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  • Pourquoi ne parle-t-on quasiment plus des morts du Covid ? | Laure Dasinieres
    http://www.slate.fr/story/223140/pourquoi-parle-quasiment-plus-morts-du-covid-indicateur-politique-medias-salom

    Aujourd’hui, alors que Covid Tracker rapporte une moyenne de 264 décès hospitaliers chaque jour causés par le Covid et que neuf enfants sont morts des suite de l’infection ces six derniers mois, la mortalité du virus semble invisibilisée. On a l’impression que les médias, les instances de santé et le gouvernement n’en parlent plus, à l’instar de Jean Castex lors de sa conférence de presse du 20 janvier 2022 où les termes « morts » ou « décès » n’ont pas été prononcés. Il en va de même pour les derniers avis du Conseil scientifique.

    Pourtant, comme le martèle l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola, directrice de recherches émérite à l’Inserm et membre de l’Académie des sciences : « On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien. Nous sommes face à un excès de mortalité depuis plusieurs semaines en France. En outre, le nombre de décès reste un indicateur pertinent, même si c’est un indicateur tardif. » Car le Covid, qui a déjà causé 130.000 décès en France, n’a vraisemblablement pas dit son dernier mot.

    Que s’est-il passé ? Sommes-nous devenus insensibles ou cyniques ? Nous sommes-nous habitués à ce que l’équivalent des passagers d’un airbus décède quotidiennement des suites de l’infection virale ?

    [...]
    Incontestablement d’autres phénomènes rentrent en ligne de compte. Le Dr Christian Lehmann, médecin généraliste et écrivain, auteur du « Journal d’épidémie » dans Libération avance : « Il y a une habituation, sinon un mithridatisation face à l’annonce des décès quotidiens. Trois cents par jour est une sorte de “new normal”. Et puis, les gens en ont marre de la situation et sont déboussolés. Quand on ne dénombre pas les morts, c’est plus facile de les oublier. »

    Un autre élément est également venu changer la donne : la vaccination, en faisant baisser le taux de mortalité. « Avoir le Covid aujourd’hui n’est pas pareil que d’avoir le Covid il y a dix-huit mois. Pour les personnes vaccinées non immunodéprimées, les risques d’en mourir sont quasi nuls. Elles ne se considèrent plus comme en danger. Et les antivax non vaccinés estiment qu’il n’y a pas de morts. Alors ce n’est plus un problème. La mort est loin, elle est pour les vieux et les malades. Seules les personnes emphatiques [empathiques !?] y portent encore un intérêt », estime Christian Lehmann.

    Dominique Costagliola abonde dans son sens. « Nous avons un rapport à la mort complexe, détaille la membre de l’Académie des sciences. Quand elle est à distance, elle indiffère. Les gens finissent par trouver normal que des personnes âgées ou fragiles décèdent. “Ce n’est pas si grave, elles seraient mortes de toute façon” semblent-ils penser. Il y a une forme de cynisme et d’individualisme là-dedans : nous ne sommes plus là pour nous protéger les uns des autres. » Et de fait, la protection offerte par les vaccins n’est qu’individuelle.

    Pour Christian Lehmann, il y a également une volonté politique d’invisibiliser les morts : « Les morts d’aujourd’hui sont les morts de la vague Blanquer. Ils témoignent d’un réel échec du politique. Compte tenu des échéances électorales, mieux vaut ne pas en parler. »

    En outre, selon le généraliste, les morts du Covid n’arrangent personne, ni à droite, ni à gauche. « Pour la droite, et dans une logique productiviste, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, autrement dit, on ne pourrait pas relancer l’économie sans dommages collatéraux. Et, à l’extrême gauche, il existe chez certains une forme de négationnisme comparable à celui des rouges-bruns des années 1980-90 qui niaient la Shoah. Nier les morts permet de servir un projet politique. »

    Pour répondre à notre question, nous avons également contacté Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, qui n’a pas donné suite.

    #covid-19 #mortalité

  • Les biais de confirmation sont de puissants moteurs du #complotisme | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/223149/biais-confirmation-cognitifs-complotisme-cerveau-anti-vaccins

    « C’est fascinant de voir à quel point notre subjectivité nous aveugle… Les biais cognitifs sont des mécanismes de pensée qui raccourcissent notre réflexion, par gain de temps, quand on est confrontés à des situations qui se ressemblent, et expliquent les amalgames qu’on va effectuer. Il est intéressant de noter que notre cerveau y a recours pour conserver son énergie. Clairement, il est beaucoup plus simple de ne jamais remettre ses idées en cause, et de les considérer comme vérités. Tous ces mécanismes se jouent lorsqu’on est sûr de quelque chose et, comme par magie, nous allons surestimer tout ce qui va confirmer notre théorie et sous-estimer tout ce pourrait l’infirmer. » — (...)

    #critiquedelinfo #neuroscience #psychologie

  • Les traces d’une ancienne tempête solaire inquiètent les scientifiques | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/222857/les-traces-dune-ancienne-tempete-solaire-inquietent-les-scientifiques

    Notre Étoile est pleine de surprise. Alors que l’on pensait que les éruptions solaires majeures avaient lieu lors de périodes d’activité intense du Soleil, une récente découverte montre que ce n’est pas toujours le cas. Il y a environ 9.200 ans, un gigantesque « tsunami » solaire s’est déchaîné au moment même où son activité était faible, rapporte Science Alert.

    Cet important événement a laissé des traces enfouies sous la glace du Groenland et de l’Antarctique : des isotopes radioactifs de béryllium-10 et de chlore-36. Ces derniers sont notamment produits par l’arrivée de particules cosmiques de haute énergie issues d’une éruption solaire et propulsées jusqu’à la Terre. En analysant ces traces, les chercheurs de l’université de Lund, en Suède, ont pu dater et évaluer l’intensité de cette tempête. Et ce qu’ils ont découvert ne les rassure pas.

    Leur analyse a en effet montré qu’un énorme « tsunami » solaire, bien plus important que tout ce qui a été enregistré dans l’histoire récente, s’est écrasé contre l’atmosphère terrestre il y a environ 9.200 ans. Une période pourtant connue comme étant l’une des moins actives de notre Étoile, ce qui chamboule totalement nos connaissances sur ces éruptions.

    Pourquoi cette découverte inquiète-t-elle les scientifiques ? Si ces derniers n’ont toujours pas compris comment prédire ces événements dévastateurs, ils pensaient néanmoins qu’ils se produisaient lors d’activités intenses du soleil. Cette découverte montre que les éruptions majeures peuvent en fait avoir lieu à n’importe quel moment, ce qui les rend encore plus imprévisibles et dangereuses.

    Ce type de tempête n’est pas à prendre à la légère. Elles sont une véritable menace pour notre société, selon les auteurs de l’article, qui mettent en avant la nécessité de mieux les prévoir pour s’en défendre. Pannes mondiales de courant et d’internet, satellites perturbés, effondrement des communications : les scénarios sont multiples si jamais l’une d’entre elles aussi intense venait à frapper la terre aujourd’hui.

