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  • Comment la police veut combattre les black blocs , Jean-Marc Leclerc
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-la-police-veut-combattre-les-black-blocs-20201218

    Des black blocs marchant devant un scooter en feu, lors de la manifestation des « gilets jaunes », le 12 septembre à Paris. Xeuhma/Hans Lucas via AFP

    ENQUÊTE - Le combat qui s’engage pour tenter de contenir les #casseurs sera de longue haleine. Plusieurs options sont sur la table.

    « Force reste à la loi. Plusieurs centaines de casseurs étaient venues pour commettre des violences. La stratégie de fermeté anticasseurs - 142 interpellations et encadrement du cortège - a permis de les en empêcher, de protéger les commerçants ». Le tweet volontariste du ministre de l’Intérieur après la #manifestation parisienne du 12 décembre dernier contre la loi « sécurité globale » masque une autre réalité : pour parvenir à ce résultat, il a fallu mettre sur le terrain trois policiers ou gendarmes par casseur. Il y avait 500 casseurs sur le pavé parisien ce samedi-là et 3 000 membres de forces de l’ordre, dont une moitié mobilisée sur l’essaim des enragés venus en découdre.

    « Près de 150 interpellations dans un cortège de 5 000 manifestants, c’est bien, mais après les gardes à vue, l’essentiel des interpellés échappera à une peine effective, faute de preuves suffisantes, aux yeux des magistrats du siège », spécule un professionnel du #maintien_de_l’ordre.


    Comment l’épisode Notre-Dame-des-Landes sert de laboratoire à la Chancellerie, Paule Gonzalès
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-l-episode-notre-dame-des-landes-sert-de-laboratoire-a-la-chanceller
    Des forces de l’ordre face à des zadistes, le 17 mai 2018. GUILLAUME SOUVANT/AFP

    DÉCRYPTAGE - À l’époque, les parquets de Nantes et de Saint-Nazaire étaient confrontés à des difficultés aujourd’hui récurrentes dans les manifestations.


    Classique : Au “Figaro”, un journaliste [Jean-Marc Leclerc] qui connaît très bien l’Intérieur, 28/11/11
    https://www.telerama.fr/medias/au-figaro-un-journaliste-qui-connait-tres-bien-l-interieur,75644.php
    ...désigné en 2011 par un ministre de l’intérieur comme "personnalité qualifiée" pour être membre d’un "groupe de travail sur l’amélioration du contrôle et de l’organisation des bases de données de la police [!]"...

    #police #renseignement_opérationnel #black_bloc #justice #Judiciarisation

    #paywall (il doit manquer des morceaux)

    • Clappings, fumigènes, « ACAB »... Dans les manifestations, l’influence des supporteurs « ultras » au sein du black bloc, Abel Mestre (...)
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/19/violences-pendant-les-manifestations-des-supporteurs-de-football-ultras-deso

      Les supporteurs de football radicaux sont de plus en plus présents dans le cortège de tête. Le phénomène s’est amplifié pendant le mouvement des « gilets jaunes », puis avec celui contre la loi « sécurité globale ».

      A première vue, la scène est classique. Le 28 novembre, lors de la manifestation parisienne contre la loi « sécurité globale », des manifestants affrontent les forces de l’ordre, comme c’est devenu la règle à chaque manifestation depuis le mouvement contre la loi travail, en 2016. Ils font partie du cortège de tête et sont adeptes de la stratégie du black bloc, où des militants radicaux se réclamant de l’antifascisme, de l’anarchisme ou de l’autonomie revêtent une tenue entièrement noire, masques ou cagoules compris, afin de ne pas être identifiables. Mais, si l’on s’attarde sur les détails, ce qu’il se passe ce jour-là semble incongru. La charge se fait derrière une banderole qui est bien particulière : elle représente un portrait de Diego Maradona, joueur de football argentin et idole d’une partie de la gauche, mort trois jours plus tôt.

      Cette irruption du football dans une manifestation politique n’est pas anecdotique. Elle marque les liens forts qui unissent depuis plusieurs années, notamment à Paris, une partie des supporteurs radicaux des tribunes, les ultras, et ceux du mouvement social. Les « ultras » – qui soutiennent de manière collective et organisée leur équipe avec des chants, des slogans et des scénographies, pour qui la violence est acceptée mais n’est pas une fin en soi, contrairement aux hooligans – étaient ainsi présents dans les cortèges contre la loi travail il y a un peu plus de quatre ans, pendant le mouvement des « gilets jaunes » en 2018-2019 et, donc, cette fois-ci contre la loi « sécurité globale ». Edouard (le prénom a été changé), la petite trentaine, supporteur du PSG et qui manifeste dans le cortège de tête, confirme : « Il y a pas mal d’ultras qui viennent des tribunes. Cette fois-ci, c’est dans de plus fortes proportions : il y en avait 30 à 50 en première ligne aux dernières manifs. »

      Plus encore que numériquement, l’influence ultra se note dans certains codes repris dans les cortèges : des chants rythmés par des clappings (comme le chant Siamo tutti antifascisti, « nous sommes tous antifascistes »), la généralisation des fumigènes (utilisés par les seuls cheminots dans les années 1990) et, surtout, le mot d’ordre « ACAB ». Cet acronyme signifie « All Cops Are Bastards » (« Tous les flics sont des bâtards »). On peut le retrouver dans sa déclinaison numérique (« 1312 », selon l’ordre des lettres dans l’alphabet), voire dans une version « horaire » avec, parfois, des rassemblements convoqués à 13 h 12. Il est peu à peu devenu un signe transversal de ralliement et de sentiment antipolice.

      Des codes « spectaculaires »

      Au départ, ACAB est une chanson d’un groupe skinhead londonien, The 4-Skins, sortie au début des années 1980. La première fois que des ultras le reprennent sur une banderole, c’est à Padoue, en Italie, dans les années 1990. Sa déclinaison numérique est quant à elle l’idée des supporteurs de Livourne. « Les ultras importent des codes, une nouvelle manière de faire. Ces codes sont repris car ils sont spectaculaires dans l’espace public, encore plus dans une manifestation, explique au Monde Sébastien Louis, docteur en histoire contemporaine, spécialiste du supportérisme radical. Chez les ultras, il y a une cohésion de groupe, où le collectif est mis en avant par rapport aux individualités. Il y a aussi des personnes prêtes à aller au contact, qui sont disposées à la violence. C’est quelque chose que les militants d’extrême gauche n’ont pas, à part dans les manifs. »

      Olivier Laval, ancien ultra parisien, qui collabore à Encré dans la tribune, revue spécialisée sur ce thème, détaille : « Les ultras ont une aptitude à faire face aux forces de l’ordre. Aucun segment de la population n’est autant confronté au maintien de l’ordre qu’eux. Quand, toutes les semaines, tu vois des CRS ou des gendarmes mobiles, ils ne t’impressionnent plus. Ils savent se fondre dans la masse pour ne pas se faire repérer, leur mode opératoire est fait de petits groupes mobiles. »

      Le sigle « ACAB » est, en tout cas, passé des tribunes aux cortèges. La multiplication des affaires de violences policières, aussi bien pendant les manifestations qu’en dehors, joue ainsi un rôle de ciment pour des contestations protéiformes qui dépassent les structures traditionnelles syndicales et partidaires. Les images d’affrontements avec les forces de l’ordre lors des manifestations peuvent également attirer des supporteurs au départ peu politisés, pour qui le réflexe « antiflic » reste une base de la culture ultra.

      Ce mélange des genres n’est pas nouveau. Il est même consubstantiel aux ultras. Cette mouvance est née dans l’Italie de la fin des années 1960. Pour la première fois, des jeunes tifosi s’organisent au sein de groupes aux noms provocateurs comme les Fedayn (AS Roma) ou les Brigate rossonere (« brigades rouges et noires ») du Milan AC. Certains d’entre eux reprennent même le geste mimant le pistolet P38, comme dans les cortèges de la gauche extraparlementaire de l’époque. « Il s’agit davantage d’une source d’inspiration et d’une récupération des noms et des symboles que de l’expression immédiate d’une culture politique. Les ultras ne sont pas des courroies de transmission des organisations extraparlementaires qu’ils parodient », nuance Sébastien Louis, dans son livre référence Ultras, les autres protagonistes du football (Mare et Martin, 2017).

      En près de cinquante ans, les interactions entre ultras et contestation politique ont cependant évolué, voire ont changé de nature : en Europe, les idées d’extrême droite ont peu à peu gagné les esprits, en particulier en Italie (Vérone, Lazio Rome, entre autres) ou encore en Grèce. Au Moyen-Orient, les ultras ont joué un rôle important lors de la révolution égyptienne de 2011 contre le régime d’Hosni Moubarak. Ces supporteurs deviennent, ici ou là (Turquie, Tunisie…), des acteurs politiques évoluant hors des structures institutionnelles.

      Une « porosité limitée »

      En France, dans la géographie des virages ultras, Paris est une exception. Pourquoi certains ultras viennent-ils aujourd’hui dans le cortège de tête ? La polarité entre les tribunes Auteuil du Parc des Princes (dont les abonnés sont souvent issus des quartiers populaires et ont, au fil du temps, assumé un discours antiraciste) et Boulogne (où de nombreux supporteurs, par le passé, étaient d’extrême droite) a joué il y a quelques années le rôle d’un catalyseur, d’un accélérateur de conscientisation politique.

      Pour comprendre ce phénomène, il faut revenir aux années 2005-2010 et à la « guerre des tribunes parisiennes ». Les ultras d’Auteuil prenant de plus en plus de poids, les incidents et les affrontements se multiplient et s’intensifient avec leurs rivaux de Boulogne, en particulier les hooligans. Jusqu’au 28 février 2010, où une bagarre entre les deux tribunes laisse un blessé grave, Yann Lorence, du kop de Boulogne. Il mourra après trois semaines de coma. A la suite de ces événements, le président du PSG de l’époque, Robin Leproux, met en place son plan de sécurisation du stade, les ultras se retrouvant « à la rue ». Edouard se souvient : « L’antagonisme avec Boulogne a radicalisé une minorité à Auteuil. C’est comme ça que j’ai rencontré des militants, en allant traîner à Ménilmontant [quartier parisien où les antifascistes sont implantés]. »

      Sébastien Louis confirme : « Paris est un cas spécifique en raison de l’opposition entre les Tigris Mystic [groupe de la tribune Auteuil, aujourd’hui dissous] et Boulogne, de la violence qui a continué autour du stade [en 2010]. » Il poursuit : « C’est vrai qu’il y a des signes de politisation, comme la banderole à Auteuil dénonçant la politique extrêmement répressive de la Chine contre les Ouïgours [en 2019], mais il faut rester prudents. Certains ultras fréquentent des activistes de gauche, ils se nourrissent. Mais la porosité est limitée. Peu d’ultras sont militants et peu de militants sont ultras. » En clair : si des ultras participent à certaines manifestations, la grande majorité se tient très éloignée de la politique. Certains préfèrent ainsi les actions caritatives, comme à Saint-Etienne où ils distribuent des colis alimentaires.

