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  • Titres de séjour périmés : à Lille, « on fait de l’abattage sur des retards de la préfecture »
    https://www.liberation.fr/societe/titres-de-sejour-perimes-a-lille-on-fait-de-labattage-sur-des-retards-de-

    A Lille, ce ne sont même plus les titres de séjour qui sont délivrés en retard, mais les récépissés de dépôt de demande. Des dizaines d’étrangers se retrouvent avec des documents périmés, et donc en situation irrégulière. Les conséquences sont dramatiques : licenciements, pertes des droits sociaux, les gens se retrouvent sans revenus. La Ligue des droits de l’homme et la Cimade, association d’aide aux migrants, tirent la sonnette d’alarme depuis janvier, effarés de l’afflux dans leurs permanences. « Dans la boîte aux lettres de la Cimade, le lundi matin, on a 150 mails contre une vingtaine en temps normal. On fait de l’abattage sur des retards de la préfecture », raconte un bénévole.

    • La logique de Macron évoquée le mois-dernier trouve donc sa solution : ne surtout pas laisser les gens travailler, sinon ils s’intègrent et du coup c’est chiant par rapport à ce qu’on avait convenu qu’on ferait avec les pas-de-chez-nous qui ne s’intègrent pas…
      https://seenthis.net/messages/1000349

      Côté immigration, nos procédures sont beaucoup trop longues. Les délais explosent, les gens finissent par trouver un travail, s’établissent et sont protégés par d’autres règles. Donc, ça ne marche plus.

  • Drones : qui fera atterrir le ministère de l’Intérieur ?
    https://www.laquadrature.net/2023/05/23/drones-qui-fera-atterrir-le-ministere-de-linterieur

    Mardi dernier, nous avons participé à une audience au Conseil d’État pour demander la suspension du décret autorisant la police nationale à déployer des drones sur le territoire. La décision devrait être rendue dans quelques…

    #Surveillance

    • Toujours plus inquiétant : les préfets et le ministère ne se satisfont déjà plus des drones. Dans les échanges lors de l’audience ou pendant la procédure écrite (comme l’a soulevé Mediapart), le ministère fait déjà part de ses velléités pour le futur : drones équipés de lampes puissantes, pilotes de drones à moto, et drones équipés de dispositifs de produits de marquage codés (spray ou billes tirées à partir de fusils à air comprimé permettant de marquer certains individus lors de manifestations). Où s’arrêtera le ministère de l’Intérieur ?

    • faut choisir son terrain d’entrainement loi des lacrymos ; et loin des agriculteurs :

      4./ Sur la qualité de l’air, le secteur agricole est devenu le principal pollueur en Europe.

      En France, les émissions de tous les gaz fortement toxiques baissent, sauf l’ammoniac NH3 (issu à 90% par l’élevage), faute de régulation du secteur

      https://seenthis.net/messages/1004173

    • drones : Il s’agit en fait d’une pratique ancienne, tardivement encadrée par le législateur. Elle a de beaux jours devant elle, puisque mardi le Conseil d’Etat a rejeté un référé demandant la suspension du décret du 19 avril.
      [...]
      En 2008, Beauvau précisait que son drone – ou engin léger de surveillance aérienne (ELSA) était « expérimenté exclusivement sur des espaces clos lors d’exercices de formation ». En 2015, En septembre, le ministère de l’Intérieur passe un accord-cadre de plus de 300 000 euros avec l’entreprise Syans, située à Angoulême (Charente), pour des « nano-drones » à destination de la gendarmerie, la police et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). En décembre, le ministère passe un autre marché, pour près de 500 000 euros, avec Novadem, domiciliée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour des « micro-drones […] de taille réduite et compacte, facilement transportables et très discrets ». Les engins ont beau voler dans un « brouillard législatif », relève alors le Monde, le ministère poursuit sa politique d’achat : un nouveau marché de 300 000 euros est passé en novembre 2016 avec Novadem pour des « drones tactiques » à destination de la gendarmerie nationale.

      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/drones-les-quinze-annees-qui-ont-rendu-addict-le-ministere-de-linterieur-

    • la conclusion de l’article de Libé (similaire à celle de LQDN) :

      les différents retours d’expérience des préfectures sur l’utilisation de drones, le 1er mai (qui font partie de la défense du ministère de l’Intérieur devant le Conseil d’Etat), affichent des satisfecit : « Le bilan est clairement très positif », conclut d’une note manuscrite le patron de la sécurité publique de la Seine-Maritime ; « le dispositif a donc largement contribué à l’efficacité du service d’ordre, et à l’exercice dans les meilleures conditions du droit à manifester par les manifestants pacifiques », renchérit son homologue girondin. Et la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris d’aller plus loin, en espérant un jour agrémenter les drones de « haut-parleur », de produit marquant codé ou encore de « lampes à forte puissance ».

    • Commémor’action des mort.e.s aux frontières le 6 février 2022

      Depuis 2014, et le massacre de Tarajal, le 6 février est devenu un jour de commémoration pour toutes les personnes décédées ou disparues aux frontières, victimes - sur leur parcours d’exil - de politiques migratoires assassines.
      En plus de la traditionnelle Marche pour la Dignité à Ceuta le 5 février (IXe édition), de nombreux évènements de commémor’action sont prévus en Afrique et en Europe le 6 février pour rendre hommage à ces victimes que nous n’oublions pas, réclamer justice, et rappeler que la migration est un droit.
      Liberté de circulation pour toutes et tous !

      https://migreurop.org/article3082.html?lang_article=fr

      La #liste des lieux de commémoraction :
      https://migreurop.org/IMG/pdf/events_commemoraction_2022.pdf

    • #6_février_2014 : Massacre de #Tarajal

      Le permis de tuer des gardes-frontières

      Aujourd’hui, les familles des victimes et leurs soutiens commémorent, pour la quatrième année consécutive, le massacre de Tarajal. Cette date est devenue l’un des symboles tragiques de politiques migratoires qui portent atteinte aux droits et à la vie des personnes en exil.

      Le 6 février 2014, plus de 200 personnes, parties des côtes marocaines, ont tenté d’accéder à la nage à l’enclave espagnole de Ceuta. Alors qu’elles n’étaient plus qu’à quelques dizaines de mètres de la plage du Tarajal, la Guardia civil a utilisé du matériel anti-émeute – fumigènes et balles en caoutchouc – pour les empêcher d’arriver en « terre espagnole ». Ni la Guardia civil ni les militaires marocains présents n’ont porté secours aux personnes qui se noyaient devant eux. Quinze corps ont été retrouvés côté espagnol, des dizaines d’autres ont disparu, les survivants ont été refoulés, certains ont péri côté marocain.
      Les investigations menées par des journalistes et des militant·e·s européen·ne·s ont permis de produire des images et de récolter des témoignages de survivants et témoins oculaires établissant directement la responsabilité des gardes civils pour ces morts. La juge en charge de l’affaire a elle conclu à l’absence d’irrégularités quant au matériel utilisé par la Guardia civil. Elle a également validé la décision de refouler directement vers le Maroc les 23 personnes qui avaient réussi à atteindre la plage.
      Le 16 octobre 2015, la juge a classé l’affaire et abandonné les poursuites contre les 16 gardes civils mis en examen. Dans son ordonnance, elle allait jusqu’à souligner la responsabilité des victimes : « Les migrants ont assumé le risque d’entrer illégalement sur le territoire espagnol par la mer, à la nage, faisant de plus abstraction des agissements dissuasifs tant des forces marocaines que de la Guardia civil ». L’Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía avait alors répliqué qu’« en aucun cas le droit de migrer n’implique d’assumer le fait que l’on peut mourir pendant son parcours ou à la frontière. Ce qui s’est passé n’est pas un accident et il est nécessaire de faire lumière, de sanctionner les responsables et de garantir que ça ne se reproduise plus » [1].

      En juin 2016, des familles de victimes se sont vu refuser leur demande de visa pour aller identifier le corps de leurs fils à Ceuta. Après que de nombreux vices de procédure ont été soulevés, l’enquête a cependant été rouverte avant d’être à nouveau classée en janvier 2018.
      Pour que ces morts ne sombrent pas dans l’oubli, la société civile espagnole s’est mobilisée et a organisé le 3 février 2018 la cinquième « Marche de la dignité » à Ceuta.

      Migreurop soutient ces mobilisations et toutes les initiatives visant à faire la lumière sur le massacre de Tarajal. À la suite de la condamnation de l’Espagne par la Cour européenne des droits de l’Homme [2], le réseau et ses membres exigent l’arrêt immédiat et définitif des pratiques illégales opérées à cette frontière par la Guardia civil, notamment les refoulements menés en coopération avec les autorités marocaines, tant au niveau des barrières de Ceuta ou Melilla que sur les côtes de ces enclaves.
      La semaine passée, au moins 110 nouvelles personnes, dont une vingtaine parties des côtes marocaines, ont perdu la vie en tentant d’atteindre l’Europe. Elles ont rejoint la liste des plus de 16 000 personnes mortes en Méditerranée depuis 2013. Au travers de la militarisation de ses frontières extérieures, l’Union européenne pratique depuis de nombreuses années une politique du laissez-mourir incarnée notamment dans la criminalisation des actions de secours et de sauvetage [3]. Le massacre de Tarajal rappelle que, sans respect du droit à émigrer, formulé notamment dans l’art. 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), les politiques de « contrôle des flux » relèvent non seulement de la non assistance à personne en danger mais sont également à l’origine d’atteintes délibérées au droit le plus fondamental, celui à la vie (art. 3 DUDH).

      http://migreurop.org/article2856.html?lang=fr

    • 6 février : journée internationale de CommemorAction des disparu·es aux frontières

      Avec notre terme « Commemor’Action », nous faisons une double promesse : celle de ne pas oublier ceux qui ont perdu la vie et celle de lutter contre les frontières qui les ont tués. Nous offrons un espace de commémoration et nous construirons collectivement quelque chose à partir de notre chagrin. « Leur vie, notre lumière leur destin, notre colère ».

      Leur vie, notre lumière
      leur destin, notre colère"
      ont fait partie des mots choisis à Marseille pour exprimer les émotions face à ces injustices.

      Avec notre terme "Commemor’Action", nous faisons une double promesse : celle de ne pas oublier ceux qui ont perdu la vie et celle de lutter contre les frontières qui les ont tués. Nous offrons un espace de commémoration et nous construirons collectivement quelque chose à partir de notre chagrin. Nous ne sommes pas seul.e.s et nous n’abandonnerons pas. Nous continuerons à lutter pour la liberté de mouvement de toutes et tous dans notre vie quotidienne, nous exigeons la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles.

      Depuis 2020, nous consacrons la journée de 6 février à la Commemor’Action dans différents endroits du monde. (le lien pour une vidéo vers un extrait des différentes mobilisations ici )

      Nous, sommes des parent.e.s, ami.e.s et connaissances de personnes décédées, portées disparues et/ou victimes de disparitions forcées le long des frontières terrestres ou maritimes, en Afrique, en Amérique, en Asie, en Europe et partout dans le monde. Des personnes qui ont survécu à la tentative de traverser les frontières à la recherche d’un avenir meilleur. Des citoyen.e.s solidaires qui assistent et secourent les personnes en mobilité se trouvant dans des situations de détresse. Des pêcheurs, des activistes, des militant.e.s, des migrant.e.s, des académicien.e.s,…etc. Nous sommes une grande famille.

      La Commemor’Action, c’est un mémento chargé d’actions mêlant messages politiques et performances artistiques, mais surtout, mettant en relation les proches en deuil avec le plus grand nombre de personnes possible pour créer ensemble des plateformes et ainsi faire connaître leurs histoires et leurs revendications. Les journées de Commémor’Action sont des moments pour se souvenir de ces victimes et construire collectivement des processus de soutien aux familles dans leurs revendications de vérité et de justice aux noms de leurs êtres chers.

      Les crimes contre l’humanité en mobilité marquent tellement de jours de l’année avec peine et colère qu’il est impossible d’en choisir un seul. La date symbolique du 6 Février fait référence au massacre de 2014 à Tarajal où la Guardia Civil, a tiré des balles en caoutchouc pour dissuader les migrant.e.s tentant de rejoindre les côtes espagnoles. Cet acte criminel et inhumain qui demeure impuni a causé la mort de 15 personnes sous les yeux du système qui les traque et plusieurs disparu.e.s, laissant leurs familles et proches dans l’oubli.

      Nous nous engageons à ne pas les oublier : chaque année, à travers des actions décentralisées dans des horizons différents et contextes variés (Tarajal, Agadez, Berlin, Calais, Dakar, Douala, Marseille, Mexique, Niamey, Oujda, Palerme, Paris, Tunisie, Zarzis…etc.)nous nous réunirons pour protester contre ces régimes assassins.

      A Marseille, en ce 6 février 2023, de nombreuses personnes se sont retrouvées et rencontrées sous l’ombrière du vieux port en début de soirée afin de visibiliser et rendre hommage. Les mots sont difficiles à trouver pour résumer ces quelques heures partagées ensemble mais elles étaient puissantes et importantes. Merci à toutes les personnes qui se sont exprimées. Merci d’avoir parlé de ce qu’il se passe aux portes de nos frontières internes (en France et notamment avec la nouvelle loi contre l’immigration de Darmanin qui va précariser et diviser davantage les personnes en situation d’exile en France, les situations entre l’Italie et la France, entre la France et le Royaume Uni) mais aussi aux portes de l’Europe, sur la route des Balkans, en Méditerranée et bien au delà entre les Etats Unis et le Mexique notamment. . Merci d’avoir abordé la question de l’externalisation des frontières, du fait que les crimes et la répression des états européens commencent déjà bien au Sud, au Sahel, au Niger, en Lybie, au Maroc, en Tunisie et font là aussi de nombreuses victimes et injustices. Merci d’avoir rappelé que les Etats Européens sont responsables et coupables, notamment à l’aide de Frontex, organe assez opaque et pourtant étant celui recevant le + d’argent des pays européens (budget 2022 : 704 703 142 d’euros. 2021 : 499 610 042 d’euros) ( voir campagne Abolish Frontex). Merci aux personnes qui se sont exprimées pour parler de leurs expériences sur diverses routes migratoires pour arriver jusqu’ici, des personnes laissées en chemin, des milliers de kilomètres parcourus, parfois à pieds pour arriver jusqu’ici et faire face à cet accueil, ou plutôt trop souvent ce non-accueil, honteux. Et merci à toutes les personnes qui n’ont pas pu s’exprimer mais que nos coeurs ont honorées, pour lesquelles nos pensées se sont unies et ont rendu hommage à leur silence subi.

