• OP-ed : La guerre faite aux migrants à la frontière grecque de l’Europe par #Vicky_Skoumbi

    La #honte de l’Europe : les #hotspots aux îles grecques
    Devant les Centres de Réception et d’Identification des îles grecques, devant cette ‘ignominie à ciel ouvert’ que sont les camps de Moria à Lesbos et de Vathy à Samos, nous sommes à court de mots ; en effet il est presque impossible de trouver des mots suffisamment forts pour dire l’horreur de l’enfermement dans les hot-spots d’hommes, femmes et enfants dans des conditions abjectes. Les hot-spots sont les Centres de Réception et d’Identification (CIR en français, RIC en anglais) qui ont été créés en 2015 à la demande de l’UE en Italie et en Grèce et plus particulièrement dans les îles grecques de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, afin d’identifier et enregistrer les personnes arrivantes. L’approche ‘hot-spots’ introduite par l’UE en mai 2015 était destinée à ‘faciliter’ l’enregistrement des arrivants en vue d’une relocalisation de ceux-ci vers d’autres pays européens que ceux de première entrée en Europe. Force est de constater que, pendant ces cinq années de fonctionnement, ils n’ont servi que le but contraire de celui initialement affiché, à savoir le confinement de personnes par la restriction géographique voire par la détention sur place.

    Actuellement, dans ces camps, des personnes vulnérables, fuyant la guerre et les persécutions, fragilisées par des voyages longs et éprouvants, parmi lesquels se trouvent des victimes de torture ou de naufrage, sont obligées de vivre dans une promiscuité effroyable et dans des conditions inhumaines. En fait, trois quart jusqu’à quatre cinquième des personnes confinées dans les îles grecques appartiennent à des catégories reconnues comme vulnérables, même aux yeux de critères stricts de vulnérabilité établis par l’UE et la législation grecque[1], tandis qu’un tiers des résidents des camps de Moria et de Vathy sont des enfants, qui n’ont aucun accès à un circuit scolaire. Les habitants de ces zones de non-droit que sont les hot-spots, passent leurs journées à attendre dans des files interminables : attendre pour la distribution d’une nourriture souvent avariée, pour aller aux toilettes, pour se laver, pour voir un médecin. Ils sont pris dans un suspens du temps, sans aucune perspective d’avenir de sorte que plusieurs d’entre eux finissent par perdre leurs repères au détriment de leur équilibre mental et de leur santé.

    Déjà avant l’épidémie de Covid 19, plusieurs organismes internationaux comme le UNHCR[2] avaient dénoncé les conditions indignes dans lesquelles étaient obligées de vivre les demandeurs d’asile dans les hot-spots, tandis que des ONG comme MSF[3] et Amnesty International[4] avaient à plusieurs reprises alerté sur le risque que représentent les conditions sanitaires si dégradées, en y pointant une situation propice au déclenchement des épidémies. De son côté, Jean Ziegler, dans son livre réquisitoire sorti en début 2020, désignait le camp de #Moria, le hot-spot de Lesbos, comme la ‘honte de l’Europe’[5].

    Début mars 2020, 43.000 personnes étaient bloquées dans les îles dont 20.000 à Moria et 7.700 à Samos pour une capacité d’accueil de 2.700 et 650 respectivement[6]. Avec les risques particulièrement accrus de contamination, à cause de l’impossibilité de respecter la distanciation sociale et les mesures d’hygiène, on aurait pu s’attendre à ce que des mesures urgentes de décongestion de ces camps soient prises, avec des transferts massifs vers la Grèce continentale et l’installation dans des logements touristiques vides. A vrai dire c’était l’évacuation complète de camps si insalubres qui s’imposait, mais étant donné la difficulté de trouver dans l’immédiat des alternatives d’hébergement pour 43.000 personnes, le transfert au moins des plus vulnérables à des structures plus petites offrant la possibilité d’isolement- comme les hôtels et autres logements touristiques vides dans le continent- aurait été une mesure minimale de protection. Au lieu de cela, le gouvernement Mitsotakis a décidé d’enfermer les résidents des camps dans les îles dans des conditions inhumaines, sans qu’aucune mesure d’amélioration des conditions sanitaires ne soit prévue[7].

    Car, les mesures prises le 17 mars par le gouvernement pour empêcher la propagation du virus dans les camps, consistaient uniquement en une restriction des déplacements au strict minimum nécessaire et même en deça de celui-ci : une seule personne par famille aura désormais le droit de sortir du camp pour faire des courses entre 7 heures et 19 heures, avec une autorisation fournie par la police, le nombre total de personnes ayant droit de sortir par heure restant limité. Parallèlement l’entrée des visiteurs a été interdite et celle des travailleurs humanitaires strictement limitée à ceux assurant des services vitaux. Une mesure supplémentaire qui a largement contribué à la détérioration de la situation des réfugiés dans les camps, a été la décision du ministère d’arrêter de créditer de fonds leur cartes prépayés (cash cards ) afin d’éviter toute sortie des camps, laissant ainsi les résidents des hot-spots dans l’impossibilité de s’approvisionner avec des produits de première nécessité et notamment de produits d’hygiène. Remarquez que ces mesures sont toujours en vigueur pour les hot-spots et toute autre structure accueillant des réfugiés et des migrants en Grèce, en un moment où toute restriction de mouvement a été déjà levée pour la population grecque. En effet, après une énième prolongation du confinement dans les camps, les mesures de restriction de mouvement ont été reconduites jusqu’au 5 juillet, une mesure d’autant plus discriminatoire que depuis cinq semaines déjà les autres habitants du pays ont retrouvé une entière liberté de mouvement. Etant donné qu’aucune donnée sanitaire ne justifie l’enfermement dans les hot-spots où pas un seul cas n’a été détecté, cette extension de restrictions transforme de facto les Centres de Réception et Identification (RIC) dans les îles en centres fermés ou semi-fermés, anticipant ainsi à la création de nouveaux centres fermés, à la place de hot-spots actuels –voir ici et ici. Il est fort à parier que le gouvernement va étendre de prolongation en prolongation le confinement de RIC pendant au moins toute la période touristique, ce qui risque de faire monter encore plus la tension dans les camps jusqu’à un niveau explosif.

    Ainsi les demandeurs d’asile ont été – et continuent toujours à être – obligés de vivre toute la période de l’épidémie, dans une très grande promiscuité et dans des conditions sanitaires qui suscitaient déjà l’effroi bien avant la menace du Covid-19[8]. Voyons de plus près quelles conditions de vie règnent dans ce drôle de ‘chez soi’, auquel le Ministre grec de la politique migratoire invitait les réfugiés à y passer une période de confinement sans cesse prolongée, en présentant le « Stay in camps » comme le strict équivalent du « Stay home », pour les citoyens grecs. Dans l’extension « hors les murs » du hotspot de Moria, vers l’oliveraie, repartie en Oliveraie I, II et III, il y a des quartiers où il n’existe qu’un seul robinet d’eau pour 1 500 personnes, ce qui rend le respect de règles d’hygiène absolument impossible. Dans le camp de Moria il n’y a qu’une seule toilette pour 167 personnes et une douche pour 242, alors que dans l’Oliveraie, 5 000 personnes n’ont aucun accès à l’électricité, à l’eau et aux toilettes. Selon le directeur des programmes de Médecins sans Frontières, Apostolos Veizis, au hot-spot de Samos à Vathy, il n’y a qu’une seule toilette pour 300 personnes, tandis que l’organisation MSF a installé 80 toilettes et elle fournit 60 000 litres d’eau par jour pour couvrir, ne serait-ce que partiellement- les besoins de résidents à l’extérieur du camp.

    Avec la restriction drastique de mouvement contre le Covid-19, non seulement les sorties du camp, même pour s’approvisionner ou pour aller consulter, étaient faites au compte-goutte, mais aussi les entrées, limitant ainsi dramatiquement les services que les ONG et les collectifs solidaires offraient aux réfugiés. La réduction du nombre des ONG et l’absence de solidaires a créé un manque cruel d’effectifs qui s’est traduit par une désorganisation complète de divers services et notamment de la distribution de la nourriture. Ainsi, dans le camp de Moria en pleine pandémie, ont eu lieu des scènes honteuses de bousculade effroyable où les réfugiés étaient obligés de se battre pour une portion de nourriture- voir la vidéo et l’article de quotidien grec Ephimérida tôn Syntaktôn. Ces scènes indignes ne sauraient que se multiplier dans la mesure où le gouvernement en imposant aux ONG un procédé d’enregistrement très complexe et coûteux a réussi à exclure plus que la moitié de celles qui s’activent dans les camps. Car, par le processus de ‘régulation’ d’un domaine censément opaque, imposé par la récente loi sur l’asile, n’ont réussi à passer que 18 ONG qui elles seules auront désormais droit d’entrée dans les hot-spots[9]. En fait, l’inscription des ONG dans le registre du Ministère s’avère un procédé plein d’embûches bureaucratiques. Qui plus est le Ministre peut décider à son gré de refuser l’inscription des organisations qui remplissent tous les critères requis, ce qui serait une ingérence flagrante du pouvoir dans le domaine humanitaire.

    Car, il faudrait aussi savoir que les réfugiés enfermés dans les camps se trouvent à la limite de la survie, après la décision du Ministère de leur couper, à partir du début mars, les aides –déjà très maigres, 90 euros par mois pour une personne seule- auxquelles ils avaient droit jusqu’à maintenant. En ce qui concerne la couverture sociale de santé, à partir de juillet dernier les demandeurs ne pouvaient plus obtenir un numéro de sécurité sociale et étaient ainsi privés de toute couverture santé. Après des mois de tergiversation et sous la pression des organismes internationaux, le gouvernement grec a enfin décidé de leur accorder un numéro provisoire de sécurité sociale, mais cette mesure reste pour l’instant en attente de sa pleine réalisation. Entretemps, l’exclusion des demandeurs d’asile du système national de santé a fait son effet : non seulement, elle a conduit à une détérioration significative de la santé des requérant, mais elle a également privé des enfants réfugiés de scolarisation, car, faute de carnet de vaccination à jour, ceux-ci ne pouvaient pas s’inscrire à l’école.

    En d’autres termes, au lieu de déployer pendant l’épidémie une politique de décongestion avec transferts massifs à des structures sécurisées, le gouvernement a traité les demandeurs d’asile comme porteurs virtuels du virus, à tenir coûte que coûte à l’écart de la société ; non seulement les réfugiés et les migrants n’ont pas été protégés par un confinement sécurisé, mais ils ont été enfermés dans des conditions sanitaires mettant leur santé et leur vie en danger. La preuve, si besoin est, ce sont les mesures prises par le gouvernement dans des structures d’accueil du continent où des cas de coronavirus ont été détectés ; par ex. la gestion catastrophique de la quarantaine dans une structure d’accueil hôtelière à Kranidi en Péloponnèse où une femme enceinte a été testée positive en avril. Dans cet hôtel géré par l’IOM qui accueille 470 réfugiés de l’Afrique sub-saharienne, après l’indentification de deux cas (une employée et une résidente), un dépistage généralisé a été effectué et le 21 avril 150 cas ont été détectés ; très probablement le virus a été ‘importé’ dans la structure par les contacts des réfugiés et du personnel avec les propriétaires de villas voisines installés dans la région pour la période de confinement et qui les employaient pour divers services. Après une quarantaine de trois semaines, trois nouveaux cas ont été détectés avec comme résultat que toutes les personnes testées négatives ont été placées en quarantaine avec celles testées positives au même endroit[10].

    Exactement la même tactique a été adoptée dans les camps de Ritsona (au nord d’Athènes) et de Malakassa (à l’est d’Attique), où des cas ont été détectés. Au lieu d’isoler les porteurs du virus et d’effectuer un dépistage exhaustif de toute la population du camp, travailleurs compris, ce qui aurait pu permettre d’isoler tout porteur non-symptomatique, les camps avec tous leurs résidents ont été mis en quarantaine. Les autorités « ont imposé ces mesures sans prendre de dispositions nécessaires …pour isoler les personnes atteintes du virus à l’intérieur des camps, ont déclaré deux travailleurs humanitaires et un résident du camp. Dans un troisième cas, les autorités ont fermé le camp sans aucune preuve de la présence du virus à l’intérieur, simplement parce qu’elles soupçonnaient les résidents du camp d’avoir eu des contacts avec une communauté voisine de Roms où des gens avaient été testés positifs [11] » [il s’agit du camp de Koutsohero, près de Larissa, qui accueille 1.500 personnes][12].

    Un travailleur humanitaire a déclaré à Human Rights Watch : « Aussi scandaleux que cela puisse paraître, l’approche des autorités lorsqu’elles soupçonnent qu’il pourrait y avoir un cas de virus dans un camp consiste simplement à enfermer tout le monde dans le camp, potentiellement des milliers de personnes, dont certaines très vulnérables, et à jeter la clé, sans prendre les mesures appropriées pour retracer les contacts de porteurs du virus, ni pour isoler les personnes touchées ».

    Il va de soi qu’une telle tactique ne vise nullement à protéger les résidents de camp, mais à les isoler tous, porteurs et non-porteurs, ensemble, au risque de leur santé et de leur vie. Au fond, la stratégie du gouvernement a été simple : retrancher complètement les réfugiés du reste de la population, tout en les excluant de mesures de protection efficiantes. Bref, les réfugiés ont été abandonnés à leur sort, quitte à se contaminer les uns les autres, pourvu qu’ils ne soient plus en contact avec les habitants de la région.

    La gestion par les autorités de la quarantaine à l’ancien camp de Malakasa est également révélatrice de la volonté des autorités non pas de protéger les résidents des camps mais de les isoler à tout prix de la population locale. Une quarantaine a été imposée le 5 avril suite à la détection d’un cas. A l’expiration du délai réglementaire de deux semaines, la quarantaine n’a été que très partiellement levée. Pendant la durée de la quarantaine l’ancien camp de Malakasa abritant 2.500 personnes a été approvisionné en quantité insuffisante en nourriture de basse valeur nutritionnelle, et pratiquement pas du tout en médicaments et aliments pour bébés. Le 22 avril un nouveau cas a été détecté et la quarantaine a été de nouveau imposée à l’ensemble de 2.500 résidents du camp. Entretemps quelques tests de dépistage ont été faits par-ci et par-là, mais aucune mesure spécifique n’a été prise pour les cas détectés afin de les isoler du reste de la population du camp. Pendant cette nouvelle période de quarantaine, la seule mesure prise par les autorités a été de redoubler les effectifs de police à l’entrée du camp, afin d’empêcher toute sortie, et ceci à un moment critique où des produits de première nécessité manquaient cruellement dans le camp. Ni dépistage généralisé, ni visite d’équipes médicales spécialisées, ni non plus séparation spatiale stricte entre porteurs et non-porteurs du virus n’ont été mises en place. La quarantaine, avec une courte période d’allégement de mesures de restriction, dure déjà depuis deux mois et demi. Car, le 20 juin elle a été prolongée jusqu’au 5 juillet, transformant ainsi de facto les résidents du camp en détenus[13].

    La façon aussi dont ont été traités les nouveaux arrivants dans les îles depuis le début de la période du confinement et jusqu’à maintenant est également révélatrice de la volonté du gouvernement de ne pas faire le nécessaire pour assurer la protection des demandeurs d’asile. Non seulement ceux qui sont arrivés après le début mars n’ont pas été mis à l’abri pour y passer la période de quarantaine de 14 jours dans des conditions sécurisées, mais ils ont été systématiquement ‘confinés en plein air’ à la proximité de l’endroit où ils ont débarqué : les nouveaux arrivants, femmes enceintes et enfants compris, ont été obligés de vivre en plein air, exposés aux intempéries dans une zone circonscrite placée sous la surveillance de la police, pendant deux, trois voire quatre semaines et sans aucun accès à des infrastructures sanitaires. Le cas de 450 personnes arrivées début mars est caractéristique : après avoir été gardées en « quarantaine » dans une zone entourée de barrières au port de Mytilène, elles ont été enfermées pendant 13 jours dans des conditions inimaginables dans un navire militaire grec, où ils ont été obligés de dormir sur le sol en fer du navire, vivant littéralement les uns sur les autres, sans même qu’on ne leur fournisse du savon pour se laver les mains.

    Cet enfermement prolongé dans des conditions abjectes, en contre-pied du confinement sécurisé à la maison, que la plupart d’entre nous, citoyens européens, avons connu, transforme de fait les demandeurs en détenus et crée inévitablement des situations explosives avec une montée des incidents violents, des affrontements entre groupes ethniques, des départs d’incendies à Lesbos, à Chios et à Samos. Ne serait-ce qu’à Moria, et surtout dans l’Oliveraie qui entoure le camp officiel, dès la tombée de la nuit l’insécurité règne : depuis le début de l’année on y dénombre au moins 14 agressions à l’arme blanche qui ont fait quatre morts et 14 blessés[14]. Bref aux conditions de vie indignes et dangereuses pour la santé, il faudrait ajouter l’insécurité croissante, encore plus pesante pour les femmes, les personnes LGBT+ et les mineurs isolés.

    Affronté aux réactions des sociétés locales et à la pression des organismes internationaux, le gouvernement grec a fini par reconnaître la nécessité de la décongestion des îles par le biais du transfert de réfugiés et des demandeurs d’asile vulnérables au continent. Mais il s’en est rendu compte trop tard ; entretemps le discours haineux qui présente les migrants comme une menace pour la sécurité nationale voire pour l’identité de la nation, ce poison qu’elle-même a administré à la population, a fait son effet. Aujourd’hui, le ministre de la politique migratoire a été pris au piège de sa propre rhétorique xénophobe haineuse ; c’est au nom justement de celle-ci que les autorités régionales et locales (et plus particulièrement celles proches à la majorité actuelle), opposent un refus catégorique à la perspective d’accueillir dans leur région des réfugiés venant des hot-spots des îles. Des hôtels où des familles en provenance de Moria auraient dû être logées ont été en partie brûlés, des cars transportant des femmes et des enfants ont été attaqués à coup de pierres, des tenanciers d’établissements qui s’apprêtaient à les accueillir, ont reçu des menaces, la liste des actes honteux ne prend pas fin[15].

    Mais le ministre grec de la politique migratoire n’est jamais en court de moyens : il a un plan pour libérer plus que 10.000 places dans les structures d’accueil et les appartements en Grèce continentale. A partir du 1 juin, les autorités ont commencé à mettre dans la rue 11.237 réfugiés reconnus comme bénéficiaires de protection internationale, un mois après l’obtention de leur carte de réfugiés ! Evincés de leurs logements, ces réfugiés, femmes, enfants et personnes vulnérables compris, se retrouveront dans la rue et sans ressources, car ils n’ont plus le droit de recevoir les aides qui ne leur sont destinées que pendant les 30 jours qui suivent l’obtention de leur carte[16]. Cette décision du ministre Mitarakis a été mise sur le compte d’une politique moins accueillante, car selon lui, les aides, assez maigres, par ailleurs, constituaient un « appel d’air » trop attractif pour les candidats à l’exil ! Le comble de l’affaire est que tant le programme d’hébergement en appartements et hôtels ESTIA que les aides accordées aux réfugiés et demandeurs d’asile sont financées par l’UE et des organismes internationaux, et ne coûtent strictement rien au budget de l’Etat. Le désastre qui se dessine à l’horizon a déjà pointé son nez : une centaine de réfugiés dont une quarantaine d’enfants, transférés de Lesbos à Athènes, ont été abandonnés sans ressources et sans toit en pleine rue. Ils campent actuellement à la place Victoria, à Athènes.

    Le dernier cercle de l’enfer : les PROKEKA

    Au moment où est écrit cet article, les camps dans les îles fonctionnent cinq, six voire dix fois au-dessus de leur capacité d’accueil. 34.000 personnes sont actuellement entassées dans les îles, dont 30.220 confinées dans les conditions abjectes de hot-spots prévus pour accueillir 6 000 personnes au grand maximum ; 750 en détention dans les centres de détention fermés avant renvoi (PROΚEΚA), et le restant dans d’autres structures[17].

    Plusieurs agents du terrain ont qualifié à juste titre les camps de Moria à Lesbos et celui de Vathy à Samos[18] comme l’enfer sur terre. Car, comment désigner autrement un endroit comme Moria où les enfants – un tiers des habitants du camp- jouent parmi les ordures et les déjections et où plusieurs d’entre eux touchent un tel fond de désespoir qu’ils finissent par s’automutiler et/ou par commettre de tentatives de suicide[19], tandis que d’autres tombent dans un état de prostration et de mutisme ? Comment dire autrement l’horreur d’un endroit comme le camp de Vathy où femmes enceintes et enfants de bas âge côtoient des serpents, des rats et autres scorpions ?

    Cependant, il y a pire, en l’occurrence le dernier cercle de l’Enfer, les ‘Centres de Détention fermés avant renvoi’ (Pre-moval Detention Centers, PROKEKA en grec), l’équivalent grec des CRA (Centre de Rétention Administrative) en France[20]. Aux huit centres fermés de détention et aux postes de police disséminés partout en Grèce, plusieurs milliers de demandeurs d’asile et d’étrangers sans-papiers sont actuellement détenus dans des conditions terrifiantes. Privés même des droits les plus élémentaires de prisonniers, les détenus restent presque sans soins médicaux, sans contact régulier avec l’extérieur, sans droit de visite ni accès assuré à une aide judiciaire. Ces détenus qui sont souvent victimes de mauvais traitements de la part de leurs gardiens, n’ont pas de perspective de sortie, dans la mesure où, en vertu de la nouvelle loi sur l’asile, leur détention peut être prolongée jusqu’à 36 mois. Leur maintien en détention est ‘justifié’ en vue d’une déportation devenue plus qu’improbable – qu’il s’agisse d’une expulsion vers le pays d’origine ou d’une réadmission vers un tiers pays « sûr ». Dans ces conditions il n’est pas étonnant qu’en désespoir de cause, des détenus finissent par attenter à leur jours, en commettant des suicides ou des tentatives de suicide.

    Ce qui est encore plus alarmant est qu’à la fin 2018, à peu près 28% des détenus au sein de ces centres fermés étaient des mineurs[21]. Plus récemment et notamment fin avril dernier, Arsis dans un communiqué de presse du 27 avril 2020, a dénoncé la détention en tout point de vue illégale d’une centaine de mineurs dans un seul centre de détention, celui d’Amygdaleza en Attique. D’après les témoignages, c’est avant tout dans les préfectures et les postes de police où sont gardés plus que 28% de détenus que les conditions de détention virent à un cauchemar, qui rivalise avec celui dépeint dans le film Midnight Express. Les cellules des commissariats où s’entassent souvent des dizaines de personnes sont conçus pour une détention provisoire de quelques heures, les infrastructures sanitaires sont défaillantes, et il n’y a pas de cour pour la promenade quotidienne. Quant aux policiers, ils se comportent comme s’ ils étaient au-dessus de la loi face à des détenus livrés à leur merci : ils leur font subir des humiliations systématiques, des mauvais traitements, des violences voire des tortures.

    Plusieurs témoignages concordants dénoncent des conditions horribles dans les préfectures et les commissariats : les détenus peuvent être privés de nourriture et d’eau pendant des journées entières, plusieurs entre eux sont battus et peuvent rester entravés et ligotés pendant des jours, privés de soins médicaux, même pour des cas urgents. En mars 2017, Ariel Rickel (fondatrice d’Advocates Abroad) avait découvert dans le commissariat du hot-spot de Samos, un mineur de 15 ans, ligoté sur une chaise. Le jeune homme qui avait été violement battu par les policiers, avait eu des côtes cassées et une blessure ouverte au ventre ; il était resté dans cet état ligoté trois jours durant, et ce n’est qu’après l’intervention de l’ombudsman, sollicité par l’avocate, qu’il a fini par être libéré.[22] Le cas rapporté par Ariel Rickel à Valeria Hänsel n’est malheureusement pas exceptionnel. Car, ces conditions inhumaines de détention dans les PROKEKA ont été à plusieurs reprises dénoncées comme un traitement inhumain et dégradant par la Cour Européenne de droits de l’homme[23] et par le Comité Européen pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe (CPT).

    Il faudrait aussi noter qu’au sein de hot-spot de Lesbos et de Kos, il y a de tels centres de détention fermés, ‘de prison dans les prisons à ciel ouvert’ que sont ces camps. Un rapport récent de HIAS Greece décrit les conditions inhumaines qui règnent dans le PROKEKA de Moria où sont détenus en toute illégalité des demandeurs d’asile n’ayant commis d’autre délit que le fait d’être originaire d’un pays dont les ressortissants obtiennent en moyenne en UE moins de 25% de réponses positives à leurs demandes d’asile (low profile scheme). Il est évident que la détention d’un demandeur d’asile sur la seule base de son pays d’origine constitue une mesure de ségrégation discriminatoire qui expose les requérants à des mauvais traitements, vu la quasi inexistence de services médicaux et la très grande difficulté voire l’impossibilité d’avoir accès à l’aide juridique gratuite pendant la détention arbitraire. Ainsi, p.ex. des personnes ressortissant de pays comme le Pakistan ou l’Algérie, même si ils/elles sont LGBT+, ce qui les exposent à des dangers graves dans leur pays d’origine, seront automatiquement détenus dans le PROKEKA de Moria, étant ainsi empêchés d’étayer suffisamment leur demande d’asile, en faisant appel à l’aide juridique gratuite et en la documentant. Début avril, dans deux centres de détention fermés, celui au sein du camp de Moria et celui de Paranesti, près de la ville de Drama au nord de la Grèce, les détenus avaient commencés une grève de la faim pour protester contre la promiscuité effroyable et réclamer leur libération ; dans les deux cas les protestations ont été très violemment réprimées par les forces de l’ordre.

    La déclaration commune UE-Turquie

    Cependant il faudrait garder à l’esprit qu’à l’origine de cette situation infernale se trouve la décision de l’UE en 2016 de fermer ses frontières et d’externaliser en Turquie la prise en charge de réfugiés, tout en bloquant ceux qui arrivent à passer en Grèce. C’est bien l’accord UE-Turquie du 18 mars 2016[24] – en fait une Déclaration commune dépourvue d’un statut juridique équivalent à celui d’un accord en bonne et due forme- qui a transformé les îles grecques en prison à ciel ouvert. En fait, cette Déclaration est un troc avec la Turquie où celle-ci s’engageait non seulement à fermer ses frontières en gardant sur son sol des millions de réfugiés mais aussi à accepte les réadmissions de ceux qui ont réussi à atteindre l’Europe ; en échange une aide de 6 milliards lui serait octroyée afin de couvrir une partie de frais générés par le maintien de 3 millions de réfugiés sur son sol, tandis que les ressortissants turcs n’auraient plus besoin de visa pour voyager en Europe. En fait, comme le dit un rapport de GISTI, la nature juridique de la Déclaration du 18 mars a beau être douteuse, elle ne produit pas moins les « effets d’un accord international sans en respecter les règles d’élaboration ». C’est justement le statut douteux de cette déclaration commune, que certains analystes n’hésitent pas de désigner comme un simple ‘communiqué de presse’, qui a fait que la Cour Européenne a refusé de se prononcer sur la légalité, en se déclarant incompétente, face à un accord d’un statut juridique indéterminé.