    Pour l’heure, un événement du genre fait office de référence : l’événement connu sous le nom de Carrington, survenu en 1859, rapporte Live Science. À l’époque, les fils télégraphiques avaient pris feu. Plus proche de nous, en mars 1989, une autre de ces éruptions solaires avait plongé pendant neuf heures six millions de Québecois et Québécoises dans le noir et dans le froid. Ça promet.

    • Le risque de blackout est-il réel ?​ — Grégoire Chambaz - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=u9sau9f1FCM

      « Le risque de blackout est-il réel ? »​

      Conférence de Grégoire Chambaz donnée le 16/05/2019 à l’Inria Grenoble dans le cadre du cycle « Comprendre et Agir » :
      https://team.inria.fr/steep/les-confe...
      S’abonner à la « newsletter » du cycle : https://sondages.inria.fr/index.php/2...

      00:16 Prologue
      09:52 Introduction
      12:35 Definition du blackout
      14:58 Mécanismes du blackout
      17:57 Déclencheurs possible d’un blackout
      19:53 Durée et persistance d’un blackout
      26:44 Conséquences d’un blackout
      30:12 Effet domino
      34:35 Risques et dangers
      37:11 Un risque terminal ?
      41:04 De la science fiction ?
      42:30 Le risque de tempête solaire
      47:24 Le risque d’impulsion électromagnétique
      51:21 Le risque des cyberattaques coordonnées
      53:26 Le risque d’attaques coordonnées
      56:01 Pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?
      59:58 A Retenir

      Bio : Grégoire Chambaz est rédacteur adjoint à la Revue Militaire Suisse (RMS), membre du Centre d’histoires et de prospectives militaires et officier dans l’armée suisse (capitaine).
      Spécialiste de la durabilité, ses recherches actuelles portent sur les processus d’effondrement des sociétés complexes, les risques et dangers existentiels (dont le blackout) et les impacts sécuritaires des trajectoires anthropocèniques.
      Il a rédigé pour la RMS plusieurs dossiers (entre autres) sur les réactions des institutions et des individus après les catastrophes, les impacts du changement climatique sur la sécurité ainsi que sur le risque de blackout.

      Résumé : Le blackout désigne l’interruption de l’alimentation d’une région en courant électrique. Il s’agit d’un phénomène méconnu du grand public, mais craint chez les spécialistes. Les conséquences d’une telle interruption sont variables, selon l’aire touchée, la durée de l’interruption et les capacités de résilience de la zone affectée. De la perturbation et du choc des premiers temps, le manque d’électricité peut rapidement se transformer en risque très dangereux à pratiquement tous les niveaux. Parler de ce risque, c’est reconnaître la dépendance vitale de nos sociétés à un approvisionnement électrique ininterrompu. Cela indique aussi la vulnérabilité croissante de nos activités et infrastructures, alors que nous nous engouffrons dans le tout-numérique. Face au risque de blackout, nos sociétés sont-elles résilientes, durables même ?

  • [ ’ttention ça pique, on est chez l’ennemi, et Samantha n’y va pas de main morte. Je suis en train de lire sa bio, et elle arrive à se décrire à 13 ans avec énormément de justesse et de dignité. C’est aussi très libérateur comme lecture (pour ma part), très nuancé, très juste.]

    Samantha Geimer : « Personne n’est en droit de dire à une victime ce qu’elle doit penser » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/187944/interview-samantha-geimer-affaire-roman-polanski-victime-viol-violences-sexuel

    Demander à toutes les femmes de supporter le poids de leur agression, mais aussi de l’indignation de tout le monde pour l’éternité, c’est cracher au visage de toutes celles qui se sont rétablies et qui sont passées à autre chose.

    Rameuter les victimes pour sanctionner des gens qui se sont mal comporté, c’est les victimiser davantage. Personne n’est en droit de dire à une victime ce qu’elle doit penser et comment elle doit se sentir. Lorsque vous refusez qu’une victime pardonne et tourne la page pour satisfaire un besoin égoïste de haine et de punition, vous ne faites que la blesser plus profondément.

    Une victime a le droit de laisser le passé derrière elle, et un agresseur a aussi le droit de se réhabiliter et de se racheter, surtout quand il a admis ses torts et s’est excusé.

    #Samantha_geimer

    • Quel agresseur voudra admettre ses torts si son crime est une dette qu’il ne pourra jamais payer ? Et quelle victime voudra dénoncer son agression si elle lui colle pour toujours à la peau ?

    • Peu de gens savent que vous avez poursuivi Polanski au civil en 1988 pour agression sexuelle, après avoir découvert qu’il enjolivait ce qu’il vous avait fait dans son autobiographie. Ni que vous avez gagné, cinq ans plus tard. À l’époque, bien avant l’apparition de Google, cette ignorance tombait sous le sens, car votre avocat avait eu la bonne idée de mal orthographier Polanski (« Rpolanski ») dans votre plainte, pour camoufler votre dossier aux yeux de la presse. Mais aujourd’hui, qui plus après la publication de votre livre qui détaille tout de A à Z, on a l’impression qu’il en va davantage d’une vérité plus complexe que le résumé « Polanski s’est soustrait à la justice et Geimer n’a jamais obtenu gain de cause ».

      En réalité, Polanski s’est soustrait à une injustice dont nous avons tous les deux été victimes. Lui parce que le juge n’a pas respecté son accord et, sous la pression médiatique, a laissé entendre qu’il pouvait lui infliger une peine de prison de cinquante ans. Moi parce que la procédure pénale n’a pas abouti.

      Peu de gens savent également que lorsque Roman a pris la fuite, j’avais moi aussi été mise dans un avion pour quitter la Californie, parce que le juge envisageait un procès à grand spectacle et que je sois citée à la barre alors que nous voulions, avec ma famille et mon avocat, préserver mon anonymat. Mais je suis très contente que Roman ait pris cette décision.

      Voilà la vérité, pure et simple. C’est cette injustice qui me poursuit depuis quatre décennies, pas ce que Polanski m’a fait chez Jack Nicholson. Avec la procédure civile, j’ai pu obtenir la justice que la cour pénale m’avait refusée, mais Polanski, lui, reste toujours victime d’un système corrompu et d’un juge immoral.

      #polanski

    • Il faut prendre soin des victimes de viol et les aider à s’en remettre, mais croire qu’elles seront pour toujours ravagées, les obliger à plier sous le poids de leurs souffrances est tout bonnement ridicule.

    • Vouloir que les victimes aient perpétuellement mal, comme si c’était la seule manière de prouver qu’un viol est un crime, est aussi terrible qu’absurde. C’est une autre manière de contraindre les femmes, de les contrôler, de les persuader qu’elles sont faibles. Ce n’est pas pour moi.

    • When I refuse to bend and show the damage that is demanded I am a rape apologist, with Stockholm Syndrome, who is bought and paid for and most importantly, I am hurting every other rape victim who ever lived, a woman who must be mad. And, also a slut for being sexually active at 13.

    • When a simple touch during a photograph, a bad joke, some typical behavior in the 70s or 80s is equated with rape and real sexual harassment, we have diminished the seriousness of those crimes or actions. When a pass at a 17 year old is talked of as pedophilia, we take away from the actual victims of those crimes. If you are searching your mind to remember who might have acted inappropriately to you, you are not a victim, and you shouldn’t want to be.