      « Rupture générationnelle »

      Il n’empêche. La situation des tribunes parisiennes a contribué à l’émergence d’une nouvelle génération de militants, dont l’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA) est la composante la plus connue. « Il y a eu une rupture générationnelle dans le mouvement antifasciste parisien, confirme Marco (le prénom a été changé), 33 ans, qui évolue dans ces milieux. Avant, c’était très influencé par le punk rock et les redskins [skinheads d’extrême gauche], la CNT [Confédération nationale du travail] était hégémonique. Le nouveau mouvement antifa naît avec une génération tournée vers le stade, notamment à Auteuil, qui est fortement implantée en banlieue et qui a plus une culture rap. Le lien se fait au moment de “la guerre des tribunes”, où des gens du stade sont venus avec les antifas pour aller trouver les mecs de Boulogne. » A en croire certains activistes du cortège de tête, il y a aujourd’hui une « agrégation » entre les militants « autonomes, des “gilets jaunes”, des gens qui viennent du stade. Et les antifascistes font le lien ».

      Il est vrai qu’une des particularités de l’AFA est d’être à la confluence de ces divers mouvements. Ses militants théorisent l’idée d’« autodéfense populaire », qui entend combattre, selon leur terminologie, « les aspects fascistes » du régime politique français, notamment, selon eux, les violences policières dans les quartiers populaires ou la « justice de classe ». Une répression qui s’exprime, toujours selon ces militants, d’abord dans les quartiers populaires mais aussi envers les supporteurs de football, avant de se généraliser à l’ensemble du mouvement social. En découle une convergence des objectifs contre un système qui s’incarne dans un adversaire commun : le policier.

    • « Le black bloc est difficile à cerner, il s’agrège et se défait au gré des événements » , Sylvain Boulouque, historien, 29 avril 2019
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/29/le-black-bloc-un-ensemble-heterogene-aux-traditions-politiques-bigarrees_545

      Plusieurs générations et traditions politiques cohabitent au sein de cette mouvance qui pratique l’émeute urbaine pour lutter contre le capitalisme, explique l’universitaire Sylvain Boulouque dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Depuis maintenant une vingtaine d’années, dans de nombreuses manifestations et partout dans les démocraties libérales, un nouveau groupe est apparu dans les cortèges : le black bloc, qui se présente comme une nouvelle pratique de l’anticapitalisme, en réplique aux nouveaux moyens de surveillance et de contrôle, et aux mutations de l’économie mondiale.

      Le black bloc est avant tout une pratique manifestante. Formés de plusieurs dizaines ou centaines de personnes qui se masquent le visage et se couvrent de vêtements noirs, ces groupes cherchent à faire reculer les barrages policiers et à ouvrir un trajet non officiel aux manifestations. Ils assument et s’efforcent de banaliser un niveau de violence urbaine impliquant des risques élevés, tant pour les membres des forces de l’ordre que pour eux-mêmes, et pour les manifestants de base pris dans les affrontements.

      De plus en plus souvent mixte – la présence de femmes y est en augmentation –, le black bloc est difficile à cerner, tant politiquement que socialement.
      Au-delà de l’aversion commune envers le « capitalisme », il recrute sur des bases plus affinitaires que strictement idéologiques. Il s’agrège et se défait au gré des événements. Défiant l’ordre public, il s’en prend à tout bien matériel susceptible de symboliser le libéralisme économique et laisse derrière lui, inscrits au fil des dégradations, des slogans souvent rédigés dans une veine sarcastique.

      Anonymat

      Le black bloc n’a pas pignon sur rue. Si des appels explicites à l’émeute urbaine circulent et peuvent être relayés, notamment sur certains sites et sur les réseaux sociaux, ils ne sont pas signés et, comme la tenue noire, renvoient à l’anonymat. Ses membres, sauf exception, ne revendiquent jamais ouvertement leur participation.
      Pour pouvoir se mettre en ordre de bataille, le black bloc bénéficie de la bienveillance des autres manifestants qui, sans prendre part aux affrontements, protègent sa formation. Le « cortège de tête », informel, avec lequel il n’a pas de démarcation claire, est à la fois son refuge et sa protection.

      Dans ces groupes, plusieurs générations et plusieurs factions politiques cohabitent. Les plus anciens ont transmis l’expérience acquise depuis les années 1970. Si dans les deux décennies suivantes, les actions violentes sont devenues moins fréquentes, la culture de l’émeute n’a pas pour autant disparu.

      Anarchisme

      En Europe, ces pratiques renaissent à Gênes (Italie) en 2001 puis à Evian (Haute-Savoie) en 2003. Une nouvelle vague d’émeutiers émerge à Strasbourg, puis à Poitiers en 2009, rejoints ensuite par une frange des participants aux « zones à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (loire-Atlantique) et de Sivens (Tarn) entre 2014 et 2018.
      S’y mêlent certains manifestants contre la « loi travail » en 2016, des participants aux mouvements universitaires de 2018, jusqu’à la « casse » d’ampleur du 1er mai 2018. Il semble falloir compter aujourd’hui aussi avec le ralliement de « gilets jaunes ».

      Le black bloc forme donc un ensemble hétérogène aux traditions politiques bigarrées, comme le résume le slogan « Beau comme une insurrection impure », renvoyant au mélange des appartenances et des révoltes. Il bénéficie de la mansuétude voire du soutien tacite d’une partie de la gauche radicale anticapitaliste.

      Les groupes se réclamant de l’anarchisme sont une composante importante, comme l’indiquent les drapeaux noirs et noir et rouge ainsi que le « A » cerclé bombé sur les murs. A la frontière entre anarchisme et marxisme, les différents courants héritiers de « l’autonomie » des années 1980, refusant les formes traditionnelles de la contestation politique, sont très présents.

      De manière toujours informelle et déterminée par des choix individuels, des membres et des sympathisants de diverses déclinaisons du marxisme, se réclamant pour quelques-uns du maoïsme et pour d’autres du trotskisme, participent aussi aux affrontements. Cette porosité – impensable jusque dans les années 1990 – s’explique par l’affaiblissement des barrières idéologiques, les solidarités de terrain l’emportant sur les appartenances politiques.

      Patchwork idéologique

      L’explication est à chercher dans leurs engagements spécifiques et notamment dans la sociabilité associative.
      Toujours sans aucune généralisation possible, les émeutiers peuvent appartenir à des nébuleuses variées : antifascistes radicaux, membres de collectifs contre les violences policières, aide aux migrants, écologie radicale, collectifs féministes, groupes de « solidarité internationale » avec les Palestiniens et les Kurdes, par exemple. La pratique sportive joue aussi un rôle, des sports de combat jusqu’au football, notamment à travers les clubs de supporteurs des villes ouvrières ou des quartiers populaires.

      Loin du cliché sur les émeutiers issus prioritairement des milieux intellectuels, le black bloc actuel est beaucoup plus divers dans sa composition sociale. Si les premières analyses des participants au début des années 2000 montraient un haut niveau d’études, les différents éléments aujourd’hui recueillis soulignent une présence plus forte des milieux populaires.

      Cette « sédimentation » insurrectionnelle repose également sur des cultures musicales partagées. Si les plus anciens ont baigné dans l’atmosphère du punk rock anglais, les générations récentes ont de nouvelles références, où les paroles et les concerts soulignent la détestation de l’ordre social.

      Les références historiques mises en avant témoignent aussi de ce patchwork idéologique : la Révolution française, la Commune de Paris restent incontournables mais s’y ajoutent les révoltes contemporaines. Les slogans utilisés soulignent le caractère bigarré d’une mouvance où se mêlent le vocabulaire propre aux banlieues, les clins d’œil aux séries télévisés, mais aussi la reprise d’aphorismes de René Char, comme « Agir en primitif et prévoir en stratège ».

      Le black bloc souligne l’hétérogénéité des formes de l’anticapitalisme contemporain. Ses participants sont pour beaucoup des enfants de la démocratisation scolaire. Majoritairement issus des banlieues proches et plus marginalement des centres-villes, beaucoup se sont formés à la politique sur les bancs de l’université.
      Les métiers qu’ils exercent recoupent en grande partie les classes moyennes. Ils renouvellent une volonté de rupture avec le fonctionnement de la société actuelle et s’inscrivent dans une forme de continuité, comme si les « enragés » d’hier étaient devenus les « ingouvernables » d’aujourd’hui.

      #anticapitalisme #black_bloc #analyse #histoire

    • Black blocs : qu’est-ce que la « violence légitime » ?
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/05/09/black-blocs-qu-est-ce-que-la-violence-legitime_5296478_4401467.html

      La violence est un état de fait, elle est aussi un problème de droit, analyse le professeur de philosophie Thomas Schauder. Sans une certaine dose de violence, l’ordre peut-il être respecté ? Et sans violence, l’ordre pourrait-il être renversé ?

      #violence_politique #violence_légitime

    • Black bloc : « La multiplication des manifestations a offert à certains l’occasion d’apprendre le cycle provocation-répression », Sylvain Boulouque, Historien
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/21/black-bloc-la-multiplication-des-manifestations-a-offert-a-certains-l-occasi

      Tribune. Contrairement à ce qui est généralement affirmé, le black bloc n’est pas un mouvement politique, mais une pratique manifestante, apparue d’abord dans la mouvance autonome allemande et qui s’est depuis développée dans la gauche émeutière européenne. L’un des premiers Schwarzer Blocks est apparu à Frankfurt, le 1er mai 1980. Il s’agissait d’un groupe anarchiste manifestant le visage découvert.

      L’expression est ensuite reprise par la police allemande pour désigner les autonomes tentant d’empêcher les expulsions des squats. Elle connaît une réappropriation positive dans les années 1990 et se dessine sous sa forme actuelle. Le black bloc est aujourd’hui une pratique manifestante internationale qui se retrouve aussi bien à Hongkong, à Barcelone, à Santiago…

      Les émeutiers ne se revendiquent pas forcément de cette mouvance. Cette pratique prend une tonalité particulière en France parce qu’elle s’inscrit dans la continuité de deux siècles d’émeutes urbaines depuis la Révolution française. En France, actuellement, de l’observation du phénomène black bloc, quelques constantes se dégagent.

      Une force capable de défier l’Etat

      Le bloc se constitue en avant ou dans le cortège au début ou au cours des manifestations. Pour se développer, il doit bénéficier d’un effet de surprise, d’un terrain et d’un milieu favorables. Le bloc se forme au sein d’une foule plutôt bienveillante, parfois appelée, en fonction de sa place dans la manifestation, « cortège de tête ». Il lui sert de zone de protection et de refuge. Ses participants s’habillent de noir pour rester dans l’anonymat et éviter toute personnalisation, par refus du principe du chef et parfois même par romantisme révolutionnaire.

      Les émeutiers se pensent et se constituent comme une force capable de défier l’Etat. Ses membres affirment une forme de désobéissance civile. Ils rejettent les manifestations imposées par les pouvoirs publics et s’inscrivent dans une logique révolutionnaire visant à rompre avec les pratiques dites réformistes des manifestations pacifiques. Le recours à la violence est une de ses expressions possibles. Il est l’affaire de choix individuels ; tous les manifestants physiquement présents au sein du bloc ne participent pas à l’émeute ou à des actions violentes, mais se montrent solidaires ou refusent de condamner les choix des autres.

      Force est de constater que les actions du black bloc ne sont médiatisées que lorsque certains de ses participants ont recours à la violence. Ainsi, peu de commentateurs ont fait état de l’existence d’un « pink bloc » lors de la manifestation féministe du 23 novembre 2019 à Paris ; personne, ou presque, n’a relevé qu’à Hambourg, le 6 décembre dernier, un black bloc de plus de 3 000 personnes a manifesté pacifiquement pour afficher sa solidarité avec cinq manifestants incarcérés lors de précédentes manifestations pour des actions violentes.