      Nous exigeons que ces morts soient reconnues comme des victimes des régimes impérialistes racistes et des états capitalistes. Et parce que nos politiques gouvernementales ne leur rendent pas justice nous construisons ensemble cette justice et nous ne cesserons de lutter pour la faire reconnaître. Nos états ne prennent pas leurs responsabilités, empirent la situation et rendent ce monde de plus en plus inhumain et justifient leurs crimes racistes de manières abjectes et insensée. Nous n’abandonnerons jamais parce que notre objectif est bien plus puissant que les leurs, celui de vivre dans un monde plus juste pour toutes et tous. Et parce que nous ne voulons pas d’un monde qui perpétue le colonialisme et le racisme et dans lequel certaines vies et certaines morts ont davantage de valeur que d’autres.

      Depuis les nombreuses mobilisations qui ont eut lieu dans d’autres villes au Mali, au Togo, en Grèce, en Tunisie, au Sénégal, au Liban, au Maroc, en Allemagne, ailleurs en France, en Espagne, en Italie, à Malte, en Sierra Leone, en Autriche, on a pu lire :

      Des vies pas des nombres !

      Migrer pour vivre, pas pour mourir !

      Ni oubli, ni pardon !

      Combattre le racisme, partout tout le temps.

      Vos frontières, nos morts !

      Ensemble luttons pour la liberté de circulation !

      Pour plus d’informations et soutenir cet engagement noble et pour retrouver la collection des actions menées partout dans le monde :

      Adresse mail : globalcommemoraction@gmail.com

      Facebook : Commemor-Action

      Pages : www.missingattheborders.org ; www.alarmephonesahara.info

      https://blogs.mediapart.fr/clementine-seraut/blog/080223/6-fevrier-journee-internationale-de-commemoraction-des-disparu-es-au

      #2023

    • 6 Février 2021 : Journée internationale de Commémoraction pour les personnes tuées et disparues sur les routes de migration

      Le 6 février 2014, plus de 200 personnes migrantes ont essayé d’entrer dans la ville de Ceuta, enclave espagnole, depuis le territoire marocain à travers la plage de Tarajal. La Guardia Civil espagnole tirait des cartouches de fumée et des balles en caoutchouc sur les personnes dans l’eau pour les empêcher aux personnes d’entrer dans le territoire espagnol. Quinze migrants étaient tués du côté espagnol, des dizaines ont disparu et d’autres sont morts sur le territoire marocain.

      Depuis lors, le 6 février a été déclaré un jour de commémoration pour les personnes migrantes tuées et disparues le 6 février 2014 entre Tarajal et Ceuta et au-delà pour toutes les personnes migrantes et réfugiées tuées et disparues dans les mers, dans les déserts, aux frontières et sur les routes de migration.

      Malgré les conditions difficiles et exceptionnelles imposées par la pandémie de Covid-19, le samedi 6 février 2021, des CommémorActions transnationales pour les mort-e-s de la migration ont eu lieu, entre autres, à Agadez au Niger ; à Sokodé au Togo ; à Oujda et Saidia au Maroc ; à Dakar et Gandiol au Sénégal ; à Madrid et d’autres villes en Espagne, à Bruxelles et à Liège en Belgique et à Berlin et Frankfort en Allemagne.

      https://alarmephonesahara.info/fr/blog/posts/6-fevrier-2021-journee-internationale-de-commemoraction-pour-les

    • 6 février : Journée mondiale de Commémor‘Action pour les mort.e.s, disparu.e.s et les victimes de disparitions forcées en mer et aux frontières !

      Le 6 février 2021, les militant.e.s du réseau Alarm Phone organisent des actions dans différentes villes au Maroc et au Sénégal. “Nous connaissons tout.e.s la tragédie qui s’est produite le 6 février 2014 à Ceuta, sur la plage de Tarajal” explique Babacar Ndiaye, militant du réseau Alarm Phone qui prépare actuellement les activités de commémoration à Dakar, au Sénégal. “La Guardia Civil espagnole a tiré sur des migrants qui tentaient de rejoindre la plage. Par la suite, on a parlé de 14 morts, mais il y en a eu beaucoup d’autres. Depuis nous avons organisé des journées de commémor‘action chaque année. Cette année avec la pandémie, nous nous réunirons en petits groupes dans différentes villes, y compris ici au Sénégal”.

      Abdou Maty, membre de Alarm Phone basé à Laayoune ajoute : “Jusqu’à présent ces décès n’ont pas été reconnus pour ce qu’ils sont : des meurtres. Par nos actions, nous voulons commémorer les vies qui ont été perdues. Luttons pour la justice, pour la liberté de circulation ! Le 6 février, nous nous réunissons pour échanger avec les familles des mort.e.s et des disparu.e.s en mer. Nous rendons visibles nos luttes, la souffrance des personnes qui traversent les frontières. Le 6 février est une journée de commémor‘action mondiale !”

      En raison de la pandémie plusieurs actions décentralisées seront organisées à travers le Maroc au lieu d’un seul grand événement. Parmi les activités prévues figurent une manifestation “Main sur le coeur – Action aux disparus” à Berkane (est du Maroc), une caravane de solidarité sur la plage de Saidia à la frontière maroco-algérienne organisée par Alarm Phone Oujda, une minute de silence avec la communauté des migrant.e.s et un match de football à Tanger, ainsi que des prières et une cérémonie de commémoration dans le port de Laayoune (Sahara Occidental).

      Des activités auront également lieu dans d‘autres pays pour commémorer les mort.e.s en mer. À Dakar, au Sénégal, une manifestation est organisée par les membres de Alarm Phone et d’autres groupes devant la mairie, une liste des naufrages survenus en Méditerranée occidentale et dans l’Atlantique en 2020 sera affichée. À Sokodé, au Togo, des militant.e.s organisent une campagne de sensibilisation et une émission radio ainsi qu’une action symbolique en déposant des fleurs dans le fleuve Na. À Agadez, au Niger, des militant.e.s et des migrant.e.s se réuniront pour écouter les témoignages de ceux qui ont perdu leurs proches à la frontière, projetteront des films et animeront des débats sur le thème des politiques meurtrières de l’Europe. En Espagne, des groupes d’activistes organisent des manifestations et des ateliers en ligne dans de nombreuses villes espagnoles les 5 et 6 février.

      Khady Ciss, membre de Alarm Phone Tanger, veut envoyer un message fort à l’Union européenne : “L’immigration n’est pas un crime ! L’Union européenne et le gouvernement marocain ont des obligations internationales en matière de droits humains, mais leur préoccupation est axée sur la protection de leurs frontières et pas tournée vers les vies humaines qu’ils détruisent ! Nous dénonçons toute forme de racisme, de violence physique et nous demandons justice !”

      Junior Noubissy, également membre de Alarm Phone Tanger, souligne le travail essentiel des organisations de sauvetage en mer : “Sauver des vies en mer n’est pas un crime, mais une nécessité. Notre objectif est de faire du 6 février une date connue dans le monde entier. Nous luttons pour qu’un jour, les migrant.e.s soient des êtres humains libres”.

      Les meurtres du 6 février 2014 ne sont pas le seul incident autour duquel les militants du Alarm Phone s’organisent ces jours-ci. Dans plusieurs villes européennes et en Tunisie, des rassemblements et des manifestations commémoreront le naufrage du 9 février 2020, au cours duquel 91 personnes sont mortes en mer méditerrannée entre la Libye et l’Italie.

      Hommage à tous et à toutes les migrant.e.s mort.e.s et disparu.e.s en mer et aux frontières !

      Toute notre solidarité avec leurs familles et leurs amis !

      Nous ne les oublierons pas !

      https://www.youtube.com/watch?v=K6ucdt8TGvo&source_ve_path=Mjg2NjY&feature=emb_logo

      https://alarmphone.org/fr/2021/02/05/6-fevrier-journee-mondiale-de-commemoraction

    • Tarajal : transformer la douleur en Justice

      Le 6 février 2014, quatorze personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Espagne après avoir été violées avec du matériel anti-émeute par les autorités espagnoles. Leurs familles favoriseraient un processus organisationnel sans précédent pour transformer leur profonde douleur en justice.

      https://i.imgur.com/uq3NV19.png
      LES FAITS

      Le 6 février 2014, nous avons reçu à l’aube un appel d’une personne désespérée alertant d’un « massacre » qui était en train de se perpétrer sur une plage espagnole. Selon ce que les rescapés ont rapporté à l’autre bout du fil, trois cents personnes ont tenté de gagner Ceuta à la nage en essayant de contourner la jetée du Tarajal. C’est alors que des agents de la Guardia civil espagnole ont commencé à tirer du matériel anti-émeute (bombes lacrymogènes et balles en caoutchouc) sur les personnes qui nageaient pour atteindre le rivage.

      De la violence a été exercée à partir de plusieurs points. En effet, on a tiré à bout portant sur les bouées et les corps de ceux qui nageaient à partir des blocs de pierre de la jetée du Tarajal elle-même et au moins d’un bateau et d’une embarcation de type Zodiac avec des agents de la Guardia civil à bord. Par ailleurs, des coups de feu de dissuasion ont été tirés depuis le « mirador » (la tour de contrôle de la Guardia civil espagnole), pour décourager ceux qui protégeaient les corps de leurs compagnons de voyage déjà décédés.

      « Les premières fois ils ont tiré en l’air, mais quand ils ont réalisé que nous avions dépassé la déviation de la jetée et que nous nous approchions de la côte espagnole, ils ont commencé à tirer sur les corps. Dans mon cas, la première balle m’a atteint dans le dos et la seconde dans la mâchoire. »

      « Sanda a appelé à l’aide, a tendu sa main vers le rocher et la Guardia civil l’a frappé et renvoyé dans l’eau. »

      La non-assistance à personne en danger par la Guardia civil espagnole et l’absence de tentatives de réanimation des personnes inconscientes par les forces de l’ordre marocaines ont éliminé toute possibilité de pouvoir sauver la vie de ceux qui étaient en danger et qui ont fini par mourir. Ce sont les migrants eux-mêmes qui ont tenté d’aider leurs compagnons évanouis et qui, avec l’aide des forces marocaines, ont ramené les corps inertes sur la côte marocaine. L’État espagnol a refusé toute collaboration pour repêcher les corps au motif que les décès s’étaient produits sur le territoire marocain. Au moins quinze personnes sont mortes, et le corps de l’une d’entre elles n’a jamais été retrouvé. Au moins seize des survivants arrivés en Espagne ont subi un renvoi immédiat, dont un mineur de dix-sept ans.
      LES FAMILLES

      « Je me suis faite la promesse de voir un jour, avec l’aide de Dieu, l’endroit où repose la dépouille de mon fils, ne serait-ce qu’une fois, et de ramener ses cendres sur la terre de nos ancêtres afin que nous puissions lui organiser des funérailles dignes, conformes à nos traditions africaines. Je vous livre mon témoignage alors que je n’ai toujours pas surmonté le traumatisme causé par la disparition de Larios. Que justice soit faite, au nom de mon fils. »
Ndeubi Marie-Thérèse, mère de Larios Fotio.

      Les familles des victimes nous ont contactés au fur et à mesure qu’elles recevaient des informations sur ce qui s’était passé : elles cherchaient à connaître les faits et à savoir quoi faire pour retrouver le corps de leurs proches décédés. Le premier à le faire était le frère de Larios Fotio. En effet, en voyant que ses amis mentionnaient Helena Maleno sur les réseaux sociaux après la tragédie, il a décidé de nous écrire en même temps qu’il annonçait à sa mère, Ndeubi Marie-Thérèse, la mort de son fils Larios.

      Les familles ont fait confiance à notre collectif pour reconstruire le déroulement des faits qui ont mené à la mort de leurs proches, une tâche qu’aucune institution espagnole n’a daigné réaliser. Le 8 février, nous nous sommes rendus aux morgues de l’hôpital Hassan II à Fnideq et de l’hôpital Mohamed VI à M’diq avec des parents et des amis des victimes. L’ambassade du Cameroun au Maroc a soutenu cette opération et a pris en charge l’enterrement de quatre morts identifiés. Le 25 février, nous avons lancé notre enquête sur les faits et quelques semaines plus tard nous avons publié un rapport inédit reconstituant la tragédie et ses conséquences.

      Pour lever les multiples doutes qui planaient sur l’affaire et répondre au besoin de connaître les détails de ce qui s’est passé, plusieurs visites ont été nécessaires au Cameroun, pays d’origine de plusieurs des défunts. Lors de la première réunion, les familles des victimes nous ont donné leur consentement exprès pour les représenter à travers diverses entités qui se sont présentées en tant qu’accusation populaire lorsqu’en février 2015 la juge d’instruction a convoqué seize agents de la Guardia civil espagnole pour apporter leur témoignage sur ce qui s’était produit.

      Sur le plan judiciaire, « l’affaire Tarajal » a été une suite d’ouvertures et de clôtures d’enquête. Notre collectif a exprimé son désaccord avec la décision de ne pas recueillir les témoignages des survivants, même par vidéoconférence, ainsi qu’avec le refus d’accorder des visas pour que les familles puissent se rendre sur le lieu de décès de leurs proches et leur rendre hommage. Finalement, l’affaire a été classée en octobre 2019, sans que les responsables n’aient été condamnés ni que les familles n’aient été indemnisées pour leurs pertes. Caminando Fronteras parie toujours sur l’accompagnement des familles dans des actions alternatives à la justice européenne afin d’obtenir la vérité, la réparation et des garanties de non-répétition.

      Nous sommes retournés au Cameroun en 2016 dans le but de réaliser un documentaire mettant en avant les proches des victimes. « Tarajal : Transformar el dolor en justicia » (Tarajal : transformer la douleur en justice) (Caminando Fronteras, 2016) a mis en lumière la lutte pour rendre leur dignité aux victimes et le processus communautaire pour y parvenir. En effet, pour la première fois, des familles d’Afrique subsaharienne se sont organisées pour exiger des responsabilités à la suite de morts survenues à la frontière. Cette deuxième visite a abouti à la naissance de « Asociación de Familias de Víctimas de Tarajal » (l’association des familles de victimes du Tarajal).