    • par contre faut me « mute » si ça pique trop, je comprends que ce soit dérangeant, après les années qu’on vient de traverser, et surtout que toutes les expériences ne se valent pas. Je fais moi-même une sorte de virage pas facile à comprendre et que je vais pas expliquer ici.

    • Our young women need to learn the sexuality is healthy, normal, necessary. That lives are not shaped by a bad experience but by our resilience. That hatred and punishment does not heal you or undo something that has happened. Your beauty, your value, that is something inside you that cannot be taken.

    • Standing with women should be our strength, not a way to turn us all into un-redeemable victims who must be shielded from the world, from men, from sex, from themselves. Sexuality is individual, it’s part of life, it can be tricky and awkward. It does not harm you.

    • @tintin ben ça va. Je trouve que ce qu’elle raconte est intéressant.

      Je ne crois pas à la justice communautaire qui est l’ancienne/nouvelle tendance dans les milieux militants actuels. La police/la justice sont imparfaites donc débrouillons nous à part. Non. L’intérêt du système judiciaire ce n’est pas seulement rendre justice à la victime, ça me semble une erreur. Car c’est aussi dire ce qui est acceptable ou pas dans un contexte donné par une société, puis de rendre justice aux victimes mais aussi d’éviter les vendetta, les lynchages physiques ou symboliques, et les vengeances individuelles (partiellement dans notre société en tout cas). Mais c’est aussi de comprendre comment quelqu’un en arrive à perpétrer un crime pas pour l’en excuser, mais pour comprendre, dans l’idéal, comment éviter que ça se reproduise, si c’est possible.

      Il y a des avancées pour améliorer le système judiciaire, des tentatives d’ajustement, mais par exemple, je ne comprends pas l’imprescriptibilité qui est demandée par certains groupes, ni justement le fait de revenir toujours sur les condamnations passées de quelqu’un. Soit on pense que la prison a un sens, et dans ce cas là, une fois la sentence exécutée, alors ça devrait être bon.

      Le soucis dans les questions criminelles c’est qu’il y a différents profils, dont celui de ces personnes qui ne s’amenderont jamais de quoi que ce soit, car elles sont trop loin, et sans psychologisme exacerbé, elles sont incapables de reconnaître leurs torts, ne sont centrées que sur elles-même, n’ont pas de perception du mal fait à autrui, s’en foutent ou en tirent satisfaction. Ces cas-là me semblent non amendables et je crois qu’en tant que société, ils nous emmerdent au plus au point, on a un angle mort, un truc difficile à penser : qu’est-ce qu’on peut faire d’eux ?

      Est-ce que Polanski est dans ce cas ? Je n’en suis pas sûre. Geimer pointe les dysfonctionnements judiciaires dans son affaire, aussi bien vis à vis d’elle que de Polanski, je trouve ça intéressant. Et je ne crois pas que de reconnaître que son agresseur n’ait pas plus bénéficié que soi d’un procès juste à cause des défauts du système judiciaire soit faire preuve d’un quelconque syndrome de Stockholm (qui est un concept bien foireux by the way). J’aime bien qu’elle amène de la complexité dans une affaire dont la dimension médiatique empêche de penser.

      Par contre, que ça soit Peggy Sastre qui l’interviewe ça me laisse perplexe sur la médiation tordue potentielle de ses idées, c’est pour ça que j’ai mis son blog en lien.

    • Il faut lire sa biographie « une fille » (the girl) je suis en train de la terminer, c’est une lecture indispensable pour comprendre « l’affaire polanski » et aussi beaucoup d’autres choses, notamment les choses qui ne vont pas bien chez Metoo et les travers (bien merdiques) de certaines militantes contre les Violences Sexuelles. C’est franchement le truc le plus sain et le plus éclairant que j’ai lu sur ces sujets depuis une éternité. Je me demande même si c’est pas juste le meilleur bouquin, le plus équilibré, le plus sain (bis), le plus juste et aussi celui qui me donne le plus d’espoir, pratiquement le seul qui offre une réelle voie de sortie (je suis désolé de le dire, mais c’est un champ de mines ce sujet, et le niveau est hyper faible). Sa façon de « survivre », ou de prendre ce qui lui est arrivée à sa juste hauteur, c’est un modèle énorme pour moi aujourd’hui.

      Pour ces histoires d’imprescriptibilité, pour ma part, le simple fait d’être comparé à une victime de l’holocauste, ça ne me va pas du tout ou pour le dire autrement, à part me rajouter une grosse couche de trauma (imaginaire (en ce qui me concerne (parce que mon expérience personnelle n’a rien à voir avec l’holocauste, ce qui n’en fait pas moins un truc naze et glauque))), je ne vois pas.

      Bref c’est une lecture formidable qui m’est arrivé par là : https://seenthis.net/messages/944354

  • Liste de liens trouvés dans les commentaires de cet article

    Affaire Epstein : Ghislaine Maxwell condamnée, après un procès dérangeant

    Jugée pour trafic sexuel de mineures, Ghislaine Maxwell, ex-maîtresse de l’homme d’affaires américain Jeffrey Epstein, a été reconnue coupable mercredi 29 décembre à New York. Un verdict qui met un terme à plus de deux décennies d’impunité, mais qui laisse de nombreuses questions ouvertes.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/301221/affaire-epstein-ghislaine-maxwell-condamnee-apres-un-proces-derangeant

    Condamnation de Ghislaine Maxwell, qui risque 65 ans de prison(anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/29/ghislaine-maxwell-sex-trafficking-trial-verdict?CMP=Share_iOSApp_Other

    Le prince Andrew émerge sans encombres du procès de Ghislaine Maxwell (anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/29/prince-andrew-ghislaine-maxwell-trial?CMP=Share_iOSApp_Other

    Principaux enseignements du procès de Ghislaine Maxwell(anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/29/ghislaine-maxwell-trial-key-moments?CMP=Share_iOSApp_Other

    Récapitulation de la vie mondaine de Ghislaine Maxwell (anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/29/ghislaine-maxwell-social-circle-jeffrey-epstein?CMP=Share_iOSApp_Other

    A New York, toujours pas de verdict au procès Maxwell pour crimes sexuels (AFP)
    https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/a-new-york-toujours-pas-de-verdict-au-proces-maxwell-pour-crimes-sexuels

    Début des délibérations du jury dans le procès de Ghislaine Maxwell (anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/20/ghislaine-maxwell-trial-closing-arguments-jeffrey-epstein?CMP=Share_iOS

    Quelle était la nature des relations entre Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein ?(Anglais -The Guardian)
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/dec/11/ghislaine-maxwell-prosecutors-jeffrey-epstein-relationship?CMP=Share_iO

    Affaire Epstein : perversions en hautes sphères (Docu W9)
    https://planetes360.fr/alerte-video-a-voir-en-urgence-jeffrey-epstein-ghislaine-maxwell-pervers

  • Des scientifiques créent un masque qui brille quand il est en contact avec le Covid
    http://www.slate.fr/story/220401/scientifiques-creent-masque-brille-contact-covid


    C’est une petite révolution de l’ère Covid qui pourrait bientôt faire son arrivée sur le marché. Des scientifiques japonais de l’université préfectorale de Kyoto ont créé un masque facial qui brille sous les rayons de lumière ultraviolets (UV) lorsqu’il a été en contact avec le Covid-19. Une prouesse qui permettra aux personnes qui le portent de savoir rapidement et facilement si elles ont contracté le virus. Le secret de cette invention ? Les œufs d’autruche.