      Des émeutiers pas tous issus de la catégorie des CSP +

      Inversement, les dégradations sont filmées en direct avec une forme de fascination, voire une certaine délectation. Elles sont ensuite reprises en boucle et font l’objet d’une avalanche de déclarations politiques, traduisant les discours sécuritaires qui viennent étayer des projets de lois ou des discours politiques dans les traditions des mouvements de droite conservatrice ou nationaliste, sur lesquels se greffe une pseudo-analyse du phénomène black bloc, souvent éloignée des réalités sociopolitiques.

      Les émeutiers appartiendraient tous à la catégorie des CSP +, seraient des enfants de bonnes familles, voire des enfants d’enseignants. Or, excepté quelques cas isolés, rien ne permet de valider ces hypothèses. Régulièrement brandi par une partie de la sphère politique de gauche et de droite, le thème des provocations policières – les « casseurs » seraient manipulés pour discréditer les mouvements revendicatifs, voire certains d’entre eux seraient des policiers – relève, pour l’essentiel, de la fantasmagorie.

      Cette fantasmagorie rejoint des thèses avancées principalement par le Parti communiste français pour qualifier les actions des autonomes dans les années 1970, sans qu’aucune preuve n’ait été apportée, hormis la réalité de certaines infiltrations à des fins de surveillance. Dans la même logique, une partie de la mouvance antifasciste est parfois incriminée par l’extrême droite, qui, par un procédé rhétorique, cherche à jeter l’opprobre sur le mot même.

      Un reflet de l’évolution d’une partie de la société

      Si les tenues et les pratiques manifestantes peuvent parfois être proches et si quelques manifestants participent à ces actions, rien ne prouve que la majorité des militants qui se revendiquent « antifas » participent aux violences. L’accusation de laxisme de la justice bute sur la réalité des faits. Des dizaines de personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme et plusieurs centaines ont été frappées d’interdiction, avec des mises à l’épreuve, de manifester ou de se rendre dans les villes le jour des manifestations depuis 2016.

      Ces débats biaisés empêchent de comprendre la nature et la transformation du phénomène. En effet, si le black bloc est une pratique manifestante, cherchant à renvoyer l’Etat à ses propres contradictions, il est aussi un reflet de l’évolution d’une partie de la société, la renvoyant à sa propre violence. La forme du black bloc semble en mutation, un reflet et une conséquence de la déshumanisation et de la crise sociale, d’une part, et de l’augmentation des violences policières, d’autre part.

      Comme la pratique émeutière se diffuse in situ, par l’expérimentation de la rue, la multiplication des manifestations a offert à de nouvelles générations l’occasion d’apprendre le cycle provocation-répression. Les anciennes générations cohabitent avec de nouvelles, dont le profil évolue. On assiste à un élargissement générationnel – des mineurs aux cinquantenaires –, quantitatif, et à une diffusion géographique du nombre de personnes pouvant potentiellement participer aux émeutes.

      L’émergence d’une nouvelle forme de conflictualité

      Les blocs se formaient principalement dans quelques îlots (Paris, le Grand-Ouest). Aujourd’hui, dans toutes les grandes villes se produit ce type d’action. Socialement, une mutation s’opère. Les informations qui émergent suite aux différents procès et aux comparutions immédiates montrent que toutes les catégories sociales se retrouvent devant la justice. Aux profils majoritairement d’étudiants et d’ouvriers qui composaient les accusés auparavant succèdent, devant les tribunaux, des individus aux situations encore plus précaires.

      Ils viennent non des centres-villes mais des banlieues et, plus encore, des périphéries. La socialisation politique évolue. Les nouveaux émeutiers se sont forgé une opinion de manifestation en manifestation. Les slogans et graffitis qui accompagnent les émeutes se sont modifiés. L’anticapitalisme demeure, mais le caractère sarcastique et symbolique des attaques s’est réduit, sans avoir totalement disparu.

      Cette mutation traduit l’émergence d’une nouvelle forme de conflictualité, illustration d’une rupture interne dans la violence politique et sociale, subie comme exprimée. Le caractère jusque-là codifié des émeutes tend à disparaître. La tendance actuelle est bien plus inscrite comme une forme de révolte contemporaine qui, faute de perspectives, verse dans le nihilisme.

      #autonomes #anticapitalisme #précaires

  • « Désormais, des fusibles sont prévus en cas de coup dur pour Macron, au premier rang desquels Edouard Philippe »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/30/desormais-des-fusibles-sont-prevus-en-cas-de-coup-dur-pour-macron-au-premier

    Le président laisse au gouvernement l’exécution des nouvelles orientations. Une démarche qui vise à desserrer l’étau qui l’entoure, selon Françoise Fressoz.

    Chronique. Après six mois d’accalmie, les choses sérieuses commencent. Mis sous tension par les annonces présidentielles, le gouvernement va devoir décliner le plan d’Emmanuel Macron en tentant d’éviter la sortie de route. Bon courage ! La profusion de mesures annoncées, jeudi 25 avril, pour tenter de répondre à la crise des « gilets jaunes », la confirmation de cinq réformes de structure d’ici à la fin du quinquennat (école, assurance- chômage, retraite, fonction publique, organisation de pouvoirs publics) étaient là pour démontrer que rien n’arrêterait la volonté présidentielle de transformer le pays.

    Comme ses prédécesseurs, le chef de l’Etat a fait le pari d’intensifier le mouvement en cours de mandat, en dépit d’une cote de popularité toujours alarmante et, comme Nicolas Sarkozy, il a choisi de mener plusieurs chantiers à la fois afin d’étourdir les oppositions et d’éviter la constitution d’un front unique du refus.

    Mais dans un pays qui reste profondément éruptif, une telle stratégie n’est pas dénuée d’inconvénients : outre qu’elle ne met pas à l’abri d’un nouveau coup de grisou, elle ne permet pas forcément d’aller au fond des choses, faute de temps – il reste à peine deux ans utiles d’ici à la fin du quinquennat – et de méthode affirmée.
    Ce qui frappait dans l’offensive présidentielle, c’est, au contraire, l’approximation qui pointait dès qu’il était question d’exécution. « Je fixe les orientations, je ne vais pas me substituer au gouvernement », répétait Emmanuel Macron chaque fois qu’on lui réclamait un détail, ce qui revenait à dire au premier ministre : « Et maintenant débrouillez-vous ! »

    Le trône a vacillé
    Ce retour à une lecture plus gaullienne des institutions vise à desserrer l’étau autour du chef de l’Etat qui, à force de verticalité, a fini par prendre en pleine figure la révolte des « gilets jaunes ». Le trône a réellement vacillé en décembre 2018, lorsque Emmanuel Macron a pris conscience du degré de haine qu’il avait suscité…

    #paywall

    • Chronique . Après six mois d’accalmie, les choses sérieuses commencent. Mis sous tension par les annonces présidentielles, le gouvernement va devoir décliner le plan d’Emmanuel Macron en tentant d’éviter la sortie de route. Bon courage ! La profusion de mesures annoncées, jeudi 25 avril, pour tenter de répondre à la crise des « gilets jaunes », la confirmation de cinq réformes de structure d’ici à la fin du quinquennat (école, assurance- chômage, retraite, fonction publique, organisation de pouvoirs publics) étaient là pour démontrer que rien n’arrêterait la volonté présidentielle de transformer le pays.
      Comme ses prédécesseurs, le chef de l’Etat a fait le pari d’intensifier le mouvement en cours de mandat, en dépit d’une cote de popularité toujours alarmante et, comme Nicolas Sarkozy, il a choisi de mener plusieurs chantiers à la fois afin d’étourdir les oppositions et d’éviter la constitution d’un front unique du refus.

      Mais dans un pays qui reste profondément éruptif, une telle stratégie n’est pas dénuée d’inconvénients : outre qu’elle ne met pas à l’abri d’un nouveau coup de grisou, elle ne permet pas forcément d’aller au fond des choses, faute de temps – il reste à peine deux ans utiles d’ici à la fin du quinquennat – et de méthode affirmée.
      Ce qui frappait dans l’offensive présidentielle, c’est, au contraire, l’approximation qui pointait dès qu’il était question d’exécution. « Je fixe les orientations, je ne vais pas me substituer au gouvernement », répétait Emmanuel Macron chaque fois qu’on lui réclamait un détail, ce qui revenait à dire au premier ministre : « Et maintenant débrouillez-vous ! »

      Le trône a vacillé

      Ce retour à une lecture plus gaullienne des institutions vise à desserrer l’étau autour du chef de l’Etat qui, à force de verticalité, a fini par prendre en pleine figure la révolte des « gilets jaunes ». Le trône a réellement vacillé en décembre 2018, lorsque Emmanuel Macron a pris conscience du degré de haine qu’il avait suscité dans une partie de la population. Désormais, des fusibles sont prévus en cas de coup dur, au premier rang desquels Edouard Philippe.

      Réassuré par le chef de l’Etat, le chef du gouvernement a pour mission de mettre en ordre de bataille des troupes un peu plus aguerries qu’il y a deux ans mais qui ont découvert en même temps que les Français les annonces présidentielles. Gare aux traînards ou à ceux qui ne parviendraient pas à maîtriser leur administration, réputée conservatrice ! Des hauts fonctionnaires aux ministres, tous sont désormais priés de mouiller la chemise pour répondre à l’exigence fondamentale des Français : un Etat plus proche et plus efficace.

      Tout le monde s’est crispé

      Mais en déléguant, Emmanuel Macron tente aussi de corriger son penchant naturel, qui est de s’occuper de tout. Cette propension a mis en danger le début de son quinquennat. Le héraut du changement n’est pas parvenu à mettre en mouvement la société. Tout le monde s’est crispé : les élus, les syndicats et une grande partie des Français, qui ont eu l’impression qu’on voulait leur imposer à toute force un nouveau modèle de société.

      Une partie de la difficulté rencontrée par le chef de l’Etat tient au caractère disruptif de son élection : le novice s’est fait élire, en mai 2017, sur le dos du vieux monde, en profitant du discrédit dont souffraient les sortants de gauche comme de droite. A aucun moment il n’a cherché à composer avec eux, récusant toute idée d’alliance ou de coalition, sauf avec le MoDem parce qu’il devait à François Bayrou son élection. D’emblée, il a pris le risque de les avoir contre lui sans disposer en retour d’une force capable de porter le macronisme : son mouvement En marche est resté dans les limbes.
      Quant aux députés nouvellement élus, ils ne connaissaient rien au travail de terrain, si bien que la dynamique de l’élection présidentielle a rapidement viré au dangereux isolement. Il fallait d’urgence le briser.

      Le nouvel acte de décentralisation annoncé jeudi par Emmanuel Macron est un geste en direction des trois grandes associations d’élus (communes, départements, régions) qui demandaient que le président cesse de vouloir s’occuper de tout et fasse confiance au terrain. Macron les prend au mot en leur accordant un délai très court, neuf mois, pour tenter de bâtir une nouvelle répartition des compétences et des financements.

      Remettre en mouvement

      Compte tenu du passif, les chances d’aboutir à un compromis utile pour le pays sont minces. Elles ne sont pas complètement inexistantes dans la mesure où les élus ont eux aussi beaucoup à se faire pardonner de leurs administrés : contestés, ils sont menacés par la forte demande de démocratie participative. Emmanuel Macron en a tenu compte mais en refusant tout ce qui pouvait les affaiblir, notamment le référendum d’initiative populaire ou la suppression du Sénat. En contrepartie, il leur demande de jouer le jeu.

      Restent enfin les syndicats ou plutôt le syndicat avec lequel Emmanuel Macron peut encore espérer composer. Laurent Berger n’a pas fermé la porte aux annonces présidentielles, en dépit des relations tendues qu’il entretient avec le chef de l’Etat et de la profonde déception qu’il a exprimée à propos de l’écologie.