      « La justice signifie la lumière, connaître les circonstances dans lesquelles les faits se sont produits, « la vérité »… Si on connaît « la vérité », il faut que la culpabilité des personnes impliquées soit établie. La réparation aura lieu lorsque justice sera faite » 24:58 (déclaration du frère d’une des victimes lors de l’assemblée de fondation de l’association).

      En 2017, l’association « Asociación de Familias de Víctimas de Tarajal » a décidé, à l’occasion du troisième anniversaire de la tragédie, d’organiser un hommage aux victimes des frontières à Douala, auquel ont participé des dizaines de familles de morts aux frontières. Au cours de cette rencontre, que nous avons contribué à promouvoir, les proches des victimes ont relaté la violence de la situation aux frontières, ont montré leur inquiétude face au nombre croissant de jeunes qui émigrent et ont expliqué ce que signifiait faire le deuil de leurs proches au milieu de tant d’incertitudes. À la fin de l’hommage, une liaison en direct avec le parlement espagnol a été organisée, après la projection de notre documentaire devant des députés. Bien qu’insuffisant, ce fut le seul acte de réparation par une institution espagnole aux familles, qui ont pu occuper le Parlement de leurs voix pour demander, une fois de plus, justice pour leurs défunts.

      https://caminandofronteras.org/fr/tarajal-transformer-la-douleur-en-justice

    • L’#appel


      À l’approche du 6 février et de la commémoration du massacre de Tarajal, le CRID appelle à soutenir et relayer l’appel de #Global_Commemoraction « 6 février 2023 : migrer est un droit ! », pour une Journée mondiale de lutte contre le régime de mort aux frontières et pour exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles.

      L’appel :

      Journée mondiale de lutte contre le régime de mort aux frontières et pour exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles

      Nous sommes parents, amis et amies de personnes décédées, portées disparues et/ou victimes de disparitions forcées le long des frontières terrestres ou maritimes, en Europe, en Afrique, en Amérique.

      Nous sommes des personnes qui ont survécu à la tentative de traverser les frontières à la recherche d’un avenir meilleur.

      Nous sommes des citoyen.e.s solidaires qui aident les immigré.e.s durant leur voyage en fournissant une aide médicale, de la nourriture, des vêtements et un soutien lorsqu’ils se trouvent dans des situations dangereuses pour que leur voyage ait une bonne fin.

      Nous sommes des activistes qui ont recueilli les voix de ces immigrés et de ces immigrées avant leur disparition, qui s’efforcent d’identifier les corps anonymes dans les zones frontalières et qui leur donnent une sépulture digne.

      Nous sommes une grande famille qui n’a ni frontières ni nationalité, une grande famille qui lutte contre les régimes de mort imposés à toutes les frontières du monde et qui se bat pour affirmer le droit de migrer, la liberté de circulation et la justice globale pour tous et toutes.

      Année après année, nous assistons aux massacres en cours aux frontières et dans les lieux de détention conçus pour décourager les départs des personnes migrantes. Nous ne pouvons pas oublier ces victimes ! Nous ne voulons pas rester silencieux face à ce qui se passe !

      En février 2020, familles et militants se sont réunis à Oujda pour organiser le premier Grand CommémorAction. A cette occasion, nous avons choisi la date du 6 février, jour du massacre de Tarajal, comme date symbolique pour organiser des événements décentralisés dans tous les pays du monde contre la militarisation des frontières et pour la liberté de circulation.

      En septembre 2022, nous nous sommes réunis à Zarzis en Tunisie pour la deuxième Grand CommémorAction et à cette occasion nous avons réaffirmé notre volonté de continuer à construire la date du 6 février comme une journée pour unifier toutes les luttes que de nombreuses organisations mènent chaque jour pour dénoncer la violence mortelle des régimes frontaliers du monde et pour exiger vérité, justice et réparation pour les victimes de la migration et leurs familles.

      Nous demandons à toutes les organisations sociales et politiques, laïques et religieuses, aux groupes et collectifs des familles des victimes de la migration, aux citoyens et citoyennes de tous les pays du monde d’organiser des actions de protestation et de sensibilisation à cette situation le 6 février 2023.

      Nous vous invitons à utiliser le logo ci-dessus, ainsi que vos propres logos, comme élément pour souligner le lien entre toutes les différentes initiatives. Tous les événements qui auront lieu seront publiés sur la page Facebook Commemor-Action

      Migrer pour vivre, pas pour mourir !

      Ce sont des personnes, pas des chiffres !

      Liberté de mouvement pour tous et toutes !

      https://crid.asso.fr/appel-de-global-commemoraction-pour-le-06-fevrier-migrer-est-un-droit

    • Journée de commémoration pour les morts aux frontières : « On veut migrer pour vivre, pas pour mourir »

      Comme dans de nombreuses villes d’Afrique du Nord et d’Europe, une centaine de personnes se sont retrouvées, à Paris, lundi soir, pour la quatrième journée internationale de « CommémorAction ».

      A la lumière du jour qui décline, quelques manifestants se rejoignent près de la fontaine des Innocents, à Paris. Majoritairement issus du secteur associatif, ils commentent, emmitouflés dans leurs vestes d’hiver, le projet de loi sur l’immigration, l’expulsion d’un squat la veille dans le XVe arrondissement ou encore les projets de leurs structures respectives tout en acceptant les bougies que leur tendent les organisateurs. La mobilisation à laquelle ils participent est organisée dans une quarantaine de villes d’Afrique du Nord et d’Europe et rend hommage aux quinze hommes morts le 6 février 2014.

      Ce jour-là, environ 200 personnes ont essayé de traverser à la nage la délimitation entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. Afin de les empêcher d’accéder au territoire européen, la Guardia civil a tiré 145 balles de caoutchouc et cinq fumigènes, selon Amnesty International. Dans une panique générale, quinze hommes se sont noyés et une dizaine ont disparu. Les seize gardes-frontières espagnols assignés en justice pour non-assistance à personne en danger et pour avoir utilisé du matériel anti-émeute ont été acquittés en octobre 2015 et l’affaire a été classée. La mobilisation des familles des victimes, des associations et de journalistes a poussé à la réouverture de l’enquête, qui a été classée à nouveau, en 2018. La commémoration de cet événement tragique est devenue celle de tous les morts et disparus aux frontières notamment françaises.
      « Derrière les noyades, il y a des violences, des os cassés et brisés »

      Dès 2014, des manifestations et des commémorations ont eu lieu en Espagne, au Maroc, au Cameroun, en Guinée, au Mali ou encore au Niger pour honorer la mémoire des défunts et réclamer justice. En 2020, les proches des disparus se sont retrouvés à Oujda (Maroc) pour organiser la première « journée mondiale de CommémorAction contre le régime de mort aux frontières et pour exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles ».

      A Paris, devant les portraits alignés des morts de la plage de Tarajal – des carrés noirs ont été accrochés pour ceux dont l’identité n’a pas encore été définie –, un texte commun signé par la liste des associations organisatrices (Coordination des sans-papiers 75, 20 et de Montreuil, le Crid, Emmaüs International, la Cimade…) est lu, avant une prise de parole. Une militante de la Coordination des sans-papiers du 75 évoque la situation de la Tunisie, son pays d’origine. « Derrière les noyades, il y a des violences, des os cassés et brisés. […] On veut migrer pour vivre, pas pour mourir ! » assène-t-elle.
      Bribes de témoignage

      Nayan K. de l’organisation Solidarités Asie France cite, lui, l’exemple de Tonail, 38 ans, originaire du Bangladesh, mort fin 2022 à la frontière turque. Il aurait payé des passeurs plus de 10 000 euros pour arriver en France. C’est son compagnon de route qui le trouvera mort de froid alors qu’ils cherchaient à traverser la frontière turque. Sur la photo que celui-ci a diffusée sur les réseaux sociaux pour pouvoir l’identifier, on voit Tonail vêtu de toutes les couches de vêtements qu’il a pu trouver, allongé dans la neige, immobile, les yeux mi-ouverts. Sa famille, dont il était l’aîné, a pu rapatrier son corps au Bangladesh pour lui offrir des funérailles.

      En France, on pourrait aussi nommer Ibrahima Diallo, originaire du Sénégal, et Abdouraman Bah, de nationalité guinéenne, qui se sont noyés dans le fleuve Bidassoa, à la frontière basque, respectivement le 12 février et le 18 juin 2022, selon l’association d’aide aux migrants Bidasoa Etorkinekin. Ou encore Ullah Rezwan Sheyzad, un garçon de 15 ans qui avait quitté l’Afghanistan en juin 2021 et a été retrouvé mort en février 2022 près d’une voie ferrée à la frontière franco-italienne. Dans son sac à dos, quelques adresses de connaissances à Paris.

      Pour retrouver un proche disparu sur les routes des migrations, les familles peuvent s’adresser à Restoring Family Links, un programme proposé par la Croix-Rouge internationale. Du fait de la longueur des procédures, elles se tournent également vers les associations et ONG présentes dans les pays de sorties et d’arrivées qui collectent le maximum d’informations et de bribes de témoignages possibles. Lors des départs, Alarm Phone, spécialisée dans le sauvetage en mer, peut aussi leur fournir des informations sur la localisation de leurs proches.
      « Ce ne sont pas les frontières qui tuent, c’est leur sécurisation »

      En attendant, parfois, de retrouver le corps d’un proche, « faire son deuil est difficile », affirme Mohammed T., du Collectif des sans-papiers du XXe. Quand des obsèques finissent par être organisées, avec ou sans la dépouille du défunt, elles prennent place dans le pays d’origine de la personne et dans celui où elle est décédée. « On loue une grande salle, et pendant tout le week-end, de 8 heures à 16 heures, des personnes viennent et donnent de l’argent pour la famille », raconte le militant.

      Après quelques chansons écrites en solidarité aux personnes en situation d’exil, la « CommémorAction » s’achève et la foule d’une centaine de personnes se disperse. Orianne S., militante de Paris d’exil, rappelle l’intérêt de ce genre de mobilisations : « Il s’agit d’un espace de témoignage qui permet de ne pas oublier les morts et de tenir les Etats pour responsables de ce qu’ils font. Ce ne sont pas les frontières qui tuent, c’est leur sécurisation. » Une autre militante renchérit : « Il n’y a aucune fatalité, on pourrait reconnaître l’égale valeur des vies humaines en admettant la liberté de circulation et d’installation pour tous. »

      Selon l’Organisation internationale des migrations, plus de 20 000 personnes ont disparu ou ont perdu la vie sur les routes migratoires depuis 2014, dont la moitié en Méditerranée. Pour l’année 2022, l’organisation estime ce bilan humain à 2 000 personnes.

      https://www.liberation.fr/societe/journee-de-commemoration-pour-les-morts-aux-frontieres-on-veut-migrer-pour-vivre-pas-pour-mourir-20230207_6IBCSHNYMRBYRMQ5TB22G2JFPI/?redirected=1

  • À la BRAV : nazisme, armes de guerre, cocaïne et agressions sexuelles - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/05/18/a-la-brav-nazisme-armes-de-guerre-cocaine-et-agressions-sexuelles

    Le groupe-d’ultra droite le plus dangereux en France, c’est la police nationale. Une enquête de Libération révèle une étude de cas effroyable avec Jordan, policier de la BRAV. Attention, même dans un roman noir, les méchants flics ne sont pas aussi inquiétants :

    L’article a dû être composé grâce à un thread sur Twitter. Il reprend des éléments d’une enquête publié par Libé.
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/on-fait-une-ratonnade-apres-jordan-n-un-policier-de-la-brav-m-de-mauvaise
    #paywall

  • INFO LA DEPECHE. « C’est du #fichage religieux » : quand la police de Toulouse compte les élèves absents le jour de la fête musulmane de l’Aïd - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/2023/05/19/cest-du-fichage-religieux-quand-la-police-de-toulouse-compte-les-eleves-ab

    Un e-mail similaire à Montpellier

    Selon nos informations, les deux policiers à l’origine de l’e-mail auraient agi sous les directives du renseignement territorial sans en référer au rectorat. Plusieurs sources évoquent une commande qui émanerait du Ministère de l’intérieur, et qui serait en réalité une directive nationale. Interrogés par La Dépêche du Midi, les services de la Place Beauvau se refusent à tout commentaire. Idem du côté de la préfecture de la Haute-Garonne

    Dans l’Hérault, les renseignements territoriaux ont envoyé un e-mail du même acabit, le 11 mai, aux écoles maternelles, primaires, collèges et lycées. « Nous sommes interrogés sur l’absentéisme scolaire au cours de la période du Ramadan […] Aussi, je vous remercie de répondre à ces questions par retour de mail, avant lundi 15 mai 17 heures Le ramadan a-t-il eu un impact sur l’absentéisme  ? Si oui, pouvez-vous estimer son augmentation sur la période du Ramadan hors fête de l’Aïd, par rapport au taux d’absentéisme ordinaire  ? ( + 5 %, +10 %, …)  », ont interrogé les membres des forces de l’ordre. Le lendemain, le rectorat de l’académie de Montpellier a sommé les établissements de « ne pas tenir compte » du courriel envoyé la veille.

    Pour une professeur toulousaine, cette pratique policière est « une entorse au principe de laïcité » et la qualifie de « fichage religieux ». La visée de l’exploitation de ses données reste encore inconnue…

    Mais le problème, ce sont les gus qui ne se prosternent pas devant le portrait du méprisant de la république.

    #racisme #démocratie

  • En France, il n’y a jamais eu autant de ménages en attente d’un logement social – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/logement/en-france-il-ny-a-jamais-eu-autant-de-menages-en-attente-dun-logement-soc
    https://www.liberation.fr/resizer/Rxh47VfCuIHRzYb2AI-vqZk56cA=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1791x1308:1801x1318)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/4WQXLTVGFJG5PEVLGGTJM64M4Q.jpg

    « L’affaiblissement des moyens financiers des organismes HLM, la diminution des APL [les aides personnalisées au logement, ndlr], la hausse du taux de TVA sur la production neuve et l’absence de portage politique du sujet du logement par l’exécutif, depuis 2017, ont eu pour conséquence immédiate une baisse de la production de logements sociaux », fustige la présidente de l’USH, Emmanuelle Cosse, qui a été un temps ministre du Logement sous François Hollande. « Il est urgent de faire l’inverse de ce qui a été fait : renforcer les aides à la pierre, mettre un terme aux ponctions opérées annuellement sur les bailleurs sociaux, mobiliser le foncier public pour construire plus de logements sociaux », ajoute-t-elle.

