les prisonniers américains désormais privés de lecture

?origin=newsletter

  • Washington : les prisonniers américains désormais privés de lecture
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/washington-les-prisonniers-americains-desormais-prives-de-lecture/94203?origin=newsletter

    Alors que les études confirme le fait que la lecture de roman permet de développer l’empathie, voici une excellente politique à long terme. Comme toujours, les questions « budgétaires » servent à détruire du lien social et la construction réelle d’un futur vivable. Mais le budget, c’est tous les ans, n’est-ce pas ?

    C’est en toute discrétion que le Département de l’administration pénitentiaire de l’État de Washington (États-Unis) a adopté une nouvelle politique en mars 2019, visant à interdire le don de livres à des prisonniers via des organisations à but non lucratif. N’ayant pas été mise au courant, l’association Books to Prisoners, qui distribue des livres aux prisonniers depuis le début des années 1970, se dit « prêt à combattre » cette décision. Le Département assure pourtant avoir mis en ligne un communiqué sur leur site à ce propos.

    (Photo d’illustration : sammisreachers - Pixabay License)


    Un sous-effectif dans les salles de courrier

    L’une des raisons principales évoquées pour ce changement est le manque de personnel dans les salles de courrier. Avec un effectif restreint, il serait impossible de vérifier correctement le matériel envoyé aux prisonniers, qui pourrait cacher des produits de contrebande.

    Par conséquent, cette nouvelle politique limite les livres acceptés par la Washington State Library (WSL), l’organisme gouvernemental chargé de distribuer des collections de livres dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques américains. Elle utilisait notamment des livres de la bibliothèque de la ville de Monroe (Washington), destinés pour la plupart aux établissements correctionnels du comté de Snohomoish et à ceux achetés par les prisonniers inscrits au préalable à des librairies de leur quartier.

    De plus, la Washington State Library (WSL) ne disposerait plus de fonds ou de ressources supplémentaires afin de continuer cette mission. Interrogés par le Book Riot à ce propos, les membres de l’association Books for Prisoners assurent avoir parlé aux membres de la WSL et confirment les rumeurs : « Ils ne disposent ni d’employés spéciaux ni de procédures de contrôle, et ils ne peuvent pas recruter du personnel supplémentaire car ils ne reçoivent pas d’argent pour faire face à l’afflux de livres. La politique les utilise comme un pion. »

    L’association souligne également qu’une telle décision pourrait limiter de manière considérable l’accès à la littérature pour les personnes incarcérées.

    12.000 prisonniers potentiellement privés de lecture

    Books to Prisoners envoie des livres gratuits à des prisonniers de tout le pays depuis 1973. Ils notent dans un tweet que « des tentatives d’interdiction arrivent parfois, comme tout récemment par le Département de l’administration pénitentiaire de Pennsylvanie en 2018, toujours en utilisant la même excuse approximative concernant la "sécurité". En 45 ans, nos livres n’ont jamais eu de contrebande ».

    « Étant donné que nous envoyons des livres sans numéro depuis 1973 et que nous sommes actuellement en contact avec 12.000 prisonniers dans presque tous les États du pays, il serait déconcertant, après 46 ans de travail en tant qu’organisation à but non lucratif primée, que nous ayons décidé de commencer à envoyer des produits de contrebande », a ajouté l’association.

    Des manuscrits écrits en
    prison exposés à la BnF

    Une pétition contre la nouvelle politique a été lancée le 31 mars 2019 par l’association américaine et aurait récolté à ce jour au moins 5000 signatures.

    D’autres États américains, dont New York, avaient déjà mis en place des interdictions similaires par le passé et ont réussi à être levés, notamment grâce à l’intervention de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU). Le but de cette dernière est de veiller à ce que les prisonniers aient accès à la littérature et l’éducation malgré leur incarcération.

    #Lecture #Prisons