      Conscient de la gravité du moment et des risques d’une nouvelle montée de l’extrême droite, le leader de la CFDT s’est dit prêt (Le Monde du 27 avril) à dire « chiche » à condition que le « changement de cap amorcé se confirme ». Dès lors, on comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron est resté si flou dans la réalisation des objectifs qu’il s’est fixés. A ce stade du mandat, son objectif est moins d’aboutir à une transformation profonde du pays qu’à remettre en mouvement les acteurs susceptibles de l’accompagner.

  • « Souhaite-t-on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d’indépendants et de travailleurs au statut hybride ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/27/souhaite-t-on-creer-une-societe-a-trois-vitesses-constituee-de-salaries-d-in

    Le Conseil national du numérique, présidé par Salwa Toko, demande, dans une tribune au « Monde », qu’un coup d’arrêt soit donné aux chartes unilatérales de responsabilité sociale pour les travailleurs des plates-formes. Le Conseil national du numérique (CNNum) s’oppose à la mise en place des chartes unilatérales de responsabilité sociale des plates-formes prévues par la loi d’orientation des mobilités (LOM) et appelle plutôt à l’instauration d’un véritable dialogue social sur les nouvelles formes de travail (...)

    #Deliveroo #Uber #travail

  • #ADP, Le Monde, 19/04/2019, 3 tribunes


    BENOIT TESSIER / REUTERS

    • Groupe ADP : un calcul « étonnamment incomplet »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/19/groupe-adp-un-calcul-etonnamment-incomplet_5452514_3232.html

    L’économiste Jean-Christian Tisserand observe, dans une tribune au « Monde », que les revenus de l’Etat seraient sensiblement identiques que Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) soit privatisée ou pas.
    […]
    Les détracteurs de la privatisation déclarent qu’une si légère différence à l’avantage de la vente ne suffit pas à justifier sa cession, puisque sa valeur sera certainement amenée à augmenter dans les années à venir, et donc les dividendes également.

    Malgré le nombre d’articles sur le sujet, ce calcul reste étonnamment incomplet.

    et le #paywall ici, laisse le pourquoi du comment… incomplet .

    ===================

    • « Pourquoi ne pas créer une concession autour de chacun des aéroports parisiens d’ADP ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/19/pourquoi-ne-pas-creer-trois-concessions-autour-de-chacun-des-aeroports-de-la

    Dans une tribune au « Monde », l’économiste Paul-Adrien Hyppolite explique qu’ADP ne constitue pas un monopole et que sa privatisation sera de fait favorable aux passagers et aux compagnies aériennes.
    […]
    Beaucoup de contrevérités circulent dans le débat public et alimentent en particulier deux mythes. Le premier voudrait que la privatisation des aéroports parisiens fasse courir un risque pour la sécurité et la souveraineté du pays. Or le gouvernement n’abandonne en aucun cas le contrôle de la frontière aéroportuaire à une société privée. Quelle que soit la structure actionnariale d’ADP, toutes les activités relevant du contrôle aérien, des douanes et des migrations restent aux mains de l’Etat.

    Le second mythe voudrait que le transfert au secteur privé du contrôle d’aéroports internationaux soit rarissime. Pourtant, si l’on s’en tient aux faits, plus de deux capitales européennes sur cinq sont dans ce cas de figure, par exemple Londres, Rome, Bruxelles, Vienne, Lisbonne, Copenhague, Budapest. À l’échelle nationale, plus de la moitié des cinquante principaux aéroports de France métropolitaine sont contrôlés par le secteur privé. Aujourd’hui, les aéroports contrôlés exclusivement par la puissance publique accueillent moins d’un quart du trafic passagers en Europe.

    ===================

    • Privatisation d’ADP : « En France, pour les grandes infrastructures de réseaux, la concession a longtemps été la forme juridique dominante »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/19/privatisation-d-adp-en-france-pour-les-grandes-infrastructures-de-reseaux-la

    L’historienne Claire Lemercier décrypte, dans une tribune au « Monde », les évolutions du compromis entre politiques publiques et intérêts privés.

    S’il y a une leçon de l’histoire en matière de répartition des tâches entre Etat et entreprises privées, c’est qu’il n’existe pas de solution unique. Pendant plus de la moitié de son existence, la Banque de France a été une société privée, tandis que des manufactures d’Etat produisaient tabac et allumettes. A la Belle Epoque, il y a eu des boulangeries municipales ; au milieu du XIXe siècle, des entreprises concurrentes posaient des conduites de gaz dans les mêmes rues. Décider qui doit gérer un aéroport est donc un choix politique, et non une évidence économique.

    • Donc d’ici moins d’un an la #propagande aura fait son chemin et le gâteau public ADP sera mangé entre riches.
      Le dernier bouquin de Denis Robert, Les Prédateurs (avec Catherine Le Gall), Cherche Midi, 2018 montre le même genre de mise en scène.
      #mafia

  • « Non, Huawei n’est pas une entreprise comme les autres »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/22/non-huawei-n-est-pas-une-entreprise-comme-les-autres_5453414_3232.html

    Le politiste Jonathan Holslag dénonce, dans une tribune au « Monde », les liens historiques entre la firme chinoise de télécoms et le gouvernement de Pékin, principal acteur de sa spectaculaire expansion internationale. « Huawei est un groupe comme les autres, » a déclaré la secrétaire d’Etat chargée des télécoms, Agnès Pannier-Runacher, dans une interview accordée au Monde publiée le 10 avril, ajoutant : « Je suis ravie que Huawei (…) investisse sur notre marché. » N’est-il pas étrange qu’une haute (...)

    #Huawei #spyware #domination #BigData #concurrence

  • Mmh, le médiéviste Jean-Claude Schmitt a dû sécher pas mal de cours de l’Histoire de l’Antiquité :-)

    Reconstruction de Notre-Dame : « Evitons le pastiche du pastiche »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/20/reconstruction-de-notre-dame-evitons-le-pastiche-du-pastiche_5452821_3232.ht

    Une capitale, cela semble évident, banal aujourd’hui : mais à l’époque de Philippe Auguste, c’était d’une nouveauté radicale, c’était même unique.

  • « Qu’est-ce qu’un patron de gauche ? » Tribune de Simon Cottin-Marx (Sociologue) et Arthur Brault Moreau (Syndicaliste à Solidaires)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/social-qu-est-ce-qu-un-patron-de-gauche_5449879_3232.html

    Ce ne sont pas les plus nombreux ni les plus visibles, on les voit peu dans les analyses et les médias, ce sont les patrons et patronnes de gauche. A mi-chemin entre des valeurs progressistes, parfois même anticapitalistes, et une position de chef d’entreprise où la logique de marché demeure prédominante, ces patrons échappent souvent aux radars.

    Alors que pour un salarié « de gauche », travailler pour l’un d’entre eux devrait être l’emploi idéal, la réalité s révèle parfois amère. Nous avons interrogé une vingtaine de personnes sur leurs expériences de travail dans des coopératives, des associations et des entreprises de l’économie sociale, mais aussi des syndicats, des médias ou encore comme attachés parlementaires d’élus de gauche, afin de dégager quelques enseignements sur le profil et le comportement de « patrons de gauche ».

    « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. » C’est la première particularité des patrons de gauche : il y a souvent chez eux un décalage entre l’éthique affichée et les pratiques. Comme le raconte un ancien assistant parlementaire : « Mon élu défendait le droit au repos dominical dans l’Hémicycle, mais il faisait parfois travailler son équipe toute la semaine, dimanche compris, sans même donner un repos le lundi. »

    Une position délicate

    Quoi qu’on puisse en dire, « être de gauche » ne protège pas des mauvaises pratiques patronales : horaires atypiques, harcèlement, discriminations, embauche des « petits jeunes » corvéables à merci, salariés remplacés par des stagiaires, rémunération affinitaire, absence de transparence, etc. Il arrive aussi que les patrons de gauche, comme les patrons tout court, soient de mauvais patrons.

    Outre les abus d’autorité, le décalage entre éthique et pratique pose ici une difficulté supplémentaire pour les salariés. Travailler pour un patron ouvertement « de gauche » n’est pas anodin : c’est souvent partager ses idées politiques. Or, comme l’écrit Michel Gollac (« Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au #travail », rapport au ministre du travail, avril 2011) les conflits de valeurs sont source de malaises, dégradent l’image du métier aux yeux des salariés, alimentent le sentiment d’inutilité du travail.
    https://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/114000201/index.shtml

    Une autre particularité de ces patrons est souvent de ne pas s’assumer comme employeurs, d’être mal à l’aise dans la relation de subordination avec leurs salariés et de faire comme si les hiérarchies salariales avaient disparu en continuant à s’appeler « camarade ». Une parlementaire va par exemple jusqu’à nier les hiérarchies salariales et revendique d’avoir inventé un mode nouveau de gestion « sans chef », « horizontal et participatif ».

    Les hiérarchies continuent à exister

    Une utopie que les salariés ne vivent pas de la même manière… En cas de crise ou dès qu’il est nécessaire de trancher un débat, la subordination reprend le dessus. C’est ce qu’explique une psychologue du travail à propos de son expérience personnelle d’employée d’un cabinet de conseil aux syndicats : « La patronne avait beaucoup de mal à asseoir sa posture. Elle était incapable de trancher, d’arbitrer et de donner des directives. […] Elle était victime d’une forme de schizophrénie. Elle se revendiquait de gauche, mais dans sa grille de lecture, être patron, c’était être de droite… »

    La difficulté à asseoir une posture claire peut aussi amener à nier certains droits et protections sociales. C’est l’exemple d’une élue qui refuse la demande de « dialogue social » formulée par ses salariés, « car c’est un truc de la CFDT », ou d’un autre élu qui tranche : « Pas besoin de syndicat, pas besoin de contre-pouvoir. On est entre nous. » Pourtant, avoir un patron de gauche n’est pas la fin de l’histoire. Les hiérarchies continuent à exister, les nier ne peut que freiner les possibilités de se défendre pour les salariés.

    Du côté des salariés, travailler auprès d’un patron de gauche est souvent vu comme une chance pour lier l’activité professionnelle à un engagement personnel ou politique… Puis, ils découvrent les heures supplémentaires gratuites. Matthieu Hély, sociologue du monde associatif (où les « patrons de gauche » sont légion), explique que dans ce secteur, « c’est le salariat atypique qui est typique » (« A travail égal, salaire inégal : ce que travailler dans le secteur associatif veut dire », Sociétés contemporaines no 69, 2008/1).
    https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00265727/document

    Assumer la relation salariale

    Les salariés travaillent souvent le soir et le week-end, avec des contrats précaires, de moindres salaires, etc. Mais alors pourquoi ces emplois trouvent preneurs ? Parce que ces activités sont sources d’« externalités positives » dont la satisfaction morale est de servir un projet à but non lucratif. Pour la chercheuse Maud Simonet, (Le Travail bénévole, La Dispute, 2010) une part de travail bénévole des salariés « va de soi », au nom de « l’esprit associatif ».

    « Plus qu’un emploi, c’est un projet politique », « on faisait déjà ça [en tant que militant] », entend-on de la part de patrons « de gauche » et de salariés. Comble de l’ironie, l’engagement à gauche sert de base à la subordination du salarié.

    Le tableau n’est pas que noir. Il ne s’agit pas de désigner à la vindicte les patrons de gauche. Pour autant, il est nécessaire de trouver des solutions pour qu’ils aient des pratiques cohérentes avec leur engagement. Pour cela, pas de baguette magique. Historiquement, le mouvement ouvrier est parvenu à imposer des protections sociales : le premier pas à faire est qu’ils respectent ces droits, et commencent par les connaître.