  • En Corrèze, un maire ne veut pas « subir le même sort que celui de Saint-Brevin »

    L’ouverture d’un Cada cet hiver à Beyssenac a provoqué de nombreuses manifestations dans la commune. L’élu, qui a reçu des menaces de mort, se sent « abandonné par l’Etat ».

    L’actualité de Saint-Brevin-les-Pins a résonné jusqu’à Beyssenac, en Corrèze. Dans ce petit village d’environ 350 habitants entouré de champs et de vergers, l’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) a fait grand bruit. Après avoir découvert la nouvelle dans la presse locale, au milieu de l’hiver, la population s’est divisée entre opposants et défenseurs, plus silencieux, du projet. Au milieu : le maire (LR) Francis Comby, cinq mandats au compteur. Il a été témoin des affrontements entre membres de l’Action française et militants antifas, des cagoules et des fumigènes devant sa mairie, fin février. 150 personnes réunies, du jamais-vu. « Depuis, il ne passe pas un jour sans que l’on me parle du Cada. Aujourd’hui, quand je vois ce qu’il est arrivé à ce maire [Yannick Morez, ndlr]… Je me sens dans la même situation que lui et j’espère que je ne vais pas subir le même sort », réagit-il.

    L’édile a déposé trois plaintes : une pour menaces de mort reçues sur sa boîte mail dans les jours qui ont suivi l’annonce et deux pour diffamation. Francis Comby préfère se mettre en retrait et « calmer le jeu ». Il assure que la municipalité n’a jamais été concertée et, « mis devant le fait accompli », c’est à lui que les habitants demandent des explications. « Je me sens totalement abandonné. L’Etat ignore les élus, impose son projet et, en plus, m’envoie au tribunal », s’emporte celui qui a fait valoir, mi-mars, le droit du conseil municipal de préempter les parcelles où s’est depuis installée la structure. La procédure a été attaquée par la préfecture de la Corrèze devant le tribunal administratif de Limoges (Haute-Vienne), qui a suspendu la délibération du conseil municipal.
    « Nous sommes là pour avoir la paix »

    Toutes les prises de paroles du maire sont désormais scrutées et font régulièrement l’objet de reprises sur les réseaux sociaux. Les deux collectifs d’opposants restent à l’affût du moindre événement lié à l’accueil d’étrangers, qu’il soit en Limousin ou ailleurs en France. Mercredi 10 mai au soir, les membres de Sauvons Beyssenac – l’un des deux collectifs locaux qui souhaitent l’abandon du projet, appuyé par Reconquête – relayaient sur Facebook la démission du maire de Saint-Brevin fraîchement annoncée. La dernière sortie du collectif Non au Cada de Beyssenac – le deuxième, qui se revendique « apolitique » tout en étant soutenu par le délégué départemental Rassemblement national, Valéry Elophe – remonte au 1er mai. Un petit groupe s’est retrouvé en face de l’ancien hôtel-restaurant où sont accueillis les exilés pour manifester. Un moment « très convivial », racontent-ils sur Internet. « Contrairement à ce qui a été dit dans les journaux, les manifestations continuent et continueront dans les prochaines semaines. »

    Plusieurs demandeurs d’asile ont assisté à la scène depuis les fenêtres de la réception, devant lesquelles patrouille régulièrement la gendarmerie. Cela faisait tout juste deux semaines que six femmes et un bébé venaient de s’installer sur place, encore secoués par leur périple. « C’était difficile. On entendait les cris, les gendarmes sont venus pour les faire partir », décrit Doris, Congolaise de 46 ans. Elle a découvert ce qu’il se disait au sujet du Cada avant même d’arriver. « Je me demandais pourquoi les gens ne voulaient pas de notre présence. Nous sommes là pour avoir la paix », poursuit Doris. L’association leur a expliqué comme elle pouvait. « Dès qu’il y a quelque chose de nouveau, les gens ont peur. Il y a aussi une méconnaissance du statut de demandeurs d’asile. S’ils sont là, c’est qu’ils sont en danger dans leur pays », insiste Camille, travailleuse sociale à Viltaïs, l’association mandatée par l’Etat pour gérer l’accueil.
    Lieu de vie et de passage

    Depuis un mois, l’ancienne auberge du village est redevenue un lieu de vie et de passage. Des habitants passent régulièrement saluer, déposer des dons ou proposer de l’aide. Dans la cuisine, Mariama prépare un plat typique de Guinée. L’odeur du mouton mijotant dans sa sauce au piment embaume la salle de vie où discutent les autres résidentes. « Certaines se sont déjà liées d’amitiés. Il y a beaucoup de solidarité entre elles », constate Patricia. L’animatrice sociale jongle entre les coups de téléphone pour organiser des activités sur place : cours de français, cuisine, couture, yoga… Un couple et leur bébé doivent arriver le lendemain. A la fin du mois, ils seront 20 sur place, la moitié de la capacité totale à terme du centre. Dans la matinée, trois résidentes ont marché jusqu’à la supérette d’une commune voisine. Se promener leur évite de cogiter. Un habitant les a récupérées sur le chemin du retour pour leur éviter de porter leurs sacs de courses sur plusieurs kilomètres. « Voir tous ces gens qui sont gentils avec nous, ça fait chaud au cœur, disent-elles. Nous, on est heureuses ici. »

    https://www.liberation.fr/societe/en-correze-un-edile-ne-veut-pas-subir-le-meme-sort-que-le-maire-de-saint-

    #Beyssenac #Cada #réfugiés #anti-réfugiés #asile #migrations #hébergement #France #centre_d'accueil #Francis_Comby #menaces_de_mort #Sauvons_Beyssenac #Non_au_Cada_de_Beyssenac #manifestation #Viltaïs #solidarité

    voir ce fil de discussion sur #Saint-Brévin :
    https://seenthis.net/messages/992104

    ping @karine4

    • Demandeurs d’asile : A Beyssenac, la mécanique du #mensonge au service de l’extrême-droite

      L’affaire de Saint-Brévin - et la démission de son maire après l’incendie de son domicile - a sidéré la France. Mais ailleurs aussi dans le pays, l’extrême-droite jette de l’huile sur le feu sur la question de l’accueil des réfugiés. Cette atmosphère teintée de haine et de xénophobie fracture des communautés jusqu’alors paisibles, dans les campagnes où on se regarde désormais en chien de faïence. A 550 km de Saint-Brévin, à Beyssenac, la vie s’écoule tranquillement. Ou plutôt s’écoulait : depuis plusieurs semaines la tension est au plus haut dans le petit village de Corrèze, secoué par une affaire identique.

      Sur la toile, Beyssenac est un point presque invisible. Et il faut zoomer, et re-zoomer encore, sur la carte d’Internet pour que l’invisible apparaisse. Dans la vie réelle, le village corrézien de 357 âmes tient en une place avec sa mairie, la demeure du maire en miroir, une église, un cimetière, des toilettes publiques, un bar associatif. Beyssenac s’étend en revanche sur des centaines d’hectares bornés par des fermes, maisons individuelles, qui émergent au milieu de prés troués d’étangs où paissent des bovins. Quelques bois cachent des hameaux et des chasseurs, des pêcheurs, quelques animaux sauvages peuvent être aperçus à la dérobée.

      Il n’existe aucun commerce de proximité et l’économie, outre l’élevage de vaches limousines, consiste à cultiver frénétiquement la fameuse pomme golden importée d’Amérique, que la politique agricole commune européenne a fait prospérer.

      Depuis quelque temps, la coupe sauvage et la vente de grands arbres fait aussi office de complément à cette agriculture peu soigneuse de l’environnement mais, au premier coup d’œil, la carte postale de cette France immobile donne le change. Simplement, les nappes phréatiques ont bu les intrants et autres pesticides, et le tronçonnage des forêts a fait découvrir aux habitants de nouvelles perspectives, dans lesquelles le vent désormais s’engouffre.
      Des migrants en Corrèze

      Mike (le nom a été changé) est Anglais. Il est venu s’installer à Beyssenac avec sa femme il y a environ 5 ans. Il y a acheté et rénové avec goût une jolie vieille maison de pierres, comme beaucoup de Britanniques et de Néerlandais, parmi d’autres nationalités. « En Angleterre, explique-t-il, une maison comme celle-ci et un terrain équivalent sont inabordables pour nous ». Le Brexit a fait le reste.

      Mike travaillait près de Liverpool, dans une concession automobile. Il fait partie d’une petite communauté étrangère qui s’est progressivement installée ici, à cinq minutes de la « frontière » avec la Dordogne. Elle a été renforcée ces derniers mois par l’arrivée de réfugiés ukrainiens, encadrés par une association locale de Pompadour, une commune non loin, et une Néerlandaise, qui a pris l’initiative de louer un bus pour aller chercher des femmes et des enfants à la frontière polonaise.

      Qui dit maisons à vendre dit tout (aussi) d’un exode local à peine compensé par l’arrivée de citadins ou d’étrangers. Européens ou pas, ils vivent généralement une existence parallèle aux habitants, aussi peu polyglottes que les Britanniques eux-mêmes, à de rares exceptions.

      « Nous sommes des migrants », sourit William, en montrant sa carte de séjour. Artisan débarqué de la région de Brighton, il a élu domicile avec sa jeune famille il y a une quinzaine d’années dans la communauté de communes dite du « Pays de Lubersac-Pompadour », dont Francis Comby, 60 ans, est le président. Le maire LR de Beyssenac est aussi vice-président du conseil départemental de Corrèze. En 2021, il aurait été barré par son propre camp, ayant prétendu accéder au siège de Pascal Coste selon des Beyssacois moqueurs.
      Des acquéreurs pour La Mandrie

      La vie politique dans ces communes n’est guère excitante. Bien souvent les élections se jouent sur une liste unique (c’était le cas pour Francis Comby), ce qui ne stimule pas spécialement la créativité des conseils municipaux. La gestion de l’existant suffit. Et l’existant est morne et silencieux. Tenter de se faufiler dans les alcôves de la politique régionale puis nationale est plus exaltant. La seule menace pour les élus (de droite) de la Com’com, dans leurs rêves de carrière, sont les votes en faveur de l’extrême-droite qui se consolident à chaque élection nationale à cause de la passivité et du suivisme de ces mêmes élus. Cela n’a pas l’air d’inquiéter.

      Sauf que, en novembre 2022, le maire UDI d’Arnac-Pompadour, raconte un témoin de la scène, Alain Tisseuil, élu lui aussi sans opposition, s’enquiert auprès de Francis Comby de la façon dont il va cohabiter avec Viltaïs. Cette association a acheté l’auberge de La Mandrie pour héberger et accompagner des demandeurs d’asile le temps (plusieurs mois) qu’ils préparent leur dossier pour l’OFPRA (l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui instruit ces dossiers pour le compte du ministère de l’Intérieur), dans le but d’obtenir (sans garantie) le statut de réfugié.

      Cela fait plus d’un an et demi que la famille Millot cherchait un acheteur pour son auberge, qui vivote. Il n’y a plus beaucoup de baptêmes, peu de fêtes de famille. Le tourisme ne prend guère, le manque d’activités - à part le rugby amateur et le cheval, auxquels tout le monde ne s’adonne pas - dans le périmètre est patent. Sinon, les amateurs de randonnées autour de Beyssenac ne trouveront que des parcours goudronnés. Et culturellement, la Com’com est un désert. Le cinéma et la salle de spectacle les plus proches sont à une demi-heure de route, à Uzerche.
      La Montagne vend la mèche

      L’auberge dispose d’un restaurant et de maisonnettes séparées, d’une piscine. Elle est située à l’écart du village, à quelques trois ou quatre kilomètres. Une seule habitation la jouxte. Avant Viltaïs, il n’y a eu qu’un vague projet privé consistant à accueillir des personnes âgées, dont la région vieillissante est déjà, par la force des choses, pourvue. Francis Comby avait eu vent d’une reprise éventuelle par quelques-unes de ses connaissances - le trésorier de la Société des courses de Pompadour et Philippe Bombardier, ancien DRH des Haras nationaux et ex-directeur de cabinet à la mairie de Limoges après son passage à droite en 2014, aujourd’hui directeur général des services au Conseil départemental de la Creuse mais aussi président de la Société de concours hippique, toujours à Pompadour.

      Les deux hommes sont donc aussi des connaissances d’Alain Tisseuil. Le maire de Pompadour cumule pour sa part avec la présidence du conseil d’administration de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). Le cheval, activité dépensière, réclame des sollicitudes. L’hypothèse tournait autour d’un gite qui aurait été bien utile aux officiels et socio-professionnels autour des activités hippiques. Claude Chabrol y reconnaitra le sien. Las ! La Montagne, le quotidien local, rend publique fin janvier l’ouverture prochaine d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Une annonce que le maire déplore immédiatement, expliquant « qu’on a besoin de restaurants et d’hébergements dans le secteur ».

      Le site correspondait bien aux critères d’évaluations demandés par l’État : « 30 places minimum », une localisation qui ne « contribue pas à surcharger des zones déjà socialement tendues ».

      Quand Alain Tisseuil s’enquiert auprès de Francis Comby de la façon dont les choses se présentent, ce dernier lui fait comprendre qu’il est capable de gérer la situation. Les maires des petites communes peuvent se rejoindre au cas par cas mais ils restent jaloux de leurs prés carrés électoraux.
      Le tract incendiaire

      « Bientôt des dizaines de migrants dans notre village ! » Mi-février, Mike a trouvé dans sa boîte un tract de Reconquête !. Quinze jours seulement après le premier article de La Montagne. Il ne comprend pas le zemmourien et s’interroge. « Quel est le problème ? »

      Le gros problème est que les habitants ne sont pas au courant. Le second est que les premières communications sur le Cada sont le fait de l’extrême-droite. Une pétition circule sur Change.org, via Facebook. Soit disant initiée par le collectif « Sauvons Beyssenac », elle est en réalité l’œuvre de Philippe Ponge, homme de Reconquête !, et de quelques affidés de circonstances. Ajoutez, pour que l’affaire monte, de multiples pages Facebook nourries toujours par les mêmes personnages, sous divers pseudonymes.

      Les élus ont failli en amont à anticiper et expliquer en quoi consiste une telle structure, informer de la vente de l’auberge à Viltaïs et indiquer quelle serait l’attitude républicaine à adopter. Trop tard, pas pensé, pas réfléchi. Le tapage de l’extrême-droite a fait le reste, remplissant le silence des agneaux.

