• Treize maires interpellent le gouvernement : « La rue n’est pas un lieu pour vivre »

    Face à la situation des réfugiés et demandeurs d’asile en France, qui se retrouvent souvent à la rue faute de places d’hébergement disponibles, treize maires, de bords politiques variés, en appellent aux ministres de l’Intérieur et du Logement.
    Un sur deux. C’est, d’après le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, Florent Gueguen, le nombre de demandeurs d’asile hébergés dans le dispositif national d’accueil. Les autres ? S’ils ne trouvent personne pour les loger, ils se retrouvent à la rue, qui dans une tente d’un campement de fortune, qui sous une bretelle de périphérique, qui dans un squat…

    Pour les municipalités, la situation est complexe : elles sont au quotidien en première ligne, or l’hébergement d’urgence comme la politique de l’asile ne relèvent pas des compétences communales, mais de celles de l’Etat. Donc de financements sur lesquels les édiles locaux n’ont pas la main. « On est mobilisés tous les jours. Les villes sont volontaires mais on manque de moyens », résume Emmanuel Carroz, adjoint au maire de Grenoble.

    La maire de Paris, Anne Hidalgo, qui accuse le gouvernement de « déni de réalité » depuis plusieurs semaines déjà, juge que « le dispositif mis en place par l’Etat ne marche pas. Il est trop rigide parce qu’il ne considère pas que l’accueil doit être inconditionnel ». Avec douze autres maires, de droite comme de gauche, la socialiste a donc écrit aux ministres de l’Intérieur et du Logement, estimant ne pas pouvoir « accepter plus longtemps cette situation indigne de nos valeurs et de la tradition humaniste de notre pays ».

    « Malgré les dispositifs mis en place par l’Etat et les efforts réalisés en matière de création de places d’hébergement, les besoins restent largement supérieurs à l’offre », écrivent encore Nathalie Appéré (Rennes), Martine Aubry (Lille), François Baroin (Troyes), Damien Carême (Grande-Synthe), Nicolas Florian (Bordeaux), Eric Piolle (Grenoble), Johanna Rolland (Nantes), Laurent Russier (Saint-Denis), Jean-Luc Moudenc (Toulouse), Roland Ries (Strasbourg), Dominique Gros (Metz), Meriem Derkaoui (Aubervilliers) et Anne Hidalgo.


    https://twitter.com/Anne_Hidalgo/status/1120969177735618561?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E11

    « La rue n’est pas un lieu pour vivre, c’est un lieu pour se promener », estime la première magistrate de Paris, qui peste contre la théorie de « l’appel d’air », qui voudrait qu’offrir des conditions décentes de subsistance aux demandeurs d’asile débouche sur des arrivées massives. « Quand on a ouvert la Bulle [le centre d’hébergement de la porte de la Chapelle, ndlr], explique-t-elle, les flux sont restés constants ».

    Selon Florent Guegen, il faudrait « ouvrir 40 000 places d’ici la fin du quinquennat » pour parvenir à loger tout le monde correctement. Mais aussi en finir avec le règlement de Dublin, qui veut qu’une demande d’asile soit traitée dans le premier pays européen d’arrivée, par exemple l’Italie, ou l’Espagne. Or, toutes les personnes qui débarquent dans le sud de l’Europe n’entendent pas forcément y rester, ayant parfois de la famille dans un autre pays, et se retrouvent en errance. « Seulement 13% des personnes sous statut "Dublin" sont transférées vers le pays européen instructeur de leur demande », rappelle le responsable associatif, qui appelle également à « une politique pragmatique de régularisation des personnes qui ne seront pas expulsées vers leur pays d’origine » et qui peuplent les campements indignes des grandes villes.

    Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile, rappelle de son côté qu’évacuer régulièrement les campements, qui se reforment tout aussi régulièrement, coûte cher. Il faut mobiliser des hébergements, des travailleurs sociaux, des policiers, des agents de nettoyage… Les « politiques d’urgence sont plus dispendieuses » que les investissements de long terme dans l’hébergement digne.

    https://www.liberation.fr/france/2019/04/24/treize-maires-interpellent-le-gouvernement-la-rue-n-est-pas-un-lieu-pour-
    #villes-refuge #asile #migrations #réfugiés #maires #municipalité #France #hébergement #SDF #sans-abrisme #sans-abris #logement

    J’imagine que les treize maires sont les maires qui ont initié le réseau #ANVITA (https://seenthis.net/messages/759638), même si il n’est pas mentionné dans l’article.

    Ajouté à ici :
    https://seenthis.net/messages/759638

    ping @karine4

  • Comment sont tués les cyclistes à Paris - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/04/24/comment-sont-tues-les-cyclistes-a-paris_1722899

    Les accidents mortels dans la capitale sont très genrés : toutes les femmes cyclistes tuées l’ont été par des poids lourds.