    Le deuxième enjeu est d’assumer la relation salariale. Enfin, les patrons doivent accepter et cultiver les contre-pouvoirs. L’existence d’une organisation syndicale est souvent le meilleur outil pour rendre visible les relations de pouvoir, les encadrer et permettre aux salariés de se défendre. Mais il faut faire attention à la connivence et s’assurer que le contre-pouvoir en reste réellement un.

  • Dans son éditorial Le Monde aurait du se limiter à ces deux passages, le reste n’est que blabla inutile et circonvolution des anges.

    La trajectoire ambivalente de Julian Assange
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/la-trajectoire-ambivalente-de-julian-assange_5449804_3232.html

    M. Assange est revenu sur sa parole et a publié les documents, sans filtre, dans leur intégralité. Le Monde a dénoncé ce procédé ; d’autres médias, en revanche, ont continué à le soutenir. La réalité est qu’il a, ce jour-là, quitté le monde des défenseurs des droits humains pour rejoindre celui des absolutistes de la transparence, faisant, au passage, un cadeau aux pires services de sécurité de la planète.

    Ce qu’il s’est passé ensuite avec Julian Assange est complexe, mais il en ressort une ligne directrice : le militant antiaméricain s’attaque aux secrets des pays démocratiques, et rarement à ceux de pays totalitaires. Il a travaillé pour Russia Today, la télévision pro-Poutine financée par le Kremlin. Et il a utilisé WikiLeaks, durant la campagne présidentielle américaine de 2016, comme diffuseur de documents subtilisés par les services secrets russes au Parti démocrate et à sa candidate, Hillary Clinton, dans le but de la discréditer. Il a, ce faisant, comme Moscou, aidé Donald Trump à remporter l’élection.


    #assange #wikileaks #russie #russiatoday

  • « Un revenu de base en Inde », Thomas Piketty
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/thomas-piketty-un-revenu-de-base-en-inde_5449649_3232.html

    Chronique. Le plus grand vote de l’histoire du monde vient de commencer en Inde : plus de 900 millions d’électeurs. On dit souvent que l’Inde a appris l’art de la démocratie parlementaire au contact des Britanniques. L’affirmation n’est pas entièrement fausse, à condition, toutefois, d’ajouter que l’Inde a porté cet art à une échelle inconnue avant elle, au sein d’une communauté politique de 1,3 milliard d’habitants, traversée par d’immenses clivages socioculturels et linguistiques, ce qui est autrement plus compliqué.

    Pendant ce temps, le Royaume-Uni a bien du mal à le rester. Après l’Irlande au début du XXe siècle, il n’est pas impossible que ce soit au tour de l’Ecosse de quitter le Royaume et son Parlement en ce début de XXIe siècle. Quant à l’Union européenne et ses 500 millions d’habitants, elle ne parvient toujours pas à mettre en place des règles démocratiques permettant d’adopter le moindre impôt en commun, et continue d’accorder des droits de veto à des grands-duchés rassemblant à peine 0,1 % de ses citoyens. Plutôt que d’expliquer doctement que rien dans ce beau système ne peut être changé, les responsables européens seraient bien inspirés de regarder du côté de l’Union indienne et de son modèle de République fédérale et parlementaire.

    Evidemment, tout n’est pas rose pour autant dans la plus grande démocratie du monde. Le développement du pays est miné par d’énormes inégalités et une pauvreté qui diminue trop lentement. L’une des principales innovations de la campagne qui s’achève est la proposition faite par le Parti du Congrès d’introduire un système de revenu de base : le NYAY (nyuntam aay yojana, « revenu minimum garanti »). Le montant annoncé est de 6 000 roupies par mois et par ménage, soit l’équivalent d’environ 250 euros en parité de pouvoir d’achat (3 fois moins au taux de change courant), ce qui n’est pas rien en Inde (où le revenu médian ne dépasse pas 400 euros par ménage). Ce système concernerait les 20 % des Indiens les plus pauvres. Le coût serait significatif (un peu plus de 1 % du PIB), sans être rédhibitoire.

    Mesures sociales, éducatives et fiscales

    Comme toujours avec les propositions de ce type, il est important de ne pas s’en tenir là et de ne pas prendre le revenu de base pour une solution miracle ou un solde de tout compte. Pour mettre en place une répartition juste des richesses et un modèle de développement durable et équitable, il faut s’appuyer sur tout un ensemble de mesures sociales, éducatives et fiscales, dont le revenu de base n’est qu’un élément. Comme l’ont montré Nitin Bharti et Lucas Chancel, les dépenses publiques de santé ont stagné à 1,3 % du PIB entre 2009-2013 et 2014-2018, et l’investissement éducatif a même baissé, passant de 3,1 % à 2,6 %. Un équilibre complexe reste à trouver entre la réduction de la pauvreté monétaire et ces investissements sociaux, qui conditionnent le rattrapage de l’Inde sur la Chine, qui a su mobiliser des ressources plus importantes pour élever le niveau de formation et de santé de l’ensemble de la population.

    Il reste que la proposition du Congrès a le mérite de mettre l’accent sur les questions de redistribution et d’aller au-delà des mécanismes de quotas et de « réservations », qui ont certes permis à une fraction des basses castes d’accéder à l’université, à l’emploi public et aux fonctions électives, mais qui ne suffisent pas. La plus grande limite de la proposition est que le Congrès a choisi de rester discret sur le financement. C’est dommage, car cela aurait été l’occasion de réhabiliter le rôle de l’impôt progressif, et de tourner définitivement la page de son moment néolibéral des années 1980 et 1990.

    Surtout, cela lui aurait permis de se rapprocher plus explicitement de la nouvelle alliance entre les partis socialistes et de basses castes (SP, BSP), qui proposent la création d’un impôt fédéral de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 25 millions de roupies (1 million d’euros en parité de pouvoir d’achat), ce qui rapporterait l’équivalent des sommes requises pour le NYAY, et de renforcer la progressivité de l’impôt fédéral sur le revenu. Au fond, le véritable enjeu de cette élection est la constitution en Inde d’une coalition de gauche, à la fois égalitaire et multiculturelle, seule à même de battre le nationalisme hindou pro-business et antimusulmans du BJP.

    Big business

    Il n’est pas sûr que cela soit suffisant cette fois. Ancien parti hégémonique venu du centre, le Congrès est toujours dirigé par le très peu populaire Rahul Gandhi (issu de la lignée Nehru-Gandhi), alors que le BJP a eu l’intelligence de se donner pour la première fois, avec Modi, un dirigeant aux origines modestes. Le Congrès craint d’être débordé et de perdre la direction du gouvernement s’il se lance dans une coalition trop explicite avec les partis situés à sa gauche.

    Par ailleurs, Modi bénéficie du financement du big business indien, dans un pays qui brille par une absence criante de régulation en ce domaine. Il a en outre habilement exploité l’attentat de Pulwama, au Jammu-et-Cachemire, et les raids aériens qui ont suivi pour faire vibrer les sentiments anti-Pakistan et accuser le Congrès et les partis de gauche de connivence avec l’islam intégriste (cela n’arrive pas qu’en France), dans ce qui risque de rester comme le tournant dans la campagne. En tout état de cause, les graines semées reprendront leur cours, en lien avec les transformations politico-idéologiques en mouvement dans le reste du monde. Les décisions débattues en Inde nous concerneront tous de plus en plus. En cela, cette élection indienne est bien une élection d’importance mondiale.

    Un parti gouvernemental qui promet un revenu de base pour essayer de ne pas perdre les élections, voilà qui n’est pas français.

    #Inde #revenu_minimum_garanti #revenu_de_base

  • Appel des peuples indigènes : « Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, nous vivons les prémices d’une apocalypse »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/10/appel-des-peuples-indigenes-depuis-l-election-de-jair-bolsonaro-nous-vivons-

    Et parce que l’Union européenne (UE) est le deuxième partenaire commercial du Brésil, offrant un immense marché pour les exportations agricoles brésiliennes, nous appelons celle-ci à mettre en place une traçabilité irréprochable garantissant que les produits vendus dans ses pays membres ne détruisent pas les forêts de la planète, ne justifient pas l’accaparement des terres et ne violent ni les droits des peuples indigènes ni les droits de l’homme et les droits de la Terre Mère.

    Nous appelons aussi les citoyens européens à une exigence sans faille sur leur consommation et à une opposition de principe à un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosul [marché commun composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l’Uruguay et de quelques pays associés], qui ne ferait qu’aggraver encore davantage la situation des peuples indigènes et des défenseurs de l’environnement.

    #bolsonaro #appel_indigène #alliance_des_gardiens_de_mère_nature

  • Appel des peuples indigènes : « Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, nous vivons les prémices d’une apocalypse »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/10/appel-des-peuples-indigenes-depuis-l-election-de-jair-bolsonaro-nous-vivons-

    Dans une tribune au « Monde », treize représentants de peuples indigènes de différents continents, dont ceux de l’Amazonie brésilienne, lancent un appel à protéger le caractère « sacré » de la nature et à s’opposer aux projets du président du Brésil.

    Les peuples indigènes ont toujours pris soin de la Terre Mère et de l’humanité. Nous représentons 370 millions de personnes dans le monde, répartis sur 22 % de la planète et couvrant 80 % de la biodiversité mondiale.

    Nous appelons l’humanité à prendre des mesures pour protéger le caractère sacré de l’eau, de l’air, de la terre, du feu, du cycle de la vie et de tous les êtres humains, végétaux et animaliers. Il est vital de transformer notre approche de la nature en l’envisageant non comme une propriété, mais un sujet de droit, garante de la vie.

    Partout dans le monde les droits des peuples indigènes et de la nature sont bafoués, des leaders indigènes sont assassinés. Des millions de nos frères et sœurs ont été tués pour prendre le contrôle de leurs territoires et on continue à nous détruire avec de belles paroles et de l’argent, cette malédiction du monde.

    Nous appelons à des solutions concrètes qui reconnaissent les droits des peuples indigènes et de la nature pour la survie de tous. Nous appelons les dirigeants du monde, les Etats, les Nations unies et la société civile à amorcer une réflexion visant à abandonner progressivement les systèmes capitalistes et juridiques hérités de l’époque coloniale pour les remplacer par de nouveaux principes. Nous devons évoluer vers un paradigme basé sur la pensée et la philosophie indigènes, qui accorde des droits égaux à la Nature et qui honore l’interrelation entre toute forme de vie. Il n’y a pas de séparation entre les droits des peuples indigènes et les droits de la Terre Mère.

    Il est plus que jamais urgent que le monde adopte une Déclaration universelle des droits de la Terre Mère, et que tous les Etats ratifient et appliquent rigoureusement la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail, qui garantit à tous les peuples indigènes une consultation libre, préalable et éclairée sur les sujets qui les concernent.