      Ainsi, une avalanche de fausses informations se répercute sur les réseaux sociaux avant même que les maires, submergés, aient pu lever le petit doigt. Parmi ces télégraphistes de mauvais augure, on trouve le responsable du Rassemblement national (RN) en Corrèze, Valéry Elophe, conseiller départemental. Mais surtout deux autres défenseurs acharnés de la Corrèze… venus du Var : Camille Dos Santos de Oliveira, transfuge RN dans ce département, qui s’est présentée en 2022 à la députation sous la bannière Reconquête ! à Brive-La-Gaillarde. Ou encore Philippe Ponge, déjà cité, qui s’exprime également sur la toile sous le nom de Philippe Lebloque ou encore de Philippe Corrèze, lequel a l’oreille compréhensive de Sud Radio.

      Ponge-Lebloque-Corrèze, au choix ou tout ensemble, a été suppléant de la jeune femme précitée sur la liste de Brive. L’homme est apparu dans la presse en 2014, dans Var Matin, quand des colistiers se sont désolidarisés de la liste FN qu’il menait, avant les municipales à Bandol. Elle ne passa pas le premier tour, en dépit de ses responsabilités dans la sécurité auprès du département.

      À la faveur de l’éviction de Jean-Marie Le Pen du FN en 2015 par sa fille, Ponge dit faire partie des déçus de la nouvelle ligne pour tenter sa chance ensuite chez les zemmouristes, plus francs du collier.

      Pour parfaire le tableau, Philippe Bombardier, l’homme des concours hippiques de Pompadour connu de Francis Comby et Alain Tisseuil, est lui connu à Limoges pour ses sympathies monarchistes. Un détail qui a son importance. Comme le fait qu’au fil de ses diverses affectations dans l’administration, Bombardier avait eu l’occasion de croiser Philippe Ponge dans le Sud de la France.
      La peur, l’arme fatale

      La mécanique se met en place. C’est du grand classique : on bourre les systèmes de référencement et de calcul des plateformes et très vite il suffit de taper « Beyssenac » pour voir apparaître une communauté fictive vent debout contre le Cada. Bien sûr la peur est l’arme fatale pour dénoncer en vrac « Les migrants », les « clandestins », alerter sur le « Grand remplacement », le tout financé par « nos impôts », en fustigeant ceux qui ne s’opposent pas à l’arrivée (très strictement encadrée) des réfugiés en quête du statut de réfugié en les accueillant chez eux.

      Dans cette accélération des particules de la haine, personne ne songe que les Cada existent pour que cela ne soit pas possible : ces structures ont justement « pour mission d’assurer l’accueil, l’hébergement ainsi que l’accompagnement social, administratif et juridique des personnes dont la demande d’asile a été enregistrée au sens de l’article L.741-1 du CESEDA, pendant toute la durée de leur procédure ». Cela n’est aucunement rappelé.

      Au lieu de se questionner sur les subventions publiques fléchées vers les associations liées au cheval à Pompadour, ces « échos » de Beyssenac laissent entendre que les locaux auraient donc estimé que les « migrants » avaient déjà ruiné et mis à sac ce joli coin de Corrèze. On lit la crainte de voir les vaches « écorchées ». Sur la page de Francis Comby, les commentaires fusent, envisagent des « viols » ou des risques de « maltraitance aux enfants », en référence aux mineurs isolés. « Partout Callac » fait valoir sa prise de guerre. Saint-Brévin arrive.

      L’incendie sur la toile est instantané. Le maire de Beyssenac éprouve les pires difficultés à simplement expliciter en quoi il est incompétent sur le dossier qui relève de la préfecture. Et qu’il n’y a pas le début d’un débat à aviver, hormis celui sur le danger que constitue la diffusion de fausses informations. Il sait pertinemment en revanche que le vote RN est arrivé en tête dans son canton lors des législatives de 2022, et il préfère en tenir compte.

      Jointe par Blast fin février pour savoir quelle attitude adopter face à la panique et la paranoïa qui se répandent, l’association Viltaïs a répondu dans un mail : « Les services de l’État sont informés des agissements de certains partis politiques et ces derniers nous demandent de ne pas répondre pour l’instant. » Preuve aussi que Viltaïs est joignable sans problème, ce que réfute Francis Comby au même moment.
      La Reconquête des esprits

      Le 18 février, quelques jours plus tôt, une petite poignée de militants Reconquête ! déploie une longue banderole devant le château du marquisat de Pompadour - oui, le cadeau de Louis XV à sa maîtresse roturière -, à quelques kilomètres de là. Avec un message qui claque - « Zemmour président ! » - devant lequel ils se prennent en photo en connaissance de cause. Face à eux, il n’y a que deux gendarmes, le parking devant la vieille bâtisse qui abritait les bureaux des Haras nationaux étant désert. Les rares passants jettent un œil circonspect à la manif à cinq. Quelques militants de gauche et de la LDH se tiennent à distance.

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      En réalité, Philippe Ponge est à la manœuvre. Reconquête ! compte à peine 490 adhérents déclarés dans toute la Corrèze. Mais les cinq du 18 février s’expriment pourtant au nom de tous les Corréziens. Les responsables du parti ont le don d’ubiquité. Ils sont partout.

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      Pourtant, ce rapt de l’opinion ne sera pas davantage combattu par le maire de Beyssenac, qui trouvera « normal » l’inquiétude que les partisans d’Éric Zemmour sèment. Pire, l’élu la favorise en acceptant, parce que les sympathisants des idées d’extrême-droite existent à bas bruit et l’ont fait maire, une réunion publique au cours de laquelle va s’exprimer Valéry Elophe. Le Rassemblement national a pris ombrage de l’offensive des zemmouristes. Le 5 mars, le RN local manifeste devant la préfecture de Tulle. À Tulle, tout le monde s’en fiche royalement.

      Le 13 mars, le conseiller départemental intervient sur Boulevard Voltaire, au sujet de Beyssenac : « Je ne roule pas avec des gens de Reconquête qui font n’importe quoi en affichant des banderoles "Zemmour Président" et ne maîtrisent pas les dossiers. » A cheval sur ses dossiers, Elophe préfère s’attaquer à Viltaïs, qui « roule dans de luxueux SUV » - en réalité des voitures de service... comme l’Institut français du cheval et de l’équitation en possède quelques-unes. Ici comme à l’Assemblée, le RN roule lui avec le pied sur le frein, attend et fait diversion sur des questions accessoires.

      Quelques jours plus tard, le même Elophe interpelle le conseil départemental sur le financement de l’association sur la base d’un rapport. Ce rapport, signé par la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpe, réclamait simplement des précisions et émettait des recommandations à Viltaïs, comme cela est heureusement son rôle. Peu importe, Reconquête ! et le RN se disputent la même proie. Les frères-ennemis de la droite extrême aboient contre l’État qui finance « les immigrés ». Le vocabulaire est approximatif mais il résonne clairement dans nos campagnes.
      Des approximations concurrentielles

      La première réunion publique avec des membres du RN s’est tenue la veille d’un conseil municipal, le 22 février dernier. Dans cette ambiance alarmiste le véritable sujet n’est pas abordé – le fait que la municipalité doit se conformer aux lois de la République et au droit d’asile. Au cours de cette réunion, aucune allusion non plus au cas d’Uzerche, un peu plus à l’Est, où un autre Cada a donné des résultats très satisfaisants en termes d’intégration ou de projets de vie. Un couple de Syrien vient d’ailleurs d’ouvrir un kebab à Pompadour : de la petite restauration, peu chère, dans un climat amical. Sur place, tout s’est passé au mieux grâce à l’implication du maire PCF Jean-Paul Grador. La municipalité s’était portée volontaire pour accueillir un centre d’accueil. La population n’a émis aucun cri.

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      A Beyssenac, une folle machine s’est emballée. L’extrême-droite ayant produit une bouillie de communiqués sur un terrain favorable, le conseil municipal vote une motion contre l’installation du centre d’accueil. C’est encore hors sujet mais le maire suit. Cette motion pose une série de questions sur le service proposé par le Cada, auxquelles Francis Comby ne donne pas de réponse. Il n’a pas travaillé.

      L’édile, acculé, se défend maladroitement contre ses propres électeurs qui l’accusent d’avoir donné son accord pour l’ouverture du centre. « J’ai demandé plusieurs fois depuis trois semaines à Monsieur le Préfet de Corrèze de tenir une réunion d’information à Beyssenac, écrit-il dans une lettre. À ce jour, je n’ai toujours pas reçu une lettre, un mail, ou un mot officiel à la mairie. » Cette molle et peu convaincante tentative de prise de contact d’une part, et la discrétion du préfet, c’est vrai, de l’autre, fermentent un pain béni pour le RN et Reconquête !, qui mènent le bal de la communication entre autres omissions épistolaires. Piégé par ses propres manquements, Francis Comby n’aura cessé de se justifier, en dénonçant les manques de l’État, du préfet, de Viltaïs, sans jamais questionner la présence de l’extrême-droite dans et hors sa mairie, qui d’ordinaire est plutôt adepte du chuchotement privé.

      Il se regarde marcher

      Ce manque cruel de clarté n’est pas passé inaperçu aux yeux de tous. Une habitante de Beyssenac (dont le nom ne sera sciemment pas cité) se désole de l’absence de position claire de son maire, qui se fait balader par son conseil municipal lui-même sous l’emprise de fausses informations, et qui ignore les lois encadrant le droit d’asile. « Il est maire ? Mais c’est le conseil municipal qui l’a désigné. Son nom a souvent été barré sur la liste unique, il n’apparaissait pas en tête. Francis Comby, il se regarde marcher. Mais il est élu au département, a fait des études de pharmacie… »

      Dans ces campagnes, le notable est censé connaître l’administration, le droit, la Constitution, en tirer avantage. On s’en remet à lui et patatras !
      Le nationalisme d’opérette

      Les choses empirent. Viltaïs prudente, le préfet jouant la montre, l’Action française se met à son tour en scène devant la mairie de Beyssenac. Le 27 février, une quinzaine de jeunes activistes identitaires plus que monarchistes, cagoulés, casques de moto en main, hurlent des slogans xénophobes. Devant eux un cordon de police. Un gendarme explique qu’ils ont l’autorisation de la mairie pour manifester une heure.

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      Ces militants viennent de Limoges, à plus de 60 kilomètres de là. Derrière le cordon de policiers, peu d’habitants du village mais plutôt des communes limitrophes, une petite centaine de partisans de formations de gauche, humanitaires et un petit groupe d’anarchistes se positionnent. Ils sont beaucoup plus nombreux. Dans la petite foule, il y a même des étrangers, tiens : des Britanniques venus dire leur incompréhension devant le spectacle de ce nationalisme d’opérette qui, lui aussi, se manifeste par des phrases sans aucun sens.

      « Ils vont prendre notre boulot », entend-on alors que les demandeurs d’asile n’en ont pas le droit tant que l’OFPRA n’a pas statué sur leur cas, ou passé un délai de six mois – s’il ne l’a pas fait. Par ailleurs, la cueillette des pommes oblige chaque automne les agriculteurs locaux à faire venir par bus entiers une main d’œuvre étrangère. Mais, dans ce cas, cela est nécessaire. Car dans ces campagnes, autre non-dit, beaucoup de jeunes touchent des allocations et évitent les travaux pénibles. Parmi eux, le sentiment de jalousie perle. Le fait que le Cada soit installé dans un ancien Logis de France avec piscine et aire de jeux pour enfants a l’air d’agacer.

      Revoir ça à Beyssenac

      Francis Comby observe la scène de son jardin, pendant qu’une vieille dame, la larme à l’œil, glisse ce commentaire : « Et ce sont les mêmes qui déposent des gerbes devant les monuments aux morts ou à la Résistance… » Le premier magistrat, lui, se plaint de la division et du désordre crée par cette foutue Cada. Un axe qu’il reprendra devant les médias, dénonçant bien évidemment l’action de « l’ultra-gauche » après le face-à-face du samedi 25 février avec l’Action française. « Je ne veux plus revoir ça à Beyssenac ! En plus, je n’ai pas d’informations, ni de la préfecture, ni de l’association Viltaïs sur ce projet. »

      Le mantra de Francis Comby se heurte surtout au fait qu’il consent à ce que l’extrême-droite s’exprime librement devant chez lui ou l’auberge de La Mandrie. Ailleurs en France, d’autres élus ont eu le courage de contredire ces idées préconçues et même interdire à l’extrême-droite d’utiliser pour faire sa pub un symbole de la République. Francis Comby ne s’exprimera jamais sur le chaos et la sidération que seule la propagande a créés.

      Il en connaît pourtant les principaux agents. Certains de ses administrés témoignent clairement avoir peur de représailles à se déclarer sans opinion ou favorables au Cada. Et le maire se dit lui-même « menacé de mort. » Mais le 8 mars une autre réunion publique avec des membres du RN se tiendra à nouveau dans le village. Dans La Montagne, Francis Comby se défend encore à propos de ces deux réunions du Rassemblement national tenues dans la salle polyvalente de Beyssenac : « Elle est à la disposition de tous ceux qui en ont besoin. »

      En sillonnant par les champs, en rencontrant et discutant avec les habitants, les réactions sont très diverses. On n’est pas unanimement contre le Cada mais le sujet effraie. Pas sur le fond, personne n’en sait grand-chose, mais le climat importé par l’extrême-droite. La plupart des Beyssenacois voudrait simplement savoir comment cela fonctionne et qui sont ceux qui prétendent au droit d’asile. Des anciens sont touchés par le fait que La Mandrie fut jadis l’école du village.

      On va vous fusiller !

      Entre ceux qui se taisent, ceux que cela ne gêne pas et ceux qui connaissent les membres de « Sauvons Beyssenac ! », des jeunes ou des vieux fermiers sont désemparés. « Ils vont tuer les moutons. » Un jeune éleveur de chèvres, membre du collectif précité, justifie son courroux par une confidence de son agent immobilier : il lui a dit que sa ferme avait perdu 30% de son prix de vente. Comptait-il la vendre et abandonner le terrain, qu’il dit vouloir défendre ? Mystère. Face à l’insistance d’un petit groupe - des locaux venus de villages à proximité pour compenser l’inertie du maire, pour qu’il comprenne d’où viennent les gens qui arrivent au Cada et leur situation objective -, le jeune exploitant explose : « Chacun chez soi, et ce sera très bien. Partez ! Maintenant. Moi, s’il y avait la guerre chez moi, je me battrais, vous, vous partiriez ? On va vous fusiller ! »

      À Beyssenac, la conclusion du tour du village effectué par des militants de gauche ou des Droits de l’homme dément que la majorité des habitants s’oppose au Cada. Ils ont formé un collectif pour démontrer que, non, comme l’affirment les banderoles tendues par un pomiculteur devant La Mandrie, la majorité des habitants ne sont pas contre l’ouverture. Mais Facebook et les autres réseaux l’ont fait croire. Et ceux qui l’ont cru ont désormais peur.

