Comment le détournement satirique d’une affiche du gouvernement devient une « provocation à un crime ou délit »
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... A cette mauvaise foi sémiologique, s’ajoute un autre problème de fond, à savoir l’autorité dont disposerait l’auteur d’une telle oeuvre pour exiger que les personnes la consultant obéisse à cette « provocation ». S’il y a bien un constat sur lequel tous les observateurs s’accordent c’est que dans ce mouvement des gilets jaunes, les idées comme l’organisation circulent de manière horizontale et que le rejet de tout commandement du haut vers le bas est systématique. On ajoutera d’ailleurs que c’est certainement ce qui est moqué en premier chef par l’affiche détournée : les consignes auxquelles on enjoint les citoyens apeurés d’obéir. Derrière cette narration sécuritaire, il y a une logique discursive martelée depuis les attentats du 13 novembre 2015. Au point que certains y voient une instrumentalisation des attaques dans le but de produire une unité nationale et un soutien inconditionnel au gouvernement, gommant au passage les conflits politiques et sociaux.
C’est d’ailleurs peut-être à cet endroit que réside la charge subversive de ce détournement. Non pas dans la possible « provocation à un crime ou à un délit », mais dans le fait de moquer l’usage gouvernemental de ces consignes de sécurité et de retourner le statut du citoyen, victime inoffensive qui n’a d’autre choix que de s’en remettre à l’action de la police...