    #Communs #Terre_Mère #Peuples_indigènes

  • Polémique Le Corbusier : « Juger les attitudes d’un artiste d’hier dans le climat d’aujourd’hui est bien de notre époque »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/05/polemique-le-corbusier-juger-les-attitudes-d-un-artiste-dans-le-climat-d-auj

    Chronique. La descente aux enfers se poursuit pour Le Corbusier (1887-1965). L’architecte suisse devenu français en 1930 était considéré comme le dieu de la modernité des années 1920 et 1930 – grands ensembles rationnels pour les masses et maisons pures, blanches et élégantes pour les riches. Mais au fil des ans et des publications, ce Picasso du béton fut qualifié de réactionnaire, vichyste, fasciste, stalinien, antisémite et pro-Hitler. Ce qui donne un millefeuille nauséabond et un personnage qui, même mort, n’est pas fréquentable. Tout cela figure dans une tribune collective, publiée le 2 avril sur le site du Monde.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’antisémite Le Corbusier ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public »

    Ce portrait a déjà été brossé dans trois livres sortis en 2015 à l’occasion d’une exposition Le Corbusier au Centre Pompidou. Le contraste était vertigineux : le musée mettait en lumière un génie des formes ; les livres dénonçaient sa face noire. Entre les deux camps, ce fut rude. Mais la tribune est d’abord inédite par le profil des neuf signataires : on y trouve des anti-corbuséens de longue date, mais aussi, et c’est une surprise, le cinéaste Jean-Louis Comolli et l’historienne Michelle Perrot, voix du féminisme, du mouvement ouvrier et aussi de l’univers carcéral, un sujet que les « anti-Corbu » associent aux bâtiments du maître.

    La tribune demande aussi au ministre de la culture, Franck Riester, de se désengager du projet de musée Le Corbusier, à Poissy (Yvelines). De se retirer de la Fondation Le Corbusier, dans le 16e arrondissement de Paris. Et d’agir pour que soit déboulonnée la statue de l’architecte inaugurée il y a quelques semaines à Poissy. Puisque, selon les signataires, Le Corbusier « ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public », ils auraient pu demander que nos écoles d’architecture, financées par l’Etat, suppriment l’artiste des enseignements, que ses bâtiments soient fermés à la visite, que les plaques à son nom soient retirées, et que ses œuvres soient expulsées des musées.
    Faire vaciller la statue de l’homme

    Le ministère de la culture nous a fait savoir qu’il ne fera rien de tout cela et qu’il appartient aux historiens de se prononcer. Pas simple car deux camps s’invectivent. Le Corbusier a voulu travailler pour Philippe Pétain et Benito Mussolini. Oui, mais aussi pour Léon Blum, en 1936. Il écrit des mots louangeurs sur Adolf Hitler, mais aussi d’autres de mépris sur l’Allemagne nazie.

    #grand_homme

  • #Levothyrox : une étude donne raison aux patients
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/04/04/levothyrox-une-etude-donne-raison-aux-patients_5445668_1650684.html

    Selon ces travaux franco-britanniques, les deux versions du traitement commercialisé par Merck auprès des malades de la thyroïde ne sont pas substituables pour chaque individu.

    Ni hystérie collective, ni complotisme des patients, ni « #effet_nocebo » géant. Deux ans après les premiers signalements d’effets indésirables attribués à la nouvelle formule du Levothyrox, des travaux franco-britanniques, publiés jeudi 4 avril dans la revue Clinical Pharmacokinetics, objectivent pour la première fois les plaintes déclarées par plusieurs dizaines de milliers de malades de la thyroïde. Ils indiquent que les deux formulations du médicament commercialisé par Merck ne sont pas substituables pour chaque individu : près de 60 % des patients pourraient ne pas réagir de la même manière aux deux versions du médicament. Ces travaux sont susceptibles de remettre en cause le plan de développement prévu par la firme pour sa nouvelle version du Levothyrox, qui doit être déployée dans 21 pays européens au cours des prochains mois.

    Ces résultats seront difficilement réfutables par le laboratoire et les autorités de santé, puisqu’ils sont fondés sur une réanalyse des données fournies par le laboratoire lui-même à l’Agence nationale de sécurité du médicament (#ANSM). Au passage, la crédibilité de l’agence en sort écornée : en creux, les travaux conduits par le biostatisticien Didier Concordet (université de Toulouse, INRA, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse) et ses coauteurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Université de Londres, montrent que l’ANSM n’a pas procédé à une analyse indépendante des données fournies par Merck à l’appui du changement de formule : elle s’est entièrement reposée sur l’interprétation qu’en a faite la firme. Sollicitée, l’agence n’était pas en mesure de réagir jeudi matin.

    Le reste derrière #paywall, mais l’essentiel est dit…

    • « L’affaire du Levothyrox illustre une confusion entre “consensus scientifique” et “consensus réglementaire” »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/l-affaire-du-levothyrox-illustre-une-confusion-entre-consensus-scientifique-


      Des dizaines de milliers de patients ont déclaré ressentir des effets secondaires liés à la nouvelle formule du Levothyrox.
      JACQUES DEMARTHON / AFP

      Levothyrox, implants, néonicotinoïdes… Dans sa chronique, Stéphane Foucart revient sur ces controverses.

      Chronique. C’est une publication que nul n’attendait tant l’affaire semblait entendue. Jeudi 4 avril, dans la revue Clinical Pharmacokinetics, une équipe de chercheurs franco-britannique offrait, pour la première fois, une explication pharmacologique aux troubles déclarés par de nombreux malades de la thyroïde, après leur passage à la nouvelle formule du Levothyrox.

      Les chercheurs ont conduit une réanalyse statistique des données fournies par le laboratoire Merck à l’appui du changement de formule – ce que nul n’avait fait – et conclu que les deux formules du médicament ne sont pas substituables pour chaque individu.

      Non que le laboratoire ait triché : Merck avait respecté la réglementation, mais celle-ci n’exige de tester que la bioéquivalence moyenne (à l’échelle d’une population) des deux versions du traitement, sans garantir leur caractère interchangeable pour chacun.

      Depuis deux ans, une part du corps médical, les sociétés savantes impliquées et les autorités font pourtant valoir qu’aucun effet indésirable ne peut être attribué à la nouvelle formule, puisqu’un consensus scientifique certifie son équivalence à l’ancienne.

      Merck met en avant les avis convergents de vingt-trois agences nationales de sécurité du médicament ; en 2018, la revue de l’Association française pour l’information scientifique regrettait même, en « une » et à propos du Levothyrox, que « la science [soit] inaudible ». Renvoyant ainsi les dizaines de milliers de patients ayant déclaré des effets indésirables à leur irrationnelle anxiété et à leur obscurantisme.

      En fait, il ne s’agissait pas de science, mais de conformité à la réglementation. L’affaire illustre une confusion souvent entretenue entre « #consensus_scientifique » et « #consensus_réglementaire ».

      #paywall

    • ce qui pose la question de la pertinence de la réglementation…

      Notamment, l’utilisation exclusive de la moyenne pour les effets indésirables qui sont typiquement liés à des individus «  extrêmes  ». Il est assez étonnant que la dispersion ne soit pas prise en compte. Est-ce spécifique à l’étude de la #bioéquivalence ou est-ce plus général ?

    • Invisibilisées dans les maladies non reconnues mais sur-visibilisées dans les maladies imaginaires qu’on leur impute pour leur détruire la vie.

      Le désarroi des familles d’enfants autistes face aux soupçons des services sociaux

      Des parents dénoncent des enquêtes menées à leur encontre par la protection de l’enfance, en raison de la méconnaissance du handicap de leur enfant.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/30/le-desarroi-des-familles-d-enfants-autistes-face-aux-services-sociaux_544353

      « Mère fusionnelle », « nomadisme médical », « syndrome de Münchhausen par procuration »… Les mêmes termes se retrouvent, de dossier en dossier, pour caractériser les comportements des parents d’enfants autistes qui se retrouvent dans le viseur de l’aide sociale à l’enfance (ASE). De nombreuses familles dénoncent depuis des années, sans rencontrer grand écho, l’acharnement dont elles s’estiment victimes et qu’elles attribuent à la méconnaissance, en France, des manifestations des troubles du spectre autistique (TSA).

      Pour elles comme pour les autres, bien souvent, tout commence avec un courrier, envoyé par les services sociaux du département. La famille destinataire apprend à sa lecture qu’une « information préoccupante », concernant un ou plusieurs de ses enfants, a été émise à son encontre, sans qu’elle sache nécessairement par qui, ni pourquoi. Ces procédures d’alerte, qui permettent de signaler un enfant en danger ou en risque de danger, peuvent être faites par les institutions en contact avec les enfants – l’éducation nationale étant un gros pourvoyeur – ou par des particuliers. Elles déclenchent une enquête administrative qui a pour objectif, justement, d’évaluer le danger supposé, et peut à terme conduire à une saisie du parquet.
      « Faillite collective »

      C’est le début de la « spirale infernale », résume Marion Aubry, vice-présidente de TouPi, une association d’entraide. Les comportements des autistes (tri alimentaire, hypersensibilité sensorielle) peuvent être confondus, pour un œil non averti, avec des signes de maltraitance ou de défaillance éducative.
      Lire aussi De nouvelles recommandations pour dépister l’autisme chez l’enfant

      Pour Julie (elle a requis l’anonymat), mère de trois enfants issus de deux unions, l’engrenage a débuté fin 2011. Alertée par le médecin de la crèche d’un possible autisme concernant son fils, elle se rend au centre d’action médico-sociale précoce le plus proche. « A l’époque, mon plus jeune fils avait 3 ans et demi, 4 ans. Il ne me regardait jamais, il pleurait énormément, avait une façon de jouer très spécifique, en alignant les objets. Il pouvait rester des heures à la même place sans bouger. Tout le tableau clinique de l’autisme, comme je l’ai appris plus tard. » Mais la pédopsychiatre balaie d’un revers de main ses soupçons, évoque une « dysharmonie évolutive ». Elle accuse Julie de projeter des angoisses sur ses enfants et de vouloir à tout prix qu’ils soient malades. Le fameux syndrome de Münchhausen par procuration.

      L’article sous #paywall parle de familles dans le désarroi alors qu’il s’agit de mères. Ici c’est encore une nouvelle forme d’invisibilisation puisqu’on parle des femmes en les nommant « familles »

    • Il y a aussi des recommandations pour un prétendue meilleur dépistage mais sans un mot au sujet d’un meilleur dépistage de l’autisme chez les filles

      De nouvelles recommandations pour dépister l’autisme chez l’enfant

      La Haute Autorité de santé a émis lundi 19 férier de nouvelles recommandations sur le dépistage de l’autisme, afin de permettre un diagnostic plus précoce chez les enfants, crucial pour leur avenir.

      Le Monde avec AFP Publié le 19 février 2018 à 05h42 - Mis à jour le 19 février 2018 à 06h37

      Temps de Lecture 1 min.

      Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) touchent un Français sur 100, soit 100 000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600 000 adultes, selon des estimations des pouvoirs publics.

      La Haute Autorité de santé (HAS) a établi lundi 19 février des « recommandations de bonnes pratiques », a fléché le « parcours de l’enfant et de sa famille », « de l’identification des signes d’alerte jusqu’à la consultation dédiée » de l’autisme. « Plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions pourront être mises en place précocement et aideront l’enfant dans son développement », a expliqué la HAS dans un communiqué. « Malheureusement le diagnostic est encore trop tardif en France et les parents inquiets ne savent pas vers qui se tourner », a-t-elle déploré.

      Alors que « l’autisme est un trouble qui peut se manifester entre 1 et 2 ans », le diagnostic tombe souvent à un âge bien plus avancé, « en moyenne entre 3 et 5 ans ». Or les connaissances ont progressé depuis les précédentes recommandations de la HAS, qui dataient de 2005.
      Article réservé à nos abonnés Lire aussi Raisons d’autistes
      Rôle crucial des personnels de crèches

      Dès l’âge d’un an et demi, voire avant, certaines difficultés doivent éveiller l’attention, si par exemple un enfant ne réagit pas à son prénom, ne pointe pas du doigt à distance, ne partage pas de sourire, ne prononce pas un mot, etc.