    Or, dans le cadre de la mise en œuvre de cet accord a été introduite par l’article 60(4) de la loi grecque L 4375/2016, la procédure d’asile dite ‘accélérée’ dans les îles grecques (fast-track border procedure) qui non seulement réduisaient les garanties de la procédure au plus bas possible en UE, mais qui impliquait aussi comme corrélat l’imposition de la restriction géographique de demandeurs d’asile dans les îles de première arrivée. Celle-ci fut officiellement imposée par la décision 10464/31-5-2017 de la Directrice du Service d’Asile, qui instaurait la restriction de circulation des requérant, afin de garantir le renvoi en Turquie de ceux-ci, en cas de rejet de leurs demandes. Rappelons que ces renvois s’appuient sur la reconnaissance -tout à fait infondée-, de la Turquie comme ‘pays tiers sûr’. Même des réfugiés Syriens ont été renvoyés en Turquie dans le cadre de la mise en application de cette déclaration commune.

    La restriction géographique qui contraint les demandeurs d’asile de ne quitter sous aucun prétexte l’île où ils ont déposé leur demande, jusqu’à l’examen complet de celle-ci, conduit inévitablement au point où nous sommes aujourd’hui à savoir à ce surpeuplement inhumain qui non seulement crée une situation invivable pour les demandeurs, mais a aussi un effet toxique sur les sociétés locales. Déjà en mai 2016, François Crépeau, rapporteur spécial de NU aux droits de l’homme de migrants, soulignait que « la fermeture de frontières de pays au nord de la Grèce, ainsi que le nouvel accord UE-Turquie a abouti à une augmentation exponentielle du nombre de migrants irréguliers dans ce pays ». Et il ajoutait que « le grand nombre de migrants irréguliers bloqués en Grèce est principalement le résultat de la politique migratoire de l’UE et des pays membres de l’UE fondée exclusivement sur la sécurisation des frontières ».

    Gisti, dans un rapport sur les hotspots de Chios et de Lesbos notait également depuis 2016 que, étant donné l’accord UE-Turquie, « ce sont les Etats membres de l’UE et l’Union elle-même qui portent l’essentiel de la responsabilité́ des mauvais traitements et des violations de leurs droits subis par les migrants enfermés dans les hotspots grecs.

    La présence des agences européennes à l’intérieur des hotspots ne fait que souligner cette responsabilité ». On le verra, le rôle de l’EASO est crucial dans la décision finale du service d’asile grec. Quant au rôle joué par Frontex, plusieurs témoignages attestent sa pratique quotidienne de non-assistance à personnes en danger en mer voire sa participation à des refoulements illégaux. Remarquons que c’est bien cette déclaration commune UE-Turquie qui stipule que les demandeurs déboutés doivent être renvoyés en Turquie et à cette fin être maintenus en détention, d’où la situation actuelle dans les centres de détention fermés.

    Enfin la situation dans les hot-spots s’est encore plus aggravée, en raison de la décision du gouvernement Mitsotakis de geler pendant plusieurs mois tout transfert vers la péninsule grecque, bloquant ainsi même les plus vulnérables sur place. Sous le gouvernement précédent, ces derniers étaient exceptés de la restriction géographique dans les hot-spots. Mais à partir du juillet 2020 les transferts de catégories vulnérables -femmes enceintes, mineurs isolés, victimes de torture ou de naufrages, personnes handicapées ou souffrant d’une maladie chronique, victimes de ségrégations à cause de leur orientation sexuelle, – avaient cessé et n’avaient repris qu’au compte-goutte début janvier, plusieurs mois après leurs suspension.

    Le dogme de la ‘surveillance agressive’ des frontières

    Les refoulements groupés sont de plus en plus fréquents, tant à la frontière maritime qu’à la frontière terrestre. A Evros cette pratique était assez courante bien avant la crise à la frontière gréco-turque de mars dernier. Elle consistait non seulement à refouler ceux qui essayaient de passer la frontière, mais aussi à renvoyer en toute clandestinité ceux qui étaient déjà entrés dans le territoire grec. Les faits sont attestés par plusieurs témoignages récoltés par Human Rights 360 dans un rapport publié fin 2018 : "The new normality : Continuous push-backs of third country nationals on the Evros river" (https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1028-the-new-normality-continuous-push-backs-of-third-country-nationals-on-the-e). Les « intrus » qui ont réussi à passer la frontière sont arrêtés et dépouillés de leur biens, téléphone portable compris, pour être ensuite déportés vers la Turquie, soit par des forces de l’ordre en tenue, soit par des groupes masqués et cagoulés difficiles à identifier. En effet, il n’est pas exclu que des patrouilles paramilitaires, qui s’activent dans la région en se prenant violemment aux migrants au vu et au su des autorités, soient impliquées à ses opérations. Les réfugiés peuvent être gardés non seulement dans des postes de police et de centres de détention fermés, mais aussi dans des lieux secrets, sans qu’ils n’aient la moindre possibilité de contact avec un avocat, le service d’asile, ou leurs proches. Par la suite ils sont embarqués de force sur des canots pneumatiques en direction de la Turquie.

    Cette situation qui fut dénoncée par les ONG comme instaurant une nouvelle ‘normalité’, tout sauf normale, s’est dramatiquement aggravée avec la crise à la frontière terrestre fin février et début mars dernier[25]. Non seulement la frontière fut hermétiquement fermée et des refoulements groupés effectués par la police anti-émeute et l’armée, mais, dans le cadre de la soi-disant défense de l’intégrité territoriale, il y a eu plusieurs cas où des balles réelles ont été tirées par les forces grecques contre les migrants, faisant quatre morts et plusieurs blessés[26].

    Cependant ces pratiques criminelles ne sont pas le seul fait des autorités grecques. Depuis le 13 mars dernier, des équipes d’Intervention Rapide à la Frontière de Frontex, les Rapid Border Intervention Teams (RABIT) ont été déployées à la frontière gréco-turque d’Evros, afin d’assurer la ‘protection’ de la frontière européenne. Leur intervention qui aurait dû initialement durer deux mois, a été entretemps prolongée. Ces équipes participent elles, et si oui dans quelle mesure, aux opérations de refoulement ? Il faudrait rappeler ici que, d’après plusieurs témoignages récoltés par le Greek Council for Refugees, les équipes qui opéraient les refoulements en 2017 et 2018 illégaux étaient déjà mixtes, composées des agents grecs et des officiers étrangers parlant soit l’allemand soit l’anglais. Il n’y a aucune raison de penser que cette coopération en bonne entente en matière de refoulement, entre forces grecques et celles de Frontex ait cessé depuis, d’autant plus que début mars la Grèce fut désignée par les dirigeants européens pour assurer la protection de l’Europe, censément menacée par les migrants à sa frontière.

    Plusieurs témoignages de réfugiés refoulés à la frontière d’Evros ainsi que des documents vidéo attestent l’existence d’un centre de détention secret destiné aux nouveaux arrivants ; celui-ci n’est répertorié nulle part et son fonctionnement ne respecte aucune procédure légale, concernant l’identification et l’enregistrement des arrivants. Ce centre, fonctionnant au noir, dont l’existence fut révélée par un article du 10 mars 2020 de NYT, se situe à la proximité de la frontière gréco-turque, près du village grec Poros. Les malheureux qui y échouent, restent détenus dans cette zone de non-droit absolu[27], car, non seulement leur existence n’est enregistrée nulle part mais le centre même n’apparaît sur aucun registre de camps et de centres de détention fermés. Au bout de quelques jours de détention dans des conditions inhumaines, les détenus dépouillés de leurs biens sont renvoyés de force vers la Turquie, tandis que plusieurs d’entre eux ont été auparavant battus par la police.

    La situation est aussi alarmante en mer Egée, où les rapports dénonçant des refoulements maritimes violents mettant en danger la vie de réfugiés, ne cessent de se multiplier depuis le début mars. D’après les témoignages il y aurait au moins deux modes opératoires que les garde-côtes grecs ont adoptés : enlever le moteur et le bidon de gasoil d’une embarcation surchargée et fragile, tout en la repoussant vers les eaux territoriaux turques, et/ou créer des vagues, en passant en grande vitesse tout près du bateau, afin d’empêcher l’embarcation de s’approcher à la côte grecque (voir l’incident du 4 juin dernier, dénoncé par Alarm Phone). Cette dernière méthode de dissuasion ne connaît pas de limites ; des vidéos montrent des incidents violents où les garde-côtes n’hésitent pas à tirer des balles réelles dans l’eau à côté des embarcations de réfugiés ou même dans leurs directions ; il y a même des vidéos qui montrent les garde-côtes essayant de percer le canot pneumatique avec des perches.

    Néanmoins, l’arsenal de garde-côtes grecs ne se limite pas à ces méthodes extrêmement dangereuses ; ils recourent à des procédés semblables à ceux employés en 2013 par l’Australie pour renvoyer les migrants arrivés sur son sol : ils obligent des demandeurs d’asile à embarquer sur des life rafts -des canots de survie qui se présentent comme des tentes gonflables flottant sur l’eau-, et ils les repoussent vers la Turquie, en les laissant dériver sans moteur ni gouvernail[28].

    Des incidents de ce type ne cessent de se multiplier depuis le début mars. Victimes de ce type de refoulement qui mettent en danger la vie des passagers, peuvent être même des femmes enceintes, des enfants ou même des bébés –voir la vidéo glaçante tournée sur un tel life raft le 25 mai dernier et les photographies respectives de la garde côtière turque.

    Ce mode opératoire va beaucoup plus loin qu’un refoulement illégal, car il arrive assez souvent que les personnes concernées aient déjà débarqué sur le territoire grec, et dans ce cas ils avaient le droit de déposer une demande d’asile. Cela veut dire que les garde-côtes grecs ne se contentent pas de faire des refoulements maritimes qui violent le droit national et international ainsi que le principe de non-refoulement de la convention de Genève[29]. Ioannis Stevis, responsable du média local Astraparis à Chios, avait déclaré au Guardian « En mer Egée nous pouvions voir se dérouler cette guerre non-déclarée. Nous pouvions apercevoir les embarcations qui ne pouvaient pas atteindre la Grèce, parce qu’elles en étaient empêchées. De push-backs étaient devenus un lot quotidien dans les îles. Ce que nous n’avions pas vu auparavant, c’était de voir les bateaux arriver et les gens disparaître ».

    Cette pratique illégale va beaucoup plus loin, dans la mesure où les garde-côtes s’appliquent à renvoyer en Turquie ceux qui ont réussi à fouler le sol grec, sans qu’aucun protocole ni procédure légale ne soient respectés. Car, ces personnes embarquées sur les life rafts, ne sont pas à strictement parler refoulées – et déjà le refoulement est en soi illégal de tout point de vue-, mais déportées manu militari et en toute illégalité en Turquie, sans enregistrement ni identification préalable. C’est bien cette méthode qui explique comment des réfugiés dont l’arrivée sur les côtes de Samos et de Chios est attestée par des vidéos et des témoignages de riverains, se sont évaporés dans la nature, n’apparaissant sur aucun registre de la police ou des autorités portuaires[30]. Malgré l’existence de documents photos et vidéos attestant l’arrivée des embarcations des jours où aucune arrivée n’a été enregistrée par les autorités, le ministre persiste et signe : pour lui il ne s’agirait que de la propagande turque reproduite par quelques esprits malveillants qui voudraient diffamer la Grèce. Néanmoins les photographies horodatées publiées sur Astraparis, dans un article intitulé « les personnes que nous voyons sur la côte Monolia à Chios seraient-ils des extraterrestres, M. le Ministre ? », constituent un démenti flagrant du discours complotiste du Ministre.

    Question cruciale : quelle est le rôle exact joué par Frontex dans ces refoulements ? Est-ce que les quelques 600 officiers de Frontex qui opèrent en mer Egée dans le cadre de l’opération Poséidon, y participent d’une façon ou d’une autre ? Ce qui est sûr est qu’il est quasi impossible qu’ils n’aient pas été de près ou de loin témoins des opérations de push-back. Le fait est confirmé par un article du Spiegel sur un incident du 13 mai, un push-back de 27 réfugiés effectué par la garde côtière grecque laquelle, après avoir embarqué les réfugiés sur un canot de sauvetage, a remorqué celui-ci en haute mer. Or, l’embarcation de réfugiés a été initialement repéré près de Samos par les hommes du bateau allemand Uckermark faisant partie des forces de Frontex, qui l’ont ensuite signalé aux officiers grecs ; le fait que cette embarcation ait par la suite disparu sans laisser de trace et qu’aucune arrivée de réfugiés n’ait été enregistrée à Samos ce jour-là, n’a pas inquiété outre-mesure les officiers allemands.

    Nous savons par ailleurs, grâce à l’attitude remarquable d’un équipage danois, que les hommes de Frontex reçoivent l’ordre de ne pas porter secours aux réfugiés navigant sur des canots pneumatiques, mais de les repousser ; au cas où les réfugiés ont déjà été secourus et embarqués à bord d’un navire de Frontex, celui-ci reçoit l’ordre de les remettre sur des embarcations peu fiables et à peine navigables. C’est exactement ce qui est arrivé début mars à un patrouilleur danois participant à l’opération Poséidon, « l’équipage a reçu un appel radio du commandement de Poséidon leur ordonnant de remettre les [33 migrants qu’ils avaient secourus] dans leur canot et de les remorquer hors des eaux grecques »[31], ordre, que le commandant du navire danois Jan Niegsch a refusé d’exécuter, estimant “que celui-ci n’était pas justifiable”, la manœuvre demandée mettant en danger la vie des migrants. Or, il n’y aucune raison de penser que l’ordre reçu -et fort heureusement non exécuté grâce au courage du capitaine Niegsch et du chargé de l’unité danoise de Frontex, Jens Moller- soit un ordre exceptionnel que les autres patrouilleurs de Frontex n’ont jamais reçu. Les officiers danois ont d’ailleurs confirmé que les garde-côtes grecs reçoivent des ordres de repousser les bateaux qui arrivent de Turquie, et ils ont été témoins de plusieurs opérations de push-back. Mais si l’ordre de remettre les réfugiés en une embarcation non-navigable émanait du quartier général de l’opération Poséidon, qui l’avait donc donné [32] ? Des officiers grecs coordonnant l’opération, ou bien des officiers de Frontex ?

    Remarquons que les prérogatives de Frontex ne se limitent pas à la surveillance et la ‘protection’ de la frontière européenne : dans une interview que Fabrice Leggeri avait donné en mars dernier à un quotidien grec, il a révélé que Frontex était en train d’envisager avec le gouvernement grec les modalités d’une action communes pour effectuer les retours forcés des migrants dits ‘irréguliers’ à leurs pays d’origine. « Je m’attends à ce que nous ayons bientôt un plan d’action en commun. D’après mes contacts avec les officiers grecs, j’ai compris que la Grèce est sérieusement intéressée à augmenter le nombre de retours », avait-il déclaré.

    Tout démontre qu’actuellement les sauvetages en mer sont devenus l’exception et les refoulements violents et dangereux la règle. « Depuis des années, Alarm Phone a documenté des opérations de renvois menées par des garde-côtes grecs. Mais ces pratiques ont considérablement augmenté ces dernières semaines et deviennent la norme en mer Égée », signale un membre d’Alarm Phone à InfoMigrants. De sorte que nous pouvons affirmer que le dogme du gouvernement Mitsotakis consiste en une inversion complète du principe du non-refoulement : ne laisser passer personne en refoulant coûte que coûte. D’ailleurs, ce nouveau dogme a été revendiqué publiquement par le ministre de Migration et de l’Asile Mitarakis, qui s’est vanté à plusieurs reprises d’avoir réussi à créer une frontière maritime quasi-étanche. Les quatre volets de l’approche gouvernementale ont été résumés ainsi par le ministre : « protection des frontières, retours forcés, centres fermés pour les arrivants, et internationalisation des frontières »[33]. Dans une émission télévisée du 13 avril, le même ministre a déclaré que la frontière était bien gardée, de sorte qu’aujourd’hui, les flux sont quasi nuls, et il a ajouté que “l’armée et des unités spéciaux, la marine nationale et les garde-côtes sont prêts à opérer pour empêcher les migrants en situation irrégulière d’entrer dans notre pays’’. Bref, des forces militaires sont appelées de se déployer sur le front de guerre maritime et terrestre contre les migrants. Voilà comment est appliqué le dogme de zéro flux dont se réclame le Ministre.

    Le Conseil de l’Europe a publié une déclaration très percutante à ce sujet le 19 juin. Sous le titre Il faut mettre fin aux refoulements et à la violence aux frontières contre les réfugiés, la commissaire aux droits de l’homme Dunja Mijatović met tous les états membres du Conseil de l’Europe devant leurs responsabilités, en premier lieu les états qui commettent de telles violations de droits des demandeurs d’asile. Loin de considérer que les refoulements et les violences à la frontière de l’Europe sont le seul fait de quelques états dont la plupart sont situés à la frontière externe de l’UE, la commissaire attire l’attention sur la tolérance tacite de ces pratiques illégales, voire l’assistance à celles-ci de la part de la plupart d’autres états membres. Est responsable non seulement celui qui commet de telles violations des droits mais aussi celui qui les tolère voire les encourage.

    Asile : ‘‘mission impossible’’ pour les nouveaux arrivants ?

    Actuellement en Grèce plusieurs dizaines de milliers de demandes d’asile sont en attente de traitement. Pour donner la pleine mesure de la surcharge d’un service d’asile qui fonctionne actuellement à effectifs réduits, il faudrait savoir qu’il y a des demandeurs qui ont reçu une convocation pour un entretien en…2022 –voir le témoignage d’un requérant actuellement au camp de Vagiohori. En février dernier il y avait 126.000 demandes en attente d’être examinées en première et deuxième instance. Entretemps, par des procédures expéditives, 7.000 demandes ont été traitées en mars et 15 000 en avril, avec en moyenne 24 jours par demande pour leur traitement[34]. Il devient évident qu’il s’agit de procédures expéditives et bâclées. En même temps le pourcentage de réponses négatives en première instance ne cesse d’augmenter ; de 45 à 50% qu’il était jusqu’à juillet dernier, il s’est élevé à 66% en février[35], et il a dû avoir encore augmenté entre temps.

    Ce qui est encore plus inquiétant est l’ambition affichée du Ministre de la Migration de réaliser 11000 déportations d’ici la fin de l’année. A Lesbos, à la réouverture du service d’asile, le 18 mai dernier, 1.789 demandeurs ont reçu une réponse négative, dont au moins 1400 en première instance[36]. Or, ces derniers n’ont eu que cinq jours ouvrables pour déposer un recours et, étant toujours confinés dans l’enceinte de Moria, ils ont été dans l’impossibilité d’avoir accès à une aide judiciaire. Ceux d’entre eux qui ont osé se déplacer à Mytilène, chef-lieu de Lesbos, pour y chercher de l’aide auprès du Legal Center of Lesbos ont écopé des amendes de 150€ pour violation de restrictions de mouvement[37] !

    Jusqu’à la nouvelle loi votée il y a six semaines au Parlement Hellénique, la procédure d’asile était un véritable parcours du combattant pour les requérants : un parcours plein d’embûches et de pièges, entaché par plusieurs clauses qui violent les lois communautaires et nationales ainsi que les conventions internationales. L’ancienne loi, entrée en vigueur seulement en janvier 2020, introduisait des restrictions de droits et un raccourcissement de délais en vue de procédures encore plus expéditives que celles dites ‘fast-track’ appliquées dans les îles (voir ci-dessous). Avant la toute nouvelle loi adoptée le 8 mai dernier, Gisti constatait déjà des atteintes au droit national et communautaire, concernant « en particulier le droit d’asile, les droits spécifiques qui doivent être reconnus aux personnes mineures et aux autres personnes vulnérables, et le droit à une assistance juridique ainsi qu’à une procédure de recours effectif »[38]. Avec la nouvelle mouture de la loi du 8 mai, les restrictions et la réduction de délais est telle que par ex. la procédure de recours devient vraiment une mission impossible pour les demandeurs déboutés, même pour les plus avertis et les mieux renseignés parmi eux. Les délais pour déposer une demande de recours se réduisent en peau de chagrin, alors que l’aide juridique au demandeur, de même que l’interprétariat en une langue que celui-ci maîtrise ne sont plus assurés, laissant ainsi le demandeur seul face à des démarches complexes qui doivent être faites dans une langue autre que la sienne[39]. De même l’entretien personnel du requérant, pierre angulaire de la procédure d’asile, peut être omis, si le service ne trouve pas d’interprète qui parle sa langue et si le demandeur vit loin du siège de la commission de recours, par ex. dans un hot-spot dans les îles ou loin de l’Attique. Le 13 mai, le ministre Mitarakis avait déclaré que 11.000 demandes ont été rejetées pendant les mois de mars et avril, et que ceux demandeurs déboutés « doivent repartir »[40], laissant entendre que des renvois massifs vers la Turquie pourraient avoir lieu, perspective plus qu’improbable, étant donné la détérioration grandissante de rapport entre les deux pays. Ces demandeurs déboutés ont été sommés de déposer un recours dans l’espace de 5 jours ouvrables après notification, sans assistance juridique et sous un régime de restrictions de mouvements très contraignant.

    En vertu de la nouvelle loi, les personnes déboutées peuvent être automatiquement placées en détention, la détention devenant ainsi la règle et non plus l’exception comme le stipule le droit européen. Ceci est encore plus vrai pour les îles. Qui plus est, selon le droit international et communautaire, la mesure de détention ne devrait être appliquée qu’en dernier ressort et seulement s’il y a une perspective dans un laps de temps raisonnable d’effectuer le renvoi forcé de l’intéressé. Or, aujourd’hui et depuis quatre mois, il n’y a aucune perspective de cet ordre. Car les chances d’une réadmission en Turquie ou d’une expulsion vers le pays d’origine sont pratiquement inexistantes, pendant la période actuelle. Si on tient compte que plusieurs dizaines de milliers de demandes restent en attente d’être traitées et que le pourcentage de rejet ne cesse d’augmenter, on voit avec effroi s’esquisser la perspective d’un maintien en détention de dizaines de milliers de personnes pour un laps de temps indéfini. La Grèce compte-t-elle créer de centres de détention pour des dizaines de milliers de personnes, qui s’apparenteraient par plusieurs traits à des véritables camps de concentration ? Le fera-t-elle avec le financement de l’UE ?

    Nous savons que le rôle de EASO, dont la présence en Grèce s’est significativement accrue récemment,[41] est crucial dans ces procédures d’asile : c’est cet organisme européen qui mène le pré-enregistrement de la demande d’asile et qui se prononce sur sa recevabilité ou pas. Jusqu’à maintenant il intervenait uniquement dans les îles dans le cadre de la procédure dite accélérée. Car, depuis la Déclaration de mars 2016, dans les îles est appliquée une procédure d’asile spécifique, dite procédure fast-track à la frontière (fast-track border procedure). Il s’agit d’une procédure « accélérée », qui s’applique dans le cadre de la « restriction géographique » spécifique aux hotspots »,[42] en application de l’accord UE-Turquie de mars 2016. Dans le cadre de cette procédure accélérée, c’est bien l’EASO qui se charge de faire le premier ‘tri’ entre les demandeurs en enregistrant la demande et en effectuant un premier entretien. La procédure ‘fast-track’ aurait dû rester une mesure exceptionnelle de courte durée pour faire face à des arrivées massives. Or, elle est toujours en vigueur quatre ans après son instauration, tandis qu’initialement sa validité n’aurait pas dû dépasser neuf mois – six mois suivis d’une prolongation possible de trois mois. Depuis, de prolongation en prolongation cette mesure d’exception s’est installée dans la permanence.

    La procédure accélérée qui, au détriment du respect des droits des réfugiés, aurait pu aboutir à un raccourcissement significatif de délais d’attente très longs, n’a même pas réussi à obtenir ce résultat : une partie des réfugiés arrivés à Samos en août 2019, avaient reçu une notification de rendez-vous pour l’entretien d’asile (et d’admissibilité) pour 2021 voire 2022[43] ! Mais si les procédures fast-track ne raccourcissent pas les délais d’attente, elles raccourcissent drastiquement et notamment à une seule journée le temps que dispose un requérant pour qu’il se prépare et consulte si besoin un conseiller juridique qui pourrait l’assister durant la procédure[44]. Dans le cas d’un rejet de la demande en première instance, le demandeur débouté ne dispose que de cinq jours après la notification de la décision négative pour déposer un recours en deuxième instance. Bref, le raccourcissement très important de délais introduits par la procédure accélérée n’affectait jusqu’à maintenant que les réfugiés qui sont dans l’impossibilité d’exercer pleinement leurs droits, et non pas le service qui pouvait imposer un temps interminable d’attente entre les différentes étapes de la procédure.

    Cependant l’implication d’EASO dépasse et de loin le pré-enregistrement, car ce sont bien ses fonctionnaires qui, suite à un entretien de l’intéressé, dit « interview d’admission », établissent le dossier qui sera transmis aux autorités grecques pour examen[45]. Or, nous savons par la plainte déposée contre l’EASO par les avocats de l’ONG European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), en 2017, que les agents d’EASO ne consacrait à l’interrogatoire du requérant que 15 minutes en moyenne,[46] et ceci bien avant que ne monte en flèche la pression exercée par le gouvernement actuel pour accélérer encore plus les procédures. La même plainte dénonçait également le fait que la qualité de l’interprétation n’était point assurée, dans la mesure où, au lieu d’employer des interprètes professionnels, cet organisme européen faisait souvent recours à des réfugiés, pour faire des économies. A vrai dire, l’EASO, après avoir réalisé un entretien, rédige « un avis (« remarques conclusives ») et recommande une décision à destination des services grecs de l’asile, qui vont statuer sur la demande, sans avoir jamais rencontré » les requérants[47]. Mais, même si en théorie la décision revient de plein droit au Service d’Asile grec, en pratique « une large majorité des recommandations transmises par EASO aux services grecs de l’asile est adoptée par ces derniers »[48]. Or, depuis 2018 les compétences d’EASO ont été étendues à tout le territoire grec, ce qui veut dire que les officiers grecs de cet organisme européen ont le droit d’intervenir même dans le cadre de la procédure régulière d’asile et non plus seulement dans celui de la procédure accélérée. Désormais, avec le quadruplication des effectifs en Grèce continentale prévue pour 2020, et le dédoublement de ceux opérant dans les îles, l’avis ‘consultatif’ de l’EASO va peser encore plus sur les décisions finales. De sorte qu’on pourrait dire, que le constat que faisait Gisti, bien avant l’extension du domaine d’intervention d’EASO, est encore plus vrai aujourd’hui : l’UE, à travers ses agences, exerce « une forme de contrôle et d’ingérence dans la politique grecque en matière d’asile ». Si avant 2017, l’entretien et la constitution du dossier sur la base duquel le service grec d’asile se prononce étaient faits de façon si bâclée, que va—t-il se passer maintenant avec l’énorme pression des autorités pour des procédures fast-track encore plus expéditives, qui ne respectent nullement les droits des requérants ? Enfin, une fois la nouvelle loi mise en vigueur, les fonctionnaires européens vont-ils rédiger leurs « remarques conclusives » en fonction de celle-ci ou bien en respectant la législation européenne ? Car la première comporte des clauses qui ne respectent point la deuxième.

