" L’Unique et sa propriété " par Max Stirner (1845)
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Le Moi sans frein — que nous sommes tous de naissance et que nous restons toujours dans notre for intérieur — est dans l’État un criminel incorrigible. Quand un homme prend pour guides son audace, sa volonté, son absence de scrupules et son ignorance de la peur, l’État et le peuple l’entourent d’espions.
Le peuple ? — Oui, braves gens, le peuple ! — vous ne savez guère tout ce que vous lui devez ! — le peuple est policier dans l’âme, et celui-là seul qui renie son moi, qui pratique le « renoncement » obtient ses suffrages.
La crainte de Dieu proprement dite est depuis longtemps ébranlée et la mode est à un « athéisme » plus ou moins conscient, reconnaissable extérieurement à un abandon général des exercices du culte. Mais on a reporté sur l’Homme tout ce qu’on a enlevé à Dieu, et la puissance de l’Humanité s’est accrue de tout ce que la piété a perdu en importance : l’Homme est le dieu d’aujourd’hui et la crainte de l’Homme a pris la place de l’ancienne crainte de Dieu.
Mais comme l’Homme ne représente qu’un autre Être suprême, l’Être suprême n’a subi en somme qu’une simple métamorphose, et la crainte de l’Homme n’est qu’un aspect différent de la crainte de Dieu.
Nos athées sont de pieuses gens.