      « Aucun de ces signes pris de façon isolée n’a de valeur prédictive, mais l’association d’au moins deux signes nécessite un examen clinique approfondi du développement de l’enfant », a souligné la Haute Autorité.

      Jouent un rôle crucial dans ce dépistage « les personnels des crèches et des écoles » qui doivent « porter une attention particulière et continue au développement de la communication sociale de chaque enfant », et « le médecin traitant, l’acteur-clé pour établir un premier bilan ».

      Surtout, a affirmé la HAS, « l’inquiétude que peuvent manifester les parents concernant le développement de leur enfant ne doit jamais être minimisée ».

      –---

      Avec 88% des femmes autistes victimes de violences sexuelles c’est vraiment pas urgent du tout de dépister les filles autistes !
      http://cheekmagazine.fr/societe/femmes-autistes-violences-sexuelles

    • Il y a eu une audition au Sénat le Jeudi 14 février 2019 sur Violences envers les femmes autistes mais manifestement l’HAS ne s’y est pas intéressé.
      ici le compte rendu complet :
      http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20190211/femmes.html

      Mme Marie Rabatel. - J’aimerais vous donner un exemple concret de ce qui se passe sur le terrain. Onze enfants ont été victimes d’agressions sexuelles, et notamment de viol par sodomie, commis par des éducateurs dans une institution. Les parents ont porté plainte contre celle-ci, mais on leur a fait comprendre qu’ils risquaient de se retrouver avec leur enfant à charge. L’institution les a également menacés de faire un signalement à l’ASE pour refus de scolarisation. Lorsque l’enquête a été lancée, elle a été classée sans suite, car les enfants ne verbalisent pas, malgré tout ce qui peut être fait au niveau de l’écoute. Les dires des enfants, mais aussi la communication non verbale, n’ont pas été véritablement pris en compte par la gendarmerie. Tout a été interprété de manière décousue.

      Au final, trois parents ont fait appel et ont retiré leurs enfants de l’institution. Les autres enfants y sont toujours et restent exposés à l’environnement où ils ont vécu des tortures. Cela ne peut qu’entraver leur parcours vers l’autonomie. Les trois parents ont reçu un signalement de l’ASE pour maltraitance, au motif qu’ils priveraient leur enfant de scolarité.

      ...

      Mme Marie Rabatel. - Pour revenir sur la situation que j’ai évoquée, onze enfants ont été victimes d’agression sexuelle et de viol. Les parents ont signalé leur inquiétude à l’établissement. Les enfants avaient des réactions étranges et se plaignaient de douleurs constamment. Une mère a retrouvé une culotte avec du sperme et du sang. Il était tellement inconcevable pour elle d’imaginer une agression sexuelle ou un viol qu’elle l’a jetée à la poubelle. La preuve a donc disparu, malheureusement. Les onze parents ont porté plainte à la gendarmerie contre les éducateurs. L’un d’entre eux avait déjà été condamné plusieurs années auparavant pour détention d’images pédopornographiques et avait été emprisonné pour ce motif. Malgré cela, il a pu être embauché dans une institution. C’est terrible !

      La parole des enfants n’a pas été retenue. Les parents ont refusé de laisser faire. Devant la souffrance de leurs enfants et le besoin d’accompagnement, trois familles sont parties. Les parents des sept enfants restants ont fait appel avec l’association Innocence en danger. À ce stade, l’institution a menacé de faire un signalement auprès de l’ASE pour retirer les enfants de leur famille. Quatre familles ont donc abandonné et laissé leurs enfants dans l’institution. Les trois dernières familles ont retiré leurs enfants de l’institution et continué le combat.

      Ces faits datent de 2012 et les procédures sont toujours en cours. Parmi les trois agresseurs, l’un a vu son contrat se terminer tandis qu’un autre est resté en arrêt maladie pendant trois ans. Le troisième, qui avait déjà été condamné, a été condamné à nouveau, non pas pour l’affaire en question, mais pour possession d’images pédopornographiques.

      Les parents des trois enfants ayant quitté l’institution ont reçu des signalements et ont eu des difficultés avec l’ASE. Ils doivent prouver en permanence que l’éducation de leurs enfants se poursuit. C’est le monde à l’envers !

      Mme Joëlle Garriaud-Maylam. - Avez-vous essayé de mobiliser des responsables politiques ?

      Mme Marie Rabatel. - L’association l’a fait, mais sans succès.

      Dr Muriel Salmona. - Je ne comprends pas que la justice ne prenne pas en compte que le fait de posséder des images pédopornographiques signifie obligatoirement d’avoir fait des échanges d’images sur les réseaux du darknet. Tout le monde sait que, pour détenir des images pédopornographiques, il faut en donner. Or pour disposer de telles images, il faut les faire, et pour cela, il faut agresser et violer des enfants. Il y a là aussi une forme de crédulité et de naïveté. Il ne s’agit pas d’un phénomène virtuel, mais bien réel. Il faut monter au créneau, car il existe plus d’un million de sites pédopornographiques ! Mais tout le monde ne veut pas voir cette réalité.

      Par ailleurs, les agresseurs hors institution sont principalement des membres de la famille. En cas d’inceste, des femmes portent plainte au nom de leurs enfants et se voient ensuite privées de leur garde. Cela arrive fréquemment. L’enfant est confié au prédateur. Mais plus nous montons au créneau, plus la situation empire. Je délivre des certificats, ce faisant je prends des risques, mais rien n’y fait. Cela donne envie de pleurer, car ces cas sont légion. Récemment, deux petites filles ont été enlevées à leur mère alors qu’elle les protégeait. L’ASE les a placées en prétextant le syndrome d’aliénation parentale. L’une des fillettes a parlé de se suicider si elle devait revoir son père...

      Mme Maryvonne Blondin. - Où se trouve votre lieu de consultation ?

      Dr Muriel Salmona. - À Bourg-la-Reine, dans les Hauts-de-Seine. Je peux citer tellement de cas similaires ! Ces deux fillettes n’ont plus le droit d’être en contact avec leur mère. C’est absurde !

      Je vous ai apporté l’enquête que nous avons faite, qui vous donnera plus de précisions, notamment sur les prédateurs. En outre, j’aimerais souligner la nécessité que des condamnations soient prononcées pour non-signalement. Il faut que les non-signalements coûtent cher aux institutions pour qu’elles soient obligées de signaler au lieu de penser avant tout à protéger leur réputation. De plus, l’obligation d’affichage pour le 119 doit être respectée dans tout lieu qui reçoit des enfants.

      Concernant les moyens dont nous disposons, nous n’avons presque jamais reçu de subvention en dix ans d’existence. Je réalise les enquêtes grâce à des dons et grâce à mon travail. J’assure près de 90 journées de formation par an dans le cadre de mon travail. Ces formations rémunérées financent l’association.

      Par ailleurs, j’ai formé de nombreux psychiatres. Nous avons organisé des groupes de réflexion professionnels, entre autres initiatives. Mais je reste très isolée. Pourquoi ? Parce que ce travail nécessite un engagement de chaque instant. Je consacre beaucoup de temps à chaque patient et je ne peux dire que mon travail m’enrichit...

      Un article dans Le Monde sortira prochainement sur la disparition des cent centres de psycho-traumatologie que nous souhaitions. Or il est indispensable d’ouvrir de tels centres. Dans certains pays, il existe des centres ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre où les victimes sont prises en charge. Il est indispensable que les professionnels puissent être soutenus. Personne ne peut me suivre, et je le comprends. Nous avons besoin de plus de moyens.

      Mme Marie Rabatel. - J’aimerais revenir sur la question de la prise en charge. En tant que victime, je trouve inhumain que notre vie soit un combat, alors que cela peut être pris en charge pour l’agresseur. Il faut savoir qu’une victime a des difficultés à travailler. Par exemple, je touche 650 euros par mois de pension d’invalidité, sur lesquels je paie 200 euros de mutuelle. En effet, la prise en charge de ces traumatismes suppose de souscrire une mutuelle très coûteuse permettant le choix de ces soins, faute de quoi le risque est d’être adressé à des structures non spécialisées dans la psycho-traumatologie.

      Il est inhumain que les victimes peinent à financer des soins leur permettant simplement de rester en vie, contrairement à l’agresseur.

      Mme Dominique Vérien, co-rapporteure. - Cela n’est pas le cas partout. Dans l’Yonne par exemple, les traitements sont à la charge des agresseurs.

      A la charge des agresseurs alors que 0,3% des viols sont l’objet de condamnations en France selon ce rapport du Sénat...

    • @monolecte Ah désolé. Quand c’est dans le corps du texte, ou pire, dans le titre, mes armes de défense de léger dyslexique bloquent les mots-dièse en tant que tels (sinon ma lecture deviendrait tellement syncopée que je ne percevrais plus le sens de ce que je lis).

      Julie Dachez dit souvent des choses qui sont sidérantes d’intelligence sur le sujet. Elle me rappelle une autre personnalité brillante dont je suivais beaucoup les parutions il y a une dizaine d’années et qui m’a apporté de nombreuses clefs de compréhension, je viens de me reconnecter à mon Netvibes (pour la première fois depuis, je ne sais même plus quand) pour retrouver le nom de cette personne Michelle Dawson, absolument géniale.

      Désormais je peine un peu avec les témoignages, ils viennent me chercher sur mon côté le plus faible, je n’y arrive plus, alors l’audition, comment te dire... je crois que je vais passer mon tour. J’ai pris un sacré coup de vieux sur le sujet.

    • et on sent encore en sous-main certains délires issus de la psychanalyse, cette pseudo-science qui a toujours détesté les femmes et qui a toujours accusé les mères d’êtres responsables de l’autisme de leurs enfants.

      Oui @alexcorp et à cela on peu ajouter le lobbyisme des masculinistes type Sos-papa et le #sap (syndrome d’aliénation parentale).

      Dans la foulée je suis tombée hier sur cette tribune désépérante :

      « Les voies de renouvellement de la psychanalyse sont nombreuses »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/01/les-voies-de-renouvellement-de-la-psychanalyse-sont-nombreuses_5444312_3232.
      qui montre que dans les université on enseigne encore les escroqueries intellectuelles de Lacan.
      ici

      Sophie Marret-Maleval

      Psychanalyste, professeur et directrice du département de psychanalyse de l’université Paris 8 Saint-Denis

      Aurélie Pfauwadel

      Psychanalyste, maître de conférences au département de psychanalyse de l’université Paris 8 Saint-Denis

      écrivent que :

      Là où Mme Roudinesco s’empresse de sonner l’hallali, nous voudrions présenter ces voies prometteuses du côté de la psychanalyse lacanienne.

    • Chère @mad_meg je me demandais s’il existait une sorte de post fondateur sur Seenthis dans lequel je pourrais lire ton argumentation apparemment très opposée à la psychanalyse, quelque chose qui serait plus développé que les tags ou les commentaires rapides et qui ne m’aident pas du tout à comprendre, alors que cela m’intéresse. Et si un tel billet ou commentaire n’existe pas encore, est-ce que tu pourrais tenter de le faire par exemple ici, mais je t’en supplie vu que c’est moi qui te le demandes, je veux bien que tu n’aies pas trop recours aux tags dans le corps du texte qui sont autant obstacles à ma lecture dyslexique, de même j’ai déjà compris qu’à peu de choses près tu reprochais, sans doute à raison, aux psychanalystes d’être sexistes et je ne veux ni ne peux pas nécessairement te donner tort, en revanche je veux bien que ce soit argumenté, histoire que je comprenne. Ca m’intéresse vraiment.