    Cet oiseau est capable de produire différents anticorps pour lutter contre le Covid-19, expliquent les scientifiques. Ils ont alors mis au point un filtre spécial sur un masque et l’ont vaporisé d’un colorant fluorescent contenant des anticorps extraits des œufs d’autruche. Une fois en contact avec le virus, les zones contaminées du filtre brillent sous une lumière UV.

  • Où sont les vieilles ? Comment apprivoiser le vieillissement si mon corps à venir n’existe nulle part ?

    http://www.slate.fr/story/217812/invisibilisation-femmes-plus-50-ans-misogynie-societe-corps-fertilite
    article de Titiou Lecoq


    La mannequin Caroline Ida se définit comme « sexygénaire ».

    Où sont les vieilles ? Où sont leur corps ?

    #femmes #corps #vieillesse #invisibilisation #patriarchat #sexisme

  • Tremblez, les wokes veulent interdire le latin et le grec ! Vraiment ? http://www.slate.fr/story/219375/wokes-interdire-cours-latin-grec-faux-obsession-mediatique-etats-unis-reforme-

    « Ils veulent annuler les cours de latin » is the new « elles veulent interdire La Belle au bois dormant ».

    Spoiler : non. Ni aux États-Unis, ni en France. Et la disparition progressive de l’enseignement des langues anciennes n’a rien à voir avec eux.

    J’ai pris des bonnes résolutions. Par exemple, j’ai décidé de faire mon lit tous les matins (= étendre la couette d’une façon approximative). J’ai également décidé de ne plus cliquer sur les titres ridicules, du type « Face à l’idéologie “woke”, Jean-Michel Blanquer annonce un plan européen pour le latin et le grec ». Donc je n’ai rien lu sur Jean-Michel Blanquer, les cours de grec et le wokisme, jusqu’à ce que je tombe sur cet excellent décryptage d’Elodie Safaris.

    À partir de cet article, elle est allée regarder les liens. En réalité, dans l’article, rien ne concerne la France. Pour une raison assez simple à comprendre : en France, personne n’a demandé la fin des cours de grec ou de latin. C’est donc un non-sujet ici. Comme d’habitude, on parle en réalité des États-Unis –ce qui, rappelons-le à Jean-Michel Blanquer, ne correspond pas géographiquement à sa fiche de poste.

    L’article cite une enquête du Figaro de juin dernier dans lequel une prof italienne raconte qu’une fois, un élève l’a interrogée sur la misogynie de Platon et une autre fois sur le racisme et le sexisme de Homère. Oh mon Dieu... Mais c’est... terrible.

    Cette histoire des wokes contre le latin aura fait à certains toute l’année. Quasiment tous les mois, on a eu nos articles à la titraille bien accrocheuse...

    #débunking #panique-morale #madeInJean-MiMiBlanquer

  • « Le Dernier Duel », récit moderne d’un #viol médiéval | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/217500/dernier-duel-ridley-scott-recit-moderne-viol-jodie-comer-matt-damon-adam-drive


    #cinéma #film

    Le Dernier Duel s’appuie sur une structure redoutablement efficace. Co-écrit par Ben Affleck, Matt Damon et Nicole Holofcener, le film est divisé en trois chapitres, racontant trois versions de la même affaire. Chaque partie a sa spécificité, mais les faits de base sont les mêmes : Marguerite raconte à son mari avoir été violée par Legris. Outré, Carrouges demande à affronter Legris en duel. Si l’accusé ressort vainqueur, il sera innocenté et Marguerite sera brûlée vive pour faux témoignage. Pour laver son propre honneur, le mari risque donc… la vie de sa femme.

  • L’Église fabrique-t-elle des pédocriminels ? | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/218448/comment-eglise-catholique-fabriquer-pedocriminels-pretres-celibat-tabou-sexual

    Laure Dasinieres — 5 novembre 2021 à 7h30

    Assurément oui. Reste à savoir comment, et la réponse se trouve davantage dans les dispositifs de domination et le tabou de la sexualité au sein de l’institution que dans l’obligation de célibat.

    • Commençons d’abord par une idée reçue habituelle selon laquelle le célibat des prêtres serait responsable des violences sexuelles commises. Si certains prêtres ont reconnu se trouver dans un certain isolement affectif, « un isolement dans lequel ils peuvent développer un investissement affectif sur un ou une adolescente et vont confondre affection et désir sexuel », pour reprendre la professeure Florence Thibaut, le lien direct entre le célibat et le passage à l’acte pédocriminel est loin d’être établi.

      On aurait en effet tort de mettre sur le même plan désirs pour une personne adulte et désirs pour une personne mineure, et ce, malgré la tendance de l’Église à confondre les deux en faisant de n’importe quel acte sexuel un péché.

    • Parfois, il semble que certains prêtres abuseurs soient relativement immatures sur le plan affectif –ce qui n’est pas surprenants pour les plus âgés dans la mesure où jadis, ils rentraient au petit séminaire à 11 ans et qu’à partir de ce moment, ils n’avaient aucune éducation sexuelle et que la sexualité même y était vue comme un interdit sinon la menace de l’enfer.

  • Une « plante pénis » rare vient de fleurir pour la première fois en 25 ans | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/218313/une-plante-penis-rare-vient-de-fleurir-pour-la-premiere-fois-en-25-ans

    Sans surprise, les foules affluent depuis quelques jours pour voir cette plante atypique. Évidemment, son nom, lui aussi peu commun, intrigue et attire la curiosité. Cette plante fait partie des trois plantes dites « pénis », avec, entre autres, la célèbre Amorphophallus titanium, le « phallus de titan ». Ce terme Amorphophallus a une signification simple : il veut dire « pénis informe ». Bien qu’à première vue, cette plante ne ressemble pas vraiment à un phallus, avec un peu d’imagination, l’on remarque bel et bien une petite ressemblance, avec son spadice élancé, cette tige blanche au centre.

    L’Amorphophallus decus-silvae a aussi une autre particularité : elle sent mauvais. Très mauvais. Pendant la phase de floraison, son spadice se réchauffe et émet une puanteur terrible, proche de celle d’une odeur de chair en décomposition, rapporte CNN. Cette particularité peu agréable a néanmoins un avantage : quand ça pue, c’est que la plante va enfin bientôt fleurir.

  • Le public est complice des agissements de R. Kelly | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/172257/musique-r-kelly-public-complice-agressions-sexuelles-viol

    Pendant les trois jours que j’ai passés à regarder Surviving R. Kelly, un documentaire en six épisodes diffusé sur la chaîne Lifetime et portant sur les décennies d’agressions sexuelles infligées par R. Kelly à des jeunes filles et femmes noires avec l’aide à la fois passive et active de larges pans de la société américaine, j’ai eu la chanson de Kelly « Ignition (Remix) » en boucle dans la tête.

    Surviving R. Kelly avance de façon convaincante –prouve, même– que la société a conclu un pacte impardonnable avec Kelly, génie musical capable de masquer son comportement ouvertement diabolique pendant des dizaines d’années parce que les victimes de ses crimes étaient des filles noires.

