Les Glasgow Rent Strikes de 1915 ou quand la désobéissance civile des femmes contraint le législateur

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  • Les Glasgow Rent Strikes de 1915 ou quand la désobéissance civile des #femmes contraint le législateur
    https://journals.openedition.org/lisa/970

    "On voit à travers ces portraits succincts que, pour ces femmes, les grèves de loyers constituaient une lutte parmi d’autres dans le long chemin menant non pas tant à l’émancipation de leur sexe mais plutôt à celle de leur classe, laquelle déboucherait nécessairement sur l’égalité et la dignité pour les hommes et pour les femmes. La mobilisation de 1915 s’inscrivait dans une lutte plus générale, qui passait parfois par l’opposition à une guerre capitaliste et impériale, parfois par le combat pour le droit de vote des femmes, finalement octroyé en 1918 et 1928. Cette multiplicité des batailles à livrer n’empêchait pas ces femmes, comme d’autres, de s’investir totalement, en 1915, contre les hausses de loyers.

    On notera plus loin que le législateur, compte tenu notamment des circonstances exceptionnelles de 1915 et du caractère éminemment stratégique de Glasgow dans l’industrie d’armement, fut contraint de céder aux femmes et à leurs familles mobilisées, et de fixer le montant des loyers, au moins pendant la durée du conflit. Après plusieurs mois de refus de paiement, des milliers de familles de Govan, Partick, Springburn et Kinning Park illustrèrent l’efficacité de la désobéissance civile de façon assez exemplaire. Action collective, action qui requiert une visibilité maximale (par opposition à l’acte délinquant, qui doit rester caché), action enfin qui passe invariablement par le refus de faire, d’acheter, ou ici de payer quelque chose en revendiquant d’être porteur d’un « autre droit », la désobéissance civile décrite ici, qui s’apparente à un boycott, est d’autant plus remarquable qu’elle émane principalement de femmes ne pouvant pas, à l’époque, exprimer un point de vue politique par le biais du vote aux élections."