      Par ailleurs sur la question de la psychanalyse qui serait en échec ou, pire, maltraitante vis-à-vis des autistes et de leur entourage, je ne peux pas te dire que cela n’existe pas qu’il n’y a jamais eu de cas où de telles choses ne se soient produites, en revanche je te mets en garde sur le fait que ce soit finalement le seul argument, et c’est un argument d’exception, de l’argumentaire d’un tout autre bord, le comportementalisme dont je pourrais tout à loisir, si tu le souhaites, expliquer à quel point il est maltraitant vis-à-vis des personnes autistes de façon systémique, j’ai même écrit des articles sur le sujet.

      En revanche, il arrive, de temps en temps, que la psychanalyse vienne en aide à des personnes autistes et leur permette, au long cours, c’est vrai, voire au très long cours, de poser quelques baumes réparateurs sur des sources d’angoisse autrement inextinguibles ou encore de les extraire sans violence de leur autisme dans ce qu’il a d’incapacitant, parfois même en allant jusqu’à respecter leur altérité. Mais je t’accorde que ce soit rare et fragile.

      Du côté comportementaliste en revanche ce qui est présenté comme des victoires voire des guérisons est au contraire souvent acquis dans une certaine forme de violence (notamment psychologique) et a seulement l’apparence d’une victoire : dit plus simplement que l’obsession autistique d’un enfant autiste devienne de se présenter formellement à tout bout de champ, « bonjour je m’appelle Nathan et toi comment t’appelles-tu, aimerais tu que nous jouions ensemble ? », plutôt que de rester isolé au calme à aligner ses jouets de façon non moins obsessionnelle, j’ai un peu du mal à considérer cela comme une victoire.

      Enfin sur la question des violences sexuelles sur les femmes autistes, les chiffres font froid dans le dos et sans doute les pourcentages sont moindres chez les autistes hommes, il reste que ce pourcentage est plus élevé chez les homme autistes que chez les hommes neurotypiques, l’autisme des personnes ne les aidant précisément pas à anticiper le danger quand l’autisme n’est pas en fait la source même de ce danger. Les violeurs sont toujours très intéressés par l’impunité potentielle (ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre, c’est plutôt dans l’autre sens que cet apprentissage se produit, j’en ai pleinement conscience). Les violences sexuelles, et parfois le viol, sont fréquentes chez les jeunes autistes, même masculins. Et quand la chose se produit, quand en tant que parent, tu tentes de demander des explications, voire justice, on a vite fait de t’opposer que ton entêtement à vouloir scolariser ton enfant est la cause de ces violences. Et c’est là qu’à ta plus grande surprise, je te remercie car par le passé il m’est arrivé de lire certaines de tes contributions sur la culture du viol qui m’auront permis de retourner de tels arguments.

      Donc oui, un peu d’argumentation à propos de ta détestation de la psychanalyse, je veux bien, même si tu l’as compris, je ne serais pas nécessairement d’accord. Mais est-ce grave ?

    • @philippe_de_jonckheere nous avons déjà eu des échanges assez houleux sur le sujet au point que tu m’a bloqué depuis 2016, ( https://seenthis.net/messages/548089#message548273 ) ce qui fait que tu n’as probablement pas vu passé toute la documentation que j’ai mise sur ce sujet depuis plusieurs années. Je vais aller fouiller et te sortir quelques unes de mes sources que tu disqualifira d’office comme tu le fait à chaque fois puisque c’est des « compormentalistes » tes fameux psy pour chiens.

      au sujet de ceci

      En revanche, il arrive, de temps en temps, que la psychanalyse vienne en aide à des personnes autistes et leur permette, au long cours, c’est vrai, voire au très long cours, de poser quelques baumes réparateurs sur des sources d’angoisse autrement inextinguibles ou encore de les extraire sans violence de leur autisme dans ce qu’il a d’incapacitant, parfois même en allant jusqu’à respecter leur altérité. Mais je t’accorde que ce soit rare et fragile.

      Il arrive effectivement de temps en temps que la psychanalyse vienne en aide à des personnes, comme peuvent le faire de temps en temps l’homéopathie, la prière, le systhème galien, la médecine traditionnelle chinoise et des tas de choses farfelues. La psychothérapie c’est aussi une relation interpersonnelle et il arrive que certaines personnes psychanalyste fassent du bien à certaines personnes, malgré la psychanalyse. Tout comme des religieux·se peuvent faire du bien à certaines personnes, malgré la religion. A mon avis la psychanalyse a des facilité à faire du bien aux hommes puisque cette discipline est conçu pour les libérés de leur culpabilité en imaginant des mères castratrices, des complexes d’œdipe, des filles qui aguichent leurs pères agresseurs...

      La psychanalyse ca fait du bien à certaines personnes qui en ont les moyens car c’est toujours sympas de pouvoir se payer un·e confident·e qui s’intéresse à ce qu’on ressent, ce qu’on pense, ce qu’on vie.

      Pour les garçons et hommes autistes victimes de violences sexuelles je sais qu’ils sont aussi plus touchés que les garçons et hommes non autistes mais ici le sujet c’est les femmes autistes et les injustices qui leurs sont faites à elles. Si tu veux parler des violences sexuelles subit par les garçons et hommes autistes, sujet qui est tout à fait légitime et qui mérite d’être documenté, ca serait plus sympa d’en faire un sujet à part pour ne pas invisibiliser les violences spécifiques faites aux femmes autistes.

      Pour les sources voici ce que j’ai retrouvé :

      https://seenthis.net/messages/754090
      https://seenthis.net/messages/759335
      https://seenthis.net/messages/771218
      https://seenthis.net/messages/738559
      https://seenthis.net/messages/676812
      https://seenthis.net/messages/641129
      https://seenthis.net/messages/701896
      https://seenthis.net/messages/688632
      https://seenthis.net/messages/699011
      https://seenthis.net/messages/644808
      https://seenthis.net/messages/739049
      https://seenthis.net/messages/688597

      https://www.youtube.com/watch?v=RBd2sm-0eyM


      https://www.youtube.com/watch?v=LgD9I31JD30

      https://www.youtube.com/watch?v=ytEwgpnDL8w

      #psychose

    • @philippe_de_jonckheere vous voulez croire à la psychanalyse, coûte que coûte, sans doute d’ailleurs parce qu’il vous en coûterait trop d’abandonner ces théories, mais ça j’ai envie de dire que c’est votre problème. Ce ne sont pas les comportementalistes qui ont inventé la culpabilisation des parents (et surtout des mères donc) au sujet de l’autisme. C’est facile de trouver de la documentation sur le sujet, à moins de ne pas vouloir savoir : https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1099
      On trouvera aussi quelques témoignages intéressants sur le site de Martin Winckler dont celui-ci : http://www.martinwinckler.com/spip.php?article1083
      Toutes ces théories seraient risibles si seulement autant de soignants en France ne continuaient pas d’y croire et de les enseigner.
      Sur le sexisme de la psychanalyse, voir cet article édifiant http://cheekmagazine.fr/societe/sexisme-psychanalyse qui mentionne même l’existence d’un annuaire de psychanalystes « safe », sous entendant que les autres sont des sexistes invétérés. Quand on en est là, c’est qu’il y a un problème intrinsèque dans les théories qui sous-tendent ces pratiques.

    • Merci à toutes les deux. De la lecture pour le train demain, chouette !

      @mad_meg précision importante, déjà expliquée ailleurs, tu n’es pas bloquée par moi pour d’autres raisons que celle que je me sers de mon fil seenthis comme cahier de brouillon pour d’autres trucs et qu’il est arrivé par le passé que certaines de tes interventions ne soient pas exactement aimables et après cela me gêne dans mon travail, mais tu sais déjà tout ça.

      En revanche je suis souvent ce que tu postes ici, je suis souvent contrarié dans ma lecture par une tonalité et ses tags qui à mon avis nuisent (pour moi) à ton propos, je ne cherche évidemment pas à te dissuader à procéder comme tu l’entends, manquerait plus que ça, en revanche de mon côté pour bénéficier de tes lumières en somme cela demande un sérieux travail de décryptage (comme par exemple de copier coller dans un traitement de texte, virer les dièses et les barres de soulignement et tenter d’atténuer la charge, tout en gardant le sens général.

      Enfin, et je crois que c’est une difficulté sur ce sujet et d’autres, je me méfie des témoignages, un peu comme Raul Hilberg qui leur reproche de l’empêcher de réfléchir. Mais c’est une autre histoire. Et pour moi les témoignages ne font pas une argumentation. Dans ma petite recherche sur le sujet, j’ai eu des témoignages de première main à propos des agissements des comportementalistes qui font un peu froid dans le dos (juste une histoire la route, des parents algériens se plaignant du peu de résultats apportés par la méthode A.B.A. et auxquels on a fait comprendre que s’ils n’étaient pas contents on pouvait aussi les dénoncer à la police parce qu’on les savait dans une situation irrégulière, et d’autres qui sont un peu de la même farine pas très ragoutante) mais je préfère m’en tenir à une critique des méthodes et de ce qu’elles impliquent intellectuellement et qui est très sérieusement dextrogène, pour le moins.

    • Je suis d’accord que les témoignages ont leur limite pour analyser un phénomène, une théorie ou des pratiques. Cela étant dit, c’est aussi très pénible que dès qu’on aborde des pratiques qui posent problème (en l’occurrence des pratiques issues de théories psychanalytiques) il y a toujours quelqu’un qui ne veut pas en parler et attaque d’autres praticiens (les comportementalistes) pour faire dévier le sujet sur autre chose. Cette stratégie d’évitement est assez grossière. Je me souviens d’ailleurs de l’anti-livre noir de la psychanalyse qui en fait ne parlait pas de psychanalyse et ne répondait pas au livre initial mais était juste une suite d’anathèmes sans intérêt contre les comportementalistes (présentés comme des scientifiques obtus qui se seraient arrêtés à Pavlof). Bref, j’arrête là ce plus ou moins hors sujet, sans doute qu’un post dédié serait plus opportun.

    • Autisme, quand la secrétaire d’Etat déclare illégale la psychiatrie
      https://www.liberation.fr/france/2019/04/03/autisme-quand-la-secretaire-d-etat-declare-illegale-la-psychiatrie_171910

      La phrase est passée presque inaperçue. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, lundi, veille de la « journée mondiale de l’autisme », la secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées, Sophie Cluzel, a eu ces mots qui se voulaient explicatifs sur la stratégie du gouvernement : « Avec notre plan, il s’agit de ne plus placer des enfants autistes devant des psychiatres. » Et encore : « Face à un spectre de l’autisme très large, il faut que l’on arrête de parler de psychiatrie. » Mettre « l’accent sur la détection et la prise en charge précoce des enfants autistes » et en finir avec « des prises en charge inadéquates dans des hôpitaux psychiatriques où ils n’ont rien à faire ».

    • On sent que le gouv veux faire des économies sur le dos des autistes en profitant de la notion de spectre. Exit les prises en charge hospitalières puisque le spectre de l’autisme est si large. Alors que seuls les psychiatres sont habilités à établir le diagnostique, comment est-ce possible de ne pas faire passer ces personnes devant un psychiatre ?
      Le gouv entretins aussi intentionnellement le confusionnisme entre psychiatres, psychologues et psychanalystes. Ces 30 années de culpabilisation des mères qui sont ici imputé aux psychiatres sont en fait les méfaits des psychanalystes en particulier les lacanien·nes.