de l’accusation de violence sexuelle « d’une ex-petite amie » qui lui a été exposée lundi 9 mai, il ne souhaite pas commenter : « Je crois profondément dans le combat politique contre les violences faites aux femmes et accepte le processus d’accueil de la parole. Je considère que toute personne faisant l’objet d’accusation doit se retirer de la vie publique dans l’attente de la vérification de cette parole. Ce que j’ai décidé de faire. Je n’ai pas connaissance d’autres alertes. »
Quant à l’Union populaire, elle n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Ni Manuel Bompard, ni Paul Vannier, tous deux membres du comité électoral, n’ont répondu à nos sollicitations. La cellule de suivi contre les violences sexistes et sexuelles n’a pas, elle non plus, souhaité communiquer, arguant de sa charte qui prévoit la confidentialité ainsi que le respect de l’anonymat des personnes concernées.
D’après plusieurs sources associatives, féministes et proches de LFI interrogées ces derniers jours par Mediapart, le soir de la Convention de la Nupes à Aubervilliers, samedi 7 mai, un témoignage détaillé concernant Taha Bouhafs a été envoyé à l’instance spécialisée dans les violences sexistes et sexuelles.
Un entretien a ensuite été organisé, et l’alerte a été jugée suffisamment grave et étayée pour que l’information remonte auprès d’un petit groupe dirigeant, notamment auprès de membres du comité électoral chargé de l’attribution des circonscriptions pour les élections législatives. L’instance, qui se réserve la possibilité de suspendre des candidatures en fonction de la gravité des faits rapportés, a rapidement tranché, et décidé de suspendre Taha Bouhafs.
Dès le lendemain, le lundi 9 mai, Taha Bouhafs a ainsi été reçu par deux députées de LFI, Clémentine Autain et Mathilde Panot. D’après plusieurs sources, à l’issue de cet échange, il a été convenu que le militant pourrait retirer de lui-même sa candidature – ce qu’il s’est résolu à faire via un communiqué publié dans la nuit du 9 au 10 mai, qui reste flou sur les raisons présidant à sa décision.
Dans les milieux militants, des alertes récentes
Dans les milieux militants féministes, et des quartiers populaires, plusieurs personnes nous ont également indiqué avoir été alertées ces tout derniers jours, sans jamais avoir rien entendu auparavant. Beaucoup n’ont pas souhaité commenter, et un nombre encore plus grand a requis l’anonymat.
Militante féministe, Caroline De Haas rapporte avoir reçu, de son côté, début mai « deux témoignages différents, de personnes qui ne se connaissent pas ». « Ces témoignages m’ont paru suffisamment sérieux et inquiétants pour prévenir LFI », explique celle qui soutient l’Union populaire pour les législatives. Elle en aurait informé le 2 mai une cadre du mouvement.