• #Houellebecq a-t-il dit qu’il « tressaillait d’enthousiasme » chaque fois qu’un Palestinien meurt ? - Libération

    https://www.liberation.fr/checknews/2019/04/19/houellebecq-a-t-il-dit-qu-il-tressaillait-d-enthousiasme-chaque-fois-qu-u

    Ce signalement pour engager une réflexion sur la responsabilité et la liberté de l’écrivain, la nature du roman, etc... Peut-on écrire n’importe quoi sous le prétexte que c’est une fiction ? doit-on ou ne doit-on pas (peut-être est-ce plutôt peut-on ou ne peut-on pas) faire la différence entre un auteur et ses personnages fictionnel (en fait il ne fait pas de doute que l’écrivain, l’auteur est libre d’inventer et de mettre en scène des salopards d’enfer, mais alors comment savoir si l’auteur s’identifie à son personnage, ou l’invente pour en dénoncer les comportements ? - cf. Robert Merle dans "la mort est mon métier")

    ’auteur, qui a bien reçu sa Légion d’honneur jeudi des mains d’Emmanuel Macron, n’a jamais écrit cela dans une tribune, ni prononcé ces mots. Elle figure bien, en revanche, dans son roman Plateforme sorti en 2001 et résumé ainsi par son éditeur à l’époque : « Après la mort de son père, Michel, fonctionnaire quadragénaire et blasé, décide de partir en Thaïlande pour goûter aux plaisirs exotiques. Il y rencontre Valérie, cadre dans une grande société de voyages, à qui il soufflera sa théorie sur les vraies motivations des Européens en quête de sensations fortes. Embarqué dans la lutte pour le profit à tout prix, où le corps est plus que jamais une marchandise, Michel jette un regard cynique sur la société occidentale. Il sera peut-être surpris de découvrir que l’être humain est encore capable de sentiments… »
    « Sentiment de vengeance »

    La phrase citée dans le tweet apparaît dans la dernière partie du roman. Elle exprime alors les pensées du personnage principal, Michel, dont la femme vient de mourir dans un attentat islamiste. Voici le paragraphe en question :

    « On peut certainement rester en vie en étant simplement animé par un sentiment de vengeance ; beaucoup de gens ont vécu de cette manière. L’islam avait brisé ma vie, et l’islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr ; les jours suivants, je m’appliquais à éprouver de la haine pour les musulmans. J’y réussissais assez bien, et je recommençais à suivre les informations internationales. Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins. Oui, on pouvait vivre de cette manière. »
    « Racisme chic et tendance »

    La publication de ce roman avait déjà fait polémique à l’époque. Dans Libération, le poète marocain Abdel-Illah Salhi avait dénoncé, après la publication de ce livre, un « racisme chic et tendance » : « Il est bizarre, voire honteux, que les critiques et les chroniqueurs les plus crédibles du milieu littéraire aient salué le dernier roman de Michel Houellebecq, Plateforme, en le couvrant d’éloges, en s’arrêtant longuement sur les thèmes du tourisme sexuel, de l’Occident décadent, de la déprime des cadres, mais en se gardant bien de s’attarder sur la haine raciale et les tonnes d’injures contre les Arabes et les musulmans dont regorge le roman. Les musulmans et leur civilisation y sont la cible d’insultes répétées et font l’objet des amalgames racistes les plus mensongers et les plus dégradants », expliquait-il dans sa tribune.

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