    La suspension provisoire de la procédure d’asile et ses effets à long terme

    Début mars, afin de dissuader les migrants qui se rassemblaient à la frontière gréco-turque d’Evros, le gouvernement grec a décidé de suspendre provisoirement la procédure d’asile pendant la durée d’un mois[49]. L’acte législatif respectif stipule qu’à partir du 1 mars et jusqu’au 30 du même mois, ceux qui traversent la frontière n’auront plus le droit de déposer une demande d’asile. Sans procédure d’identification et d’enregistrement préalable ils seront automatiquement maintenus en détention jusqu’à leur expulsion ou leur réadmission en Turquie. Après une cohorte de protestations de la part du Haut-Commissariat, des ONG, et même d’Ylva Johansson, commissaire aux affaires internes de l’UE, la procédure d’asile suspendue a été rétablie début avril et ceux qui sont arrivés pendant la durée de sa suspension ont rétroactivement obtenu le droit de demander la protection internationale. « Le décret a cessé de produire des effets juridiques à la fin du mois de mars 2020. Cependant, il a eu des effets très néfastes sur un nombre important de personnes ayant besoin de protection. Selon les statistiques du HCR, 2 927 personnes sont entrées en Grèce par voie terrestre et maritime au cours du mois de mars[50]. Ces personnes automatiquement placées en détention dans des conditions horribles, continuent à séjourner dans des établissements fermés ou semi-fermés. Bien qu’elles aient finalement été autorisées à exprimer leur intention de déposer une demande d’asile auprès du service d’asile, elles sont de fait privées de toute aide judiciaire effective. La plus grande partie de leurs demandes d’asile n’a cependant pas encore été enregistrée. Le préjudice causé par les conditions de détention inhumaines est aggravé par les risques sanitaires graves, voire mortels, découlant de l’apparition de la pandémie COVID-19, qui n’ont malheureusement pas conduit à un réexamen de la politique de détention en Grèce ».[51]

    En effet, les arrivants du mois de mars ont été jusqu’à il y a peu traités comme des criminels enfreignant la loi et menaçant l’intégrité du territoire grec ; ils ont été dans un premier temps mis en quarantaine dans des conditions inconcevables, gardés par la police en zones circonscrites, sans un abri ni la moindre infrastructure sanitaire. Après une période de quarantaine qui la plupart du temps durait plus longtemps que les deux semaines réglementaires, ceux qui sont arrivés pendant la suspension de la procédure, étaient transférés, en vue d’une réadmission en Turquie, à Malakassa en Attique, où un nouveau camp fermé, dit ‘le camp de tentes’, fut créé à proximité de de l’ancien camp avec les containeurs.

    700 d’entre eux ont été transférés au camp fermé de Klidi, à Serres, au nord de la Grèce, construit sur un terrain inondable au milieu de nulle part. Ces deux camps fermés présentent des affinités troublantes avec des camps de concentration. Les conditions de vie inhumaines au sein de ces camps s’aggravaient encore plus par le risque de contamination accru du fait de la très grande promiscuité et des conditions sanitaires effrayantes (coupures d’eau sporadiques à Malakassa, manque de produits d’hygiène, et approvisionnement en eau courante seulement deux heures par jour à Klidi)[52]. Or, après le rétablissement de la procédure d’asile, les 2.927 personnes arrivées en mars, ont obtenu–au moins en théorie- le droit de déposer une demande, mais n’ont toujours ni l’assistance juridique nécessaire, ni interprètes, ni accès effectif au service d’asile. Celui-ci a rouvert depuis le 18 mars, mais fonctionne toujours à effectif réduit, et est submergé par les demandes de renouvellement des cartes. Actuellement les réfugiés placés en détention sont toujours retenus dans les même camps qui sont devenus des camps semi-fermés sans pour autant que les conditions de vie dégradantes et dangereuses pour la santé des résidents aient vraiment changé. Ceci est d’autant plus vrai que le confinement de réfugiés et de demandeurs d’asile a été prolongé jusqu’au 5 juillet, ce qui ne leur permet de circuler que seulement avec une autorisation de la police, tandis que la population grecque est déjà tout à fait libre de ses mouvements. Dans ces conditions, il est pratiquement impossible d’accomplir des démarches nécessaires pour le dépôt d’une demande bien documentée.

    Refugee Support Aegean a raison de souligner que « les répercussions d’une violation aussi flagrante des principes fondamentaux du droit des réfugiés et des droits de l’homme ne disparaissent pas avec la fin de validité du décret, les demandeurs d’asile concernés restant en détention arbitraire dans des conditions qui ne sont aucunement adaptées pour garantir leur vie et leur dignité. Le décret de suspension crée un précédent dangereux pour la crédibilité du droit international et l’intégrité des procédures d’asile en Grèce et au-delà ».

    Cependant, nous ne pouvons pas savoir jusqu’où pourrait aller cette escalade d’horreurs. Aussi inimaginable que cela puisse paraître , il y a pire, même par rapport au camp fermé de Klidi à Serres, que Maria Malagardis, journaliste à Libération, avait à juste titre désigné comme ‘un camp quasi-militaire’. Car les malheureux arrêtés à Evros fin février et début mars, ont été jugés en procédure de flagrant délit, et condamnés pour l’exemple à des peines de prison de quatre ans ferme et des amendes de 10.000 euros -comme quoi, les autorités grecques peuvent revendiquer le record en matière de peine pour entrée irrégulière, car même la Hongrie de Orban, ne condamne les migrants qui ont osé traverser ses frontières qu’à trois ans de prison. Au moins une cinquantaine de personnes ont été condamnées ainsi pour « entrée irrégulière dans le territoire grec dans le cadre d’une menace asymétrique portant sur l’intégrité du pays », et ont été immédiatement incarcérées. Et il est fort à parier qu’aujourd’hui, ces personnes restent toujours en prison, sans que le rétablissement de la procédure ait changé quoi que ce soit à leur sort.

    Eriger l’exception en règle

    Qui plus est la suspension provisoire de la procédure laisse derrière elle des marques non seulement aux personnes ayant vécu sous la menace de déportation imminente, et qui continuent à vivre dans des conditions indignes, mais opère aussi une brèche dans la validité universelle du droit international et de la Convention de Genève, en créant un précédent dangereux. Or, c’est justement ce précédent que M. Mitarakis veut ériger en règle européenne en proposant l’introduction d’une clause de force majeure dans la législation européenne de l’asile[53] : dans le débat pour la création d’un système européen commun pour l’asile, le Ministre grec de la politique migratoire a plaidé pour l’intégration de la notion de force majeure dans l’acquis européen : celle-ci permettrait de contourner la législation sur l’asile dans des cas où la sécurité territoriale ou sanitaire d’un pays serait menacée, sans que la violation des droits de requérants expose le pays responsable à des poursuites. Pour convaincre ses interlocuteurs, il a justement évoqué le cas de la suspension par le gouvernement de la procédure pendant un mois, qu’il compte ériger en paradigme pour la législation communautaire. Cette demande fut réitérée le 5 juin dernier, par une lettre envoyée par le vice-ministre des Migrations et de l’Asile, Giorgos Koumoutsakos, au vice-président Margaritis Schinas et au commissaire aux affaires intérieures, Ylva Johansson. Il s’agit de la dite « Initiative visant à inclure une clause d’état d’urgence dans le Pacte européen pour les migrations et l’asile », une initiative cosignée par Chypre et la Bulgarie. Par cette lettre, les trois pays demandent l’inclusion au Pacte européen d’une clause qui « devrait prévoir la possibilité d’activer les mécanismes d’exception pour prévenir et répondre à des situations d’urgence, ainsi que des déviations [sous-entendu des dérogations au droit européen] dans les modes d’action si nécessaire ».[54] Nous le voyons, la Grèce souhaite, non seulement poursuivre sa politique de « surveillance agressive » des frontières et de violation des droits de migrants, mais veut aussi ériger ces pratiques de tout point de vue illégales en règle d’action européenne. Il nous faudrait donc prendre la mesure de ce que laisse derrière elle la fracture dans l’universalité de droit d’asile opérée par la suspension provisoire de la procédure. Même si celle-ci a été bon an mal an rétablie, les effets de ce geste inédit restent toujours d’actualité. L’état d’exception est en train de devenir permanent.

    Une rhétorique de la haine

    Le discours officiel a changé de fond en comble depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Mitsotakis. Des termes, comme « clandestins » ont fait un retour en force, accompagnés d’une véritable stratégie de stigmatisation visant à persuader la population que les arrivants ne sont point des réfugiés mais des immigrés économiques censés profiter du laxisme du gouvernement précédent pour envahir le pays et l’islamiser. Cette rhétorique haineuse qui promeut l’image des hordes d’étrangers envahisseurs menaçant la nation et ses traditions, ne cesse d’enfler malgré le fait qu’elle soit démentie d’une façon flagrante par les faits : les arrivants, dans leur grande majorité, ne veulent pas rester en Grèce mais juste passer par celle-ci pour aller ailleurs en Europe, là où ils ont des attaches familiales, communautaires etc. Ce discours xénophobe aux relents racistes dont le paroxysme a été atteint avec la mise en avant de l’épouvantail du ‘clandestin’ porteur du virus venant contaminer et décimer la nation, a été employé d’une façon délibérée afin de justifier la politique dite de la « surveillance agressive » des frontières grecques. Il sert également à légitimer la transformation programmée des actuels CIR (RIC en anglais) en centres fermés ‘contrôlés’, où les demandeurs n’auront qu’un droit de sortie restreint et contrôlé par la police. Le ministre Mitarakis a déjà annoncé la transformation du nouveau camp de Malakasa, où étaient détenus ceux qui sont arrivés pendant la durée de la suspension d’asile, un camp qui était censé s’ouvrir après la fin de validité du décret, en camp fermé ‘contrôlé’ où toute entrée et sortie seraient gérées par la police[55].

    Révélateur des intentions du gouvernement grec, est le projet du Ministre de la politique migratoire d’étendre les compétences du Service d’Asile bien au-delà de la protection internationale, et notamment aux …expulsions ! D’après le quotidien grec Ephimérida tôn Syntaktôn, le ministre serait en train de prospecter pour la création de trois nouvelles sections au sein du Service d’Asile : Coordination de retours forcés depuis le continent et retours volontaires, Coordination des retours depuis les îles, Appels et exclusions. Bref, le Service d’Asile grec qui a déjà perdu son autonomie, depuis qu’il a été attaché au Secrétariat général de la politique de l’Immigration du Ministère, risque de devenir – et cela serait une première mondiale- un service d’asile et d’expulsions. Voilà comment se met en œuvre la consolidation du rôle de la Grèce en tant que « bouclier de l’Europe », comme l’avait désigné début mars Ursula von der Leyden. Voilà ce qu’est en train d’ériger l’Europe qui soutient et finance la Grèce face à des personnes persécutées fuyant de guerres et de conflits armés : un mur fait de barbelés, de patrouilles armés jusqu’aux dents et d’une flotte de navires militaires. Quant à ceux qui arrivent à passer malgré tout, ils seront condamnés à rester dans les camps de la honte.

    Que faire ?

    Certaines analyses convoquent la position géopolitique de la Grèce et le rapport de forces dans l’UE, afin de présenter cette situation intolérable comme une fatalité dont on ne saurait vraiment échapper. Mais face à l’ignominie, dire qu’il n’y aurait rien ou presque à faire, serait une excuse inacceptable. Car, même dans le cadre actuel, des solutions il y en a et elles sont à portée de main. La déclaration commune UE-Turquie mise en application le 20 mars 2016, n’est plus respectée par les différentes parties. Déjà avant février 2020, l’accord ne fut jamais appliqué à la lettre, autant par les Européens qui n’ont pas fait les relocalisations promises ni respecté leurs engagements concernant la procédure d’intégration de la Turquie en UE, que par la Turquie qui, au lieu d’employer les 6 milliards qu’elle a reçus pour améliorer les conditions de vie des réfugiés sur son sol, s’est servi de cet argent pour construire un mur de 750 km dans sa frontière avec la Syrie, afin d’empêcher les réfugiés de passer. Cependant ce sont les récents développements de mars 2020 et notamment l’afflux organisé par les autorités turques de réfugiés à la frontière d’Evros qui ont sonné le glas de l’accord du 18 mars 2016. Dans la mesure où cet accord est devenu caduc, avec l’ouverture de frontières de la Turquie le 28 février dernier, il n’y plus aucune obligation officielle du gouvernement grec de continuer à imposer le confinement géographique dans les îles des demandeurs d’asile. Leur transfert sécurisé vers la péninsule pourrait s’effectuer à court terme vers des structures hôtelières de taille moyenne dont plusieurs vont rester fermées cet été. L’appel international Évacuez immédiatement les centres d’accueil – louez des logements touristiques vides et des maisons pour les réfugiés et les migrants ! qui a déjà récolté 11.500 signatures, détaille un tel projet. Ajoutons, que sa réalisation pourrait profiter aussi à la société locale, car elle créerait des postes de travail en boostant ainsi l’économie de régions qui souvent ne dépendent que du tourisme pour vivre.

    A court et à moyen terme, il faudrait qu’enfin les pays européens honorent leurs engagements concernant les relocalisations et se mettent à faciliter au lieu d’entraver le regroupement familial. Quelques timides transferts de mineurs ont été déjà faits vers l’Allemagne et le Luxembourg, mais le nombre d’enfants concernés est si petit que nous pouvons nous pouvons nous demander s’il ne s’agirait pas plutôt d’une tentative de se racheter une conscience à peu de frais. Car, sans un plan large et équitable de relocalisations, le transfert massif de requérants en Grèce continentale, risque de déplacer le problème des îles vers la péninsule, sans améliorer significativement les conditions de vie de réfugiés.

    Si les requérants qui ont déjà derrière eux l’expérience traumatisante de Moria et de Vathy, sont transférés à un endroit aussi désolé et isolé de tout que le camp de Nea Kavala (au nord de la Grèce) qui a été décrit comme un Enfer au Nord de la Grèce, nous ne faisons que déplacer géographiquement le problème. Toute la question est de savoir dans quelles conditions les requérants seront invités à vivre et dans quelles conditions les réfugiés seront transférés.

    Les solutions déjà mentionnées sont réalisables dans l’immédiat ; leur réalisation ne se heurte qu’au fait qu’elles impliquent une politique courageuse à contre-pied de la militarisation actuelle des frontières. C’est bien la volonté politique qui manque cruellement dans la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour l’évacuation des hot-spots dans les îles. L’Europe-Forteresse ne saurait se montrer accueillante. Tant du côté grec que du côté européen la nécessité de créer des conditions dignes pour l’accueil de réfugiés n’entre nullement en ligne de compte.

    Car, même le financement d’un tel projet est déjà disponible. Début mars l’UE s’est engagé de donner à la Grèce 700 millions pour qu’elle gère la crise de réfugiés, dont 350 millions sont immédiatement disponibles. Or, comme l’a révélé Ylva Johansson pendant son intervention au comité LIBE du 2 avril dernier, les 350 millions déjà libérés doivent principalement servir pour assurer la continuation et l’élargissement du programme d’hébergement dans le continent et le fonctionnement des structures d’accueil continentales, tandis que 35 millions sont destinés à assurer le transfert des plus vulnérables dans des logements provisoires en chambres d’hôtel. Néanmoins la plus grande somme (220 millions) des 350 millions restant est destinée à financer de nouveaux centres de réception et d’identification dans les îles (les dits ‘multi-purpose centers’) qui vont fonctionner comme des centres semi-fermés où toute sortie sera règlementée par la police. Les 130 millions restant seront consacrés à financer le renforcement des contrôles – et des refoulements – à la frontière terrestres et maritime, avec augmentation des effectifs et équipement de la garde côtière, de Frontex, et des forces qui assurent l’étanchéité des frontières terrestres. Il aurait suffi de réorienter la somme destinée à financer la construction des centres semi-fermés dans les îles, et de la consacrer au transfert sécurisé au continent pour que l’installation des requérants et des réfugiés en hôtels et appartements devienne possible.

    Mais que faire pour stopper la multiplication exponentielle des refoulements à la frontière ? Si Frontex, comme Fabrice Leggeri le prétend, n’a aucune implication dans les opérations de refoulement, si ses agents n’y participent pas de près ou de loin, alors ces officiers doivent immédiatement exercer leur droit de retrait chaque fois qu’ils sont témoins d’un tel incident ; ils pouvaient même recevoir la directive de ne refuser d’appliquer tout ordre de refoulement, comme l’avait fait début mars le capitaine danois Jan Niegsch. Dans la mesure où non seulement les témoignages mais aussi des documents vidéo et des audio attestent l’existence de ces pratiques en tous points illégales, les instances européennes doivent mettre une condition sine qua non à la poursuite du financement de la Grèce pour l’accueil de migrants : la cessation immédiate de ces types de pratiques et l’ouverture sans délai d’une enquête indépendante sur les faits dénoncés. Si l’Europe ne le fait pas -il est fort à parier qu’elle n’en fera rien-, elle se rend entièrement responsable de ce qui se passe à nos frontières.

    Car,on le voit, l’UE persiste dans la politique de la restriction géographique qui oblige réfugiés et migrants à rester sur les îles pour y attendre la réponse définitive à leur demande, tandis qu’elle cautionne et finance la pratique illégale des refoulements violents à la frontière. Les intentions d’Ylva Johansson ont beau être sincères : une politique qui érige la Grèce en ‘bouclier de l’Europe’, ne saurait accueillir, mais au contraire repousser les arrivants, même au risque de leur vie.

    Quant au gouvernement grec, force est de constater que sa politique migratoire du va dans le sens opposé d’un large projet d’hébergement dans des structures touristiques hors emploi actuellement. Révélatrice des intentions du gouvernement actuel est la décision du ministre Mitarakis de fermer 55 à 60 structures hôtelières d’accueil parmi les 92 existantes d’ici fin 2020. Il s’agit de structures fonctionnant dans le continent qui offrent un niveau de vie largement supérieur à celui des camps. Or, le ministre invoque un argument économique qui ne tient pas la route un seul instant, pour justifier cette décision : pour lui, les structures hôtelières seraient trop coûteuses. Mais ce type de structure n’est pas financé par l’Etat grec mais par l’IOM, ou par l’UE, ou encore par d’autres organismes internationaux. La fermeture imminente des hôtels comme centres d’accueil a une visée autre qu’économique : il faudrait retrancher complètement les requérants et les réfugiés de la société grecque, en les obligeant à vivre dans des camps semi-fermés où les sorties seront limitées et contrôlées. Cette politique d’enfermement vise à faire sentir tant aux réfugiés qu’à la population locale que ceux-ci sont et doivent rester un corps étranger à la société grecque ; à cette fin il vaut mieux les exclure et les garder hors de vue.

    Qui plus est la fermeture de deux tiers de structures hôtelières actuelles ne pourra qu’aggraver encore plus le manque de places en Grèce continentale, rendant ainsi quasiment impossible la décongestion des îles. Sauf si on raisonne comme le Ministre : le seul moyen pour créer des places est de chasser les uns – en l’occurrence des familles de réfugiés reconnus- pour loger provisoirement les autres. La preuve, les mesures récentes de restrictions drastiques des droits aux allocations et à l’hébergement des réfugiés, reconnus comme tels, par le service de l’asile. Ceux-ci n’ont le droit de séjourner aux appartements loués par l’UNHCR dans le cadre du programme ESTIA, et aux structures d’accueil que pendant un mois (et non pas comme auparavant six) après l’obtention de leur titre, et ils ne recevront plus que pendant cette période très courte les aides alloués aux réfugiés qui leur permettraient de survivre pendant leur période d’adaptation, d’apprentissage de la langue, de formation etc. Depuis la fin du mois de mai, les autorités ont entrepris de mettre dans la rue 11.237 personnes, dont la grande majorité de réfugiés reconnus, afin de libérer des places pour la supposée imminente décongestion des îles. Au moins 10.000 autres connaîtront le même sort en juillet, car en ce moment le délai de grâce d’un mois aura expiré pour eux aussi. Ce qui veut dire que le gouvernement grec non seulement impose des conditions de vie inhumaines et de confinements prolongés aux résidants de hot-spots et aux détenus en PROKEKA (les CRA grecs), mais a entrepris à réduire les familles de réfugiés ayant obtenu la protection internationale en sans-abri, errant sans toit ni ressources dans les villes.

    La dissuasion par l’horreur

    De tout ce qui précède, nous pouvons aisément déduire que la stratégie du gouvernement grec, une stratégie soutenue par les instances européennes et mise en application en partie par des moyens que celles-ci mettent à la disposition de celui-là, consiste à rendre la vie invivable aux réfugiés et aux demandeurs d’asile vivant dans le pays. Qui plus est, dans le cadre de cette politique, la dérogation systématique aux règles du droit et notamment au principe de non-refoulement, instauré par la Convention de Genève est érigée en principe régulateur de la sécurisation des frontières. Le maintien de camps comme Moria à Lesbos et Vathy à Samos témoignent de la volonté de créer des lieux terrifiants d’une telle notoriété sinistre que l’évocation même de leurs noms puisse avoir un effet de dissuasion sur les candidats à l’exil. On ne saurait expliquer autrement la persistance de la restriction géographique de séjour dans les îles de dizaines de milliers de requérants dans des conditions abjectes.

    Nous savons que l’Europe déploie depuis plusieurs années en Méditerranée centrale la politique de dissuasion par la noyade, une stratégie qui a atteint son summum avec la criminalisation des ONG qui essaient de sauver les passagers en péril ; l’autre face de cette stratégie de la terreur se déploie à ma frontière sud-est, où l’Europe met en œuvre une autre forme de dissuasion, celle effectuée par l’horreur des hot-spots. Aux crimes contre l’humanité qui se perpétuent en toute impunité en Méditerranée centrale, entre la Libye et l’Europe, s’ajoutent d’autres crimes commis à la frontière grecque[56]. Car il s’agit bien de crimes : poursuivre des personnes fuyant les guerres et les conflits armés par des opérations de refoulement particulièrement violentes qui mettent en danger leurs vies est un crime. Obliger des personnes dont la plus grande majorité est vulnérable à vivoter dans des conditions si indignes et dégradantes en les privant de leurs droits, est un acte criminel. Ceux qui subissent de tels traitement n’en sortent pas indemnes : leur santé physique et mentale en est marquée. Il est impossible de méconnaître qu’un séjour – et qui plus est un séjour prolongé- dans de telles conditions est une expérience traumatisante en soi, même pour des personnes bien portantes, et à plus forte raison pour celles et ceux qui ont déjà subi des traumatismes divers : violences, persécutions, tortures, viols, naufrages, pour ne pas mentionner les traumas causés par des guerres et de conflits armés.

    Gisti, dans son rapport récent sur le hotspot de Samos, soulignait que loin « d’être des centres d’accueil et de prise en charge des personnes en fonction de leurs besoins, les hotspots grecs, à l’image de celui de Samos, sont en réalité des camps de détention, soustraits au regard de la société civile, qui pourraient n’avoir pour finalité que de dissuader et faire peur ». Dans son rapport de l’année dernière, le Conseil Danois pour les réfugiés (Danish Refugee Council) ne disait pas autre chose : « le système des hot spots est une forme de dissuasion »[57]. Que celle-ci se traduise par des conditions de vie inhumaines où des personnes vulnérables sont réduites à vivre comme des bêtes[58], peu importe, pourvu que cette horreur fonctionne comme un repoussoir. Néanmoins, aussi effrayant que puisse être l’épouvantail des hot-spots, il n’est pas sûr qu’il puisse vraiment remplir sa fonction de stopper les ‘flux’. Car les personnes qui prennent le risque d’une traversée si périlleuse ne le font pas de gaité de cœur, mais parce qu’ils n’ont pas d’autre issue, s’ils veulent préserver leur vie menacée par la guerre, les attentats et la faim tout en construisant un projet d’avenir.

    Quoi qu’il en soit, nous aurions tort de croire que tout cela n’est qu’une affaire grecque qui ne nous atteint pas toutes et tous, en tout cas pas dans l’immédiat. Car, la stratégie de « surveillance agressive » des frontières, de dissuasion par l’imposition de conditions de vie inhumaines et de dérogation au droit d’asile pour des raisons de « force majeure », est non seulement financée par l’UE, mais aussi proposée comme un nouveau modèle de politique migratoire pour le cadre européen commun de l’asile en cours d’élaboration. La preuve, la récente « Initiative visant à inclure une clause d’état d’urgence dans le Pacte européen pour les migrations et l’asile » lancée par la Grèce, la Bulgarie et Chypre.

    Il devient clair, je crois, que la stratégie du gouvernement grec s’inscrit dans le cadre d’une véritable guerre aux migrants que l’UE non seulement cautionne mais soutient activement, en octroyant les moyens financiers et les effectifs nécessaires à sa réalisation. Car, les appels répétés, par ailleurs tout à fait justifiés et nécessaires, de la commissaire Ylva Johansson[59] et de la commissaire au Conseil de l’Europe Dunja Mijatović[60] de respecter les droits des demandeurs d’asile et de migrants, ne servent finalement que comme moyen de se racheter une conscience, devant le fait que cette guerre menée contre les migrants à nos frontières est rendue possible par la présence entre autres des unités RABIT à Evros et des patrouilleurs et des avions de Frontex et de l’OTAN en mer Egée. La question à laquelle tout citoyen européen serait appelé en son âme et conscience à répondre, est la suivante : sommes-nous disposés à tolérer une telle politique qui instaure un état d’exception permanent pour les réfugiés ? Car, comment désigner autrement cette ‘situation de non-droit absolu’[61] dans laquelle la Grèce sous la pression et avec l’aide active de l’Europe maintient les demandeurs d’asile ? Sommes-nous disposés à la financer par nos impôts ?

    Car le choix de traiter une partie de la population comme des miasmes à repousser coûte que coûte ou à exclure et enfermer, « ne saurait laisser intacte notre société tout entière. Ce n’est pas une question d’humanisme, c’est une question qui touche aux fondements de notre vivre-ensemble : dans quel type de société voulons-nous vivre ? Dans une société qui non seulement laisse mourir mais qui fait mourir ceux et celles qui sont les plus vulnérables ? Serions-nous à l’abri dans un monde transformé en une énorme colonie pénitentiaire, même si le rôle qui nous y est réservé serait celui, relativement privilégié, de geôliers ? [62] » La commissaire aux droits de l’homme au Conseil de l’Europe, avait à juste titre souligné que les « refoulements et la violence aux frontières enfreignent les droits des réfugiés et des migrants comme ceux des citoyens des États européens. Lorsque la police ou d’autres forces de l’ordre peuvent agir impunément de façon illégale et violente, leur devoir de rendre des comptes est érodé et la protection des citoyens est compromise. L’impunité d’actes illégaux commis par la police est une négation du principe d’égalité en droit et en dignité de tous les citoyens... »[63]. A n’importe quel moment, nous pourrions nous aussi nous trouver du mauvais côté de la barrière.

