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  • Grande America. « On s’aperçoit qu’on ne peut pas gérer ce type de sinistre » [Vidéo] - Bretagne - LeTelegramme.fr
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    Yannick Le Manac’h, ancien inspecteur des Affaires maritimes, a rendu un rapport, en novembre 2018, sur le risque d’explosion et d’incendie à bord des porte-conteneurs.
    Photo Olivier Paris

    En pleine actualité du naufrage du Grande America, #Vigipol a prolongé son comité syndical, ce samedi, à Lannion, par une table ronde sur le risque d’incendie à bord des porte-conteneurs. Yannick Le Manac’h, l’un des experts bénévoles du syndicat mixte de protection du littoral breton, livre son analyse.

    Votre étude de novembre 2018 sur le risque d’incendie à bord des porte-conteneurs avait un côté prémonitoire. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?
    Je m’y suis intéressé parce qu’on a constaté, au cours des dix dernières années, une recrudescence des accidents de ces porte-conteneurs, en particulier des accidents liés au transport des marchandises dangereuses.

    Le cas du Grande America est-il différent des précédentes catastrophes ?
    Absolument, parce que le Grande America n’est pas un porte-conteneurs stricto sensu, c’est un bateau mixte qui transporte prioritairement des engins et des véhicules et accessoirement des conteneurs.

    Et il ne s’agissait pas de ce qu’on appelle parfois un navire poubelle…
    Absolument pas. Les médias se sont un peu avancés en considérant qu’il s’agissait d’un navire poubelle, mais rien ne permet de l’affirmer. Il a été évoqué que le bateau avait subi quelques inspections dans le cadre du « port state control », le contrôle des navires étrangers par l’État du port, et que deux ou trois prescriptions avaient été relevées, ce qui est tout à fait normal. Quand un contrôle se solde sans aucune prescription, quelquefois on peut douter de la portée de ce contrôle. C’est un bateau qui est géré par une compagnie que l’on connaît, avec une société de classification qui est reconnue (…). Maintenant, c’est du matériel de peu de valeur qui transite vers l’Afrique de l’Ouest, donc l’intérêt est de charger le plus possible le bateau pour pouvoir le rentabiliser.

    Êtes-vous inquiet pour le littoral breton ? Les risques de pollution sont-ils complètement écartés ?
    Je ne pense pas qu’ils soient totalement écartés. Il peut y avoir des résurgences de pollutions insidieuses dans les semaines, et peut-être dans les mois et les années qui suivent, à l’image du _Peter Sif _qui avait coulé au large d’Ouessant.

    À chaque nouvelle catastrophe maritime, on entend « plus jamais ça ! ». Ne ressentez-vous pas une forme d’impuissance ?
    C’est ce qui m’avait amené à faire ce rapport sur le danger d’explosion et d’incendie à bord des porte-conteneurs. En fait, on s’aperçoit qu’on ne peut pas gérer ce type de sinistre. Ce sont des combustions qui sont spontanées, dans la plupart des cas, et si l’équipage n’est pas à même de combattre l’incendie dans les minutes qui suivent, il n’y a plus aucune issue, il est obligé d’abandonner le navire. Et on se retrouve dans des scénarios que l’on connaît depuis le Flaminia. La seule solution, c’est d’essayer de refroidir la cargaison en feu par les moyens extérieurs d’assistance, puis de gérer le navire dans son errance.