    Nous avons choisi d’ignorer ses actes, de les minimiser ou de rester délibérément dans l’ignorance afin de pouvoir continuer à profiter de sa musique. Nous avons donné la priorité à notre plaisir, à notre confort, à nos playlists aux dépens de la peine et des souffrances incommensurables, dont certaines sont encore d’actualité, de nombreuses adolescentes naïves et pleines d’espoirs. Nous avons fait un pacte avec le diable pour pas cher –laissez-nous garder cette chanson !– et avons permis que des gamines de 16 ans en payent le prix exorbitant.

    Puissant effet d’accumulation

    Ces filles, aujourd’hui des femmes, sont au cœur de Surviving R. Kelly, exemple extrêmement efficace de journalisme de divertissement –bien qu’il serait peut-être plus exact de le penser en termes de journalisme de divertissement activiste extrêmement efficace.

    Parfaitement accablante et puissamment dérangeante, c’est aussi une série captivante, mélange légèrement nauséeux qui colle tout à fait avec la ligne de Lifetime, une chaîne dont la spécialité a longtemps été de cultiver l’angoisse, le grand frisson et les mises en garde autour des femmes en péril.

    Comme à chaque fois lorsqu’il s’agit de crimes réels, la frontière est mince entre dévoiler la vérité et tomber dans le salace. Si Surviving R. Kelly la franchit de temps en temps –elle se complaît parfois dans la facilité, surtout dans les deux derniers épisodes, où elle semble vouloir créer un scoop plutôt que de l’illustrer–, elle le fait pour élaborer une thèse à charge à la fois répugnante et irréfutable contre Kelly.

    Ce sont de légères variations de la même expérience, qui devient de plus en plus horrible et incontestable à mesure qu’elle est racontée.

    On y voit moult longues interviews de victimes de Kelly, des « survivantes », selon la terminologie de l’émission : des femmes dont la plupart étaient mineures lorsqu’elles l’ont rencontré, qui racontent leurs expériences avec leur agresseur en n’épargnant aucun détail atroce. On voit ainsi se succéder Andrea Lee, l’ex-femme de Kelly ; Lizette Martinez, une lycéenne qu’il a rencontrée dans un centre commercial ; Lisa Van Allen, la plus jeune fille sur le plateau de tournage d’un clip ; Jerhonda Pace, qui a fait sa connaissance à 15 ans, lors de son procès pour pédopornographie.

    Elles et d’autres racontent que leur idole, un homme gentil et charmant, leur a promis de les aider à faire carrière avant de se transformer en monstre. Kelly les isolait, les punissait, exigeait qu’elles demandent l’autorisation de manger et d’aller aux toilettes, leur interdisait de regarder dans les yeux ou de parler à quiconque et les battait, tout en les soumettant à des pratiques sexuelles humiliantes qu’il filmait. Les détails de chacune de leurs histoires sont épouvantables, mais l’effet d’accumulation est puissant : ce sont de légères variations de la même expérience, qui devient de plus en plus horrible et incontestable à mesure qu’elle est racontée.

    Ces interviews sont ponctuées de commentaires de collègues, d’associés, de membres de la famille et du secteur de la musique, de journalistes et de spécialistes du traumatisme, qui produisent un récit collectif chronologique suivant Kelly de son enfance à aujourd’hui. Au cours de cette période, il a professionnalisé son mode opératoire, passant du repérage de jeunes filles devant son ancien lycée à des concerts où il les faisait monter sur scène avec lui, de l’échange de numéros de téléphone à l’emprisonnement de filles dans sa maison.

    Plus qu’une simple rumeur

    Comme tant de monstres dévoilés par #MeToo, pour R. Kelly, « tout le monde savait ». Cette affaire met en lumière à quel point l’expression est un grossier euphémisme. Dire « tout le monde savait » permet de passer très facilement sur le contenu de ce que l’on « savait » : qu’il agressait sexuellement, psychologiquement et physiquement des mineures.

    Cela fait des décennies que Kelly s’en prend à des jeunes filles, et cela fait belle lurette que l’on a dépassé le stade des rumeurs discrètement chuchotées. Certains de ses méfaits ont été extrêmement publics, comme ses relations sexuelles et son mariage avec sa protégée Aaliyah, alors qu’elle n’avait que 15 ans, sans parler de la vidéo où on le voit uriner dans la bouche d’une gamine de 14 ans et qui a longtemps été banalisée culturellement et évoquée comme un objet de rigolade. Et pourtant, cela ne fait que peu de temps que tout cela s’est figé en quelque chose de plus conséquent et accablant qu’une « rumeur ».

    Des dizaines de personnes l’ont aidé et soutenu, parfois sans faire exprès, parfois sciemment.

    Ce que Surviving R. Kelly fait extrêmement bien –et sans agressivité–, c’est démontrer, par le biais d’une lente accumulation plutôt que par des questions piège, tous les compromis, les décisions égoïstes et l’apathie qui ont contribué à protéger R. Kelly et lui ont permis de perpétuer ses crimes.

    Seules quelques personnes interviewées sont directement complices des agissements du chanteur : un assistant qui accompagnait Kelly dans les centres commerciaux pour trouver des filles, un employé de maison anonyme et le grand frère de l’artiste, qui est le seul à se demander ouvertement pourquoi le comportement de Kelly pose un problème. Mais des dizaines de personnes, sans parler des organisations et des acteurs de divers secteurs commerciaux, l’ont aidé et soutenu, parfois sans faire exprès, parfois sciemment.

    Lorsque l’on regarde Surviving R. Kelly, on voit des producteurs qui savaient que Kelly faisait quelque chose de répugnant mais qui ne sont pas intervenus, et des employés qui ont fait ce qu’on leur demandait parce qu’ils étaient payés pour ça. Surtout, on voit des familles qui ont laissé leurs filles « travailler » avec R. Kelly parce qu’elles estimaient que c’était bénéfique pour leur carrière, et qui ont préféré penser –marchant ainsi dans les traces de l’industrie du disque, d’autres célébrités et même de l’Église noire et des autorités– qu’il n’était pas si méchant que ça. Ce que l’on ne voit pas, en revanche, ce sont beaucoup des célébrités qui ont récemment travaillé avec R. Kelly et qui regrettent peut-être déjà ne pas avoir participé.

    Souvenirs souillés

    Lorsqu’il était gênant de regarder la vérité en face et de faire ce qui est juste, les gens ont choisi de fermer les yeux et de continuer à écouter ses chansons –comme je l’ai fait moi pendant de nombreuses années.

    J’imagine que continuer à écouter ses chansons va devenir difficile pour une grande partie des personnes ayant visionné Surviving R. Kelly, si ce n’était pas déjà le cas. Mais cela ne deviendra pas impossible pour autant : après la diffusion du documentaire, l’écoute des chansons de Kelly a augmenté de 16% sur Spotify.

    Je me plais à imaginer que celles et ceux qui l’ont écouté essayaient de faire comme moi, lorsque je n’arrivais pas à me retirer « Ignition (Remix) » de la tête, et voulaient associer la chanson aux histoires abominables que je venais d’entendre.