      Le 16 mars dernier, la visite tardive du préfet de Corrèze a confirmé un racisme latent chez certains - « les Ukrainiens, ce n’est pas pareil », a-t-on entendu dans la salle de réunion - mais aussi le soutien de locaux dénonçant cette distinction.

      La stratégie de Viltaïs (avancer à pas feutré, prudence légitime) et l’incapacité du maire de Beyssenac à dépasser son propre ego ont facilité le travail de l’extrême-droite. Francis Comby persistera en instituant sous la pression de son conseil municipal un droit de préemption urbain sur le lieu-dit « Les Garennes », à l’endroit où se trouve le centre d’accueil pour demandeurs d’asiles. Sans aucune chance d’aboutir : un mois plus tard, le 25 avril, le tribunal administratif saisi par la préfecture a annulé son arrêté, contraire au droit.

      En réalité, ces errements d’élus locaux correspondent à la posture actuelle de la frange droitière des Républicains et d’une formation sans repères. À vouloir composer avec l’extrême-droite, en flirtant avec ses idées pour conserver des sièges, le risque est grand d’être débordé. Surtout quand on n’a soi-même pas d’idées.

      De quoi a-t-on peur au juste à Beyssenac ? Aujourd’hui, de son voisin. L’extrême-droite est parvenue à instiller la méfiance et la défiance des habitants les uns contre les autres, sur leurs pensées, leurs opinions, leurs libertés. Localement, la mécanique propagandiste de la droite dure a révélé que les élus et les principaux acteurs de cette agitation agressive ne sont pas étrangers les uns aux autres. Liés par les intérêts d’une politique locale souvent opaque, ils se sont habitués à composer ensemble pour exister. En creux, cette sinistre histoire a mis à jour les liens créés par la micro-économie du cheval, seul produit d’appel pour faire connaître ce recoin de France et à travers lequel ceux-là fabriquent leur réputation.

      Beyssenac est désormais identifié comme un de ces villages d’une France rurale où l’extrême-droite peut semer le désordre quand elle le désire, faisant passer des exilés pour une menace pour la survie des rites tribaux du « Pays vert ».

      Le 11 mars dernier, les sept premiers demandeurs d’asile accueillis à l’auberge de La Mandrie se sont installés sous protection de la gendarmerie. Six femmes et un bébé. L’une d’elles s’appelle Doris, elle a confié à La Montagne demander la protection de la France. Parce que « c’est un pays de lois. »

      https://www.blast-info.fr/articles/2023/demandeurs-dasile-a-beyssenac-la-mecanique-du-mensonge-au-service-de-lext

  • Covid-19, la menace fantôme – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-19-la-menace-fantome-20230507_XR2IG644QFACPGZHA77TLZPTCY
    https://www.liberation.fr/resizer/SpAlfNxbhG1sFPuzdLmjYi3cQTU=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2675x1765:2685x1775)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/DE4Z2NQ4LZB3RN6AZ2M5QIEGQY.jpg

    Vendredi 5 mai 2023, plus de trois ans après avoir annoncé « une urgence sanitaire de portée internationale », Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, a déclaré la fin de celle-ci, suivant ainsi les conseils de son comité exécutif. L’annonce a été l’occasion pour certains de se féliciter de voir tournée une page dans l’histoire de cette pandémie, pour d’autres de remettre une pièce dans le juke-box complotiste. Des chiffres ont été annoncés, disséqués, comme celui de 20 millions de morts probables du Covid depuis janvier 2020 annoncé par le directeur de l’OMS, quand le décompte officiel jusqu’ici tournait autour de 7 millions. On suspectait déjà que de nombreux pays n’avaient pu ou voulu tenir un décompte fiable de leur mortalité nationale, on découvre, sans grande surprise, à quel point nous naviguons à vue.

    • Tout le discours de Tedros Adhanom Ghebreyesus oscillait sur une ligne de crête, tentant d’apaiser les esprits, de saluer les réelles avancées scientifiques lors de cette pandémie, comme le succès des politiques vaccinales menées, tout en martelant, mais était-ce seulement audible, que la pandémie n’était pas terminée. Exquis vertige de la terminologie, le Covid-19 ne représentait donc plus « une urgence », mais représentait toujours « une menace ». Une menace fantôme, si l’on compare la réalité, nationale et internationale, et les voeux pieux exprimés par le directeur de l’OMS : « La pire chose qu’un pays pourrait faire maintenant serait d’utiliser cette nouvelle pour baisser la garde, démanteler ses systèmes d’alerte, ou envoyer le message à sa population que le Covid-19 n’a rien d’inquiétant. » Dans les faits, nous avons tout abandonné, et depuis plusieurs mois, le gouvernement étant pressé de refermer la parenthèse Covid pour appliquer son programme de destruction des communs, au nom d’un idéal pseudo-réformiste qui tiendra deux lignes dans la page Wikipédia consacrée à l’avènement au pouvoir de l’extrême droite en France.

      Le système s’est effondré

      Nous avons abandonné les tests, les séquençages permettant de prédire l’arrivée de nouveaux variants, les mesures barrière, même l’étude des eaux usées. En l’absence de campagne vaccinale effective depuis près d’un an, la vaccination n’est plus invoquée par les autorités sanitaires que comme un mantra, un doudou, comme si le simple fait de rappeler que le vaccin était éventuellement disponible permettait de cocher une case dans la liste d’éléments de langage qui enrobe le déni actuel d’un fin vernis de santé publique. Au risque de lasser, je répéterai que les enjeux liés à la qualité de l’air en lieu clos recevant du public, instrumentalisés pendant la campagne électorale, sont restés à l’état de promesse, et relèvent donc clairement du mensonge.

      L’une des raisons de l’annonce de l’OMS serait que la situation globale a changé, que la population mondiale a acquis un certain degré d’immunité (même si celle-ci varie d’un individu à l’autre, d’un pays à l’autre), et que la charge sur les systèmes de santé a diminué. Au vu de l’état dans lequel cette pandémie, après des décennies de management toxique, laisse le système de santé français, on peut être légitimement inquiet de l’avenir proche. Le système s’est effondré, les soignants sont allés au bout de leur résilience, et ont été récompensés par quelques médailles et un Mars, avant que ne reprennent les brimades qui partout entraînent des démissions en masse, des déplaquages, des fermetures de service, que les ministres tentent de masquer à coups de com, vantant les irremplaçables avancées d’un Conseil national de la refondation qui permet à tout ce que le pays compte d’administratifs en santé de s’autocongratuler tandis que les soignants lâchent prise.

      Incertitude statistique

      Le Covid-19 n’est plus une urgence, car nous ne savons pas, nous ne pouvons plus, répondre aux urgences. La population dans son ensemble a absorbé les mensonges servis par le pouvoir, sur le caractère saisonnier d’une épidémie banalisée, rangée dans la catégorie des infections respiratoires hivernales quand le Covid sévit en permanence toute l’année. Et l’éléphant au milieu de la pièce reste le Covid long, dont Tedros Adhanom Gebreyesus rappelle qu’il touche probablement à peu près 10 % des personnes infectées (et cette incertitude statistique elle-même révèle le déficit d’investissement dans la recherche sur ce point crucial). Les symptômes graves et débilitants qu’il entraîne, parfois pendant des mois, des années, vont nécessiter, de son propre aveu, des soins de longue durée pour des centaines de millions de personnes dans le monde. Tout est fait pour que la majorité de la population n’ait pas conscience de ce que cela représente. Et pour l’instant, ça fonctionne.

    • le gouvernement étant pressé [d’] appliquer son programme de destruction des communs, au nom d’un idéal pseudo-réformiste qui tiendra deux lignes dans la page Wikipédia consacrée à l’avènement au pouvoir de l’extrême droite en France.

  • Lacrymos : ça devient [enfin] politique | Libé • 06.05.23

    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/gaz-lacrymogenes-nous-sommes-en-droit-de-nous-poser-la-question-des-effet

    EE-LV à l’Assemblée nationale, Sandra Regol, a écrit jeudi 4 mai une lettre adressée au ministre de l’Intérieur
    [...]
    « Nous avons écrit à Gérald Darmanin pour lui demander des comptes, des études, des informations. Le fait que, naturellement, des agents, des syndicats de police commencent à dire publiquement qu’ils sont inquiets pour leur santé change la donne. Comme toutes les personnes qui ont fait pas mal de manifestations dans leur vie, une fois que l’on a été exposé au gaz lacrymogène, on s’interroge sur ses effets. Mais l’interrogation grandit depuis que l’emploi des gaz lacrymogène s’est énormément intensifié. L’usage n’est pas nouveau mais on se retrouve aujourd’hui avec des murs de lacrymogènes. »
    [...]
    Le 2 mai, Alexander Samuel, professeur de mathématiques au collège et docteur en microbiologie, spécialiste en France de la question des gaz lacrymogènes ayant travaillé avec André Picot, directeur de recherche honoraire au CNRS et fondateur de l’Association Toxicologie Chimie de Paris, a publié une pétition sur le site de l’Assemblée nationale demandant « une prise en compte de la santé publique ».

    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-1549

  • Comment en est-on arrivé à ces arrêtés autorisant l’usage des drones ? | Libé | 30.04.23

    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/1er-mai-sous-surveillance-les-drones-ne-peuvent-pas-devenir-un-outil-ordi

    Paul Cassia, professeur de droit public à Panthéon Sorbonne et membre de l’Adelico, dénonce une illégalité manifeste et demande qu’on ne laisse plus police et préfets exercer leurs activité de maintien de l’ordre sans respecter les règles.

    Comment en est-on arrivé à ces arrêtés autorisant l’usage des drones ?

    Cela s’inscrit dans un contexte particulier. Depuis un mois et demi, on fait face à une avalanche d’arrêtés préfectoraux qui portent atteinte notamment à la liberté de manifester. Et cela va de pair avec des décisions de justice administrative assez nombreuses qui viennent suspendre ces actes administratifs. Sur la question des drones, l’Adelico a porté cinq contentieux : quatre qui concernent les arrêtés des préfets pris hier à Bordeaux, Lyon, au Havre et à Paris, et un autre qui conteste le décret du 19 avril 2023 signé par la Première ministre, qui est la source des arrêtés préfectoraux.

    Ce texte applique une loi de janvier 2022 qui a autorisé le recours à ce type d’outil. Depuis la publication de ce texte, les préfets mais aussi les militaires, les douaniers et les agents de la gendarmerie et de la police nationale pourraient être habilités à utiliser des drones.

    Pourquoi attaquer ces arrêtés et ce décret ?

    Parce que ce décret devait être pris après un avis de la CNIL qui a été publié en en avril 2023. Il indiquait que le gouvernement s’engageait à adopter ce que la CNIL appelle des « doctrines d’emploi » des drones. Donc, le texte de la Première ministre n’est pas suffisant en lui-même pour appliquer la loi de 2022. La CNIL demande que les doctrines d’emploi lui soient communiquées. Si ces doctrines n’ont pas encore été adoptées, alors les drones ne peuvent pas être déployés. Et si elles ont été adoptées par les différentes administrations, elles doivent être rendues officielles. Ce n’est pas le cas.

  • Les lacrymo C pas rigolo | Libé | 28.04.23

    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/des-policiers-sinquietent-des-effets-des-gaz-lacrymogenes-sur-la-sante-20

    « Allez voir un jour ce qu’il y a dans les gaz lacrymogènes, c’est pas rigolo. » Dans la bouche d’un policier, cette phrase interpelle. Interrogé au départ pour un autre sujet, Guillaume Groult, secrétaire national adjoint du Syndicat national indépendant des personnels administratifs, techniques et scientifiques (Snipat) – également titulaire de deux masters en virologie fondamentale et en recherche et développement en biotechnologie – en rajoute une couche : « Techniquement, respirer du gaz lacrymogène, c’est ni plus ni moins que de l’empoisonnement. En tout cas si la quantité devient importante. Ce n’est pas le fait de respirer un jour du gaz lacrymogène à un endroit, c’est la répétition et la masse. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_lacrymogène (dit aussi CS)

    la majorité des données toxicologiques existantes sont inaccessibles, car encore dans le domaine militaire, et en 2020, « la composition détaillée du Gaz lacrymogène produit et utilisé en France » n’est toujours pas publique ; des effets toxiques à moyen ou long termes de ces gaz sont cependant « bien connus officiellement pour les militaires et les forces de police ».

    Le cyanure semble être la principale source de nocivité des gaz CS : à partir des gaz inhalés, des molécules ingérées ou via un passage percutané, « chaque molécule de gaz lacrymogène CS se métabolise dans le corps humain en deux molécules de cyanure ». Ce cyanure bloque une partie de la chaîne respiratoire et crée un stress oxydatif, même à petites en dose. Outre les yeux (risques de cataracte) le fonctionnement du cerveau, du foie et des reins sont affectés.

    Les effets directs sont accentués par temps chaud et humide.


    #gaz_lacrymogene #gaz_CS #lacrymogene #repression #poison

    • Au Snipat, Guillaume Groult estime que « prétendre que le gaz lacrymogène est sans risque est un mensonge ». Dans une note interne, consultée par Libé, la doctrine d’organisation tactique des CRS précise tout de même que « lors de l’interpellation d’un individu ayant subi les effets lacrymogènes, […] il convient de s’assurer aussitôt de l’état de santé de la personne et de la garder sous surveillance permanente ». « Au besoin, un examen médical doit être pratiqué dans les meilleurs délais et un certificat médical descriptif doit être sollicité, est-il ajouté. Le commandant d’unité doit être en mesure de remettre au médecin, qui reçoit la personne incommodée, la composition chimique de la grenade lacrymogène employée. » Des consignes qui laissent penser que la police nationale ne considère pas le gaz lacrymogène comme un produit anodin.

