Associations d’aide aux migrants à Paris en grève : « Si on s’arrête, la situation peut exploser »

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    À Paris, une quinzaine de structures d’aides aux migrants se sont mises en grève mardi. Elles souhaitent par cette action inédite dénoncer la dégradation de la situation des réfugiés dans le nord-est de la capitale, et réclament davantage d’engagement des pouvoirs publics.

    C’est une première pour les nombreuses associations qui viennent en aide aux réfugiés à Paris. Mardi 9 avril, elles ont décidé de se mettre en grève. “Face à la situation dramatique des personnes à la rue dans le nord-est parisien, les collectifs citoyens et les associations venant en aide aux exilé.e.s suspendent leurs activités le mardi 9 avril pour dénoncer l’action des pouvoirs publics”, explique un communiqué, signé par 17 structures, publié le 3 avril dernier.

    Pour marquer son mécontentement, Médecins du Monde a décidé de fermer les portes du centre d’accueil du 12e arrondissement. La permanence mise en place porte de la Chapelle (18e) n’a pas non plus été assurée.

    "Nous avons décidé d’arrêter pour la journée les maraudes de mises à l’abris des migrants qui dorment dans la rue et en même temps de ne pas assurer la distribution des couvertures pour ceux qui en ont besoin. Seule la distribution des repas est assurée par certaines associations", explique de son côté Yann Manzi, d’Utopia 56 Paris, également mobilisée.

    Dénoncer la situation dans le nord de Paris

    "On souhaite par cette grève dénoncer un cycle infernal dans le nord-est de Paris, fait de campements, de démantèlements, de dispersions et de harcèlements policiers avec des camps repoussés de Jaurès à la périphérie de la capitale. Cela constitue une stratégie lugubre d’invisibilisation des réfugiés de la part de l’État", estime Louis Barda, coordinateur de l’association Médecins du monde (MDM) à Paris.

    Sur le terrain, le militant observe la dégradation de la situation pour les réfugiés à Paris. Nombre d‘entre eux souffrent de pathologies médicales qui sont celles de la rue : maladies respiratoires, maux de têtes à cause de la pollution et du bruit mais aussi problèmes dentaires et dermatologiques…

    Mais ce sont les tourments psychiques liés à leur situation qui le frappent le plus : "Après les souffrances endurées dans leur pays, puis celles du périple, au bout du parcours, en France, ces personnes se retrouvent à dormir sous le périphérique et sont dans une impasse administrative. Les récits que font les gens au sein notre permanence de la porte de La Chapelle sont glaçants, ils n’ont plus d’espoir".

    Cette grève en forme de "coup de gueule" est le point culminant de l’exaspération grandissante des acteurs de terrain : "Depuis trois ans il n’y a aucune volonté politique d’aider ces gens. On veut des actes forts de mises à l’abri. Que l’on sécurise au moins les campements. Sur ces lieux il n y a que les collectifs citoyens qui agissent, en substitution complète des pouvoirs publics", insiste-t-il.

    "On met des pansements là où l’Etat ne va plus"

    C’est également ce qu’affirme le communiqué commun des associations : "En distribuant chaque semaine à Paris et dans sa proche périphérie près de 15 000 repas ; 1 600 vêtements, tentes et duvets ; en assurant 290 consultations médicales ; en proposant à 700 personnes une information sur leurs droits ; et en offrant à des familles et des mineurs 600 nuitées solidaires, les collectifs citoyens et associations présents sur le terrain sont de véritables acteurs de la paix sociale ». « On met des pansements là où l’État ne va plus et si on s’arrête, la situation peut exploser", renchérit Louis Barda.

    "Nous savons que les migrants vont être pénalisés par la grève, c’est pourquoi elle ne durera qu’une seule journée, mais nous étudions la possibilité de la renouveler prochainement", explique Yann Manzi

    Les démantèlements à répétition sans solution de prise en charge pour nombre de personnes préoccupent particulièrement les associations.

    Jeudi 4 avril, une nouvelle évacuation a eu lieu porte de la Chapelle à Paris. Si 321 personnes ont été emmenées dans des centres d’hébergement, environ 200 n’ont pu être prises en charge.

    Entre 900 et 1 800 migrants ont été recensés mercredi dernier sur l’ensemble des campements parisiens, et la ville redoute une dégradation avec la fin de la trêve hivernale et l’arrivée de migrants plus nombreux au printemps.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/16202/associations-d-aide-aux-migrants-a-paris-en-greve-si-on-s-arrete-la-si
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