    Comment sont tués les cyclistes à Paris


    Comment sont tués les cyclistes à Paris ? Pour le savoir, nous avons étudié la base de données des accidents corporels de la circulation qui court de 2005 à 2017. Sur cette période, 42 cyclistes ont été tués à Paris (soit moins de 2% du total de cyclistes morts sur les routes en France).
    Les femmes cyclistes principalement tuées par des poids lourds tournant à droite

    Dans la capitale, 24 cyclistes sont morts après une collision avec un poids lourd, parmi lesquels 16 femmes. Presque toutes les femmes cyclistes tuées à Paris l’ont été par un poids lourd. Les femmes cyclistes à Paris sont donc deux fois plus nombreuses à avoir été tuées par des poids lourds que les hommes (16 contre 8). Dans la quasi-totalité des cas, elles sont victimes d’un poids lourd tournant à droite à un carrefour. En revanche, contrairement aux hommes, aucune femme n’a été victime de véhicule particulier sur cette période.

    Infographie : les cyclistes tués à Paris selon le type de véhicule impliqué

    Un phénomène similaire se produit en banlieue proche (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne), où les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être victimes de poids lourds. Et lorsqu’on prend en compte les blessés graves, les femmes sont encore près de deux fois plus nombreuses à être victimes de poids lourds (60 contre 34). Il s’agit d’une particularité de la capitale et des départements proches étant donné que dans la France entière, les femmes cyclistes sont plus de deux fois moins nombreuses à êtres tuées par les poids lourds que les hommes.
    La situation parisienne ressemble beaucoup à celle d’autres grandes villes, et notamment à celle du centre de Londres. Un rapport des transports en commun londoniens émettait l’hypothèse que les femmes sont surreprésentées dans les cyclistes tués par des poids lourds parce qu’elles sont moins susceptibles de griller les feux rouges que les hommes. En effet, les cyclistes hommes sont généralement plus enclins à prendre des libertés avec le code de la route lorsqu’il s’agit de se rendre visibles des autres engins motorisés, et à se mettre devant eux pour redémarrer. Et dans certains cas, le respect strict du code de la route force à rester dans un angle mort. Par ailleurs, indique le rapport, le cycliste est plus en sécurité dans le flux de circulation s’il se déplace à la même vitesse que les motorisés. A Londres, dans la plupart des cas, les accidents se produisent lorsque le poids lourd renverse le cycliste en tournant à gauche (et à droite à Paris).

    On peut espérer que les sas vélos, lorsqu’ils seront réellement respectés par les véhicules motorisés, permettront de réduire ce genre de drame. Au Parlement, des députés prévoient à ce sujet de discuter d’amendements à la loi mobilité pour réduire le danger des poids lourds pour les cyclistes et les piétons. L’un, qui aura probablement peu d’impact, a pour but d’imposer des autocollants sur les angles morts des poids lourds. L’autre, probablement plus efficace mais moins succeptible d’être adopté, proposerait l’interdiction de la circulation aux poids lourds sans dispositifs de détection.
    De plus en plus de cyclistes tués en France

    Si l’on prend l’évolution du nombre de tués sur la route en France depuis une dizaine d’années, on constate une baisse suivie d’un plateau à partir de 2014. En revanche pour la population cycliste, c’est une autre histoire : le nombre de tués est resté stable des années mais il augmente drastiquement depuis l’année 2017.

    Infographie : les tués sur la route en France

    Quand on représente l’évolution en base 100 depuis décembre 2007, cela permet de voir le décalage entre les cyclistes tués et l’ensemble des tués sur la route. Certes, en valeur absolue, ils ne représentent qu’entre 2,9% et 5,75% des tués selon les mois. Mais l’augmentation est de 34% depuis décembre 2007 alors que le nombre tous usagers confondus est en baisse de 31%.

    Infographie : évolution du nombre de cyclistes tués sur la route (base 100)

    L’on peut supposer que la pratique du vélo a augmenté récemment, comme en témoignent les chiffres de vente du secteur, ce qui expliquerait le décalage avec le reste des usagers. Selon la sécurité routière sur ces derniers mois, c’est surtout sur les routes hors agglomération que l’on compte les cyclistes tués. La remontée globale est aussi attribuée à un relâchement des comportements.

    Ces chiffres ne doivent pas vous décourager de faire du vélo, notamment pour vous rendre au travail, car plus les cyclistes sont nombreux sur la route, moins il y a d’accidents, selon le principe de la masse critique. Les premières victimes de la route à Paris sont d’ailleurs les piétons, suivis de près par les deux-roues motorisés, puis les automobilistes.

    • Cet article élude totalement la question de la #violence_au_volant, surtout pour un sujet qui traite de #genre. Il parle des comportements des personnes tuées, pas du tout des conducteurs, c’est donc toujours à charge contre les victimes. Peut-être qu’il y a un vide total de ce côté là, qu’il n’y a aucune étude sur la #violence_masculine favorisée par les publicités de bagnole et pousse les hommes à exacerber leur #masculinité au volant au mépris de la vie des autres, et surtout des femmes.
      Je ne vois pas comment une société favorisant le féminicide ne donnerait pas lieu à ce genre de répercussions sur la route.
      En tout cas, si on voit comme moi la bagnole ou le poids lourd comme un instrument de domination.
      D’autant que ces tanks civils permettent de tuer en toute impunité juridique, attention je ne dis pas que c’est volontaire, je souligne juste que la justice relaxe les criminels de la route.

    • La situation parisienne ressemble beaucoup à celle d’autres grandes villes, et notamment à celle du centre de Londres. Un rapport des transports en commun londoniens émettait l’hypothèse que les femmes sont surreprésentées dans les cyclistes tués par des poids lourds parce qu’elles sont moins susceptibles de griller les feux rouges que les hommes. En effet, les cyclistes hommes sont généralement plus enclins à prendre des libertés avec le code de la route lorsqu’il s’agit de se rendre visibles des autres engins motorisés, et à se mettre devant eux pour redémarrer. Et dans certains cas, le respect strict du code de la route force à rester dans un angle mort. Par ailleurs, indique le rapport, le cycliste est plus en sécurité dans le flux de circulation s’il se déplace à la même vitesse que les motorisés. A Londres, dans la plupart des cas, les accidents se produisent lorsque le poids lourd renverse le cycliste en tournant à gauche (et à droite à Paris)

    • ...ces gros signaux de présence d’autrui vont invisibiliser les autres usagèr·es.

      Tout à fait d’accord avec toi @aude_v
      Il faut se souvenir qu’au moment de l’instauration de cette mesure (l’allumage permanent des phares ) l’argument mis en avant par l’administration française était : « En Scandinavie où l’allumage des phares de jour est la règle, le taux d’accident est plus faible »
      Sauf qu’en Scandinavie cette mesure répond à une situation particulière : la moitié de l’année le soleil est très bas sur l’horizon entrainant un éblouissement (qu’on expérimente occasionnellement en France au moment du coucher du soleil) et c’est pour palier à ce manque de visibilité dû à l’éblouissement que l’allumage permanent des phares a été instauré dans les pays nordiques.
      Le taux d’accidents est en réalité totalement décorrélé, les conducteurs scandinaves étant déjà à l’époque beaucoup plus respectueux des autres usagés.
      L’administration française à juste trouvé dans l’exemple scandinave un biais de confirmation dont on mesure aujourd’hui les effets délétères.

    • Je note pour ma part que la grosse majorité des morts sont des hommes - la violence masculine est aussi une violence des hommes contre les autres hommes (et contre soit, donc, j’imagine, pour un certain nombre de ces morts...).

      J’étais en Allemagne ces jours-ci. C’est particulier la quiétude que l’on ressent dans les rues des villes. Les voitures s’arrêtent et te laissent passer, sans besoin de forcer le passage. Et même quand toi même tu conduis, les autres véhicules te laissent manœuvrer tranquillement. Sans parler des autoroutes, où les chauffards roulant à 170 te laissent tranquillement faire tes manœuvres de dépassement à ton rythme de français (130), sans cligno comminatoires (illégal là bas, figurez-vous) ni appels de phares. De retour en France, la différence était flagrante et désespérante.

    • @biggrizzly, les combats de zizi font beaucoup de victimes, la violence est une gloire débile de la masculinisation. Quand on sait que de +90% des prévenus sont des hommes, c’est très inquiétant sur l’état de l’éducation française où on continue de ne pas respecter les enfants et de les frapper.
      Il y a toujours une source d’enfance pourrie, et dans la violence une façon inconsciente de frôler la mort qui pue la douleur de ne pas être autre chose qu’un amas de frustration et de développement pas bien terminé.
      En corollaire il y avait une étude, mais je ne remets pas la main dessus, qui montrait que le nombre de victimes de la route ayant subies des violences enfants étaient plus nombreuses, un contre-coup des traumatismes subis.

      Et je m’éloigne un peu, mais quand même. La route est un espace public fortement inconscient avec 10 morts par jour en france. Il n’y a aucune étude ou campagne qui aborde la dimension culturelle ou qui se questionne sur ce qui génère cette violence. Moi j’aimerai bien comprendre pourquoi je trouve que c’est la même inconscience que pour l’espace du sexe, maintenant que l’on a commencé à lever le voile et reconnu que le sexe est politique, pour sortir de l’inconscient faudrait peut-être s’atteler à voir que la conduite aussi est politique.
      #victimes

    • Oui elles ont eu a une époque des frais d’assurances moins chers que les hommes mais les hommes dans un soucis d’égalité ont exigés que les frais soient identique et cela même si les hommes sont pour ceux qui conduisent des dangers publiques qui coute très chère à la collectivité et surtout aux femmes et aux enfants.