      En interne, la question se pose effectivement. Sous couvert d’anonymat, un CRS regrette qu’« aucune sensibilisation sur le gaz ou quelconque problème de santé possible » ne soit faite auprès des agents. Un autre, moins sensible au sujet a priori, concède qu’il serait « effectivement intéressant d’avoir plus de recul ».

      Libé s’était déjà penché sur la question de la dangerosité des gaz lacrymogènes. C’était en 2019, le mouvement des gilets jaunes battait son plein et Alexander Samuel, un professeur de mathématiques au collège et docteur en microbiologie, analysait le sang de manifestants. Il avait alors conclu que le gaz CS contenu dans les grenades de la police était transformé en cyanure dans le corps humain, sans pour autant parvenir à prouver une intoxication au cyanure.

      Aujourd’hui, l’ancien gilet jaune, distingue deux toxicités : l’une aiguë, « rarement étudiée », qui peut aussi bien être due au « fait de brûler totalement les poumons » qu’à « la dose de cyanure » libérée par la CS dans le corps. L’autre toxicité est chronique. « Là, il n’y a que le cyanure, à mon avis, qui pose problème. Il est rapidement éliminé dans les urines mais a le temps de causer des dégâts dans l’organisme, documentés dans mon dossier. » Son dossier, c’est un document de 127 pages corédigé en 2020 avec André Picot, directeur de recherche honoraire au CNRS et fondateur de l’association Toxicologie-Chimie de Paris, depuis décédé. Une figure scientifique qui donne suffisamment de poids à ces travaux pour qu’ils soient lus par la police scientifique française, notamment par Guillaume Groult.

      Les rares études internationales existant sur le sujet restent parcellaires mais donnent quelques pistes. La transformation du gaz CS en cyanure est démontrée chez les animaux en cas de forte exposition. Les effets sur la peau, le système respiratoire et les yeux sont aussi pointés par trois articles scientifiques de 2014, 2015 et 2017, qui regrettent tous les limites des données existantes sur les effets des gaz lacrymogènes et appellent à davantage de recherches.
      [...]
      « On utilise les gaz lacrymogènes sans connaître réellement leurs effets sur la santé et l’environnement. C’est alarmant », s’anime Lola Conte (Forensic Architecture). Idem pour Alexander Samuel, pour qui « il y a un vide juridique. On a une agence pour s’assurer de la sécurité sanitaire de l’alimentation, une pour les médicaments, mais, à ma connaissance, aucune n’a en charge la sûreté des produits chimiques utilisés pour le maintien de l’ordre ». Il a fait remonter l’affaire à la commission nationale de déontologie et d’alerte en santé publique en 2019. Celle-ci, après un bref échange avec le ministère de l’Intérieur en 2020, affirme à Libération avoir recommandé « que soit réalisée et rendue publique une expertise scientifique par une agence indépendante sur les conséquences possibles d’une exposition répétée des agents des forces de l’ordre aux gaz lacrymogènes, ainsi que des participants aux défilés et manifestations présentant des facteurs de vulnérabilité ». Une demande restée lettre morte depuis le 16 octobre 2020. Sollicité par Libé, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu.

    • Interrogé à l’écrit [*] deux ans plus tard par le député LREM dissident Sébastien Nadot sur une éventuelle toxicité, le ministère de l’Intérieur se réfugie derrière la loi et reporte la responsabilité sur ceux qui participent aux mobilisations : « Si une exposition résiduelle au produit lacrymogène peut être subie par des manifestants qui quittent la zone où elles sont lancées, ceux qui se maintiennent délibérément sur place sont auteurs, a minima, du délit prévu à l’article 431-4 du code pénal », à savoir continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations.

      « On a un ministère de l’Intérieur qui refuse toute discussion politique », critique Fabien Goa, d’Amnesty International. Pour ce spécialiste du droit de manifester, il est inquiétant que les autorités refusent de répondre précisément aux questions sur la surutilisation du gaz lacrymogène en France. « Il y a un déni systématique. Alors que la situation mériterait des enquêtes indépendantes et urgentes. » Selon lui, l’utilisation qui est faite en France ne respecte pas toujours le droit international. « Quand les gens n’ont pas la possibilité de se disperser avec un fort niveau de toxicité, ces situations doivent être reconnues comme un traitement cruel, inhumain, dégradant et peut-être potentiellement comme de la torture. »

      [*] https://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-31283QE.htm

  • Reportage à Mayotte avec les pro-wuambushu | Libé | 27.04.23

    https://www.liberation.fr/societe/avec-les-mahorais-pro-wuambushu-jai-peur-pour-mes-enfants-tous-les-jours-

    Près de 2 000 personnes se sont rassemblées à Chirongui, ce mardi 27 avril, en soutien à l’opération Wuambushu.

    Amina Abdallah est là pour ses trois enfants. « J’ai peur pour eux tous les jours. A 18 heures, on s’enferme chez nous pour ne plus en sortir. Mayotte est devenue une prison à ciel ouvert ! » dénonce-t-elle.

    Comme tous ici, Amina rend les Comoriens clandestins – environ un tiers de la population – responsables de l’insécurité hors norme qui empêche les Mahorais de vivre normalement.
    [...]
    Pour Attoumani Kamania, ce lien entre insécurité et immigration est évident. « Ce matin encore, un Comorien a menacé de me tuer, sachant que je venais manifester, souligne la militante du Codim, un autre collectif. Je le connais, il habite dans le bidonville d’Hamouro et passe son temps à voler dans nos champs ! »
    [...]
    La nuit précédente, de violents heurts ont une nouvelle fois opposé les forces de l’ordre à des bandes de jeunes armés de barres de fer et de machettes, dans le quartier de Doujani, dans la banlieue sud de Mamoudzou. Neuf policiers ont été blessés et deux personnes interpellées.

    • « Dans vos reportages, vous pleurnichez sur le sort des immigrés clandestins et oubliez le plus triste : les Mahorais qui n’en peuvent plus ». [...] « Nous, c’est notre quotidien, on est abandonnés à notre sort ! »

      Abandonnés par qui exactement ?

      Les Mahorais sont [presque] dans la même prison que les Comoriens, depuis plus de 20 ans ; et une partie des Comoriens sont en fait Français [en droit]. C’est intéressant, topologiquement, ce « pied » de la France au milieu des Comores ; une sorte de frontière extérieure, mais nonobstant soumise au droit du sol.

      Les proportions de population 2/3 vs 1/3 ont évolué comment ?

      https://www.mediapart.fr/journal/france/280423/mayotte-chronique-d-une-colonisation-consentie

      Dans les années 1960, alors que l’archipel des Comores se dirige vers l’indépendance, l’élite politico-économique de Mayotte met en œuvre un puissant lobbying pour se séparer des autres îles et obtenir la départementalisation. Aidée par les nostalgiques de l’empire français et par le contexte géopolitique, elle finira par l’emporter, au prix de nombreuses violences.

      par Rémi Carayol (Afrique XXI)

    • des nouvelles du front républicain à Mayotte :

      https://www.mediapart.fr/journal/france/300423/mayotte-l-operation-wuambushu-tres-vite-montre-ses-limites

      Le Figaro et Europe 1, puis Valeurs actuelles, n’ont ainsi pas hésité à publier le portrait de la juge, en mentionnant son nom et en remettant en cause son impartialité au prétexte d’une vieille adhésion au Syndicat de la magistrature, alors que la justice était déjà pointée du doigt par des collectifs mahorais l’estimant trop « laxiste » avec les auteurs de crimes et délits sur l’île.

      « On ne peut être juge et partie. Quand on est juge, on se respecte. Le harcèlement judiciaire coordonné entre les droits-de-l’hommistes et certains magistrats partisans, ça ne passera pas », a tweeté le député Les Républicains de la deuxième circonscription de Mayotte, Mansour Kamardine, en réaction à l’article d’Europe 1.

      Le procureur de la République, Yann Le Bris, a très vite apporté son soutien à la présidente du tribunal, expliquant que la justice devait « pouvoir travailler sereinement dans le respect du droit ». « Cela peut inquiéter d’autres magistrats qui seraient amenés à prendre des décisions en lien avec Wuambushu », alerte un haut fonctionnaire basé à Mayotte.

  • « Les casserolades, c’est très populaire et ça permet à tout le monde de participer » | Libé | 26.04.23

    https://www.liberation.fr/economie/social/les-casserolades-cest-tres-populaire-et-ca-permet-a-tout-le-monde-de-part

    Pour Lou Chesné, porte-parole de ATTAC [bientôt dissout :-) ], c’est le côté très accessible et populaire de cette forme de contestation qui explique son succès.
    [...]

    Comment est venue l’idée de faire une carte des casserolades et des rassemblements contre la réforme des retraites ?

    A Attac, on a une tradition d’accompagnement du mouvement social et de valorisation des évènements en lien avec celui-ci. On fait régulièrement des cartes pour visualiser les villes où ont lieu nos actions. Donc quand l’appel aux casserolades devant les mairies a été lancé avant l’allocution d’Emmanuel Macron, le 17 avril, c’était assez naturel pour nous de recenser tous les endroits où cela aurait lieu. Et de fil en aiguille, on a continué à le faire quand on a vu que ça prenait un peu partout pour les déplacements de ministres, du Président, etc. On essaie de mettre à jour la carte très régulièrement dans l’optique de rendre visible en un coup d’œil tous les déplacements et notamment tous ceux qui ont été perturbés ou annulés.

    Ça fonctionne comment ?

    C’est très artisanal parce que ce n’était pas une campagne anticipée de notre part. L’appel aux casserolades du 17 avril a si bien marché qu’on s’est retrouvés avec des centaines de mails sur l’adresse qu’on a créée (carte@attac.org) pour l’occasion. Les messages proviennent pas mal de gens localement implantés qui nous disent « il y a telle ou telle personne qui vient », et dans leur majorité, ce ne sont pas des militants d’Attac. Depuis, on est une petite dizaine de personnes à traiter manuellement les informations reçues et à placer les points sur la carte. On regarde également les appels passés sur les réseaux sociaux. Et on essaie de documenter et de rendre compte des mobilisations après qu’elles aient eu lieu, pas seulement de les annoncer. C’est très chronophage, ça nous prend plusieurs heures par jour. On a été un peu dépassés par le succès – nous avons cinq à six fois plus de trafic sur le site qu’en temps normal… (Rires)

    Comment expliquez-vous le succès de ces casserolades et le fait que le mouvement social ne retombe pas ?

    Finalement, les casserolades sont vraiment la suite logique de la mobilisation sans précédent contre la réforme des retraites. C’est un mouvement qui prend partout, jusque dans les plus petites villes. Car c’est un moyen très accessible et rudimentaire de mobilisation. C’est très populaire et ça permet à tout le monde de participer facilement, notamment les plus vieux, pour dire au gouvernement : « Vous voulez passer à autre chose ? On ne vous laissera pas faire car le peuple n’a pas été entendu. »

    Pour Emmanuel Macron, ceux qui manifestent avec des casseroles « ne cherchent pas à parler ». Qu’est-ce que vous lui répondez ?

    Ça fait trois mois qu’on essaie de parler sans être entendus. Attac et plein d’autres organisations ont fait un travail de décryptage en profondeur pour montrer les méfaits et les alternatives possibles à cette réforme. Et là, on a un président de la République – invisible et infoutu de venir discuter arguments contre arguments depuis janvier – qui réapparaît subitement. Et il faudrait qu’on écoute et qu’on vienne discuter. Mais il n’a pas envie de discuter avec nous, on le sait très bien.

    On voit que certains préfets tentent d’interdire les manifestations et l’usage des casseroles, notamment en prenant des arrêtés qui s’appuient sur des lois antiterroristes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Ça fait très peur et c’est à la mesure de la façon dont le pouvoir a traité le mouvement contre cette réforme des retraites. A la fois par le mépris et par l’instauration d’un régime autoritaire. Car on ne peut pas le nommer autrement : quand on interdit aux opposants politiques de s’exprimer, on est dans un régime autoritaire. S’appuyer sur des lois antiterroristes pour réprimer les mouvements de contestation populaire comme celui-ci, c’est dans la même veine que lorsque l’Etat fait des « fiches S » sur des militants écologistes ou des opposants politiques. Mais ce qui est intéressant et encourageant avec les casserolades, c’est que c’est tellement massif et tellement populaire que ça les déborde. Il y a une forme d’énervement des ministres, ce qui explique qu’ils ne parlent que de ça en ce moment.

    • Ouais didons ça fait beaucoup.

      La page d’Attac d’où sont tirées les données :

      https://france.attac.org/se-mobiliser/retraites-pour-le-droit-a-une-retraite-digne-et-heureuse/article/on-ne-les-lache-pas-la-carte-des-mobilisations

      22 avril

      Caen : Caravane du Service national universel. Blocage du « village SNU » par les manifestants !

      Maltot : Le député macroniste Freddy Sertin (suppléant d’Élisabeth Borne) devait tenir une permanence à la mairie de Maltot (14) de 16h à 18h. Une centaine de manifestants présents l’ont contraint à annuler une heure avant.

      21 avril

      Neuilly sur marne : François Braun devait se rendre à l’hôpital de Ville Evrard (Neuilly sur marne).

      Bobigny : Olivier Klein devait passer à la Bourse départementale du travail de Bobigny, il a finalement renoncé pour ne pas risquer la casserolade.

      Toulouse : La visite de Carole Grandjean à Toulouse a été annulée pour « raisons de sécurité ».

      Nesle : Bruno Le Maire et Christophe Béchu en déplacement. Un comité de non-accueil est prévu !

      Montreuil : Venue du ministre de la Santé François Braun au centre médical Cap Horn 55.

      La Baule : Olivia Grégoire à la Baule et à Guérande. Un comité de non-accueil est aussi prévu !

      Châteauroux : Elisabeth Borne en déplacement dans l’Indre.

      Fontaines : Visite d’Olivier Dussopt à 9h à l’entreprise Margaritelli à Fontaines.

      Montceau-les-Mines : Visite d’Olivier Dussopt à l’entreprise Novium à Montceau-les-Mines.

      Besançon : Venue du ministre des armées Sébastien Lecornu. Un comité de non-accueil est prévu !

      Belfort : Visite d’Olivier Becht, le ministre du commerce extérieur et de l’attractivité, à l’usine d’Alstom en début d’après-midi.

      Lons-le-Saunier : Venue de la ministre à l’égalité homme femme dans le Jura. Comité de non-accueil organisé par l’intersyndicale !