    Il serait plus que temps de nous lever pour dire haut et fort :

    Pas en notre nom ! Not in our name !

    https://migration-control.info/?post_type=post&p=63932
    #guerre_aux_migrants #asile #migrations #réfugiés #Grèce #îles #Evros #frontières #hotspot #Lesbos #accord_UE-Turquie #Vathy #Samos #covid-19 #coronavirus #confinement #ESTIA #PROKEKA #rétention #détention_administrative #procédure_accélérée #asile #procédure_d'asile #EASO #Frontex #surveillance_des_frontières #violence #push-backs #refoulement #refoulements #décès #mourir_aux_frontières #morts #life_rafts #canots_de_survie #life-raft #Mer_Egée #Méditerranée #opération_Poséidon #Uckermark #Klidi #Serres

    ping @isskein

    • The new normality: Continuous push-backs of third country nationals on the Evros river

      The Greek Council for Refugees, ARSIS-Association for the Social Support of Youth and HumanRights360 publish this report containing 39 testimonies of people who attempted to enter Greece from the Evros border with Turkey, in order to draw the attention of the responsible authorities and public bodies to the frequent practice of push-backs that take place in violation of national, EU law and international law.

      The frequency and repeated nature of the testimonies that come to our attention by people in detention centres, under protective custody, and in reception and identification centres, constitutes evidence of the practice of pushbacks being used extensively and not decreasing, regardless of the silence and denial by the responsible public bodies and authorities, and despite reports and complaints denouncements that have come to light in the recent past.
      The testimonies that follow substantiate a continuous and uninterrupted use of the illegal practice of push-backs. They also reveal an even more alarming array of practices and patterns calling for further investigation; it is particularly alarming that the persons involved in implementing the practice of push-backs speak Greek, as well as other languages, while reportedly wearing either police or military clothing. In short, we observe that the practice of push-backs constitutes a particularly wide-spread practice, often employing violence in the process, leaving the State exposed and posing a threat for the rule of law in the country.
      Τhe organizations signing this report urge the competent authorities to investigate the incidents described, and to refrain from engaging in any similar action that violates Greek, EU law, and International law.

      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1028-the-new-normality-continuous-push-backs-of-third-country-nationals-on-the-e

      Pour télécharger le #rapport:


      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/download/492_22e904e22458d13aa76e3dce82d4dd23

  • 08/07: 19 travellers at Turkish-Greek landborder, pushed-back to Turkey

    Watch The Med Alarm Phone Investigations – 8th of July 2018

    Case name: 2018_07_08-AEG406
    Situation: 19 travellers at Turkish-Greek landborder, pushed-back to Turkey
    Status of WTM Investigation: Concluded

    Place of Incident: Aegean Sea

    Summary of the Case:

    On Sunday, 8th of July, at 11:14pm CEST, we were alerted to a group of travellers stuck near #Tichero, Greece, close to the Turkish landborder. The group consisted of 19 people, among them a 1-year-old child, a pregnant lady and a man that had a broken leg. At 12:11pm we managed to establish contact to the travellers. They were afraid of being pushed-back to Turkey by the police and asked for medical aid and the possibility to seek asylum in Greece. We asked them for a list of their names and birth dates in order to alert UNHCR. At 1:02am we received the list. We couldn’t get back in contact until 1:47am. The group decided not to move further and to wait until the morning for the UNHCR office to open so they could call there.
    At 8:30am we called UNHCR and asked for assistance. At 8:45am we also called the local police station but the operator refused to speak to us in English. We told the group to call 112 themselves for assistance. Until 9:30am we couldn’t reach any local police station. At 9:50am we sent an email to the local authorities and UNHCR to inform them about the people. Afterwards we continuously tried again to get in touch with the authorities and the group, but couldn’t establish a connection any more. At 2pm we reached the police in Alexandropolis. They informed us that they were searching since one hour but hadn’t found the travellers. During the afternoon, we couldn’t get any news and didn’t reach the travellers anymore. At 6:53pm the police informed us that they had not found the group yet. The next day at 11:02am we were informed by a contact person that the group had been found and that they had been allegedly violently pushed-back to Turkey. At 12:45am we managed to reach the group itself. They told us that the police had found them at 5:00pm the day before and put them in „a prison“. At 10:00pm the police had told the group that they were being moved to a camp to apply for international protection. However, the police instead brought them back to the river and handed them to officers discribed as „military“, who forced them onto a boat and across Evros border river back to Turkey. The police officers before had confiscated personal belongings of the refugees, including mobile phones, money, passports and the food for the baby.

    http://watchthemed.net/reports/view/943

    #Evros #Grèce #frontières #Turquie #push-back #refoulement #asile #migrations #réfugiés

    • WSJ: Turks fleeing Erdogan fuel new influx of refugees to Greece

      Thousands of Turks flee Turkey due to a massive witch-hunt launched by the Justice and Development Party (AK Party) government against the Kurds and the Gülen Group in the wake of a failed coup attempt on July 15, 2016.
      Around 14,000 people crossed the Evros frontier from January through September of this year, more than double the number for the whole of last year, according to the Greek police. Around half of them were Turkish citizens, according to estimates from Frontex, the European Union’s border agency. Many are judges, military personnel, civil servants or business people who have fallen under Turkish authorities’ suspicion, had their passports canceled and chosen an illegal route out.
      Nearly 4,000 Turks have applied for asylum in Greece so far this year. But most Turkish arrivals don’t register their presence in Greece, planning instead to head deeper into Europe and further from Turkey.

      About 30 Turks have been arriving on a daily basis since the failed coup, according to Kathimerini, there were zero arrivals from Turkey in 2015. However, thousands of Turkish citizens have started claiming asylum in Greece since “Erdogan stepped up his crackdown against his opponents since the failed coup attempt.”

      The Wall Street Journal interviewed some of the purge-victim families in Greece:

      “In the dead of night, Yunuz Cagar and his wife Cansu gave their baby some herbal tea to help her sleep, donned backpacks and followed smugglers on a muddy path along the Evros river, evading fences and border guards until they reached Greece.

      Mr. Cagar, a 29-year-old court clerk, was living a quiet life with his family in a provincial town near Istanbul until Turkey’s crackdown after a failed military coup in 2016 turned their world upside down. Judges, colleagues and friends were arrested. He lost his job and had to move the family into his parents’ attic. Mr. Cagar was arrested and spent four months in prison. His crime, he says, was downloading a messaging app, an act he says the state treated as evidence of supporting terrorism.
      The flow of asylum seekers crossing the Greek-Turkish border along the Evros river is rising for the first time since the peak of Europe’s migration crisis in 2015. This time, though, the increase is mainly due to Turks fleeing President Recep Tayyip Erdogan and his dragnet against real or imagined followers of the U.S.-based cleric Fethullah Gulen. Turkey accuses Mr. Gulen, an ex-ally turned enemy of Mr. Erdogan, of orchestrating the coup attempt.

      “We didn’t say goodbye to anyone before leaving,” said Mr. Cagar, who is now in Athens trying to find some way to get to Germany. His wife and child already made it there with the help of smugglers who have demanded a hefty price. “We began our journey with €13,000 ($14,700) and I have €1,500 left,” he said.

      Ahmed, a 30-year-old former F-16 pilot in the Turkish air force, spends his days talking to smugglers and trying to find a way out. “My dream is Canada, but the reality is Omonoia,” he said, referring to the gritty square in downtown Athens where migrants and smugglers mingle.

      A few months after the coup attempt, Ahmed said, he was dismissed, accused of Gulenist links, arrested and beaten, after another officer denounced him. He said he has no connections with Mr. Gulen’s network. He was released pending trial, but decided to flee when a prison term appeared unavoidable.

      Yilmaz Bilir, his wife Ozlem and their four children were on vacation when the coup attempt happened. Mr. Bilir, who worked at the information-technology department of Turkey’s foreign ministry, found out months later that he was suspected of Gulenist links, which he denies. The family went into hiding, staying with relatives and friends. Mr. Bilir was arrested when he briefly visited his own home and neighbors called the police. When he was released pending trial, the family decided to leave Turkey.

      Mr. Bilir made it to Germany using a forged passport and has applied for asylum there. His wife and children have applied to join him.

      Mrs. Bilir, stuck for now in Athens, remembers how happy the family was when they crossed the river Evros one summer night. “It was an endless walk, but we were happy, because we were away together,” she said. “I was so stressed in Turkey that I couldn’t sleep well for months, but that first night in detention in Greece, I finally slept.”

      After the coup, Meral Budak was suspended from her job as a teacher. Her husband was a journalist at Zaman, a major Turkish newspaper linked to Mr. Gulen’s movement. He had a valid U.S. visa and was able to travel to Canada, where he now works as an Uber driver. His 18-year-old son joined him a few months later.

      Mrs. Budak and the couple’s 15-year-old son Ali remained in Turkey and soon had their passports revoked. They went into hiding for a year. “The most traumatic memory was when I burned hundreds of books,” she said. “Even my children’s school books could be considered evidence, since the publishing companies were funded by Gulen.”
      On Jan. 1 of this year, Mrs. Budak and Ali undertook the long walk across the Evros and into Greece, where they now wait to join the rest of the family in Canada.

      “When I was walking through Greek villages, I realized my life was never going to be the same,” Mrs. Budak said. “I was walking into the unknown.”
      Read the full report on: https://www.wsj.com/articles/turks-fleeing-erdogan-fuel-new-influx-of-refugees-to-greece-1543672801

      https://turkeypurge.com/wsj-turks-fleeing-erdogan-fuel-new-influx-of-refugees-to-greece
      #réfugiés_turcs

    • Fourth migrant found dead near border, Greek ’pushback’ suspected

      Bodies of migrants keep piling up on Turkey’s border with Greece, while Greece denies it is involved in illegal “pushback” practices. Villagers in Adasarhanlı, where the body of another migrant was found earlier this week, alerted authorities after they discovered a body in a rice field, a short distance from the Turkish-Greek border, late Wednesday. The man is believed to be an illegal migrant forced to walk back to Turkey in freezing temperatures by Greek police as part of their controversial pushback practice.

      An initial investigation shows the man froze to death three days ago, and there were lesions on his body stemming from prolonged exposure to water.

      İbrahim Dalkıran, the leader of the village, said they have seen a large number of migrants recently in the area, and many took shelter, in wet clothes or half naked, in Adasarhanlı. “This is a humanitarian situation. Greece sends back migrants almost every three or four days. Some arrive injured, and we call a doctor. It is sad to see them in such a state,” Dalkıran told reporters.

      Olga Gerovasili, Greece’s minister for citizen protection whose ministry oversees border security, has denied previous allegations of pushback and told Anadolu Agency (AA) that Greece is not involved in such incidents. Yet, figures provided to AA by Turkish security sources show many illegal migrants were forced to go back to Turkey by Greek officials, with some 2,490 migrants being pushed back in November alone. The agency reports that some 300 of them were subjected to mistreatment by Greek security forces, ranging from beatings to being forced to go back half naked to the Turkish side of the border.

      Three bodies, believed to be Afghan or Pakistani migrants, were found in three villages in Edirne, the Turkish province that borders Greece. More than 70,000 illegal migrants were intercepted in Edirne between January and November, a high number compared to the 47,731 stopped last year as they tried to cross into Greece despite an increase in pushback reports.

      Under international laws and conventions, Greece is obliged to register any illegal migrants entering its territory; yet, this is not the case for some migrants. Security sources say that accounts of migrants interviewed by Turkish migration authority staff and social workers show that they are forced to return to Turkey, where they arrived from their homelands with the hope of reaching Europe.

      Pırıl Erçoban, a coordinator for the Association for Solidarity with Refugees (Mülteci-Der), says pushback constitutes a serious crime. She said it was “sad and unacceptable” that three migrants died, the number of deaths illustrates a serious problem. “It sheds light on the fact that pushback is being applied. It is still a crime to send those people back, even if they can make it back to Turkey alive,” Erçoban told AA. She says pushback was also taking place on migrant sea journeys, but has stopped, although the practice has continued on land. “Both Greece and Bulgaria are involved in this practice. Our figures show some 11,000 [illegal migrants] entered Turkey from Greece and Bulgaria, though not all of them were forced; we believe a substantial portion of returns are the result of pushback,” she said, adding returns were mostly via Greece. Erçoban said taking legal action to help migrants forced to return was difficult, as they could not reach the victims. “There should be administrative and criminal sanctions, and the culprits should be found. Turkey should take steps against pushback if [Greece] adopted it as a state policy. We hear that they are being beaten with iron bars and sent back without their clothes. This is a crime,” she added.

      Every year, hundreds of thousands of migrants flee civil conflict or economic hardship in their home countries in hope of reaching Europe. Edirne is a primary migration route. Turkish Directorate General of Migration Management data reveals that most of the migrants come from Pakistan, Syria, Iraq and Afghanistan. The numbers increase in late summer and autumn before dropping in the winter months.

      Temperatures hover near minus zero degrees Celsius in Edirne and other provinces at the border, which also saw heavy rainfall last week. Migrants usually take boats on the Meriç River, while some try to swim across to the other side. Early yesterday, police stopped 17 Pakistani migrants who were walking on train tracks near the border.

      https://www.dailysabah.com/investigations/2018/12/07/fourth-migrant-found-dead-near-border-greek-pushback-suspected/amp?__twitter_impression=true
      #mourir_aux_frontières #décès #morts

    • Greece accused of migrant ’pushbacks’ at Turkey border

      Hundreds of migrants including children and families have been illegally returned from Greece to Turkey despite Greek authorities being repeatedly warned about the practice, three non-governmental organizations said Wednesday.

      Migrants being forced back over the border, in violation of international law, has become the “new normality” at the border crossing with Turkey in Greece’s northeast Evros region, the three Greek organizations said.

      The testimonies of 39 people who attempted to cross the border to Europe, collected in detention centers near the border since the spring, were published in a report by the Greek Council for Refugees, ARSIS and HumanRights360.

      In their testimonies, the migrants describe being intercepted and detained by people wearing police or military uniforms, sometimes with a hood covering their face, who then forced them onto a boat to cross the Evros River back to Turkey.

      Some migrants described being physically abused or robbed by the individuals, who mostly spoke Greek.

      The report “constitutes evidence of the practice of pushbacks being used extensively and not decreasing, regardless of the silence and denial by the responsible public bodies and authorities,” the NGOs said.

      The “particularly wide-spread practice” leaves the “state exposed and posing a threat for the rule of law in the country,” they added.

      The Greek office of the U.N. refugee agency also said it had recorded a “significant number of testimonies on informal forced returns” through the Evros border.

      “On many occasions, we have addressed those concerns to the Greek authorities requesting the investigation of incidents,” the UNHCR office said.

      “The state’s response so far to these practices has not produced the results required for an effective access to asylum.”

      Greek authorities have denied involvement in the migrant returns and have announced investigations into potential militia action, without result so far.

      The flow of migrants across the Greek-Turkish land border has almost tripled this year, according to Greece’s migration ministry, with 14,000 people intercepted so far compared to 5,400 in 2017.


      http://www.dailystar.com.lb/News/Middle-East/2018/Dec-12/471620-greece-accused-of-migrant-pushbacks-at-turkey-border.ashx

    • Greece: Violent Pushbacks at Turkey Border

      Greek law enforcement officers at the land border with Turkey in the northeastern Evros region routinely summarily return asylum seekers and migrants, Human Rights Watch said today. The officers in some cases use violence and often confiscate and destroy the migrants’ belongings.

      “People who have not committed a crime are detained, beaten, and thrown out of Greece without any consideration for their rights or safety,” said Todor Gardos, Europe researcher at Human Rights Watch. “The Greek authorities should immediately investigate the repeated allegations of illegal pushbacks.”

      Human Rights Watch interviewed 26 asylum seekers and other migrants in Greece in May, and in October and November in Turkey. They are from Afghanistan, Iraq, Morocco, Pakistan, Syria, Tunisia, and Yemen, and include families traveling with children. They described 24 incidents of pushbacks across the Evros River from Greece to Turkey.

      Most incidents took place between April and November. All of those interviewed reported hostile or violent behavior by Greek police and unidentified forces wearing uniforms and masks without recognizable insignia. Twelve said police or these unidentified forces accompanying the police stripped them of their possessions, including their money and personal identification, which were often destroyed. Seven said police or unidentified forces took their clothes or shoes and forced them back to Turkey in their underwear, sometimes at night in freezing temperatures.

      Abuse included beatings with hands and batons, kicking, and, in one case, the use of what appeared to be a stun gun. In another case, a Moroccan man said a masked man dragged him by his hair, forced him to kneel on the ground, held a knife to his throat, and subjected him to a mock execution. Others pushed back include a pregnant 19-year-old woman from Afrin, Syria, and a woman from Afghanistan who said Greek authorities took away her two young children’s shoes.

      Increasing numbers of migrants, including asylum seekers, have attempted to cross the Evros River, which forms a natural border between Greece and Turkey, since April. By the end of September, the International Organization for Migration (IOM) had registered 13,784 arrivals by land, a nearly fourfold increase over the same period last year.

      In early June, Turkey unilaterally suspended all returns under a bilateral readmission agreement, stopping coordinated returns over the land border. In a July letter to Human Rights Watch, Hellenic Police Director Georgios Kossioris acknowledged an “acute problem” related to new arrivals and migrants arrested in the region, causing the overcrowding in some facilities, and inhumane conditions in police stations and registration and identification centers Human Rights Watch had documented.

      Accounts gathered by Human Rights Watch are consistent with the findings of other nongovernmental groups, intergovernmental agencies, and media reports. UNHCR, the United Nations Refugee Agency, has raised similar concerns. In a June report, the Council of Europe’s (CoE) Committee for the Prevention of Torture said it has received “several consistent and credible allegations of pushbacks by boat from Greece to Turkey at the Evros River border by masked Greek police and border guards or (para-)military commandos.” In November, the CoE human rights commissioner called on Greece to investigate allegations, in light of information pointing to “an established practice.”

      Human Rights Watch wrote to the head of border protection of the Hellenic Police on December 6, 2018, informing them of its findings. In his reply, Police Director Kossioris categorically denied that Hellenic Police carry out forced summary returns. He said all procedures for the detention and identification of migrants entering Greece were carried out in line with relevant legislation, and that they “thoroughly investigate” any incidents of misconduct or violation of migrants’ and asylum seekers’ rights. Greek authorities have consistently denied pushback practices, including a high-ranking Greek police official in a June meeting with Human Rights Watch. For a decade, Human Rights Watch has documented systematic pushbacks by Greek law enforcement officials at its land border with Turkey.

      Greek authorities should promptly investigate in a transparent, thorough, and impartial manner repeated allegations that Greek police and border guards are involved in collective and extrajudicial expulsions at the Evros region. Authorities should investigate allegations of violence and excessive use of force. Any officer engaged in such illegal acts, as well as their commanding officers, should be subject to disciplinary sanction and, as appropriate, criminal prosecution. Anyone seeking international protection should have the opportunity to apply for asylum, and returns should follow a procedure that provides access to effective remedies and safeguards against refoulement – return to a country where they are likely to face persecution, and ill-treatment.

      The European Commission, which provides financial support to the Greek government for migration control, including in the Evros region, should urge Greece to end all summary returns of asylum seekers to Turkey, press the authorities to investigate allegations of violence, and open legal proceedings against Greece for violating European Union laws.

      “Despite government denials, it appears that Greece is intentionally, and with complete impunity, closing the door on many people who seek to reach the European Union through the Evros border,” Gardos said. “Greece should cease forced summary returns immediately and treat everyone with dignity and respect for their basic rights.”

      For detailed accounts from asylum seekers and migrants, please see below. Please note that all names have been changed.

      Human Rights Watch interviewed 26 people from Afghanistan, Iraq, Morocco, Pakistan, Syria, Tunisia, and Yemen, including seven women, two of whom were pregnant at the time they were summarily returned to Turkey across the Evros River. In seven cases, families were pushed back, including children.

      In Greece, Human Rights Watch interviewed people who managed to re-enter Greek territory following a pushback, in the Fylakio pre-removal detention center and in the Fylakio reception and identification center, as well as in the Diavata camp for asylum seekers in Thessaloniki. In Turkey, those interviewed were in the Edirne removal center and in urban locations in Istanbul.

      All names of interviewees have been changed to protect their privacy and security. Interviews were carried out privately and confidentially, in the interviewees’ first language, or a language they spoke fluently, through interpreters. Interviewees shared their accounts voluntarily, and without remuneration, and have consented to Human Rights Watch collecting and publishing their accounts.

      Pushbacks in Evros

      The 24 incidents described demonstrate a pattern that points to an established and well-coordinated practice of pushbacks. Most of the incidents share three key features: initial capture by local police patrols, detention in police stations or informal locations close to the border with Turkey, and handover from identifiable law enforcement bodies to unidentifiable paramilitaries who would carry out the pushback to Turkey across the Evros River, at times violently. In nine cases, migrants said uniformed police physically mistreated them before or during the pushback.

      The accounts suggest close and consistent coordination between police with unidentified, often masked, men who may or may not be law enforcement officers. In a May interview with Human Rights Watch, Second Lieutenant Sofia Lazopoulou at the border police station of Neo Cheimonio said that police officers wearing dark blue uniforms were in charge of services at the police station and that those who wear military camouflage uniforms were patrolling officers, in charge of prevention and deterrence of irregular migrants crossing into Greece.

      Interviewees said that people who looked like police officers or soldiers, as well as some of the unidentified masked men, carried equipment such as handguns, handcuffs, radios, spray cans, and batons, while others carried tactical gear such as armored gloves, binoculars, and knives and military grade weapons, such as rifles.

      The repeated nature of the pushbacks and the fact that those officers who conduct them were clearly on official duty, indicates that commanding officers knew, or ought to have known, what was happening.

      Ferhat G., a Syrian Kurdish man in his forties, said two police officers detained him, his wife, and three children, ages 12, 15, and 19, at an abandoned train station on September 19. They were held in a large caged area in the backyard of a police station with dozens of other people for five hours. Ferhat could not say where the train station or police station were:

      We were all put in a van, 60 to 70 people. Commandos all in black, wearing face masks, drove us back to the river. We were very afraid… I saw other people there, mainly youths with just shorts, no other clothes. Our blood froze out of fear. When they opened the van, we started going out. “Stand in one line, one-by-one,” they said and hit someone. Ten by 10, they put us in a small boat, driven by a Greek soldier. I cried because of the humiliation.

      The modus operandi was largely replicated, with some variations, in the other cases Human Rights Watch documented.

      Capture

      Twenty-one of those interviewed said local police patrols detained them in towns and villages near the border or in open farmland. Two said that the police took them off a bus or a train shortly after its departure. Three said they could not identify the men who detained them and took them directly back to the border. People said they were then transported in police cars, pick-up trucks, white vans without windows or signs, or larger trucks painted in green or camouflage that appeared to be military trucks.

      Karim L., 25, from Morocco, said that police officers removed him from a train to Alexandropouli on November 8. Shortly after its scheduled departure from Orestiada, at 12:37 p.m., police officers began asking passengers who looked foreign to show their passports and took Karim and five or six others off the train. The police took him to a nearby police station and kept him there for two nights. Then four men wearing police uniforms and black masks took him to the border in a van. He said they subjected him to physical violence and a mock execution, then pushed him back to Turkey. He was not photographed, fingerprinted, or given any paper to read or sign, or otherwise informed of the reasons for his arrest. He said that other people, including families with children, were also detained in the station’s three cells.

      Mahsa N., an Afghan woman, said uniformed police officers removed her, her husband, their three children, ages 5, 9, and 11, and two unrelated Afghan men from a bus 15 minutes after it left Alexandropouli in mid-September, during their third attempt to enter Greece. They were pushed back to Turkey the same day, with the police who had detained them taking them all the way to the Evros River, where others were already being held so they could be returned on a boat.

      Dila E., a 25-year-old Syrian woman, described her experience shortly after crossing the Evros River in late April. She said she was with seven other people, including four children, when masked men she could not identify pushed them back to Turkey as they were walking in a small town near the border:

      They came with a car and took us. They put us in a white van. You couldn’t see anything from the inside. They took us directly to the river and made us cross the river with a rubber boat. They took everyone’s mobile phones, set of clothes, and even the money from some.

      Malik N., a 26-year-old Moroccan man, said uniformed police stopped him along with three other men on November 13 near a gas station in Didymoteicho, a town two kilometers from the border. He said that one of the policemen made a phone call, and a white van arrived 15 minutes later. Two men he could not identify took him and two of his group to a location that he described as barracks: “They put us in the car, which was very well made, dark inside, and without seats. There were no signs on it. … There was a terrible smell [in the barracks], and officials had their masks on… There were 30 people there.”

      Masked men took him to the border the next evening:

      After the masked people came, they started to shout at us, and hit us one by one with batons at the door. There were around eight people outside the barracks, each with a thick plastic baton. They would hit you as you walked to the car. They would shout “Fuck Islam.” They put 30 of us in the van. [There were] no chairs. I felt like I was suffocating, there was no air. When we arrived at the river, they ordered people to strip to shorts only. They took my phones, my money, €1,500, and my glasses, and broke them.

      Sardar T., 18, from Afghanistan, said that uniformed police caught him and the group of people he was traveling with at the Didymoteicho bus station on April 23. He said the police came with a white van but later brought a big car, similar to a military truck with green camouflage. Human Rights Watch researchers saw a vehicle matching Sardar’s description parked in the yard of the border police station of Neo Cheimonio, as well as numerous white vans, without police signs. Sardar said that the officers who pushed them back to Turkey were wearing police uniforms and that masks concealed their faces except for their eyes.

      Detention

      Thirteen of those interviewed reported that they were detained in formal and informal locations close to the border, for periods ranging from a few hours to five days. Five said they were taken to a police station, while eight described buildings on the outskirts of nearby villages and towns, or on farmland that they said were used as drop-off points for detained migrants. None of the interviewees, even those held at police stations, were duly identified and registered, and their detention appears to have been arbitrary and incommunicado.

      A few dozen to one hundred people were detained at a time, without food, water, and sanitation, and then taken to the Evros River and returned to Turkey. Interviewees described the rooms in the unidentified buildings as “prison-like” and “like a storage room,” with a few mattresses and a single, filthy toilet. They said women and families with children were either held together with unrelated men, or sometimes in adjacent rooms.

      Mahsa, the Afghan woman who was summarily returned to Turkey three times, said she and her family were kept for five days, along with unrelated men who were also detained, in a dark room with no beds or heat before the second pushback, in late August. They were not given any food. Their belongings, including winter coats for her young children, and a cherished backpack and doll, were never returned. Up to 10 guards, wearing belts with what appeared to be handguns, batons, and pepper spray, would check on people and lock the door but not provide any information. She saw guards beating men staying in the same room: “They had a blue uniform with writing on it in Greek on the back, with big letters. They called us dirt.”

      Azadeh B., a 22-year-old Afghan woman traveling with her husband and two children, ages 2 and 4, said they were pushed back twice from Greece – and had spent five days in detention before being returned the second time, in early October. She said they were taken to a room in a structure located in the middle of farmland:

      We could not see or hear anything. We were not asked to sign anything or told anything. The guards closed the door and locked it. When families asked for water, they filled dirty bottles and threw them inside the room through the door. They took everything from us, even the Quran. We asked them to give back our kids’ shoes, but they didn’t. They do this because they don’t want us to come back. If it’s something of value, they keep it, something they don’t like, they put it in the bin.

      She said only the children were given some biscuits while detained in a room that was about 40 square meters and shared by about 80 people whom she believed were also all migrants.

      Hassan I., a Tunisian man in his thirties, said that before being violently pushed back along with four friends in early August, they spent a day in detention. He said the location resembled a military base because they saw military vehicles, including trucks and tanks, parked near the room in which they were held. It was a 15-minute drive from the town of Orestiada, where they had been stopped and picked up in the morning by two police officers in blue uniforms in a civilian car.

      The policemen drove them to the location, where guards violently pushed them against a wall, searched them, and hit them. “First, they asked for phones, then for money,” Hassan said. They were shouting ‘malaka’ [a Greek insult meaning ‘asshole’]. I was shocked. I felt humiliated. When we tried to ask for anything, like our sim cards, memory cards, they hit us immediately.” Hassan and his friends were put in a room that looked like a storage room. In an adjacent room, they could hear the voices of families with children. Hassan estimated that by 9 p.m., when they were taken to the border in trucks, about 80 men were in his room of about 24 square meters, in which there were only a few chairs, a toilet, and a water tap.

      Zara Z., 19 and four-months pregnant, from Afrin, Syria, said that in mid-May, men wearing camouflage uniforms stopped her and her husband and detained them overnight in a room without bedding or furniture, together with other migrant families, and without any food or water. The next day they were transferred in a van to the Evros River, put on a boat, and pushed back to Turkey.

      Pushbacks across the Evros River

      All those interviewed said they were transported to the border with Turkey in groups of 60 to 80, in military trucks or unmarked vans. In all but three cases, the agents wore face masks, black pants, or camouflage, making it impossible to recognize or identify them. In the three other cases, interviewees said police in regular blue and camouflage uniforms transported them to the river. Ten out of 26 interviewees said they were physically abused or witnessed others being ill-treated during the pushback operation.

      Karim, a 25-year-old Moroccan man, said Greek police handed him over to masked men wearing police uniforms after they caught him in Greece on November 10 and that he was violently pushed back to Turkey. After ordering him to take off his clothes and shoes, two of the masked officers kicked him to the ground and hit him with a baton, then one of them subjected him to a mock execution. They dragged him by his hair and forced him to kneel on the ground, while the masked officer held a knife to his throat and said in broken English, “Whoever returns to Greece, they will die.” Karim said he could not sleep at night and was experiencing recurrent nightmares.

      Hassan, the Tunisian who was pushed back with his four friends on August 10 or 11, said that masked men wearing black clothes ill-treated them after taking them to the border in a truck. One of the men used a stun gun on Hassan’s lower back, causing burns that were still visible over two months later. He provided video footage of the group’s injuries, which he said was recorded the day after the incident and was first posted on social media on August 12, showing several bruises he said resulted from blows to their upper and lower backs and limbs. “Next time I will see you,” one of the masked men told him in English, “I will kill you.” At the time of the interview, Hassan had been sleeping in parks in Istanbul, after all his belongings were confiscated in Greece.

      Amir B., a Tunisian man in his twenties, was pushed back to Turkey at the end of September after entering Greece and hiding for six days. He said he was returned from near Alexandropouli to the border in one of two military trucks, which together took around 80 people to the border, including about 30 women and a few children. Amir said masked men pushed people around as they got off the trucks, and then pushed them toward the river, ordering them to remain silent. The agents then split the group into smaller groups of 10 and ordered them to take off their shoes. Women had to give up their coats, while some men had to strip to underwear. Amir’s jeans, where he also kept his money, were set on fire. When a black pick-up truck arrived with a small boat, the guards checked the other side of the river with binoculars, and then used the small boat to take the groups of 10 in turn across the water.

      https://www.hrw.org/news/2018/12/18/greece-violent-pushbacks-turkey-border

      #vidéo:
      Greek Authorities Beat, Push Back Migrants into Turkey
      https://www.youtube.com/watch?v=X2olpuc_tqA

    • El oscuro secreto de la frontera oriental de Europa

      Grecia deporta ilegalmente a los refugiados que llegan a su territorio, en algunos casos incluso secuestrándolos lejos de la frontera, según denuncian ONG y Acnur.

      Firas debería estar en Grecia. Es más, oficialmente, según los registros del Gobierno heleno y del Alto Comisionado de Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR), reside en Grecia. Pero no. Este sirio, de 17 años, malvive amedrentado, sin dinero y sin papeles en un pequeño apartamento de Estambul que comparte con otros refugiados, después de haber sido deportado ilegalmente por la policía griega a Turquía en tres ocasiones. Una práctica prohibida por las leyes internacionales, pero que, según las organizaciones de derechos humanos, se está convirtiendo en “sistemática” a medida que la ruta migratoria de entrada a la Unión Europea se desvía hacia la frontera del río Evros. Acnur ha recabado unos 300 casos de devoluciones en caliente de personas que intentan llegar a la UE desde Turquía solo en 2018.

      “En los últimos años hemos recabado un número significante de casos de pushback [término en inglés para referirse a esta práctica ilegal]”, explica Margaritis Petritzikis, representante de Acnur en el campo de detención de Fylakio, en Grecia, junto al Evros. “Los testimonios describen a quienes practican las detenciones vistiendo uniformes de diferentes colores, muchas veces sin distintivos, y con la cara cubierta, por lo que no sabemos a qué cuerpo pertenecen. La jurisdicción del control fronterizo es de la policía griega, pero el área que rodea el río es zona militarizada”, añade Petritzikis.

      Los detenidos aseguran que, una vez detenidos y antes de ser devueltos en barcas al otro lado de la frontera, son llevados a almacenes, instalaciones militares o comisarías de policía, transportados con furgonetas sin identificar, supuestamente de las fuerzas de seguridad, según los testimonios recogidos en informes de diversas ONG, entre ellas Human Rights Watch y el Greek Council for Refugees (GCR).

      El Evros, también llamado Maritsa, hace de barrera natural a lo largo de 194 de los 206 kilómetros de frontera terrestre entre Turquía y Grecia; el resto lo cubre una valla levantada en 2012. Para aquellos migrantes y refugiados que, desde suelo turco, sueñan con alcanzar territorio europeo, son apenas 100 o 200 metros que cubrir en un bote hinchable, un trayecto mucho más corto que el que separa la costa turca de las islas griegas del mar Egeo. Además, aquí no está vigente el acuerdo firmado entre la UE y Turquía en 2016, que permite la devolución de aquellos migrantes llegados de manera irregular por vía marítima. En la zona del Evros regía otro acuerdo bilateral de devolución firmado entre Turquía y Grecia, aunque Ankara lo canceló el pasado año. Por ello, en los últimos años, se ha incrementado el número de llegadas a través de esta ruta (en 2018 fueron 18.014, un 35% del total de refugiados y migrantes que arribaron a Grecia, según los datos de Acnur). La mayor parte de los que llegan son sirios, afganos y turcos.

      Sus aguas aparentemente tranquilas son un espejismo engañoso. Es un río caudaloso, de habituales inundaciones y fuertes corrientes: durante el pasado año, medio centenar de personas murieron en esta ruta, la mayoría ahogadas o por hipotermia. “El río es pequeño, pero peligroso. Sobre todo porque los botes son para cinco personas y cruzamos 30 a la vez”, explica un joven bangladesí detenido en el campo de Fylakio.

      Un residente de Edirne, en la orilla turca del río, explica que las tarifas que exigen los traficantes por pasar al otro lado van de 1.000 a 5.000 euros. Aquellos que pagan más “reciben un servicio vip”, y en la orilla griega les esperan otros traficantes que los llevan en coche hasta Salónica o Atenas: “A estos no los suele detener nunca la policía”. A los que no disponen de ese dinero, después de superar el peligro de las aguas les aguarda una nueva barrera.
      Práctica ilegal

      Dos y media de la madrugada. Se escuchan pasos entre la maleza, en la zona boscosa que rodea el Evros. Hay cuchicheos. Los pasos se detienen al escuchar el vehículo en el que viaja este periodista. Poco después, se alejan.

      Anteriormente, en cuanto veían a cualquier persona en la orilla griega, los refugiados se identificaban como tales y pedían que se avisase a la policía. Sabían que habían llegado a territorio seguro. Ya no. Entre los refugiados es sabido que, si son apresados en esta zona, corren el riesgo de ser devueltos al otro lado. Las devoluciones en caliente están prohibidas por la ley: la normativa exige que sean primero identificados y, si es el caso, se les permita presentar una petición de asilo. Firas (que no es su nombre real) cuenta que pasó por ello dos veces durante el año pasado. En la primera ocasión, durante el verano, explica que fue detenido nada más cruzar el río, llevado a una comisaría y devuelto a Turquía al cabo de unas seis horas. “En la comisaría nos pegaron a todos los hombres, nos quitaron nuestras pertenencias y destrozaron los móviles”, asegura.

      La segunda fue aún peor: una vez capturados, Firas explica que los agentes de policía llamaron a otros agentes con uniforme militar y la cara cubierta y les propinaron una paliza. Esta vez les quitaron hasta la ropa y los devolvieron a Turquía en calzoncillos. Su historia es similar a las decenas de testimonios recabados por diferentes ONG, que consideran que puede haber un patrón de actuación de las fuerzas de seguridad helenas.

      En algunos casos no se trata ni siquiera de devoluciones «en caliente», es decir, al ser detenidos en el borde mismo de la frontera, sino desde bastante más adentro en el territorio griego y pasado bastante tiempo desde que los refugiados entraron al país. A. A., un sirio que residía en Alemania de manera legal, llegó en agosto de 2017 a la ciudad griega de Alejandrópolis para encontrarse con su mujer, que había cruzado recientemente la frontera. Pero, según manifestó al GCR, fue detenido por agentes de la policía que, haciendo caso omiso a sus documentos, lo encapucharon y lo enviaron a Turquía en un bote junto a otros refugiados.

      Similar es el caso de Firas. La tercera vez que intentó cruzar a Grecia, a mediados de noviembre, explica que lo logró. Y fue enviado al centro de detención de Fylakio. A inicios de enero, salió de él con los documentos que lo acreditaban como solicitante de asilo. Tomó un autobús hacia Salónica, pero cuenta que, cuando llevaba 15 minutos de viaje, la policía le ordenó bajar junto a otros cinco sirios. “Tenía los papeles de la policía griega y de Acnur, pero los destrozaron delante de mí”, relata. “Nos llevaron a un calabozo y agentes con pasamontañas nos desnudaron y nos pegaron. No nos dieron agua ni comida. El segundo día, vinieron otros agentes y nos pegaron con tubos de cañería. Luego nos llevaron al río junto a varias familias con niños y nos devolvieron a Turquía”.

      La respuesta del Gobierno griego es siempre la misma: “No existen estas prácticas”. Así lo han dicho públicamente los ministerios de Orden Público y Migraciones ante las quejas formales de ACNUR y el Consejo de Europa. La comandancia regional en Tracia de la policía griega, preguntada por la situación, redirigió a este periodista al comisario de Orestíada, Pascalis Siritudis, quien respondió al teléfono —un día después de haberse negado a recibirlo— con gran enfado: "La policía griega respeta siempre la ley y las normas internacionales. No olvide que esta es la frontera de la Unión Europea, no solo de Grecia”. Desde el Ministerio de Orden Público, la contestación fue similar: «La policía griega cumple con los derechos humanos».

      Hay varias investigaciones en marcha. Una, sobre la devolución de varios turcos en mayo de 2017, ha alcanzado el Tribunal Supremo de Grecia. También el Defensor del Pueblo y la Fiscalía de Orestíada han iniciado un proceso judicial tras la denuncia de un ciudadano sudanés deportado ilegalmente a Turquía. Pero, hasta ahora, nadie ha sido condenado. Dimitris Koros, abogado del GCR, admite que es difícil armar estos casos: “La mayoría de los refugiados devueltos no tienen tiempo ni medios para iniciar un proceso judicial y, además, es casi imposible identificar a quienes participan en las devoluciones ya que van con la cara cubierta y sin identificaciones, y se suelen producir de noche”.

      Entretanto Firas continúa en Estambul, temeroso de que un día lo detengan las autoridades turcas y lo deporten a la misma Siria de la que escapó huyendo de la guerra. Y se sigue preguntando por qué lo echaron de Grecia si tenía derecho a quedarse. “Me sorprendió mucho el nivel de brutalidad que emplearon conmigo. Siempre habíamos escuchado que la Unión Europea era un lugar donde no había violencia y se respetaban los derechos humanos”, se queja.

      https://elpais.com/internacional/2019/03/03/actualidad/1551607634_105978.html

    • Turkish computer science student missing in Evros following failed attempt to escape to Greece

      21-year-old university student #Mahir_Mete_Kul has been missing since the boat he used to cross Evros river between Greece and Turkey capsized on March 24.

      A computer science student at Istanbul’s Beykent University, Kul spent 10 months in prison on charges of membership to the leftist group, Liseli Dev-Genc, and was released 5 months ago with judicial control, media reported. As the court in charge put an overseas travel ban on his passport, Kul embarked on the risky journey to escape Turkey the same way thousands of others have tried over the past two years: crossing the Evros river along Turkey-Greece border in a bid to seek asylum abroad.

      “My son was a pretty young university student. They sent him up to prison. Following his release, they prevented him from going back to the school. As he had a travel ban on his passport, he chose this way [to escape],” Mahir’s mother Araz Kul spoke to Gazete Karinca. Five months ago, the mother left Turkey to Greece due to political reasons too, media said.

      Thousands of people have fled Turkey due to a massive witch-hunt launched by the Justice and Development Party (AK Party) government against all kinds of opposition.

      More than 510,000 people have been detained and some 100,000 including academics, judges, doctors, teachers, lawyers, students, policemen and many from different backgrounds have been put in pre-trial detention since last summer.

      Many tried to escape Turkey via illegal ways as the government cancelled their passports like thousands of others.


      https://turkeypurge.com/turkish-computer-science-student-missing-in-evros-following-failed-atte
      #mourir_aux_frontières #morts #décès #mourir_dans_l'Evros

      L’appel de la mère :
      https://twitter.com/TurkeyPurge/status/1110989355445678080
      https://twitter.com/TurkeyPurge/status/1110990512381530113

      #réfugiés_turcs

    • À la frontière gréco-turque. Empêcher les migrants d’entrer en Europe, sauver ceux qui y parviennent

      Je copie-colle ici la partie dédiée à la région de l’Evros :

      L’Evros, région délaissée par les garde-frontières

      La gare de Marasia semble aussi abandonnée que le village éponyme. Derrière un panneau jaune et rouge signalant le passage de trains à vapeurs, un cours d’eau ruisselle dans le calme. L’Evros, large d’une dizaine de mètres à peine à cet endroit, est la plus longue rivière des Balkans, prenant sa source en Bulgarie pour se jeter dans la mer Égée, près d’Alexandroupoli. Depuis l’accord entre l’Union européenne et la Turquie et la fermeture de la route des Balkans, la pression migratoire sur la Grèce, qui se concentrait ces dernières années sur les îles en mer Égée, se déporte vers l’Evros, frontière naturelle entre la Grèce et la Turquie. “Aujourd’hui, le problème n’est plus à la barrière mais dans la rivière”, atteste Paschalis Siritoudis, le directeur de la police du département d’Orestiada.

      Un effet de vases communicants

      Cette affluence ne l’inquiète pas plus que ça. “De plus en plus de migrants arrivent ces dernières années mais c’est un vieux problème auquel la région est confrontée depuis une vingtaine d’années. Avant la construction de la barrière avec la Turquie (celle-ci longe la frontière sur 12 kilomètres dans une zone militarisée, NdlR), 30 000 migrants passaient chaque année. En 2012, nous avons lancé une opération de surveillance à la frontière, du personnel a été recruté. Les années suivantes, ce nombre est tombé entre 1 000 et 3 000 personnes. En 2018, environ 7 000 ont franchi la frontière. Ces chiffres, même s’ils sont moindres, montrent qu’il y a toujours un problème migratoire ici. Mais le flux est sous contrôle, il n’y a aucune comparaison possible avec la situation avant 2012”, martèle le colonel, d’une voix tonitruante.

      Les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies (UNHCR) vont bien au-delà de ceux du directorat de police : en 2018, 18 014 personnes sont entrées en Grèce via l’Evros. Presque trois fois plus de personnes (dont une majorité de ressortissants turcs) que l’année précédente.

      Dès qu’une porte se ferme dans la région d’Evros, une fenêtre s’ouvre ailleurs. Et vice-versa. Quand, en juillet 2012, l’opération Aspida (“bouclier” en grec) est lancée, le nombre d’entrées à la frontière gréco-turque chute de manière vertigineuse. La première semaine du mois d’août, 2 000 migrants y sont appréhendés. Quelques mois plus tard, en octobre, moins de 10 personnes sont arrêtées par semaine.

      Les autorités compétentes et Frontex se félicitent du succès de cette opération. Les réjouissances sont cependant de courte durée : face au renforcement des contrôles à la frontière terrestre, les départs en mer se multiplient. “Immédiatement après le déploiement de l’opération Aspida, le nombre de détections de traversées illégales a augmenté, à la fois à la frontière maritime entre la Grèce et la Turquie et à la frontière terrestre avec la Bulgarie”, reconnaît Frontex dans son rapport annuel 2012, d’où sont issus les chiffres précités.

      Sur les 206 km de frontière fluviale entre la Grèce et la Turquie, seuls 12,5 kms sont terrestres et forment ce qu’on appelle le triangle de Karaağaç. C’est sur ce territoire qu’est érigée la barrière. (en rouge sur la carte)

      “Les barrières et les murs sont des solutions court-termistes à des mesures qui ne règlent pas le problème. L’Union européenne ne finane et ne financera pas cette barrière. Ça ne sert à rien.”
      Cecilia Malmström, ex-Commissaire européenne aux Affaires intérieures, février 2011.

      “Le problème n’est plus à la barrière mais dans la rivière” Paschalis Siritoudis, directeur de la police du département d’Orestiada

      Sept ans plus tard, l’opération Aspida est toujours en cours et semble faire la fierté de Paschalis Siritoudis. “Elle est connue dans toute la Grèce, dans toute l’Europe même ! Elle est effectuée avec le support de Frontex”, se félicite-t-il.

      Les officiers de Frontex déployés près d’Orestiada en 2010 (surtout pour identifier les migrants) pour prêter main forte aux Grecs sont partis. Aujourd’hui, l’agence européenne n’est que peu impliquée dans la région : quelques agents travaillent aux check-points et patrouillent avec des policiers et des militaires le long de la barrière de barbelés. “Nous avons parlé avec les autorités grecques pour augmenter notre présence mais la décision leur revient. Nous sommes prêts à intervenir s’ils en ressentent le besoin”, explique Eva Moncure, porte-parole de l’agence.

      À entendre Paschalis Siritoudis, ce n’est pas le cas. “Les officiers grecs qui effectuent l’enregistrement des migrants irréguliers, prennent leurs empreintes digitales et font le débriefing sont plus expérimentés que quiconque en Europe. Ils ont eu affaire à des dizaines de milliers de migrants et leur expertise est reconnue par tous”, s’exclame-t-il, assis derrière son bureau dans le commissariat d’Orestiada.

      De son côté, Frontex fait grand cas de ses compétences. “L’agence mutualise les ressources et fait appel aux États membres pour lui fournir du personnel. Il y a donc un turn-over important dans toutes les missions. Au fil des ans, nous avons toutefois développé une expertise, notamment au niveau de l’examen des documents. Avec quel genre de papiers voyagent les migrants ? Sont-ils faux ? Sont-ils vrais ? Où ont-ils été fabriqués ?”, explique Eva Moncure.

      Soumise à la bonne volonté des États membres, Frontex insiste pour pouvoir déployer ses guest officers. Ne serait-ce que pour partager les informations recueillies aux frontières avec une floppée d’institutions. Du point de vue de l’agence, plus celles-ci circulent, mieux les frontières sont protégées. Ainsi, depuis 2016, date du dernier élargissement du mandat de l’agence, Frontex est habilitée à mener des interviews sur le trafic d’êtres humains et à partager les informations récoltées avec Europol. “Nous n’enquêtons pas. Nous ne faisons que récolter des informations et les transmettons à qui de droit. Comme nous sommes en première ligne, nous pouvons obtenir ces informations plus aisément”, indique Eva Moncure. “Quand on parle de Frontex, tout le monde parle toujours des migrants mais personne ne parle des trafiquants d’êtres humains. Pour résumer, notre boulot est de surveiller les frontières, de venir en aide aux migrants s’ils sont en danger et de les renvoyer dans leur pays s’ils n’ont pas le droit d’asile en Europe. Un autre volet important, c’est de recueillir des informations sur les passeurs, les routes qu’ils utilisent, les connexions qu’ils ont, etc. Il ne faut pas oublier que les personnes qui font monter les migrants dans des bateaux ou qui leur font traverser une rivière ne sont pas des enfants de chœur. Le trafic d’êtres humains rapporte énormément d’argent, bien plus que le trafic de drogues. Le problème, c’est que pour l’instant, la justice arrête les petites mains pendant que les chefs des réseaux se la coulent douce à Dubaï en comptant leurs billets”, poursuit-elle.

      Pour rappel, les officiers ont un pouvoir exécutif lorsqu’ils sont impliqués dans l’enregistrement des migrants : prise d’empreintes digitales, screening (pour établir nationalité des migrants) et vérification des documents d’identité. En outre, ils ne peuvent délivrer de décisions relatives à l’asile puisqu’il s’agit d’un pouvoir régalien.

      Renvoyés en Turquie sur des bateaux

      Dans la région d’Evros, contrairement aux îles grecques, les agents de Frontex ne sont pas en contact avec les migrants et donc pas habilités à collecter des informations sur le trafic d’êtres humains. Laissé entre les mains des autorités grecques, l’enregistrement (et partant, le screening et l’interview) des migrants qui parviennent à entrer dans l’espace Schengen n’y semble pas garanti.

      À ce sujet, deux rapports, publiés en décembre 2018 - l’un par Humans Rights Watch et l’autre par le Greek Council for Refugees (GCR), Human Rights 360 et l’Association for the Social Support of Youth - sont glaçants. Confiscation de biens (“ils jettent nos téléphones dans la rivière”, “ils ont confisqué le lait artificiel pour notre bébé”, “il a déchiré mon certificat de naissance devant moi”) et de vêtements, privation de nourriture et parfois d’eau, fouilles corporelles, violences physiques et verbales… Comble du comble : les migrants seraient reconduits de l’autre côté de la rivière Evros dans des embarcations pneumatiques.

      Ces documents font état d’une pratique courante près de la rivière : le push-back, c’est-à-dire le refoulement des personnes qui franchissent la frontière. Ces expulsions collectives (et illégales) obéissent à un modus operandi bien rôdé, à lire les nombreux témoignages récoltés par ces ONG. “La plupart des incidents partagent trois caractéristiques principales : arrestation par une patrouille de police locale, détention dans des commissariats ou des emplacements informels (entrepôts, gares abandonnées, etc.) proches de la frontière avec la Turquie et remise des migrants par les forces de l’ordre à du personnel non-identifié (dont le visage serait le plus souvent caché par une cagoule, NdlR) qui procède au push-back via la rivière Evros, parfois de manière violente”, décrit Human Rights Watch. Certaines personnes interrogées ont subi plusieurs push-backs avant d’être finalement enregistrées selon la procédure légale.

      Les migrants ne sont pas photographiés, leurs empreintes digitales ne sont pas prises et les raisons de leur arrestation ne leur sont pas expliquées. Sans enregistrement, leur présence dans l’espace Schengen n’est pas attestée et il est donc impossible d’introduire une demande d’asile. Il est en revanche possible d’assurer qu’ils n’ont jamais un pied sur le sol européen.

      Ces allégations sont remontées jusqu’au Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe et au Comité européen pour la prévention de la torture qui les ont jugées crédibles. Après une visite en Grèce en avril 2018, le Commissaire a par ailleurs souligné l’absence d’enquêtes sur ce genre de pratiques de la part des autorités grecques.

      Des bateaux et des chaussures d’enfants

      À Marasia, derrière le panneau jaune et rouge signalant le passage de trains à vapeur, un chemin de terre longe une forêt, qui borde l’Evros. Avec l’arrivée du printemps, des fleurs jaunes tapissent ses berges.

      Il ne faut pas marcher bien loin pour découvrir les traces d’un spectacle qui suscite malaise et interrogations. À cent mètres de la gare, une paire de rames a été abandonnée.

      Un peu plus loin, au bord de l’eau, un bateau gris et bleu est recouvert de feuilles mortes. L’inscription “Excursion 5” est écrite dessus en lettres capitales. Cinquante mètres après, un autre bateau jaune et vert se confond avec la couleur des fleurs.

      De retour sur le chemin de terre, des taches de couleur attirent le regard. Ce sont des chaussures. En daim, celles d’un adulte, à côté d’un soutien-gorge et d’un jeans délavé. À côté, deux paires de basket appartiennent à des enfants. Les plus petites, bleues, sont une pointure 26. Leur ancien propriétaire doit avoir entre trois et cinq ans. Que lui est-il arrivé ? A-t-il été reconduit en Turquie ? Ses compagnons de route ont-ils été interrogés sur le trafic d’êtres humains dont ils ont été victimes ?

      Confronté aux accusations de push-backs menés dans la région, le chef de la police élude d’abord la question et jure que les migrants interceptés sont pris en charge. Avant de finir par admettre que “nous avons reçu des informations sur les push-backs de la part des ONG”.

      Pas suffisamment pour enquêter, comme recommandé par le Commissaire européen aux droits de l’homme et le Comité européen pour la prévention de la torture.

      https://dossiers.lalibre.be/greco-turque/login.php

    • Οργανωμένο σχέδιο ανομίας στον Έβρο καταγγέλλει η « Καμπάνια για το Άσυλο »

      Την κατεπείγουσα διερεύνηση των συνεχιζόμενων καταγγελιών για τις άτυπες επιχειρήσεις επαναπροώθησης προσφύγων στον Έβρο και τον έλεγχο των εμπλεκομένων ζητούν από τους υπουργούς Προστασίας του Πολίτη, Όλγα Γεροβασίλη, Μεταναστευτικής Πολιτικής, Δημήτρη Βίτσα, και Δικαιοσύνης, Μιχάλη Καλογήρου, δέκα οργανώσεις που συμμετέχουν στην « Καμπάνια για το Άσυλο ».

      Σημειώνουν ότι οι υπουργοί είναι υπόλογοι για κάθε καθυστέρηση, η οποία εντείνει την πεποίθηση ότι τα σύνορα στον Έβρο αποτελούν ένα πεδίο εκτός δικαίου και εκτός νόμου και έναν τόπο μαρτυρίου για τους πρόσφυγες.

      Υπογραμμίζουν ότι ο συστηματικός τρόπος και οι ομοιότητες της κακομεταχείρισης παραπέμπουν σε οργανωμένο σχέδιο αποτροπής, στο πλαίσιο του οποίου αναπτύσσονται γενικευμένες πρακτικές, οι οποίες έγιναν πιο εκτεταμένες, συστηματικές και σκληρές μετά την υπογραφή της ευρωτουρκικής συμφωνίας το Μάρτιο του 2016. Και αναφέρουν ότι οι πρακτικές αυτές εμπίπτουν στην αρμοδιότητα της ποινικής δικαιοσύνης και στοιχειοθετούν κατά περίπτωση κακουργήματα (βασανισμός, ληστεία, έκθεση ζωής σε κίνδυνο...).

      Οι οργανώσεις (ΑΡΣΙΣ, Δίκτυο Κοινωνικής Υποστήριξης Προσφύγων και Μεταναστών, ΕΠΣΕ, Ελληνικό Φόρουμ Προσφύγων, Κίνηση για τα Ανθρώπινα Δικαιώματα – Αλληλεγγύη στους Πρόσφυγες Σάμος, Κόσμος χωρίς Πολέμους και Βία, ΛΑΘΡΑ, PRAKSIS, Πρωτοβουλία για τα Δικαιώματα των Κρατουμένων, Υποστήριξη Προσφύγων στο Αιγαίο) κάνουν λόγο για επιδεικτική βαρβαρότητα ένστολων ή μη στην περιοχή και παράνομες ενέργειες οι οποίες αποτελούν αντικείμενο συγκεκριμένων οδηγιών και εντολών. Σημειώνουν ότι το οργανωμένο σχέδιο περιλαμβάνει επίσης τη συγκάλυψη και νομιμοποίηση των εγκληματικών μεθόδων που χρησιμοποιούνται.

      Ολόκληρη η ανακοίνωση της « Καμπάνιας για το Άσυλο » έχει ως εξής :

      Απαξίωση της ανθρώπινης ζωής και της νομιμότητας οι επαναπροωθήσεις στον Έβρο

      Αθήνα, 2 Μαΐου 2019

      Τα σύνορα της χώρας στον Έβρο τείνουν να καταστούν ένας εκτός δικαίου και εκτός νόμου τόπος μαρτυρίου για τους πρόσφυγες που επιχειρούν απελπισμένα να περάσουν στο ευρωπαϊκό έδαφος, στιγματίζοντας τη χώρα μας και τους υπευθύνους για τη διαχείρισή τους.

      Ενώ παρακολουθούμε τους αυξανόμενους πνιγμούς στα σύνορα, οι καταγγελίες προσφύγων για βάρβαρες πρακτικές επαναπροώθησης συνεχίζονται. Εκτός από τον αποτροπιασμό που προκαλούν, δείχνουν επίσης ότι η άσκηση βίας και οι συστηματικές παραβιάσεις δεν αποτελούν μεμονωμένες ατομικές επιλογές, αλλά γενικευμένες πρακτικές που αναπτύσσονται στα πλαίσια ενός σχεδίου αποτροπής και προσπάθειας ενίσχυσης του « μηνύματος » αποθάρρυνσης, που « πρέπει να σταλεί » για την ανάσχεση των προσφυγικών ρευμάτων.

      Όσα εκτενώς καταγράφονται στην κοινή έκθεση του Ελληνικού Συμβούλιου για τους Πρόσφυγες, της ΑΡΣΙΣ και της HumanRights360, που δημοσιεύτηκε πρόσφατα (1), δεν αφήνουν αμφιβολία για την αλήθεια των καταγγελλόμενων. Ο συστηματικός τρόπος και οι ομοιότητες της κακομεταχείρισης παραπέμπουν σε ένα οργανωμένο σχέδιο, η εφαρμογή του οποίου επιτρέπει -αν δεν προτρέπει- παράνομες συμπεριφορές. Οι περίπολοι ενόπλων με ή χωρίς αστυνομικές και στρατιωτικές στολές, μάσκες ή κουκούλες, που μιλούν εκτός από τα ελληνικά και άλλη ευρωπαϊκή γλώσσα (συχνά αναφερόμενη η γερμανική), που δρουν με επιδεικτική βαρβαρότητα ακόμα και μπροστά σε μικρά παιδιά και οικογένειες, βία και κακοποιήσεις, αφαίρεση προσωπικών ειδών και χρημάτων, ρούχων κατά περίπτωση και συχνά υποδημάτων, αφαίρεση ή καταστροφή κινητών τηλεφώνων (για να μην καταγράφεται η παράνομη δράση), μεταφορά σε εγκαταλειμμένες αποθήκες που χρησιμεύουν ως άτυπα κρατητήρια χωρίς τροφή και νερό και χρήση φουσκωτών για την επαναπροώθηση στην Τουρκία, παραπέμπουν σε εκτέλεση συγκεκριμένων οδηγιών και εντολών, που εφαρμόζονται επιλεκτικά σε εφαρμογή προαποφασισμένου σχεδίου, που περιλαμβάνει και τη συγκάλυψη -και κατά συνέπεια νομιμοποίηση- των εγκληματικών μεθόδων που χρησιμοποιούνται κατ’ αυτές.

      Η Καμπάνια για την Πρόσβαση στο Άσυλο καταγγέλλει για ακόμα μια φορά την εφαρμογή των πρακτικών άτυπης επαναπροώθησης που έχουν επεκταθεί και καταστεί σκληρότερες και συστηματικότερες μετά την Κοινή Δήλωση αρχηγών κρατών και κυβερνήσεων ΕΕ-Τουρκίας της 18ης Μαρτίου 2016 και επισημαίνει ότι δεν αποτελούν μόνο σοβαρή παραβίαση των διεθνών υποχρεώσεων της χώρας, αλλά εμπίπτουν στην αρμοδιότητα της ποινικής δικαιοσύνης και στοιχειοθετούν κατά περίπτωση κακουργήματα (βασανισμοί, ληστείες, έκθεση σε κίνδυνο ζωής κ.ά.)

      Ζητάμε να δοθούν απαντήσεις από τις αρχές :

      Ποια σώματα ενεργούν στα σύνορα για την αποτροπή παράτυπων εισόδων.
      Υπάρχει πλαίσιο συγκεκριμένων εντολών για την περίπτωση εντοπισμού, σύλληψης και μεταχείρισης των παράτυπα εισερχόμενων και έλεγχος για τον τρόπο εφαρμογής του από τις περιπόλους ;
      Υπάρχει υποχρέωση καταγραφής των περιπόλων που ενεργούν κατά μήκος του Έβρου και υποχρεωτική αναφορά σχετικά με την πορεία που ακολουθούν καθώς και τις ενέργειες τους ;
      Ελέγχεται από την εκάστοτε προϊσταμένη αρχή η νομιμότητα των ενεργειών αυτών των περιπόλων και η τήρηση των υποχρεώσεων που επιβάλει το διεθνές δίκαιο για την προστασία των προσφύγων ;

      Η Καμπάνια για την Πρόσβαση στο Άσυλο επισημαίνει ότι τα αρμόδια και εμπλεκόμενα Υπουργεία (Προστασίας του Πολίτη, Άμυνας και Μεταναστευτικής Πολιτικής) αλλά και ο Υπουργός Δικαιοσύνης οφείλουν να προβούν με διαδικασίες κατεπείγοντος στη διερεύνηση των καταγγελιών και τον έλεγχο των εμπλεκόμενων σε επιχειρήσεις αποτροπής και είναι υπόλογοι για κάθε καθυστέρηση, καθώς οι συνεχιζόμενες παραβιάσεις, όσο εκφεύγουν από κάθε μορφής έλεγχο, λογοδοσία και τιμωρία, επιβεβαιώνουν την πεποίθηση ότι ο Έβρος είναι ένα εκτεταμένο πεδίο εκτός δικαίου και εκτός νόμου όπου οι πρόσφυγες είτε σπρώχνονται στο θάνατο είτε στα χέρια εγκληματικών οργανώσεων, όπου μπορεί να αναπτύσσεται ανεμπόδιστα το οργανωμένο έγκλημα και όπου η ανθρώπινη ζωή είναι εξαιρετικά φτηνή ακόμη και γι’ αυτούς που είναι υπεύθυνοι να την προστατεύουν.

      https://www.efsyn.gr/node/193572

      Reçu via la mailing-list Migreurop avec ce commentaire :

      10 ONG et associations solidaires somment les Ministres de l’ordre public, de la Politique Migratoire et de la Justice d’ouvrir en toute urgence une enquête concernant les dénonciations répétées d’opérations illégales de refoulement de réfugiés à Evros (frontière fluviale gréco-turque au Nord de la Grèce) ; elles réclament aussi que tous les agents de l’état impliqués dans des telles actions fassent l’objet d’un contrôle.

      Les dix ONG qui font partie de celles ayant lancé la Campagne pour l’accès à l’asile (http://asylum-campaign.blogspot.com) font remarquer que les ministres seront tenus pour responsable de tout empêchement ou retard dans l’enquête, qui renforcerait la conviction que la frontière d’Evros est une zone de non-droit et un haut-lieu de torture pour les réfugiés (tortures, mauvais traitements, vols avec violence, mise en danger de la vie d’autrui).

      Elles soulignent que le mode opératoire quasi-identique de plusieurs opérations de refoulement et les ressemblances dans les mauvais traitements subis par les réfugiés renvoient à un plan organisé et concerté de dissuasion, dans le cadre duquel se déploient de pratiques généralisées qui sont devenus plus fréquentes, plus systématiques et encore plus dures après l’accord UE-Turquie en mars 2016.

      Les organisations Arsis , Réseau de soutien social de réfugiés et de migrants (Diktyo) Observatoire grec pour les accords d’Helsinki (Greek Helsinki Monitor ), Forum grec des réfugiés (Greek Forum of Refugees), Mouvement pour les Droits de l’Homme-Solidarité avec les Réfugiés Samos, Monde sans guerres et violence , « LATHRA » -Comité de Solidarité avec les Réfugiés de Chios, PRAKSIS , Initiative pour les droits de détenus ,

      Soutien aux Réfugiés en Egée (Refugees Support Aegean) parlent de brutalité ostentatoire de la part des policiers et de groupes paramilitaires et d’actions illégales qui ne pourraient être que le fruit de consignes précises et d’ ordres venant d’en haut. Pour les ONG, le recouvrement et la légalisation implicite de méthodes criminelles employées est partie intégrante du plan organisé de push-back.

    • “We were beaten and pushed back by masked men at Turkish-Greek border” – Turkish journalist and asylum seeker

      A group of Turkish political asylum seekers claims that, following their attempt to cross the Turkish border via Evros River in the northeast of Greece on Friday evening, they were pushed back after being beaten by masked men with batons.

      Tugba Ozkan, a journalist in the group, told IPA News on the phone that the group of 15 people fleeing persecution in Turkey crossed the Turkish-Greek border on Friday at 9 pm near Soufli, a town at Evros Regional Unit.

      When they stepped on Greek soil, however, she said a group of masked men beat them and pushed them back across the river to Turkish land, where a post-coup crackdown has persecuted tens of thousands of Turkish nationals since the abortive coup in 2016.

      A family of four from the group, including two children, disappeared after the alleged push-back. Turkish soldiers reportedly arrested the four Turkish nationals, Alpay Akinci (42), Meral Akinci (40), Okan Selim Akinci (11), and Ayse Hilal Akinci (8).

      Trying to hide from Turkish security officers, 11 people, including Ozkan, were attempting to cross the border for the second time.

      “Masked men beat us with batons. We are in a very dire situation. We are afraid to be pushed back again. We need help,” a desperate Ozkan said in dismay.

      The group of asylum seekers managed to cross the Evros safely in their second attempt, she said, and the group was attempting to hide when two Greek police cars found them.

      Greek Police detained the group at around 2 pm on Saturday near the border and took them into custody, according to the Greek Council for Refugees (GCR), a non-governmental organization defending human rights and fighting against illegal push-backs in the region.

      The group applied for asylum in Greece and are expected to be released in a few days after the official registration is done, according to GCR lawyers.
      Push-back: Infamous buzzword of immigration debate glossary

      The practice that notoriously became known as “push-back,” can be defined as ‘the use of force to stop asylum seekers at borders and to return them to the country from which they came.’

      According to official numbers of the United Nations, thousands of asylum seekers and refugees from various nations cross the Turkish-Greek border illegally every year in an attempt to reach Europe to take refuge.

      Many reported push-back incidents have occurred in recent years, but no accurate figures have been revealed yet.

      One of those incidents was the case of Murat Capan, a Turkish journalist who worked for the critical Nokta magazine. According to the narrative of Hellenic League for Human Rights, Capan and a Turkish family with three children crossed the Evros river in May 2017, escaping persecution.

      The Greek police took them into custody where they asked to apply for asylum. Subsequently, they were taken to a UN facility in a van.

      According to the information put forth by Hellenic League, the van met with a car along the road and five masked men dressed in camouflage bound the hands of the Turkish nationals. Two of the masked men then escorted them back to the Turkish side of the border where they were handed over to Turkish soldiers.

      Turkish authorities had already sentenced Capan in absentia to twenty-two and a half years in prison. Following the push-back incident, the security forces sent Capan to prison to serve his term.

      Another incident included 6 Turkish asylum seekers and took place in September 2018. Two Turkish families entered Greece via Evros and as reported by a Turkish journalist in exile, Cevheri Guven, their presence in Greece can be backed by solid evidence.

      One family had their two kids with them and took their photo on a roadside cafe in Alexandroupolis.

      Guven shares the location and picture of the coffee where the photo above had been taken to display that the families were indeed in Greece.

      The families were escorted back to Turkey after appealing for asylum by the Greek police and thrown into the water by the Turkish side, according to Guven. Turkish gendarmerie caught them after hours of walking along the road and 3 adults out of 4 in the group faced arrest.

      The cases of Capan and the Yildiz family crystalize the consequences of the push-back practice, which is a widespread method apparently enforced by Greek security forces working alongside Greece’s border with Turkey, according to the work of several NGOs.

      Greek NGOs, including GCR, HumanRights360, and ARSIS, released a report on the push-back practice in December 2018.

      The report, dubbed “The new normality: Continuous push-backs of third-country nationals on the Evros river,” includes testimonies of 39 people who tried to cross the Evros river to enter Greece, but who were pushed back to Turkey, often violently.

      The report of the NGOs concludes that “the practice of push-backs constitutes a particularly wide-spread practice, often employing violence in the process.”

      GCR, HumanRights360, and ARSIS have urged authorities to take action against the practice, which they label as “a threat to the rule of law” in Greece.

      According to a 2012 ruling of the European Court of Human Rights, push-back policy breaches international law, including the Geneva Convention and the Universal Declaration of Human Rights.

      International laws are clear on peoples’ rights to seek protection from persecution in other countries, and the latter is obliged to process these requests in order to avoid the risk of endangering people who have a legitimate claim to protection.

      https://ipa.news/2019/04/28/we-were-beaten-and-pushed-back-by-masked-men-at-turkish-greek-border-turkish-j

    • Three Kurdish children drown as more refugees try to make their way into Greece

      THREE KURDISH have perished while trying to cross from Turkey into Greece when the boat they were in capsized.

      The children were from the Iraqi Kurdistan capital of Erbil and drowned in Maritsa River.

      “In the early hours of today, around 3 am, a boat carrying thirteen immigrants who wanted to cross from Turkey to Greece through the Evros River overturned and two children drowned. One child died due to the cold weather,” said Ari Jalal, a representative of Federation of Iraqi Refugees in Kurdistan, in an interview with Kurdish Rudaw.

      Jalal further said the body of one child is yet to be found. “The search continues. We are in contact with the consulates of Iraq, Turkey and Greece after the tragic boat incident. The other immigrants were rescued by Greek police,” Jalal said.

      Turkey is used as a key and main route by thousands of refugees who want to cross into Europe through Greece, especially since 2011, when the Syrian civil war began.

      According to Greece police, the number of migrants registered and arrested after crossing the border was 3,543 by last October, an 82% increase over the same month in the preceding year.


      https://ipa.news/2019/02/04/three-kurdish-children-drown-as-more-refugees-try-to-make-their-way-into-greec
      #décès #morts

    • The new normality: Continuous push-backs of third country nationals on the Evros river

      The Greek Council for Refugees, ARSIS-Association for the Social Support of Youth and HumanRights360 publish this report containing 39 testimonies of people who attempted to enter Greece from the Evros border with Turkey, in order to draw the attention of the responsible authorities and public bodies to the frequent practice of push-backs that take place in violation of national, EU law and international law.

      The frequency and repeated nature of the testimonies that come to our attention by people in detention centres, under protective custody, and in reception and identification centres, constitutes evidence of the practice of pushbacks being used extensively and not decreasing, regardless of the silence and denial by the responsible public bodies and authorities, and despite reports and complaints denouncements that have come to light in the recent past.
      The testimonies that follow substantiate a continuous and uninterrupted use of the illegal practice of push-backs. They also reveal an even more alarming array of practices and patterns calling for further investigation; it is particularly alarming that the persons involved in implementing the practice of push-backs speak Greek, as well as other languages, while reportedly wearing either police or military clothing. In short, we observe that the practice of push-backs constitutes a particularly wide-spread practice, often employing violence in the process, leaving the State exposed and posing a threat for the rule of law in the country.
      Τhe organizations signing this report urge the competent authorities to investigate the incidents described, and to refrain from engaging in any similar action that violates Greek, EU law, and International law.

      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1028-the-new-normality-continuous-push-backs-of-third-country-nationals-on-the-e

      Pour télécharger le #rapport:


      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/download/492_22e904e22458d13aa76e3dce82d4dd23

    • Απάντηση Γεροβασίλη για τις επαναπροωθήσεις

      Επιστολή στον επικεφαλής της Υπατης Αρμοστείας στην Ελλάδα, Φιλίπ Λεκλέρκ, έστειλε η Όλγα Γεροβασίλη απαντώντας στη δική του στην όποια, όπως αναφέρει υπουργός Προστασίας του Πολίτη, « παρατίθενται περιγραφές και μαρτυρίες μεταναστών για περιστατικά και πρακτικές προσώπων, που φέρονται να ανήκουν σε Σώματα Ασφαλείας, στην περιοχή του Έβρου.

       »Συγκεκριμένα, οι αναφορές αφορούν σε άτυπες αναγκαστικές επιστροφές στην Τουρκία, χωρίς την τήρηση των νόμιμων διαδικασιών, σε περιστατικά βίας και σοβαρών παραβιάσεων των ανθρωπίνων δικαιωμάτων, καθώς και σε περιστατικά σύμφωνα με τα οποία δεν επετράπη η πρόσβαση προσφύγων και μεταναστών στο μηχανισμό του ασύλου.

      Η κ. Γεροβασίλη υποστηρίζει πως « οι καταγγελλόμενες συμπεριφορές και πρακτικές ουδόλως υφίστανται ως επιχειρησιακή δραστηριότητα και πρακτική του προσωπικού των Υπηρεσιών Συνοριακής Φύλαξης, το οποίο κυρίως εμπλέκεται σε δράσεις για την αντιμετώπιση του φαινομένου της παράνομης μετανάστευσης στα ελληνοτουρκικά σύνορα. Από την διερεύνηση των μέχρι σήμερα καταγγελλομένων περιστατικών και από τις εσωτερικές έρευνες που έχουν πραγματοποιηθεί από τις αρμόδιες Υπηρεσίες, προκύπτει το συμπέρασμα ότι αυτά δεν δύνανται να επιβεβαιωθούν ».

      Ισχυρίζεται δε ότι « η εμπειρία, ο επαγγελματισμός και το ήθος του αστυνομικού προσωπικού των Υπηρεσιών Συνοριακής Φύλαξης, δεν αφήνουν ουδεμία αμφιβολία ότι το έργο της διαχείρισης συνόρων επιτελείται με υψηλό αίσθημα ευθύνης και ανθρωπισμού. Προς επίρρωση αυτού, σημειώνεται ότι, στον ποταμό Έβρο έχουν λάβει χώρα, πολλές φορές υπό άκρως αντίξοες συνθήκες, επιχειρήσεις διάσωσης μεταναστών που κινδύνευαν από πνιγμό, από το αστυνομικό προσωπικό, το οποίο και με κίνδυνο της ζωής του επιδιώκει την προστασία της ζωής των μεταναστών όταν εγκλωβίζονται σε επικίνδυνα σημεία του ποταμού Έβρου, αποσπώντας θετικά σχόλια από την κοινή γνώμη.

      Επίσης, η υπουργός σημειώνει πως « οι Έλληνες αστυνομικοί που πραγματοποιούν εθνικές επιχειρησιακές δράσεις επιτήρησης συνόρων στην περιοχή του Έβρου, τα τελευταία έτη, υποστηρίζονται από Φιλοξενούμενους Αξιωματούχους διαφόρων ειδικοτήτων, στο πλαίσιο Κοινών Επιχειρήσεων του Frontex που υλοποιούνται στην περιοχή. Ο εν λόγω Ευρωπαϊκός Οργανισμός ενισχύει την επίγνωση της κατάστασης και την επιχειρησιακή ανταπόκριση στα ελληνοτουρκικά χερσαία σύνορα. Σε αυτό το πλαίσιο, ουδέποτε έγινε αναφορά από ξένους Φιλοξενούμενους Αξιωματούχους του Frontex, περιστατικού παράτυπης επαναπροώθησης ή παραβίασης δικαιώματος μεταναστών, με εμπλοκή ελλήνων αστυνομικών ».

      Στην επιστολή επισημαίνεται πως « τόσο σε κεντρικό όσο και σε περιφερειακό επίπεδο, το αστυνομικό προσωπικό λαμβάνει ειδικότερες οδηγίες και διαταγές, ενώ παρακολουθεί και εκπαιδευτικά προγράμματα, σχετικά με την προστασία των θεμελιωδών δικαιωμάτων των μεταναστών, με ιδιαίτερη έμφαση στις ευάλωτες ομάδες. Οι οδηγίες εστιάζουν στην προστασία της ανθρώπινης ζωής και αξιοπρέπειας, την αποφυγή των διακρίσεων, την νόμιμη χρήση βίας και την αρχή της μη-επαναπροώθησης. Σε αυτό το πλαίσιο, το αστυνομικό προσωπικό εποπτεύεται και αξιολογείται σε μόνιμη βάση, από την ιεραρχία του σώματος.

      Τέλος, η κ. Γεροβασίλη υπενθυμίζει ότι « η Ελλάδα έχει διαχειρισθεί αποτελεσματικά, από το 2015 μέχρι και σήμερα, περισσότερους από 1.350.000 πρόσφυγες/μετανάστες, έχοντας ως γνώμονα την προστασία της ανθρώπινης ζωής και αξιοπρέπειας. Ειδικότερα, επισημαίνεται πώς, κατά το πρώτο 4μηνο του 2019 στην περιοχή δικαιοδοσίας των Δ.Α. Ορεστιάδας και Αλεξανδρούπολης έχουν πραγματοποιηθεί 3.130 συλλήψεις υπηκόων τρίτων χωρών, γεγονός που έρχεται σε αντίθεση με τις καταγγελίες περί επαναπροωθήσεων. Επιπλέον και κατά το συγκεκριμένο χρονικό διάστημα που αναφέρεται στις καταγγελίες (25-29.04.2019), πραγματοποιήθηκαν στην συγκεκριμένη περιοχή 101 συλλήψεις υπηκόων τρίτων χωρών ».

      https://www.efsyn.gr/node/193868

      Traduction de Vicky Skoumbi via la mailing-list Migreurop :

      La ministre grecque de Protection du Citoyen (euphémisme pour l’Ordre Public) Olga Gerovassili a démenti les accusations de refoulements illégaux à Evros –frontière nord-est de la Grèce avec la Turquie. En réponse à la lettre que lui avait adressée Philippe Leclerc, représentant de l’UNHCR en Grèce, où celui-ci évoque des témoignages des migrants concernant des mauvais traitements et des refoulements effectués par des forces de sécurité de la région d’Evros, la ministre a tout nié en bloc.

      Philippe Leclerc faisait état des témoignages qui dénoncent d’une part des renvois forcés vers la Turquie, sans que les procédures légales soient respectées, et d’autre part des violences et des violations graves des droits humains, ainsi que des cas où on a interdit aux réfugiés et aux migrants l’accès au mécanisme de l’asile.

      Mme Gerovassili soutient que « les comportements et les pratiques dénoncées ne font nullement partie des modes opératoires et des pratiques du personnel de la Garde-Frontière, qui est surtout impliqué à des actions de contrôle du phénomène d’immigration illégale aux frontières gréco-turques. L’investigation des incidents dénoncés jusqu’à aujourd’hui et les enquêtes internes réalisées par les services compétents ont conduit à la conclusion que ces incidents ne peuvent pas être confirmés ».

      La ministre prétend que « l’expérience, le professionnalisme et l’éthos du personnel policier de la Garde-Frontière, ne laissent aucun doute sur le fait qu’ils opèrent avec un très haut sens de responsabilité et d’humanisme. Pour corroborer ce fait, elle souligne le fait qu’à Evros des opérations de sauvetage ont eu lieu plusieurs fois sous de conditions extrêmement dangereuses : les policiers opèrent au péril de leur propre vie pour la protection de la vie des migrants, lorsque ceux-ci sont bloqués à des endroits dangereux du fleuve Evros.

      La ministre ajoute que les officiers de Frontex qui sont impliqués dans des opérations conjointes avec les policiers grecs n’ont jamais dénoncé des cas de refoulement illégal ou de violation de droit de migrants de la part des agents grecs.

      Dans la lettre que la ministre a adressée à Philippe Leclerc, il est dit que le personnel policier agit sous des consignes et ordres spécifiques, tandis qu’il est souvent amené à suivre des programmes de formation spécifiques à la protection des droits fondamentaux de migrants. D’après la ministre, les consignes données mettent en avant la nécessité de protéger la vie et la dignité humaine, d’éviter toute discrimination, de s’en tenir à l’usage légal de la violence et au principe du non-refoulement. « Dans ce cadre, les agents de police sont contrôlés et évalués en continu, par leurs supérieurs hiérarchiques », dit la ministre.

      Enfin Mme Gerovassili met en avant le fait que 3.130 arrestations de ressortissants de pays tiers ont été effectuées pendant les quatre premiers mois de 2019 dans les régions d’Orestiada et d’Alexandroupolis- proches d’Evros- ce qui, d’après la ministre, contredit les accusations de refoulements illégaux. « Qui plus est, pendant la période précise où les faits dénoncés auraient pu avoir lieu (25-29.04.2019), 101 arrestations de ressortissants de pays tiers ont eu lieu dans cette région ».

      Avec ce commentaire :

      N’en déplaise à la ministre, les faits sont têtus et aucun démenti ne saurait entamer la crédibilité de rapports des ONG et des témoignages comme ceux par ex. rapportés par le Conseil Grec pour les Réfugiés

      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1067-gcr-and-cear-publish-a-joint-video-documenting-the-harsh-reality-of-pushbac

    • Εvros Pushbacks

      The Greek Council for Refugees and CEAR (C​omisión Española de Ayuda al Refugiado), with the support of the Municipality of Madrid, publish together a video on pushbacks in Evros, today, March 20, three years since the implementation of the EU-Turkey Joint Statement, of which the consequences are obvious in Greece’s northern border, as well as on the Eastern Aegean islands. The shattering testimonies of people who attempted to enter Greece from the Turkish border and were violently pushed back to Turkey, without ever being given the opportunity to apply for asylum, reveal the systematic nature of the pushbacks practice, in direct violation of Greek, EU and international law.

      https://www.youtube.com/watch?v=LAyuOlohOss


      #routes_migratoires #accord_UE-Turquie #parcours_migratoires #Pavlos_Pavlidis #identification #corps

      Le #cimetière :


      ... qui ne semble plus être le même que celui qu’on avait visité en 2012 :

    • Ces migrants mystérieusement refoulés de Grèce en Turquie

      C’est un sujet qui, régulièrement, vient mettre en porte-à-faux les autorités grecques : l’accueil des migrants qui traversent le fleuve Evros. Frontière entre la Turquie et la Grèce, ce fleuve sert de point d’entrée en Europe pour les migrants venus d’Asie, d’Afrique ou tout simplement de Turquie.

      Et si la traversée du fleuve n’est pas insurmontable, en revanche, les conditions d’accueil sont sujettes à critique par les ONG et même par les migrants.

      L’équipe d’euronews à Athènes en a rencontrés. Ils racontent comment les policiers grecs ont pour habitude de les refouler, sans ménagement.

      Mikail est turc, demandeur d’asile en Grèce. Il explique qu’il a traversé le fleuve avec un groupe de 11 personnes. Lorsqu’ils sont arrivés sur le sol grec, des policiers les ont arrêtés. « Les types portaient des tenues militaires, raconte-t-il. Et ils avaient des matraques. On aurait dit qu’ils partaient en guerre. Nous, on a essayé de comprendre pourquoi ils se comportaient ainsi. Ils nous ont simplement dit : "On va vous renvoyer chez vous". »

      « Mes enfants étaient à côté de moi, ajoute Gulay, réfugiée turque_. Ils m’ont dit : "Maman, y vont nous tuer ?" Je leur ai dit : "Non, ils ne vont pas nous tuer. Ils veulent juste nous renvoyer en Turquie"._ »

      Le groupe de ces 11 migrants parviendra malgré tout à rester en Grèce. D’autres n’ont pas eu cette chance.

      Le 4 mai, trois personnes, deux hommes et une jeune femme, ont traversé le fleuve. Craignant d’être refoulés, ils ont prévenu un proche vivant déjà en Grèce ainsi qu’un avocat. Ils ont envoyé une photo prise dans la ville de #Nea_Vyssa.


      https://twitter.com/zubeyirkoculu/status/1124764045024821249?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed&ref_url=https

      Ils ont ensuite été emmenés dans un commissariat de police à Neo Xeimonio. Et là, on a perdu leur trace. On a appris plus tard qu’ils avaient été renvoyés en Turquie, et qu’ils étaient désormais emprisonnés dans la ville turque d’Edirne.

      Ishan, le frère de la jeune femme raconte qu’il est allé au commissariat de police pour savoir ce qui était advenue de sa sœur. « Je leur ai dit : "je sais que ma sœur a été arrêtée et qu’elle était ici". Ils m’ont juste dit : "On n’est au courant de rien". »

      « Nous avons sollicité les autorités grecques pour en savoir davantage sur cette affaire, ajoute Michalis Arampatzoglou, journaliste d’euronews . Le ministère de la Protection civile a dit n’avoir aucune information sur cet incident. Pour autant, des cas comme celui-là, il y en a de plus en plus. Les avocats des victimes comptent engager des poursuites judiciaires, pour que enquêtes soient menées et que la lumière soit faite. »

      https://fr.euronews.com/2019/05/16/ces-migrants-mysterieusement-refoules-de-grece-en-turquie


    • https://twitter.com/zubeyirkoculu/status/1124764045024821249?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed&ref_url=https

      Je copie-colle ici le thread twitter:

      Breaking: 3 Turkish nationals, Kamil Y, Ayse E, Talip N, have crossed the Turkish-Greek border through Evros on May 4 at 5 am, they were taken into custody at #Xeimonio police station. A family member and a lawyer in the region, however, were told by the Police they are absent.
      Ms. Ayse E. sent her location at Xeimonio before they were detained, she also shared a video urging Greek authorities to stop any possible push-back.
      We are Turkish political asylum seekers. We fled persecution back in Turkey and crossed Evros on May 4 at 5 am. We are hiding near Nea Vyssa in fear of push-back. We urge the United Nations and Greek authorities to protect us from being pushed back."

      The latest live location Ms. Ayse shared with me was from #Xeimonia Police station which proves 3 Turkish asylum seekers taken into custody. The Greek police currently inform their lawyer that there are no such persons in the custody which might mean another push-back on the way.

    • ’Masked men beat us with batons’: Greece accused of violent asylum seeker pushbacks

      Scores of Turkish asylum seekers have been pushed back — sometimes violently — from Greece in the last three weeks, lawyers and family members told Euronews.

      Witnesses claim various groups of masked men in military uniform, as well as those in plain clothes collaborating with the police, used physical force against those who resisted.

      There have been 82 people from Turkey, including children, that have sought political asylum in neighbouring Greece and been sent back since April 23.

      Around half have been detained or arrested by Turkish authorities upon their return to their home country on terrorism charges.

      They have been linked to the Gulen Movement, which Ankara blames for the failed 2016 coup, or the Kurdistan Workers’ Party (PKK), who have been involved in an armed struggle with the Turkish state over independence.

      The European Commission has urged Greece to follow up on the allegations that Euronews has detailed in this article.

      ’Violently pushed back’

      “We are Turkish political asylum seekers,” began Ayse Erdogan in a video she sent to a family member.

      “We fled persecution in Turkey and crossed [at] Evros on May 4, at 5 am. We are hiding near Nea Vyssa [on the Greek-Turkey land border] in fear of a push back. We urge the United Nations and Greek authorities to protect us from being pushed back.”

      Ayse, who had crossed the border with friends Kamil and Talip, was picked up by Greek police and taken into custody at a police station in the village of Nea Cheimonio. Hours later, Ayse would be part of a group of migrants that were allegedly violently pushed back to Turkey by Greek police.

      Nea Cheimonio was the last place that Ayse’s family was able to pick up a location signal from her phone.

      The same day, accompanied by a lawyer, Ayse’s twin brother, Ihsan Erdogan, who is a registered asylum seeker in Greece, went to the police station in Nea Cheimonio, based on her last location information. He was told his sister and her friends had never been held there.

      On May 5, Ihsan received a phone call from a family member saying his sister had been imprisoned by a court in the northwestern province of Edirne, over the border in Turkey.

      The relative had spoken to Ayse, who said her Turkish group, along with a number of Syrians, had been handed over to a group of masked men soon after they left the police station in Nea Cheimonio. Greek police, she claimed, seized their belongings including her phone.

      Ihsan rues that his sister was seemingly sent back just before he arrived in Nea Cheimonio. “I urge Greek authorities not to send others like my sister back to prison,” he told Euronews.
      ’Masked men beat us with batons’

      Freshly-graduated as a mathematics teacher, Ayse had spent 28 months in prison over alleged affiliation with the Gulen Movement, an organisation Turkish authorities have outlawed.

      Hundreds of people were arrested in the aftermath of the failed putsch in 2016 and accused of links to US-based Muslim cleric Fethullah Gulen.

      Ayse was not the only political asylum seeker allegedly sent back to Turkey in what appears to be a violation of international asylum law.

      On April 26 this year, at Soufli, a border town near Evros River, a group of 11 people — including three children, a pregnant woman and another one that was disabled — was sent back by masked men after being beaten violently, according to a journalist in the group.

      “Masked men beat us with batons,” said Tugba Ozkan, who is 28 and pregnant. "We are in a very dire situation. We are afraid to be pushed back again. We need help.

      “I had forgotten about my pregnancy,” she added. “I tried to stop Greek police by moving ahead but they pushed me, too. It was unbelievable and unforgettable to see my husband beaten in front of my eyes.”
      No acknowledgement from Athens

      According to the account of the group, the police cooperated with a group of masked men who forced them to return to Turkey. The group managed to cross the border again the next day, only to be detained officially and come face-to-face with a police officer who had pushed them back at Soufli. They were released under the protection of a UNHCR officer on April 30.

      Greek NGOs published reports last year with testimonies from people from various nationalities who were allegedly sent back to Turkey via Evros after being beaten by masked men.

      The UN’s refugee agency (UNHCR) and the Commissioner for Human Rights of the Council of Europe urged Greek authorities to investigate those reports.

      The claims of violent push back operations at Evros river, however, have never ended. None have been officially acknowledged by Athens.

      Greece police declined to comment after requests by Euronews regarding the latest push back allegations.

      A European Commission spokesman, speaking to Euronews, said that they were aware of the recent push back claims.

      “The Commission expects that the Greek authorities will follow up on the specific allegations and will continue to closely monitor the situation,” he said.

      https://www.euronews.com/2019/05/11/masked-men-beat-us-with-batons-greece-accused-of-violent-asylum-seeker-pus

    • Migrants tortured by Greek police, illegally pushed back to Turkey

      Three migrants allegedly tortured by Greek security forces and illegally pushed back to neighboring Turkey were found by Turkish border units and are being provided medical treatment in northwestern Edirne province.

      Iraqi national Ibrahim Khidir (35) and Egyptian nationals Hassan Mahmoud (18) and Ahmed Samir (26) were found in a rural area, half-naked and exhausted with deep marks from plastic bullets and battering on their bodies. They were taken under protection by soldiers, who gave first aid to the migrants before handing them over to the provincial migration management directorate.

      The migrants told reporters that they crossed into Greece with a group of seven other illegal migrants after making arrangements with human smugglers in Istanbul’s Esenyurt district. They were held by the Greek police at the coach station in the border district of Didymoteicho while trying to travel to Thessaloniki. They were then taken to a local police station, where they spent two days along with 35 other illegal migrants and were denied any food.

      The migrants said they were divided into groups of 10 and boarded boats with two Greek police officers accompanying each and six officers watching guard. They were pushed back to Turkey through the Maritsa River (Meriç in Turkish, or Evros in Greek) forming the border with Greece.

      The violence that began at the police station, which included battering with truncheons, shooting with plastic bullets and electroshocks, continued at the riverside and on the boats.

      Khidir told reporters that Greek security forces captured him in Didymoteicho and tortured him with electroshocks, rear-handcuffing and plastic bullets fired at his body. His clothes and money were taken when he was detained.

      Turkish soldiers treated them very well and took care that they received treatment, according Khidir.

      Mahmoud and Samir also said that they were pushed back to Turkey after being stripped of their clothes and beaten up.

      Under international laws and conventions, Greece is obliged to register any illegal migrants entering its territory; yet, this is not the case for thousands of migrants were forcibly returned to Turkey especially since the beginning of refugee influx into Europe in 2015. Security sources say that accounts of migrants interviewed by Turkish migration authority staff and social workers show that they were subjected to torture, theft and other human rights abuses. Several migrants were also found frozen to death after being left in desolate areas.

      Similar incidents have also taken place on the Aegean, in which migrants and Turkish locals accused the Greek coast guard of deflating their boats or re-routing them back to Turkish territorial waters.

      Turkey and the European Union signed a deal in 2016 to curb illegal immigration through the dangerous Aegean Sea route from Turkey to Greece. Under the deal, Greece sends back migrants held in the Aegean islands they crossed to from nearby Turkish shores and in return, EU countries receive a number of Syrian migrants legally. The deal, reinforced with an escalated crackdown on human smugglers and more patrols in the Aegean, significantly decreased the number of illegal crossings.

      Bulgarian border authorities were also accused of abuses targeting migrants and pushing them back to Turkey in several incidents.

      However, some desperate migrants still take the route across the better-policed land border between Turkey, Greece and Bulgaria, especially in winter months when a safe journey through the Aegean is nearly impossible aboard dinghies.

      https://www.dailysabah.com/turkey/2019/05/30/migrants-tortured-by-greek-police-illegally-pushed-back-to-turkey/amp
      #torture

    • Greece continues to push asylum seekers back to Turkey

      Greek border forces along the Evros River pushed 59 migrants back into Turkey on Friday morning, signaling the continuation of a policy that started before the arrival of the new government.

      The pushback was reported by Zübeyir Koçulu, an Athens-based Turkish journalist who tweeted, “It seems nothing has changed on the Evros regarding pushbacks following a recent government change in Greece.”

      A total of 59 asylum seekers, nine of them Turkish and the remainder Afghans, Syrians and Somalis, were illegally sent back to Turkey, according to Koçulu.

      “The Greek police collected the group soon after their arrival and held them in custody at the Tychero police station for four hours,” he said. “After seizing their phones, security officers pushed the 59 people through the river near Soufli by force, perpetrating violence, according to witnesses.”

      He further claimed that Turkish political asylum seekers in the group were detained by Turkish security forces soon after the pushback. Three children in the group were delivered to their relatives.

      The Evros River, which forms most of the land border between the two countries, was one of the main routes used by Turkish asylum seekers fleeing government persecution as well as migrants of other nationalities until a series of violent pushback operations a few months ago stopped the flow.

      “Ironically, Kyriakos Mitsotakis, the new PM of Greece, fled with his parents into exile in Turkey when he was a year old in 1968 during the Greek junta,” Koçulu said. “He knows what it is to be a migrant from his own experience.”

      https://www.turkishminute.com/2019/07/21/greece-continues-to-push-asylum-seekers-back-to-turkey

    • What is happening on the Greece-Turkey border?

      While migrant camps on the Aegean islands have reached breaking point, and with Turkey threatening to ’open the gates’, migrants continue to arrive in Greece in the hundreds every week. Most come by sea, but in recent months, growing numbers have crossed via the land route across the Evros River. Many claim they are subjected to violent and illegal treatment by authorities at the border.
      Since the deaths of 39 Vietnamese migrants smuggled by lorry into the UK, there have been many more reports of migrants stowing away in trucks and vans. The latest group of 41 people hiding in a truck crossing from Turkey into northern Greece were reportedly mostly Afghan men between the ages of 20 and 30. Some reports said they were in danger of suffocation when they were discovered.

      On the Greek-Turkish border, smugglers are regularly caught transporting migrants in minibuses or trucks. There are mixed reports about how many people cross via this border. According to the UN migration agency, IOM, the number has risen steadily in recent months – from 255 arrivals in May to 1,233 in September.

      While the focus remains on the overcrowded migrant camps on the Aegean islands, which have seen a much bigger surge in arrivals during the same period, there has been less attention given to what is happening on the land border.

      ’Brutal treatment’

      There have been reports of violence and illegal activities by some Greek authorities against migrants crossing the Evros river since as early as mid-2017. These have included claims that migrants have been arrested, beaten up, robbed, detained, and forcibly returned or “pushed back” into Turkey.

      Dorothee Vakalis from Naomi, a refugee aid organization in Thessaloniki, says migrants continue to be subjected to “brutal treatment” by authorities at the border. “Everything gets taken away from them, phones, money, sometimes clothing as well. They are sent back to the other side practically naked,” she said on German radio on Tuesday. “We hear from relatives about families with small children, pregnant women being pushed back,” Vakalis said.

      Beaten by masked men

      According to an account of a case in April reported in Euronews, men wearing masks beat several migrants with batons before sending them back. In the group was a 28-year-old pregnant woman, Tugba Ozkan. “I had forgotten about my pregnancy,” Ozkan told Euronews. “I tried to stop Greek police by moving ahead but they pushed me, too. It was unbelievable and unforgettable to see my husband beaten in front of my eyes.”

      InfoMigrants was also in contact last year with a Kurdish couple who said they were locked in a small dark room with many others before being taken by masked commandos back across the border into Turkey.

      It is not clear who is carrying out the push backs, because they often wear masks and cannot be easily identified. The Hellenic League for Human Rights (HLHR) and Human Rights Watch describe them as paramilitaries. Eyewitnesses interviewed by Human Rights Watch said people who “looked like police officers or soldiers, as well as some unidentified masked men, carried handguns, handcuffs, radios, spray cans, and batons,” and others carried gear such as “armored gloves, binoculars and knives and military-grade weapons such as rifles.”

      The HLHR has suggested that the Greek police are either unaware of the existence of these paramilitaries or they turn a blind eye to them. According to Human Rights Watch, accounts suggest "close and consistent coordination “between police and unidentified men.” ..."Commanding officers knew, or ought to have known, what was happening," HRW’s report claims.

      Calls for investigation

      The Greek Refugee Council and other NGOs published a report in 2018 containing testimonies from people who said they had been beaten, sometimes by masked men, and sent back to Turkey. The UNHCR and the European Human Rights Commissioner have called on Greece to investigate the claims. Late last year another report by Human Rights Watch also based on testimonies of migrants, said that violent push backs were continuing.

      Turkey has also urged Greece to stop the practice of push backs. The Turkish foreign ministry recently claimed that a total of 25,404 irregular migrants were pushed back to Turkey in the first month of this year, according to the IPA news service. Turkey says it has evidence that the push backs are occurring and has invited the Greek government to “work on correcting the policy.” Greece has not acknowledged that violent push backs are occurring.

      According to some of the testimonies in the report by the Greek Refugee Council, Turkey is also responsible for carrying out push backs of Syrian and Iraqi single men.

      I believe these illegal push backs are not even known about or discussed in Europe or in Germany.
      _ Dorothee Vakalis, humanitarian worker with ’Naomi’ in Thessaloniki

      The European Commission spokesperson Natasha Bertaud has confirmed that the Commission contacted Greek authorities about reports of alleged push backs earlier this year. “The Commission expects that Greek authorities will follow up on the specific allegations and will continue to monitor the situation closely,” Bertaud said.

      Legal returns and illegal push backs

      The Evros River runs along 194 km of the 206 km of land border between the EU and Turkey. This border is not covered by the so-called EU-Turkey Statement, the agreement signed between Turkey and Europe in 2016 which allows the return to Turkey of Syrian migrants who arrive irregularly in Greece by sea.

      The land border was covered by a separate bilateral migrant readmission deal between Turkey and Greece. Turkey canceled that agreement last June because Greece refused to hand over several Turkish officers who escaped to Greece after Turkey‘s failed military coup in 2016.

      Push backs are prohibited by Greek and EU law, as well as international treaties and agreements, including the Geneva Convention on Refugees, which guarantees the right to seek protection. They go against the principle of non-refoulement, which means the forcible return of a person to a country where they are liable to be subject to persecution.

      https://www.infomigrants.net/en/post/20626/what-is-happening-on-the-greece-turkey-border
      #statistiques #chiffres

    • Griechenland soll 60.000 Migranten illegal abgeschoben haben

      Menschenrechtler und die Türkei beschuldigen Griechenland, Migranten und Flüchtlinge illegal abzuschieben. Türkische Dokumente, die dem SPIEGEL vorliegen, sollen die Anschuldigungen belegen.

      Am 3. November 2019 greift die die türkische Polizei 252 Migranten in der Nähe des Grenzübergangs Kapikule auf. Danach wird sie einen brisanten Aktenvermerk anfertigen: Die Migranten hätten es über die Grenze nach Griechenland geschafft, schreiben die türkischen Beamten später in ihrem Bericht. Aber dann seien sie gegen ihren Willen zurückgebracht worden, ohne Chance auf einen Asylantrag.

      „Push-Backs“ nennen sich diese illegalen Rückführungen von Migranten und Flüchtlingen. Sie sind nach europäischem und internationalem Recht verboten. Dieses schreibt den Staaten vor, potenziellen Asylbewerbern den Zugang zu einem effektiven Asylverfahren zu gewähren.

      Seit Jahren beschuldigen Menschenrechtsorganisationen und Anwälte griechische Behörden, Migranten am Grenzfluss Evros illegal in die Türkei abzuschieben. Der SPIEGEL hat nun türkische Dokumente erhalten, darunter auch die Aufzeichnungen der Polizisten über den Vorfall am 3. November. Diese legen nahe, dass Griechenland im großen Stil illegale Push-Backs an der Grenze zur Türkei durchführt.

      Harte Anschuldigungen gegen Griechenland

      In der Migrationspolitik liegen die Türkei und Griechenland schon lange im Clinch, Anfang November erreichte der Konflikt zwischen den Erzrivalen einen neuen Höhepunkt: Das türkische Außenministerium beschuldigte die griechischen Behörden, Flüchtlinge verhaftet, sie geschlagen, ihre Kleider geraubt, Habseligkeiten beschlagnahmt und sie dann in die Türkei zurückgeschickt zu haben. „Wir haben Fotos und Dokumente“, fügte das Ministerium hinzu.

      Der griechische Premierminister Kyriakos Mitsotakis reagierte knapp. „Diejenigen, die die Flüchtlingskrise ausgenutzt haben, indem sie die Verfolgten als Spielball für ihre eigenen geopolitischen Ziele benutzt haben, sollten vorsichtiger sein, wenn sie sich auf Griechenland beziehen.“

      Mehr als 58.000 Push-Backs in einem Jahr

      Das türkische Material umfasst Fallberichte und Interviewprotokolle. Zudem Fotos, die angeblich Migranten zeigen sollen, die von griechischen Behörden misshandelt wurden. Dazu enthält es bisher unveröffentlichte Daten, die vom türkischen Innenministerium zusammengestellt wurden.

      Diesen Daten zufolge hat Griechenland in den zwölf Monaten vor dem 1. November 2019 insgesamt 58.283 Migranten zurückgeschafft. Die meisten registrierten Fälle betrafen pakistanische Staatsangehörige (16.435), gefolgt von Afghanen, Somaliern, Bangladeschern und Algeriern. Dazu kommen mehr als 4.500 Syrer.

      Dem Dokument nach lag die Zahl der gemeldeten Push-Backs allein im Oktober bei mehr als 6.500. Ein endgültiger Beweis sind die Dokumente nicht, die Anschuldigungen der Migranten lassen sich nicht unabhängig verifizieren. Und Griechenland bestreitet die Vorwürfe. Allerdings stimmen sie mit ähnlichen Berichten von Menschenrechtsorganisationen überein. Die Menge der Zeugenaussagen verschärft die Zweifel an den griechischen Unschuldsbeteuerungen.

      Die am 3. November festgenommenen Asylbewerber wurden nach türkischen Angaben später von der türkischen Polizei befragt und in ein Abschiebezentrum in Edirne gebracht, die Stadt liegt etwa 10 Kilometer von der Grenze entfernt. Alle bis auf die Syrer würden in ihre Herkunftsländer zurückgeschickt, erklärte ein türkischer Beamter. Die Syrer würden an den türkischen Ort zurückgebracht, an dem sie sich zuerst registriert hätten.

      Beraubt, eingesperrt, zurückgebracht: Die Geschichte eines Syrers

      Einer der acht Syrer, die am 3. November von der türkischen Polizei verhaftet worden sind, gibt an, mit seiner Frau vier Jahre zuvor aus Aleppo geflohen zu sein. So geht es aus der Abschrift des Interviews hervor. Zunächst habe der studierte Jurist demnach als Kassierer in Istanbul gearbeitet. Dann habe er „aus wirtschaftlichen Gründen“ beschlossen, nach Griechenland zu gehen.

      Mit einem Schmuggler überquerte der Syrer die Grenze, in der griechischen Stadt Alexandroupolis schließlich stellten er und seine Frau sich der Polizei, um Asyl zu beantragen. Stattdessen seien allerdings ihre Besitztümer beschlagnahmt, sie selbst in eine Zelle gesteckt worden. Laut Interviewabschrift wurden die beiden Syrer zwei Tage später von der griechischen Polizei zusammen mit anderen Migranten zurückgebracht.

      14 Polizisten sollen die Gruppe zum Fluss Evros begleitet haben, auf 150 Kilometern markiert er die natürliche Grenze zwischen den beiden Ländern. Anschließend hätten zwei Polizisten das Paar in einem Boot zurück auf die türkische Seite befördert.

      Griechisch-türkisches Grenzgebiet

      In letzter Zeit würden vermehrt Migranten zurückgebracht, nachdem sie mit Booten den Evros überquert hätten, heißt es in dem Bericht der türkischen Behörden. So gibt der Gouverneur von Edirne in einem Schreiben vom 29. Oktober an das türkische Innenministerium an, dass zwischen Anfang Januar und Ende September insgesamt 91.681 illegale Migranten in seiner Provinz aufgegriffen worden seien.

      Dies sei ein dramatischer Anstieg im Vergleich zu den knapp 30.000 Festgenommenen im Jahr 2016. Laut türkischen Behörden gaben mehr als 55 Prozent der festgenommenen Migranten an, es nach Griechenland geschafft zu haben, aber trotzdem zurückgebracht worden zu sein.

      Die Zahl spiegelt den erhöhten Druck an den Außengrenzen Europas wider. Seit dem Frühsommer steigt die Zahl der Migranten, die auf den griechischen Inseln in der Ägäis ankommen. In den vergangenen Monaten versuchen auch wieder deutlich mehr Migranten, den Evros auf illegalem Weg zu überqueren. Nach den Daten des UNHCR kamen 2018 über den Evros mehr als 18.000 Migranten in die EU - ein Anstieg von 173 Prozent gegenüber 2017.

      Die Überquerung des reißenden Grenzflusses ist gefährlich, immer wieder endet sie tödlich. Die Route hat aber auch Vorteile: Wer es unerkannt über den Fluss schafft, wird nicht wie auf den griechischen Ägäis-Inseln unter unmenschlichen Bedingungen in ein Lager gepfercht. Zudem liegt die Region viel näher an der Balkan-Route, die von Nordgriechenland nach Mittel- und Nordeuropa führt und wieder verstärkt genutzt wird.

      Die griechischen Behörden weisen die türkischen Vorwürfe zurück. Es gebe keine Push-Backs, teilte ein Sprecher des griechischen Ministeriums für Bürgerschutz auf Anfrage mit. Bisher haben griechische Behörden nur wenige der Beschwerden überprüft - und fanden demnach keine Beweise für Fehlverhalten.

      Nicht nur türkische Behörden sprechen allerdings von systematischen illegalen Abschiebungen: Menschenrechtler werfen Griechenland und anderen europäischen Staaten an der Außengrenze schon seit Jahren Push-Backs vor und dokumentieren diese. Auch in der griechischen und internationalen Presse wird immer wieder über einzelne Vorfälle berichtet (lesen Sie hier einen SPIEGEL-Bericht). Der Europarat spricht von „glaubwürdigen Anschuldigungen“, und auch das Flüchtlingshilfswerk der Uno zeigte sich bereits besorgt.

      Die Menschenrechtskommissarin des Europarates, Dunja Mijatovic, erklärte auf SPIEGEL-Anfrage, dass in den letzten Jahren sowohl in der Türkei als auch in Griechenland illegale Abschiebungen dokumentiert worden seien - und mahnte eine menschlichere Migrationspolitik an.

      https://www.spiegel.de/politik/ausland/griechenland-soll-zehntausende-migranten-illegal-in-die-tuerkei-abgeschoben-

      #renvois #expulsions #réfugiés #asile #migrations #Turquie #Grèce #push-back #refoulement #refoulements

    • Greece illegally deported 60,000 migrants to Turkey: report

      Greece illegally deported 60,000 migrants to Turkey, documents released by Turkey reportedly show. The process involves returning asylum seekers without assessing their status.

      Greece illegally deported about 60,000 migrants to Turkey between 2017 and 2018, according to a report on the online news portal of weekly German magazine Spiegel, published on Wednesday evening.

      Turkey is accusing Greece of not properly dealing with the asylum status of migrants. Instead, Turkish Interior Ministry files claim that Greece illegally transported 58,283 people to Turkey in the 12 month period leading up to November 1, 2018.

      Greece is disputing the accusations, with Prime Minister Kyriakos Mitsokasis saying Ankara was playing games: “Those people who have used the refugee crisis to their own ends should be more careful when dealing with Greece.”

      A Greek Foreign Ministry spokesman told German news agency dpa that Athens had denied similar accusations “many times” already.

      This so-called “push back” of asylum seekers is illegal under European and international law. The state is obliged to assess the asylum status of new migrants rather than sending them to another country.

      Where were the migrants from?

      According to the Turkish documents, the largest proportion of migrants sent away from Greece were Pakistani, with large numbers from Somalia, Algeria and Bangladesh. 4,500 were Syrians.

      Turkish officials said they sent back most of the people back to their countries of origin except for the Syrians, who were sent back to the Turkish town where they originally registered as refugees.

      The governor of the Turkish-Greek border region of Edirne reported that over 90,000 migrants were arrested between January and September 2019, a big increase from the 30,000 arrested in the same region in 2016.

      https://www.dw.com/en/greece-illegally-deported-60000-migrants-to-turkey-report/a-51234698?maca=en-Twitter-sharing

    • Thousands of ’illegal’ Syrians and other migrants ejected from Istanbul

      Turkey says it has expelled nearly 50,000 migrants from Istanbul, including more than 6,000 Syrians. The government says the migrants were in the city illegally and will be made to leave Turkey.
      The Istanbul governor’s office said on Friday that 42,888 “illegal” migrants had been arrested and sent to repatriation centers, to be removed later from Turkey. It said 6,416 Syrians had been placed in “temporary refugee centers.”

      A campaign from July through to the end of October was aimed at reducing the number of unregistered refugees in Turkey’s biggest city. The country hosts about 3.6 million Syrians — more than any other country.

      Syrians who are registered in Turkey are given “temporary protection”, as the Turkish government does not offer them formal refugee status. Under the system, the Syrians have to stay in the province to which they were initially assigned, and can only visit other cities with short-term passes.

      In July, officials said that 547,000 Syrians were officially registered in Istanbul, and that no new registrations were being accepted. Interior Minister Suleyman Soylu said at the time that the aim was to expel 80,000 undocumented migrants by the end of the year.

      •••• ➤ Watch: Syrian refugees not ready to go home

      Public sentiment in Turkey towards Syrian refugees has worsened in recent years. The Turkish government wants to settle some of them in an area it now controls in northeast Syria, after it launched an offensive last month against the Kurdish YPG militia.

      Amnesty International and Human Rights Watch last month published reports saying Turkey was forcibly sending Syrian refugees to northern Syria. Turkey’s foreign ministry called the claims in the reports “false and imaginary.”

      https://www.infomigrants.net/en/post/20903/thousands-of-illegal-syrians-and-other-migrants-ejected-from-istanbul

    • Refugees ‘tortured and beaten by Greek soldiers’ before being sent back to Turkey

      Bruised and bandaged, a group of refugees show off the injuries they claim were caused by Greek soldiers. One says he was blindfolded and burnt with a cigarette while another said his foot ended up broken in several places. A third migrant claims the authorities confiscated his money and clothes while others say they have been hit over the head with sticks. Their allegations form part of a growing number of complaints made against Greek soldiers at the border with Turkey. In the past year, hundreds of people claim to have been tortured and abused before being physically pushed back over the border.

      Under international law, Greece is obliged to register any illegal immigrant that enters its territory. But Turkey claims they forcibly reject them and this year alone they allege Greece returned some 25,404 undocumented migrants. That figure has not been independently verified but there are allegations of severe abuse, which includes withholding food and water. Musaddiq Javed from Pakistan was one of 30 men who entered Greece last week on foot. He said the group were arrested as they walked towards #Xanthi but the police handed them over to Greek soldiers who allegedly ripped the Turkish liras they found on them. He recalled: ‘The soldiers brought me in a room and blindfolded me. They then burned my hand with a cigarette and kicked my feet.’

      Muhammad Nainiya from Morocco added: ‘They brought us near a river and put us on a boat and hit our heads with sticks.’ He said they were made to walk back into Turkey and eventually reached a village where local residents gave them clothes. Muhammed added: ‘The doctor told me that I had three broken bones on my foot and that it would need surgery. I had the surgery and stayed in the hospital for a week.’ The men are now staying at a refugee centre in Turkey after receiving medical treatment while the Greek authorities have yet to comment on the claims.

      Greece is struggling with the number of refugees on both the mainland and the islands. It has camps on five Aegean islands (Lesbos, Chios, Samos, Kos and Leros) with an official capacity of 6,178 people. Two days ago it was holding 35,590 men, women and children in unsanitary and dangerous conditions. The Greek government has pledged a crackdown and plans to convert the refugee camps into detention centres. Human rights groups say it would make it easier for Greece to detain asylum seekers for longer and scrap protections for already vulnerable people. Turkey and the EU signed a refugee deal in March 2016 which aimed to discourage irregular migration through the Aegean Sea. People arriving by boat to the Greek islands were to be returned to Turkey in exchange for EU nations to take Syrian refugees from Turkey.

      https://metro.co.uk/2019/11/26/refugees-tortured-beaten-greek-soldiers-sent-back-turkey-11223565/?ito=article.desktop.share.top.twitter

    • Illegal push-backs in Evros. Evidence of human rights abuses at the Greece/Turkey border


      https://static1.squarespace.com/static/597473fe9de4bb2cc35c376a/t/5dcd1da2fefabc596320f228/1573723568483/Illegal+Evros+pushbacks+Report_Mobile+Info+Team_final.pdf
      #Mobile_Info_Team

      Résumé ici:

      Mobile Info Team have published a new report on pushbacks from Greece to Turkey in the Evros region. They have been gathering data since August 2018 and have brought together 27 testimonies from people who have experienced this illegal practice.

      The procedure is similar in all cases. Firstly, arrest and capture by Greek police inside Greek territory, then detention and confiscation of personal property, followed by coordinated handoffs/transfers to authorities and finally, collective expulsion across the Evros River in small boats.

      The violent practices of Greek police are of critical concern. Established legal procedures stipulate that Greek police would meet asylum seekers on Greek land, escort them to police stations, take their personal data and register their requests for asylum. Their reported actions however ranged from complicit handovers to unidentified ‘commando’ groups, to perpetrating acts of violence and theft themselves.

      Many of the testimonies are deeply disturbing, although all pushbacks are illegal regardless of whether an individual or group is subjected to violence. Often people reported the deprivation of food and water, theft of property, detention in dirty and cramped spaces, unprovoked violent beatings and even electric shocks.

      https://medium.com/are-you-syrious/ays-daily-digest-27-11-19-evros-pushbacks-report-human-rights-abuses-at-gree

    • Έξι Μετανάστες Πέθαναν Από το Κρύο στον Έβρο

      Μια νέα θανάσιμη διαδρομή ανησυχεί τις Αρχές, ενώ οι ροές στον Έβρο αυξάνονται.

      Έξι μετανάστες βρέθηκαν νεκροί από το κρύο στον Έβρο, σε διάστημα 48 ωρών. Είναι η πρώτη φορά που καταγράφεται αντίστοιχος αριθμός θανάτων από υποθερμία, σε τόσο μικρό διάστημα. Επιπλέον, τα σημεία όπου εντοπίστηκαν τα τέσσερα από τα έξι θύματα, μαρτυρά ότι οι άνθρωποι που περνούν τον Έβρο και κατευθύνονται προς την ενδοχώρα επιλέγουν μια νέα διαδρομή, που ακολουθεί παράλληλα τα ελληνο-βουλγαρικά σύνορα και αποδεικνύεται θανάσιμη λόγω του άγριου εδάφους και των εξαιρετικά χαμηλών θερμοκρασιών.

      Το VICE πληροφορείται ότι οι έξι νεκροί μετανάστες βρέθηκαν στη διάρκεια του Σαββατοκύριακου, σε διαφορετικά σημεία. Πρόκειται για τέσσερις άντρες και δύο γυναίκες. Δεν υπάρχει κανένα στοιχείο για την ταυτότητά τους, καθώς δεν είχαν έγγραφα. Οι δύο γυναίκες είναι αφρικανικής καταγωγής, ενώ η ηλικία των θυμάτων εκτιμάται μεταξύ 18 και 30 ετών.

      Τα δύο πρώτα θύματα βρέθηκαν κοντά στο ποτάμι, σε χωράφι έξω από το χωριό Γεμιστή. Οι υπόλοιποι τέσσερις άνθρωποι, όμως, εντοπίστηκαν πολύ μακριά από τον Έβρο. Πιο ειδικά, δύο στο 17ο χιλιόμετρο της επαρχιακής οδού Μεγάλου Δέρειου-Σαπών και δύο έξω από το χωριό Κόρυμβος. Οι Αρχές προσπαθούν να διαπιστώσουν αν οι τέσσερις νεκροί στον ορεινό όγκο ήταν στην ίδια ομάδα που είχε περάσει τον Έβρο.

      Οι τελευταίοι θάνατοι, αλλά και μαρτυρίες ανθρώπων που κατάφεραν να φθάσουν στη Θεσσαλονίκη, αποκαλύπτουν ότι υπάρχει μια νέα διαδρομή μεταναστών. Προσπαθώντας να αποφύγουν την Εγνατία Οδό και τους ελέγχους της Αστυνομίας, οι μετανάστες περνούν το ποτάμι και κατευθύνονται στον ορεινό όγκο πίσω από το Σουφλί. Έπειτα, περπατούν κατά μήκος των ελληνο-βουλγαρικών συνόρων, ακολουθώντας χωμάτινους δρόμους και τις οδηγίες διακινητών που λαμβάνουν μέσω στιγμάτων στο GPS. Εκτός από τις οδηγίες, δεν έχει διαπιστωθεί φυσική παρουσία διακινητών κατά μήκος της διαδρομής, αναφέρουν πηγές.

      Οι μετανάστες θέλουν να φθάσουν στην Κομοτηνή και από εκεί να πάρουν το λεωφορείο για τη Θεσσαλονίκη. Το ταξίδι με τα πόδια από τον Έβρο ως την Κομοτηνή, μπορεί να διαρκέσει ως και επτά μέρες, ανάλογα με τις καιρικές συνθήκες. Η απότομη αλλαγή του καιρού και η σφοδρή κακοκαιρία που έπληξε την περιοχή, φαίνεται ότι ευθύνονται για τους μαζικούς θανάτους των τελευταίων ημερών, σε συνδυασμό με το γεγονός ότι στο βουνό δεν υπάρχουν σημάδια για να ακολουθήσουν.

      Όσοι μετανάστες επιλέγουν την παραπάνω διαδρομή, επιθυμούν να συνεχίσουν βόρεια προς την Ευρώπη, χωρίς να καταγραφούν στην Ελλάδα. Υπάρχει κάτι ακόμη. Άνθρωποι που περπάτησαν κατά μήκος των ελληνο-βουλγαρικών συνόρων ανέφεραν ότι έπεσαν θύματα ληστείας από αγνώστους, που φορούσαν ρούχα παραλλαγής, όπως περιέγραψαν. Σε μια περίπτωση, τους άρπαξαν χρήματα και κινητά. Σε μια δεύτερη, γυναίκα από το Ιράν ανέφερε ότι τους άφησαν να συνεχίσουν, επειδή εκείνη τους μίλησε στα τούρκικα, στοιχείο που δείχνει πιθανή εμπλοκή ατόμων από τα μειονοτικά χωριά.

      Όλα αυτά συμβαίνουν, ενώ οι ροές στον Έβρο αυξάνονται και η κυβέρνηση σχεδιάζει να λάβει επιπλέον μέτρα για την ανάσχεσή τους, μεταξύ αυτών την επέκταση του φράχτη που υπάρχει από το 2012 στο μοναδικό χερσαίο τμήμα των συνόρων. Ο φράχτης έχει μήκος 12 χιλιόμετρα και εκ του αποτελέσματος απλώς μετάφερε τα περάσματα προς τα νότια, σε άλλα σημεία του ποταμού. Στον σχεδιασμό της κυβέρνησης περιλαμβάνεται επίσης η δημιουργία μιας δεύτερης ζώνης ελέγχου στην Εγνατία Οδό, καθώς και η ανάπτυξη των ηλεκτρονικών μέσων με τα οποία ελέγχονται τα περάσματα στον Έβρο.

      https://www.vice.com/gr/article/a355mk/e3i-metanastes-pagwsan-kai-pe8anan-apo-to-krio-ston-ebro

      –----------

      Source : un tweet de Bruno Tersago :

      Bodies of 6 #refugees/#migrants found near #Evros river (border #Greece/#Turkey). Aged between 18 and 30. Apparently frozen to death.

      https://twitter.com/BrunoTersago/status/1204405077936627717

      #décès #morts #mourir_de_froid

    • Six migrants retrouvés morts de froid à la frontière gréco-turque

      Six migrants ont été retrouvés morts de froid ces derniers jours dans la région de l’Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie, a annoncé mardi Pavlos Pavlidis, le médecin légiste de l’hôpital d’Alexandroupoli en charge des autopsies.

      Les six migrants, deux femmes africaines et quatre hommes dont les âges étaient évalués de 18 à 30 ans, sont morts d’hypothermie entre jeudi et dimanche derniers, a précisé à la presse le médecin légiste. Aucun document d’identité n’a été retrouvé sur ces migrants, rendant le processus d’identification complexe. La région frontalière de l’Evros séparant la Grèce de la Turquie est un lieu de passage privilégié par les passeurs depuis la signature de l’accord UE-Turquie en 2016 et le renforcement des patrouilles navales en mer Égée.

      Malgré un mur de 12 km de long à la frontière gréco-turque, les trafiquants ont trouvé des points de passage pour les migrants, situés au sud des barbelés. Le gouvernement grec a annoncé en novembre l’embauche de 400 gardes-frontières dans la région de l’Evros et le renforcement de la surveillance à la frontière avec des radars infrarouges. La traversée de la rivière est particulièrement dangereuse. De nombreux migrants ont été retrouvés noyés ces dernières années. Des réseaux de passeurs entassent également souvent des dizaines de migrants dans des voitures, conduites à grande vitesse pour échapper aux contrôles policiers, entraînant des accidents fréquents.

      Début novembre, quarante-et-un migrants ont été découverts vivants, cachés dans un camion frigorifique intercepté sur une autoroute du nord de la Grèce. Pour la première fois depuis 2016, la Grèce est redevenue cette année la principale porte d’entrée des demandeurs d’asile en Europe. Le flux migratoire via les îles de la mer Egée face à la Turquie reste le plus important avec plus de 55000 arrivées en 2019 selon le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Mais les arrivées via la frontière terrestre avec la Turquie sont en augmentation depuis 2018. En 2019, plus de 14000 personnes ont emprunté ce chemin périlleux selon le HCR.

      https://www.lefigaro.fr/flash-actu/six-migrants-retrouves-morts-de-froid-a-la-frontiere-greco-turque-20191210

    • Statement: Four Push-Back Operations at the Greek-Turkish Land Border Witnessed by the Alarm Phone

      The Alarm Phone witnessed four illegal push-back operations at the Greek-Turkish land border over the course of ten days.

      CASE 1: The first case occurred on Saturday the 30th of June 2018. In the early morning, we had been informed about a group of people along the Turkish-Greek land border that was in need of support. Five of them were from Syria, five from Sierra Leone, six men, two women, and two children. We contacted the travellers, received their GPS position, and notified the police to their whereabouts, as the travellers had asked us to do. The police confirmed to us that they would search for them. Hours later, in the early afternoon, one of the members of the group told us that she was on her way back to Istanbul. She informed us about what had happened to them: At around 9am local time, they had been found by Greek officers in blue & black uniforms. Their belongings was taken away, and at least 5 of them were forced back to Turkey. They had not taken any pictures as their phones had been taken away. Our contact person had been able to hide her phone. They were kept in confinement for about one hour and treated badly, “like dogs” she said, before being forced onto a boat that returned them illegally to Turkey.

      CASE 2: On Thursday the 5th of July, the second push-back operation was observed by the Alarm Phone. We had received a distress call from a group of Syrian, Iraqi, Yemeni and Sudanese migrants who had crossed into Greece seeking international protection. The group was found by the Greek police. The police handed the group to Greek officers who did not hesitate to use violence and intimidation. They were beaten, robbed, and forced onto a boat that returned them to Turkish territory.

      CASE 3: In the night of 5th-6th of July 2018, a group of 12 people from Syria and Iraq, including two women, one of whom was elderly, two children (six and eleven years old), and eight men, was reportedly apprehended on Greek soil near Mikrochori in Evros region and pushed back to Turkey. It remains unclear what happened to them upon return to Turkey.

      CASE 4: In the night of 9th-10th of July 2018, 19 people from Syria and Iraq, including a one-year-old child, a pregnant woman and a man with a broken leg, were reportedly pushed-back from Greece to Turkey at the land border in Evros. They arrived on 9th July and had sent a SOS-call to the Alarm Phone. The first GPS coordinates received showed their position near Filakto. The group said they had sick kids with them and they were very hungry. A second set of GPS coordinates sent showed them at a position near Provatonas. Communications with the group broke down in the afternoon and only in the late morning of the next day, the group answered again – now from Turkey. They reported that ‘the police’ had found them around 5pm on the 9th of July. They brought them to a place the migrants described as ‘a prison’. At 10pm, the officers allegedly wearing blue trousers and camouflage sweaters, told the group that they would be moved to a camp so that they could apply for international protection. However, instead, they brought them back to the river. There, according to one testimony, the men of the group were beaten. Their belongings such as phones, money, passports and the food for the infant were taken away. They were then put onto a boat at the river and were threatened not to come back to Greece again.

      Reacting to our questions concerning cases 3 and 4, the Greek police stated that they had not found anyone at the positions we had provided them with.

      The Alarm Phone, when receiving distress calls from groups in the Evros border region who report to have persons among them with special needs, such as pregnant women, people with disabilities, toddlers and infants, elderly or sick, informs the respective authorities (Greek and /or Turkish) upon request of the people in need. In these four cases, GPS positions shared with us showed clearly locations on Greek soil. Despite this fact and despite many requests for assistance made toward the responsible authorities, the people ended up back in Turkey. Instead of getting access to protection in Greece as requested in their calls for help and their claims to asylum, they were returned to a place where they stated they would be in danger.

      The Alarm Phone is very concerned about repeated testimonies of illegal push-backs at the Greek-Turkish land border. We demand respect for the people’s human rights and dignity, as well as for the international law, which is clearly beached in such push-back operations.

      https://alarmphone.org/en/2018/07/06/four-push-back-operations-at-the-greek-turkish-land-border-witnessed-by-

    • The Turkish Woman Who Fled Her Country only To Get Sent Back

      #Ayşe_Erdoğan was persecuted in Turkey as an alleged follower of the Gülen movement. The young teacher fled to Greece to seek refuge. This is how she wound up back in a Turkish prison.

      As Ayşe Erdoğan reached for her mobile phone to film herself, she was already aware of the risk she was facing. She had managed to cross over into Greece from Turkey, meaning she had made it to Europe. But she still wasn’t home free.

      On the morning of May 4, 2019, Erdoğan, a 28-year-old math teacher from Turkey, hid near the Greek village of Nea Vyssa. Accompanied by two Turkish traveling companions, she had succeeded in crossing the Evros, a wild river that forms a natural border between the two countries but whose current is so strong that it often sweeps migrants away to their deaths.

      Erdoğan, who bears no relation to Turkish President Recep Tayyip Erdoğan, had been sentenced to more than six years in prison in Turkey. Authorities there had accused her of belonging to the sect of the Islamist cleric Fethullah Gülen, which Ankara considers a terrorist organization. Erdoğan was allowed to leave prison until the start of her appeal, but only under the condition that she remain in Turkey.

      Shortly after her release, she fled. She traveled to the north to reach Europe, just as thousands of other Turks who are persecuted as Gülen supporters have done.

      Erdoğan wanted to file an application for political asylum. The Turkish national wanted to exercise the right the European Union grants to every individual who reaches European soil — at least in theory.

      “We are Turkish political asylum-seekers,” Erdoğan said in one video she recorded on her phone. “We fled persecution back in Turkey. We are hiding near Nea Vyssa in fear of pushback.” She sent the videos to her brother Ihsan, who was already in Athens. A journalist later posted the video on Twitter, and the Greek daily Kathimerini also reported on her case.

      Using WhatsApp, Erdoğan sent her location to her brother. She also sent emails to Greek human rights lawyers and the head of the UNHCR, the UN refugee agency. “If we push back to Turkey, our life will be in danger,” she wrote.

      That same day, Erdoğan was taken back across the Evros. Turkish border officials apprehended her and the two Turkish nationals traveling with her the next morning at 8:10 a.m. and put them in jail. A court convicted Erdoğan the next day for violating the terms of her parole by leaving the country.

      For the first time, Forensic Architecture, a research agency based at Goldsmiths College at the University of London, has reconstructed the precise events in the hours leading up to Erdoğan’s capture. DER SPIEGEL also interviewed the brother and Ayşe Erdoğan’s lawyers in addition to reviewing Turkish court documents.

      The data and documents lead to just one conclusion: Ayşe Erdoğan had made it to Greece and was in the hands of Greek authorities before she was returned to Turkey. These were presumably Greek border guards or police. Erdoğan herself claims to have been picked up at a Greek police station by masked men.

      Responding to a request for comment from DER SPIEGEL, the Greek police stated that they "always comply with Greek and European law in the performance of their duties.” Officials would not comment on the specific case in question. Back in December, DER SPIEGEL and Forensic Architecture analyzed videos showing how the illegal pushbacks along the Evros apparently take place: Masked men speaking with Greek accents are seen taking people who have fled to Greece across to the Turkish side of the Evros in motorized dinghies. Refugees who claim they were pushed back also say they were abused and that their mobile phones were rendered unusable.

      All available evidence suggests that the Greek authorities are carrying out systematic pushbacks. DER SPIEGEL has previously reported on Turkish documents which suggest that Greece is illegally deporting tens of thousands of migrants and refugees. Following the revelations, the European Commission demanded an investigation into the accusations, though this has yet to happen.

      The only person who has followed up on the pushback allegations is the Greek ombudsman, the agency responsible for independently monitoring the country’s authorities. The agency opened a general investigation into the issue in June 2017. It is now investigating more than half a dozen cases, including the videos published by DER SPIEGEL.

      However, the Greek authorities have expressed little interest in the videos. A police spokesman told DER SPIEGEL in January: “There won’t be any investigation because there are no pushbacks on the Evros.”

      But Ayşe Erdoğan’s case suggests it is very likely that this statement isn’t true. It underscores suspicions that Greek border officials are deporting even Turkish asylum-seekers without granting them any asylum procedures, even though these people are the subject of political persecution in their home country.

      The pushbacks violate international law, European Union law as well as Greek law, since every refugee has the right to fair asylum proceedings. Moreover, those who apply for asylum cannot be sent back to countries where they could be in danger or threatened with persecution. That, however, appears to be exactly what happened to Erdoğan.

      The fact that Erdoğan repeatedly shared her location with her brother on WhatsApp and took a selfie together with the two people accompanying her in the village center of Nea Vyssa has been helpful in the effort to reconstruct events. A government building can be seen in the photo, including its logo. Another lawyer, Nikolaos Ouzounidis, met with the group in Nea Vyssa and also took a photo of them.

      In collaboration with the Greek NGO HumanRights360, Forensic Architecture analyzed the photos, videos, WhatsApp messages, emails, court files and police reports. Among other steps, the agency compared the photos to images from Google Earth. This made it possible to verify that Erdoğan had, in fact, entered Greece before her arrest.

      There is no doubt that Ayşe and the two accompanying her had been in Nea Vyssa that day. “I saw them with my own eyes,” said Ouzounidis.

      Erdoğan contacted the police station in Nea Vyssa, near the Turkish border, to apply for asylum. But Greek police brought them to a police station in Neo Cheimonio, a town 18 kilometers (11 miles) south of Nea Vyssa. This is evidenced in Erdoğan’s WhatsApp locations and her testimony in court, which has been obtained by DER SPIEGEL.

      Ouzounidis tried to speak to Erdoğan at the police station twice — first on his own and later with her brother, Ihsan, who had come from Athens. Both times, police informed the lawyer that no one with that name was being held at the station. Officially, at least, there was never any arrest or charges filed.

      At 6:53 p.m., Erdoğan once again shared her location with her brother on WhatsApp, with the pin pointing to the police station. It would be the last message that Ayşe Erdoğan would send from Greece.

      “I thought Ayşe was safe,” said Ihsan Erdoğan. “But they just brushed us off at the police station.” Ihsan found out the next day from his parents that his sister had been deported to Turkey and arrested there.

      The Turkish court documents provide details about how Erdoğan experienced her pushback. They describe how masked men put them in a car and took them back to the Evros River. "They put us in a car, took us to Meriç river (Eds. note: as the Evros is known in Turkey) again, put us in an inflatable boat, and took us back to the Turkish banks. Thus, we weren’t able to apply for asylum.”

      Turkish police officers apprehended Erdoğan the next morning. A court in the province of Edirne convicted her the following morning on charges of illegally fleeing the country. The court transcript states that, “The accused violated the rules of her parole and left the country via illegal routes but was deported and returned to Turkey.”

      As part of her defense, Erdoğan claimed that she had felt isolated after her release from prison, that she was no longer able to find work and that even her friends weren’t speaking to her anymore. She told the court that she regretted having fled. “I am the victim,” Erdoğan said, according to the court transcript.

      Her brother Ihsan also denied to DER SPIEGEL that he or Ayşe were members of the Gülen sect.

      Turkish President Erdoğan has blamed the Gülen movement for the attempted coup in July 2016. In response, the Turkish state ordered the arrest of tens of thousands of Gülen supporters.

      Gülen, who has lived in exile in the United States since the 1990s, has denied the accusations. In public, he presents himself as a modern reformer of moderate Islam. His followers run schools, universities, media organizations, hospitals and foundations in more than 100 countries.

      But people who have left the community have described it as a secret society. “Infiltrating state agencies, maximizing political influence and gaining control of the state is seen as the goal by all those who have been interviewed,” reads one document from Germany’s Foreign Ministry.

      Tens of thousands of the Islamist movement’s followers have found refuge in European countries in recent years. More than 10,000 Turks have applied for asylum in Greece alone since 2016.

      But it’s not clear how many of those applications have been approved. The Greek authorities don’t want to publish that kind of information out of fear of provoking Turkish President Erdoğan, with whom the Greek government already has a tense relationship.

      However, Greek bureaucratic sources say that most of the Turkish refugees who apply for it are granted asylum in Greece. That had also been Ayşe Erdoğan’s hope. Instead, she now finds herself locked up by the Turkish government in a prison in the Gebze province near Istanbul.

      Greece has already thrown out a lawsuit submitted by her lawyers. Erdoğan’s attorney, Maria Papamina of the Greek Council for Refugees, says that all the prosecutor did was obtain assurances from the Greek police that Ayşe Erdoğan had never been registered there.

      She claims that evidence of the pushback wasn’t even taken into consideration. Papamina says she wants to appeal the case and take it right up to Greece’s highest court if she has to — and even further up to the European Court of Human Rights, if need be.

      But the only likely real chance Ayşe Erdoğan would have of getting released from prison would be through her appeal to Turkey’s highest court, but her chances are slim. There’s much to suggest that Ayşe Erdoğan will spend years in a Turkish prison.

      https://www.spiegel.de/international/europe/the-turkish-woman-who-fled-her-country-only-to-get-sent-back-a-fd2989c7-0439