    Mais comme le soulignent les spécialistes apparaissant dans le documentaire, pour beaucoup, la musique de R. Kelly évoque des évènements positifs de leur propre vie –diplômes, fêtes, anniversaires. Et ces personnes n’ont sans doute aucune envie que ses actes ne viennent souiller leurs souvenirs. Pourtant, regarder Surviving R. Kelly les souillera. Il suffit de se repasser le documentaire mentalement, en boucle, jusqu’à la nausée.

    • Reconnu coupable de « trafic sexuel », R. Kelly voit ses ventes d’albums augmenter de 517% | Slate.fr
      http://www.slate.fr/story/217332/r-kelly-reconnu-coupable-trafic-sexuel-ventes-dalbums-augmenter-517-pourcents

      Le 27 septembre R. Kelly a été reconnu coupable de kidnapping, exploitation sexuelle d’enfants et racket. Mais cela n’a pas freiné les ventes d’albums du chanteur, bien au contraire. Une semaine après la décision de justice, la demande pour la musique de R. Kelly a augmenté de 517%, faisant grimper en flèche les revenus du rappeur. Dans le même temps, les flux audio sur les plateformes de streaming ont atteint +22%, tandis que les flux vidéo ont pris +23%.

      Ce n’est pas la première fois que les revenus de R. Kelly augmentent du fait de la médiatisation des accusations de trafic sexuel dont il a été reconnu coupable. En 2019, lorsque le documentaire Surviving R.Kelly a été diffusé, les ventes de sa musique ont doublé. Des faits surprenants, alors que le documentaire présente des femmes victimes de viols et séquestrées dans la secte sexuelle tenue par le rappeur.

      La même année, une interview de R. Kelly, accusé à l’époque de séquestration et d’agressions sexuelles, alimente également la demande musicale pendant plusieurs semaines. Pourtant lors de l’émission, il semble montrer la face cachée de sa personnalité : devant la journaliste Gayle King, co-animatrice de CBS This Morning, il s’emporte de manière violente, se lève de sa chaise et lance son poing en l’air.
      Faire disparaître son contenu des plateformes ?

      La question est posée ici ou là : les plateformes de streaming doivent-elles supprimer la musique et les vidéos de R. Kelly, qui risque une longue peine de prison ? Depuis 2017, le hashtag #MuteRKelly circule sur les réseaux sociaux, ce qui a fait réagir certains diffuseurs. Des titres célèbres comme « I believe I can fly » et « The world’s greatest » ne sont plus diffusés à la radio ni dans certaines publicités, rapporte Quartz.

      Après la diffusion du documentaire Surviving R. Kelly, le label Sony a décidé de lâcher le chanteur. Les organisateurs des tournées musicales ont suivi le pas. Mais les plateformes comme Spotify et Apple Music traînent dans leurs décisions. Les contenus de R. Kelly ont été supprimés des listes de lecture, mais toute sa discographie est disponible. C’est également le cas chez Amazon. YouTube, qui a supprimé les chaînes officielles RKellyTV et RKellyVevo, ne supprimera pas ses chansons sur YouTube Music.

      Comme c’est très souvent le cas dans la procédure pénale aux États-Unis, la condamnation de R. Kelly ne sera rendue officiellement que plus tard, le 4 mai 2022. Actuellement en détention provisoire, le chanteur risque la prison à vie.

  • L’extrême droite veut faire main basse sur nos utérus de femmes blanches
    http://www.slate.fr/story/216453/extreme-droite-veut-faire-main-basse-uterus-femmes-blanches-natalite-orban-zem
    Titiou Lecoq

    En Hongrie, Viktor Orbán organise un sommet sur la démographie. En France, le magazine Causeur a publié une couv immonde titrée « Souriez, vous êtes grand-remplacés ! » accompagnée d’une photo de bébés (que je me refuse à poster ici).

    On parle assez peu de la menace que représente l’extrême droite pour les femmes. Pourtant, les femmes sont au centre de leurs pensées. La question démographique, comme le montrent ces deux actualités, est fondamentale.

    Quand on lit des textes des suprémacistes blancs, la peur du grand remplacement ne fait pas seulement des « étrangers » des ennemis. Elle vise également les femmes.

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    L’analyse courante dans ces milieux, c’est qu’avec le féminisme, les femmes ont acquis la liberté de disposer de leurs corps via aussi bien l’IVG que la contraception. Le féminisme a incité les femmes à chercher à s’émanciper hors de la maison. Il les a encouragées à obtenir une indépendance économique et on a vu une augmentation du salariat chez les femmes dans les années 1970.

    Tout cela au détriment de la natalité.

    Or la natalité, c’est la puissance d’une nation.

    Affiche de propagande nataliste sous le gouvernement de Vichy.

    Les féministes ont donc fragilisé le pays et les hommes, en refusant de leur donner des fils.
    Mâles blancs en voie d’extinction

    Dans un second temps seulement, leur analyse se porte sur les « immigrés » (je mets des guillemets parce qu’en réalité, ils parlent moins des immigrés que de tous ceux qu’ils perçoivent comme non-occidentaux. C’est évident sur la couv de Causeur où rien n’indique que ces bébés ne sont pas français. Ce qu’on voit, c’est qu’ils ne sont pas blonds aux yeux bleus.) (Et après, ce sont les militant·es anti-racistes qu’on accuse d’être obsédé·es par la couleur.) Les immigrés (de certains pays bien sûr) auraient, eux, réussi à maintenir une domination patriarcale grâce à laquelle leurs femmes font encore beaucoup d’enfants. La balance serait donc déséquilibrée.

    Dans cette logique paranoïaque, la nation est mise en danger par les féministes et par les étrangers. Les étrangers et les féministes concourent à faire disparaître les mâles blancs.

    Limiter l’immigration ne suffira pas, comme le dit Viktor Orbán. Ce qu’il faut, c’est convaincre nos femmes de faire davantage d’enfants.

    Affiche des années 1950.

    Le féminisme n’a évidemment aucun problème avec le choix d’être mère. Ses différents courants alertent fréquemment sur le manque d’infrastructures telles que les crèches. On dénonce les violences obstétricales. On réclame le droit de vivre différemment sa grossesse et son accouchement. (J’en profite pour signaler que les sages-femmes demandent une revalorisation de leur salaire.)

    Mais on réclame avant tout le choix. Le choix d’avoir ou ne pas avoir d’enfant. Dans de bonnes conditions. Librement. Sans pression. Sans culpabilité.

    Ce que veulent les suprémacistes, c’est faire main basse sur nos utérus et en disposer.

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    Une politique nataliste d’État

    Ainsi, le gouvernement de Orbán a mis en place une série de mesures pour inciter les couples à faire des enfants : il y a des aides pour les familles qui veulent accéder à la propriété ou agrandir leur logement, le doublement des allocations familiales, une aide sociale pour les grands-parents qui gardent leurs petits-enfants, etc.

    Mais, spoiler : parmi ces mesures, aucune ne permet aux femmes seules ou aux couples lesbiens ou homos d’avoir des enfants. Nous ne sommes pas face à une liberté de faire des enfants mais face à une politique nataliste d’État, avec un gouvernement qui décide qui peut ou ne peut pas se reproduire.

    En outre, des critiques expliquent que si la Hongrie se dépeuple à ce point, c’est également parce qu’un million d’habitants serait parti pour des raisons économiques et pour fuir le gouvernement Orbán.

    Le sommet hongrois sur la démographie n’est pas exceptionnel. Il est bisannuel et existe depuis 2015. Ce n’est pas étonnant. Cette question de la natalité est au cœur des préoccupations puisqu’elle s’articule avec l’obsession du grand remplacement. Pour ne pas être remplacé, il faut se multiplier. À cette édition du congrès, devraient être présents : Marion Maréchal-Le Pen, Éric Zemmour, le président serbe Aleksandar Vučić, les Premiers ministres polonais (Mateusz Morawiecki), tchèque (Andrej Babiš) et slovène (Janez Janša), Mike Pence (ancien vice-président de Donald Trump).

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    En France, l’extrême droite se fait surtout entendre pour ses propos xénophobes et racistes. Mais le premier livre théorique d’Éric Zemmour, sorti en 2006, s’intitulait Le Premier Sexe et dénonçait la prise de pouvoir des femmes en France. Refuser aux femmes la possibilité de se réaliser comme un individu qui fait seul ses choix, faire pression sur elles, les ramener sans cesse à leurs fonctions reproductives, les limiter socialement à leur utérus, c’est au fondement de la pensée d’extrême droite. Ce n’est pas un à-côté dans leur conception du monde. Et la version moderne, dite « néo » (néo-fascisme, néo-extrême droite) n’y échappe pas.

    Mesdames, ces gens ne vous veulent pas du bien. Ils veulent faire main basse sur vos utérus.

    #féminisme

  • La clim écolo a été inventée il y a 3.000 ans | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/214317/rester-au-frais-la-mode-perse-attrape-vent-badgir-rechauffement-climatique-hau

    À Yazd, dans le désert iranien, de nombreux bâtiments sont surplombés par de petites cheminées bien différentes de celles que nous connaissons. De toutes formes et tailles, ces tourelles sont des bâdgirs ou attrape-vents, une forme de climatisation écologique très efficace et adaptée au climat aride.

    Un temps remplacées par des systèmes modernes de ventilation et climatisation, ces tours attrape-vents sont aujourd’hui davantage étudiées par les architectes et ingénieurs en recherche de solutions pour nous garder au frais avec la hausse globale des températures.

    Ne nécessitant ni électricité, ni énergie, la technologie paraît presque miraculeuse quand on sait qu’en moyenne, l’utilisation de l’air conditionné et de ventilateurs représente environ 10% de la consommation d’électricité dans le monde.

    Comment fonctionnent ces tours ? D’abord, le vent s’engouffre à la verticale par les ouvertures de la tour, il descend ensuite naturellement à travers le conduit de la cheminée jusqu’à la partie la plus basse du bâtiment et la plus fraîche. L’air chaud, plus léger, remonte et emprunte un deuxième conduit de la cheminée dans le sens inverse –rafraichissant au passage l’#habitation. Parfois, on complète ce système avec un bassin d’eau ou une fontaine située à la base de la tour qui va permettre de baisser davantage la température de l’air. Le dimensionnement des #bâdgirs dépend de la taille du bâtiment et de son volume intérieur.

    #ventilation #aération

  • Un village espagnol demande aux touristes d’apprendre à supporter le bruit des coqs et des ânes | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/214515/apres-plaintes-ribadesella-village-espagnol-demande-touristes-apprendre-suppor

    Dans la petite ville de Ribadesella (5.700 habitants), au nord de l’Espagne, des touristes ont contacté les autorités pour se plaindre du braiement des ânes, tandis que d’autres leur ont signalé des dégâts causés par des vaches, rapporte le Guardian.

    « La semaine dernière, une dame nous a appelés trois ou quatre fois à propos d’un coq qui la réveillait à 5h du matin, raconte Ramón Canal, le maire de Ribadesella. Elle nous a dit que nous devions faire quelque chose. »

    Les responsables de la commune sont donc passés à l’action. Mais l’idée qu’ils ont trouvé n’est probablement pas à la hauteur des espérances des touristes mécontents : il s’agit d’une campagne d’affichage humoristique qui invite les citadins à « assumer tous les risques » de la vie rurale.
    « Vous n’êtes peut-être pas au bon endroit »

    « Ici nous avons les cloches de l’église qui sonnent régulièrement, des coqs qui chantent tôt le matin et des troupeaux de bétail qui vivent tout près et portent parfois des cloches qui font également du bruit, peut-on lire sur l’affiche placardée un peu partout dans la ville ces derniers jours. Si vous ne pouvez pas supporter tout ça, vous n’êtes peut-être pas au bon endroit. »

    #ruralité #tourisme #trou_du_cul #humour

  • Avoir un bébé pendant sa thèse : le jeu d’équilibriste des mères doctorantes

    L’idéal du chercheur dévoué corps et âme à son travail est encore très ancré dans le milieu, au détriment des thésardes qui attendent un enfant.

    « J’ai soutenu ma thèse début février, enceinte, et ma fille qui aurait dû naître début mai est née le 5 mars. À mon avis, il y avait un lien, parce que c’était une situation tendue avec une grossesse à risque. » Adriana Coelho Florent est maîtresse de conférences en portugais à l’université d’Aix-Marseille. Sa carrière a commencé en 1992, avec une thèse de doctorat qui a duré sept ans. Lorsqu’elle se remémore cette période de sa vie, deux éléments reviennent et s’entrecroisent en permanence : l’écriture de sa thèse et la naissance de ses deux enfants. « Je me souviens d’un moment où j’emmenais mon fils aîné à l’école le matin, quand je rentrais, je travaillais sur la thèse, j’allais le chercher à midi, je le ramenais, je reprenais la thèse… »

    Sésame indispensable pour pouvoir prétendre à un poste d’enseignant-chercheur, le #doctorat demande de mener une étude sur un sujet original et de rédiger une thèse, mais également se familiariser avec les tâches qui accompagnent la recherche : écrire des articles, participer à des colloques, etc. Une période très intense, qui peut encore se compliquer avec l’arrivée d’un nouveau-né. Une étude menée au département de psychologie de l’université de Genève a montré que parmi 176 femmes inscrites en doctorat, aucune de celles ayant un enfant de moins de 5 ans ne l’a obtenu. Or, la moyenne d’âge des doctorants toutes disciplines confondues est de 30,5 ans, soit un âge auquel la question des enfants se pose pour beaucoup.
    La culture du don de soi

    Si l’université n’est ni plus ni moins sexiste qu’un autre milieu, l’idéal du chercheur dévoué corps et âme à son travail y est encore bien ancré, et dans certaines universités, il s’accommode mal des congés maternité. « On doit faire la preuve que le travail est prioritaire, qu’il n’y a rien d’autre qui compte. » Claire*, aujourd’hui journaliste, a commencé en 2007 une thèse en sciences de l’éducation, durant laquelle elle a eu deux enfants, en plus des deux qu’elle avait déjà. À partir de son second congé maternité, sa relation avec son directeur de thèse s’est envenimée.

    « On m’a rapporté que mon directeur de thèse s’est plaint que je lui avais fait un enfant dans le dos, que je l’avais poignardé avec cette nouvelle grossesse et que je lui faisais honte par rapport à l’école doctorale qui me finançait », se souvient-elle. Un peu après la fin de sa troisième année, son directeur décide de cesser de l’encadrer sans discussion préalable, et elle est contrainte d’arrêter son doctorat.

    Adriana Coelho Florent a eu une expérience similaire lorsqu’elle a annoncé à son directeur de département sa première grossesse, peu après avoir pris un nouveau poste de professeure agrégée. « Au départ, il ne m’a rien dit, puis j’ai su qu’il était très mécontent. Il a pratiquement insinué que j’avais fait exprès de tomber enceinte juste après avoir eu mon contrat, raconte-t-elle. Il a fait pression sur moi pour que je puisse au moins assurer la correction. Un mois avant mon accouchement, je me suis retrouvée avec 180 copies à corriger, alors que je devais rester allongée. »

    Un meilleur cadre juridique

    Pour la juriste Olivia Bui-Xuan, il faut toutefois noter de nettes améliorations ces dernières années. Une circulaire de 2012 est venue préciser le statut, jusque-là flou, des congés maternité des enseignantes-chercheuses et des doctorantes assurant des cours. « Il y avait des politiques différentes en fonction des établissements. Jusqu’en 2012, si on accouchait pendant l’été, on n’avait finalement pas de congé maternité, parce qu’il n’y avait pas vraiment de différenciation avec les vacances. La circulaire a permis de bien clarifier les choses. » Plus tard, en 2016, un autre arrêté est venu préciser le statut des doctorantes qui n’ont pas de charge d’enseignement. De plus, il est désormais possible d’obtenir une suspension de la thèse durant un an en cas de congé maladie long ou de congé maternité.

    La juriste constate également une amélioration au niveau du Conseil national des universités, cette instance qui assure une première évaluation des jeunes docteurs avant qu’ils ne déposent une candidature pour devenir maître ou maîtresse de conférences, et dont elle est membre. « Lorsque quelqu’un demande pourquoi une femme a mis un certain temps pour faire sa thèse, j’indique toujours qu’il faut regarder dans le CV s’il y a des enfants. On ne va pas considérer que ça pose problème si la thèse a pris une ou deux années de plus », indique Olivia Bui-Xuan.

    Elle souligne toutefois qu’il y a le droit... et les faits. « Quand il n’y a pas de problème ou de tension dans les équipes, le droit s’applique effectivement et les décharges de service sont prises sans difficulté. Mais dans les faits, beaucoup d’universités n’ont pas cet environnement professionnel parfait, et il peut y avoir des écarts entre la pratique et le droit. »

    Concilier #carrière et #vie_familiale

    Il ne s’agit toutefois pas d’une mission impossible. Olivia Bui-Xuan constate que certaines doctorantes gèrent très bien leur congé maternité et leur doctorat. « Cela dépend de leur environnement : si elles ont un conjoint ou une conjointe qui est disponible pour garder les enfants, si elles trouvent un mode de garde… Cet environnement est déterminant. » Or, avec seulement 59,3 places disponibles pour 100 enfants de moins de 3 ans, la France souffre d’un déficit d’accueil en crèche, et certaines favorisent les enfants dont les deux parents travaillent. D’autres modes de garde doivent souvent être envisagés, mais ils peuvent être coûteux, comme le recours à une assistante maternelle, ou inaccessibles, lorsqu’il n’y a pas de conjoint pouvant s’occuper de l’enfant durant la journée par exemple. « Si je n’avais pas eu la très bonne idée d’épouser un enseignant féministe, je ne sais pas comment j’aurais fait », plaisante Adriana Coelho Florent.

    Si, comme l’a montré l’INSEE, le travail domestique repose encore en grande partie sur les femmes (1h26 de plus par jour en moyenne que les hommes), les pères qui font le choix de s’occuper beaucoup de leurs enfants peuvent également en subir les conséquences. « Mon conjoint, qui a été en thèse en même temps que moi, s’en est pris plein la gueule aussi, mais pas pour les mêmes raisons, explique Claire. Moi, on me considérait comme étant déjà perdue d’avance, on m’avait dit “tu n’es plus bonne à rien. Il faut choisir, soit tu fais bobonne à la maison, soit tu fais des sciences”. Alors que dans le cas de mon conjoint, on voulait qu’il colle à l’image du chercheur entièrement dévolu à sa recherche et pas présent pour sa famille. »

    Après la fin de la thèse, cet exercice d’équilibriste qui consiste à élever des enfants durant son doctorat peut se poursuivre à avoir des conséquences. « Comme je travaillais et que j’avais deux enfants en plus de la thèse, je ne pouvais absolument pas aller dans les congrès, participer vraiment à la vie universitaire, raconte Adriana Coelho Florent. Ça m’a certainement nui pour avoir un poste de maîtresse de conférences. Ça a duré trois ans, et les deux premières années, je n’ai même pas été auditionnée. »

    http://www.slate.fr/story/213357/maternite-universite-enfant-bebe-these-meres-doctorantes-enceintes-sexisme-rec
    #maternité #recherche #université #doctorat #doctorantes #thèse #thèse_de_doctorat

    ping @_kg_

    • J’avais eu un échange un peu musclé avec mon directeur de recherche sur le même sujet : il trouvait que je ne consacrais pas assez de temps à mes travaux. Effectivement, j’avais une vie sociale, mais surtout, je faisais ma part de l’entretien de la tanière.

      Il a eu le tort de me dire qu’il avait élevé 4 (ou 5, j’avoue, je ne sais plus) enfants, tout en faisant une brillante carrière.
      Dommage pour lui, je connaissais sa femme et donc son organisation domestique : sa femme était aussi une brillante chercheuse, mais elle a tout arrêté pour élever les gosses et tenir le ménage… et relire/corriger les travaux de son génial époux, puisqu’elle était qualifiée AUSSI pour ce job. Donc, lui, il ne s’occupait de RIEN, même pas de choisir ses fringues le matin, puisque c’est elle qui les disposait dans l’ordre pour qu’il n’ait pas à détourner sa pensée supérieure sur des détails aussi insignifiants. Je savais aussi par elle que quand il rédigeait, elle gérait les gosses pour qu’il n’y ait pas un bruit pour le déranger et elle lui apportait tout ce dont il avait besoin dans son antre pour qu’il ne soit pas distrait.

      Je lui ai demandé s’il avait conscience de la quantité de travail gratuit et de renoncement que cela représentait et s’il pouvait évaluer la contribution réelle de sa femme à son travail et s’il pensait qu’il existait des hommes prêts à un tel niveau d’abnégation pour permettre l’émergence de la grande dame en puissance que je ne deviendrais jamais.

      Il l’a assez mal pris sur le coup. Mais c’était un homme intelligent, dans le sens où il savait penser contre ses certitudes.

      Il a dû observer son foyer et parler avec sa femme, parce que quelques jours plus tard, on a eu une nouvelle conversation où il me parlait de sa toute nouvelle prise de conscience du rôle de sa femme. Et il s’est excusé.
      J’espère qu’il s’est aussi excusé auprès de sa femme.

      D’après un pote qui est resté au labo ensuite, sa femme a ensuite été plus présente au niveau des étudiants. Faut dire que les gosses étaient grands et étaient partis.