      Tricastin : Venue du ministre chargé de l’industrie Roland Lescure et de la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin dans la Drôme.

      Pau : repas officiel avec Gabriel Attal à la villa St Basil’s dans le quartier Trespoey.

      20 avril

      Montpellier : manifestation contre la venue d’Emmanuel Macron dans l’Hérault.

      Lunel : annulation du déplacement prévu d’Emmanuel Macron à Lunel.

      Ganges : Comité d’accueil à Ganges pour la visite d’Emmanuel Macron et de Pap Ndiaye au collège Louise Michel qui a été mis en sobriété énergétique. Casseroles, vuvuzellas et plots en plastique, tous « dispositifs sonores portatifs » interdits ! Une banderole « Macron dégage » a été hissée sur une façade rocheuse.

      Brignoles : Visite d’Olivier Véran dans le Var. Un comité de non-accueil est présent !

      Valence : Annulation de la visited’Eric Dupond Moretti.

      Dijon : Annulation de la venue d’Agnès Firmin Le Bodo à la conférence sur le thème de la fin de vie à Dijon à la salle Devosges.

      Bourogne : Comité de non-accueil pour Lecornu au 1er régiment d’artillerie à Bourogne, près de Belfort.

      Nanterre : Comité de non accueil pour la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra vers l’Arena de Nanterre.

      19 avril

      Agen : casserolade et mise en sobriété énergétique du bar qui accueillait le ministre de la Transition Numérique Jean-Noël Barrot (plus d’infos).

      Le Mans : casserolades au Mans et en forêt de Bercé pour accueillir Christophe Béchu.

      Pantin : casserolades lors de la visite de la ministre Carole Grandjean au CFA des métiers du luxe à Pantin, ainsi qu’à sa sortie.

      Pontault-Combault : comité de non accueil pour la visite de Yaël Braun-Pivet au Centre Social et Culturel de Pontault-Combault.

      Muttersholtz : casserolades et mise en sobriété de l’usine Mathis de Muttersholtz lors de la visite d’Emmanuel Macron.

      Nantes : le village du SNU plie bagage au bout d’1h et Sarah El Haïry renonce à venir faire un discours. Voir aussi l’article d’Ouest France : « Chahuté par des manifestants, le village du SNU plie bagage une heure après son ouverture à Nantes ».

      Sélestat : Emmanuel Macron hué lors de sa visite à Sélestat et interpellé par des habitants.

      18 avril

      Paris 13 : comité de non accueil pour Jean-Christophe Combe et Geneviève Darrieussecq en visite à la CAF de Paris

      Saclay : à 17h place Hubert Coudane à Orsay, comité de non-accueil pour Sylvie Retailleau à l’université Paris Saclay.

      Saint-Denis : casserolade pour accueillir Emmanuel Macron. Voir aussi la vidéo de l’Humanité ; « À Saint-Denis, Macron accueilli par des centaines de manifestants déterminés à ne rien lâcher »

      Chartres : comité de non-accueil lors de la venue d’Olivier Dussopt pour la mise en œuvre de la réforme des retraites.

    • @arno Jean-Marc Zulesi a pas aimé ses non-fraises :

      https://www.liberation.fr/economie/social/contre-les-casserolades-un-depute-renaissance-annonce-porter-plainte-2023

      « Merci pour le 49.3 », « on va travailler deux ans de plus grâce à vous », lui a lancé la grosse dizaine de manifestants qui portaient des pancartes où on pouvait lire : « Fiers des violences policières », « Zulesi, petit soldat de Macron ». C’en est trop pour le député qui a réagi ce lundi 24 avril dans un communiqué publié sur son compte Twitter où il annonce vouloir porter plainte. Jean-Marc Zulesi dénonce un « acte d’intimidation » et des « menaces » à son encontre depuis plusieurs mois et affirme ne plus pouvoir se « rendre sereinement à la rencontre de nos concitoyens à cause d’une poignée d’individus ». « Empêcher des représentants de la nation de mener leur mandat est un acte anti-démocratique fort. Derrière ces méthodes se cache une volonté de nuire, de toucher les élus afin de gagner en visibilité médiatique. Cette escalade de l’intimidation est intolérable. » Le député ne précise pas clairement le motif ni les personnes visées par sa plainte mais évoque un « harcèlement » dont il serait la cible.

      Début janvier, lors des débats sur la réforme des retraites, des affiches hostiles au projet avaient été collées sur les vitres de la permanence du député Renaissance. Il avait alors dénoncé une « méthode [qui] ne fait pas avancer le débat, mais le compromet ».

      Le pauvre, le voilà contraint d’assumer ?

    • https://www.liberation.fr/societe/education/la-visite-a-lyon-du-ministre-de-leducation-pap-ndiaye-fortement-perturbee

      La visite à l’Institut de formation des enseignants « n’est pas annulée, c’est inversé », le ministre se rendant d’abord au rectorat, puis à l’Inspe, a précisé le ministère. Lors d’un micro tendu au rectorat, Pap Ndiaye a confirmé qu’il allait se rendre ensuite à l’Inspe. Le programme de la visite communiqué aux médias ne faisait initialement pas mention d’un déplacement au rectorat.

      L’annonce - seulement deux heures avant - de son déplacement avait immédiatement suscité un appel sur les réseaux à accueillir le ministre dans le chahut. La petite centaine de personnes qui s’étaient rassemblées en comité d’accueil était munie de casseroles, poêles, seaux, boîtes de biscuits en fer-blanc, sifflets mais aussi cornes de brume et fumigènes.

      Note : on ment comme on peut au ministère
      Note : boîtes de biscuits en fer-blanc : bonne idée !

    • Les boîtes en fer blanc au niveau pression acoustique ça doit être beaucoup plus efficace que la casserole ! Bien joué ! Maintenant est-ce que ça va être classé « dispositif sonore portatif » par les autorités, j’ai hâte de voir.

      Sinon fait chier, #foutriquet devait venir à Toulon le 27, ça aurait été l’occasion de tester un truc (j’ai une jolie plaque d’inox dans la cave, quand on tape dessus ça fait un foin du diable), mais le pleutre a décommandé…

  • Rosa-Parks ou Angela-Davis ? #Valérie_Pécresse et #Pap_Ndiaye se querellent sur le nom d’un #lycée à #Saint-Denis

    Face à un début de polémique, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France a saisi le ministre de l’Education sur le choix du nom d’un lycée à Saint-Denis. Dans un courrier, consulté par « le Monde », Pap Ndiaye refuse d’y répondre, avançant des arguments historiques.

    L’affaire est partie d’une décision du conseil régional d’Ile-de-France : celle de changer le nom d’un lycée de Saint-Denis. Face à une polémique naissante, la présidente LR de la région, Valérie Pécresse, a demandé au ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, de se déterminer sur ce changement de dénomination, indique le Monde dans un article paru mardi 18 avril. La réponse du ministre de l’Education nationale ne s’est pas fait attendre. Dans un courrier, consulté par le quotidien du soir, l’ancien universitaire a adressé « une fin de non-recevoir » à Pécresse. Une décision en partie fondée sur une « question de droit », mais surtout sur des considérations historiques.

    Au cœur de cette polémique : le lycée polyvalent de la Plaine, à Saint-Denis. Inauguré il y a six ans, l’établissement scolaire de 1 200 élèves « n’a toujours pas de nom officiel », rappelle l’article. Depuis son ouverture pourtant, élèves, enseignants et habitants, « tout comme le site de l’Education nationale », « le désignent du nom de l’écrivaine et militante américaine Angela Davis ». Une dénomination non prise en compte par la région Ile-de-France, seule autorité à pouvoir décider du nom officiel de l’établissement selon le code de l’éducation.

    Une figure « trop conflictuelle »

    Fin mars, Valérie Pécresse a alors relancé le débat. Elle a proposé de baptiser l’établissement du nom de Rosa Parks, une autre figure du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Une personnalité, selon elle, « plus consensuelle », écrit le Monde. « Le conseil d’administration du lycée avait pourtant validé le nom d’Angela Davis dès mai 2018, soutenu par le maire de Saint-Denis de l’époque », développe le quotidien. La proposition a fait réagir les enseignants de l’établissement, « choqués » de ne pas y avoir été associés. Face à ce début de controverse, l’ancienne candidate à la présidentielle a saisi le ministre de l’Education nationale et le préfet de la région pour trancher.

    Dans une lettre du 31 mars destinée à Pap Ndiaye, Valérie Pécresse avance notamment la « radicalité d’ex-Black Panthers » d’Angela Davis pour justifier son choix. Les prises de position de la militante sont, d’après l’élue, trop « conflictuelle[s] pour incarner la sérénité qui doit prévaloir dans un établissement scolaire ». Des arguments balayés par Pap Ndiaye dans sa réponse. Semblant « délaisser sa casquette de ministre pour reprendre celle de l’universitaire », note le Monde, le spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis et des minorités estime que l’opposition suggérée entre Rosa Parks et Angela Davis est « trop simple ». Il rappelle aussi que de nombreux établissements scolaires puisent leur nom dans des références « qui ne font pas nécessairement consensus ».

    Une réponse loin de satisfaire la présidente du conseil régional d’Ile-de-France. Interrogée par le Monde, Valérie Pécresse a affirmé donner deux mois à la communauté éducative du lycée de Saint-Denis pour lui soumettre un nouveau nom. Faute de quoi, celui de Rosa Parks sera gardé.

    https://www.liberation.fr/societe/education/rosa-parks-ou-angela-davis-valerie-pecresse-et-pap-ndiaye-se-querellent-s
    #toponymie #toponymie_politique #dénomination #Rosa_Parks #Angela_Davis

  • Dialogue entre les architectes Paul Chemetov et Marc Mimram : « Les bâtiments actuels sont des m² au lieu d’être des m³ de sens » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/ville/dialogue-entre-les-architectes-paul-chemetov-et-marc-mimram-les-batiments
    https://www.liberation.fr/resizer/NQfBpVw2OK8PuLkH29SKCBDvXhY=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2750x773:2760x783)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/UT6PDBVKHFHYHKNO3GGEE6PVAA.jpg

    Quel est le projet qui favorise le mieux la transversalité, le passage de témoin, d’une époque à une autre, c’est ça la question. Il faudrait trouver un terme équivalent à celui de « malbouffe ». Le « mal foutu », le « malbâti » ? Construire, ce n’est pas seulement empiler des m² ! Or nous vivons dans un temps où les collectivités transfèrent leurs droits aux entreprises. Le reproche que l’on peut faire aux bâtiments actuels, c’est que ce sont des m² au lieu d’être des m³ de sens. Construire, ce n’est pas seulement un métier, c’est beaucoup plus que ça, c’est une vie, un penchant, une addiction. On est dans un monde où la question de la marge financière l’emporte sur la question de l’usage, du sens. Je comprends dans ces conditions pourquoi les jeunes gens se réfugient dans le petit. Ils veulent garder la maîtrise plutôt que d’être mangés tout crus.

    L’ennui, c’est qu’il faut vivre pour avoir vécu. On ne peut pas être méprisant avec ces jeunes gens car nous l’avons été, jeunes. Mais nous avons été portés par les Trente Glorieuses, par cette marée qui a urbanisé la France, bien et mal, et même les miettes qu’on nous a laissées suffisaient pour s’accomplir. Prouvé disait : l’architecture, c’est ce qui permet des jours meilleurs. Est-ce toujours vrai aujourd’hui

  • L’ère post-Covid est celle de la post-vérité | Libé | 18.04.23

    https://www.liberation.fr/societe/sante/lere-post-covid-est-celle-de-la-post-verite-20230418_XCJPTYH6OFCPNN6ZW7JC

    Nous sommes, comme l’écrit l’épidémiologiste Antoine Flahault, « dans l’incapacité d’estimer l’incidence de Sars-coV-2 en France. L’activité de tests s’est effondrée, y compris à l’hôpital. Les eaux usées ne sont pas analysées, le pays ne dispose plus d’une veille sanitaire fiable vis-à-vis du Covid-19 ». Les cas positifs ne sont plus déclarés, ou très aléatoirement.
    [...]
    En consultation, malgré le déni ambiant, nous voyons beaucoup de patients présentant une fièvre, des symptômes ORL ou respiratoires, qui ont pratiqué en amont un autotest Covid, et à qui nous devons expliquer que malheureusement leur technique est mise en défaut avec les variants actuels, qui nécessitent la réalisation d’un test PCR.

    • Le Covid est toujours là, mais, comme le tweete Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique et directeur d’Epi-Phare, une structure publique de surveillance épidémiologique des médicaments : « Un des rares indicateurs actuels du suivi de la reprise épidémique est la pifométrie : c’est la multiplication des cas dans l’entourage familial, amical et professionnel ! » En consultation, malgré le déni ambiant, nous voyons beaucoup de patients présentant une fièvre, des symptômes ORL ou respiratoires, qui ont pratiqué en amont un autotest Covid, et à qui nous devons expliquer que malheureusement leur technique est mise en défaut avec les variants actuels, qui nécessitent la réalisation d’un test PCR.

    • La pandémie est banalisée, effacée. La dangerosité du virus, la transmission aérosol, le risque de développer des séquelles neurologiques, vasculaires, immunitaires, pulmonaires, sont des faits établis et pourtant ignorés. Bientôt, comme la grippe espagnole de 1919, « America’s Forgotten Pandemic », le Covid sera oublié. Ses négationnistes, qui maudissaient les mesures barrières et dénigraient le vaccin, ont eu gain de cause. Leur long combat a rejoint celui de l’exécutif : nier la pandémie, nier le risque, nier les morts, reprendre une activité habituelle en laissant sur le côté les vulnérables et ceux qui héritent d’un Covid long, de séquelles invalidantes.

      Nous sommes, comme l’écrit l’épidémiologiste Antoine Flahault, « dans l’incapacité d’estimer l’incidence de Sars-coV-2 en France. L’activité de tests s’est effondrée, y compris à l’hôpital. Les eaux usées ne sont pas analysées, le pays ne dispose plus d’une veille sanitaire fiable vis-à-vis du Covid-19 ». Les cas positifs ne sont plus déclarés, ou très aléatoirement.

      Alerter sur la remontée de l’incidence dans d’autres pays, comme en Inde, où 200 écoles privées de Delhi ont à nouveau rendu le masque obligatoire en classe, n’aurait aucun effet. Collectivement, nous avons décidé de rejouer les trois singes : ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre.