Mais qu’est-ce qu’un bobo ? | Condroz belge

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  • Mais qu’est-ce qu’un #bobo ? | Ce qu’il se cache derrière un mot faussement banal !
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    On lui doit le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, traduction de l’anglais bourgeois bohemian, qu’il emploie dans le livre intitulé Bobos in Paradise ; l’auteur regroupe sous ce terme l’évolution et la transformation des yuppies des années 1980. » (Wikipedia en français.)

    Sociologiquement, les Américains n’aiment rien tant que parler de « classe moyenne », un terme descriptif aussi peu signifiant que possible, on voit tout de suite pourquoi : l’expression « classe sociale » sent le soufre depuis que Marx, Engels et d’autres lui ont donné le lustre que l’on sait. La paix civile US après la seconde guerre mondiale s’alimentait de la conviction de chacun, de pouvoir un jour être de la middle class. Un ouvrier devenu contremaître chez General Motors était, jusqu’il y a peu, disons jusqu’en 1980, année de l’élection de Ronald Reagan, supposé accéder à ce rang vers l’âge de 45 ans : une maison pavillonnaire, une voiture par membre de la famille de plus de seize ans, les enfants à l’université.

    Ce fondement du contrat social US de l’époque est en passe d’être minutieusement détruit par l’offensive Walmart, dont le management a prévu dès les nineties de faire baisser les salaires chez ses fournisseurs, les grandes firmes US, de 25 dollars à …9. Walmart exigeait et obtenait leurs comptes, pour leur montrer comment il y avait moyen de faire baisser leurs prix. On ne doit pas être loin de l’objectif aujourd’hui – pour ceux qui ont conservé leur emploi en tout cas, vu la délocalisation concomitante et massive en Chine.

  • Les bobos selon Olivier Adam, Les lisières , Flammarion, 2012.

    "-Mon père a parcouru ca d’un oeil atterré, quinze euros pour huit boulettes de riz couvertes d’un minuscule morceau de poisson même pas cuit il n’en revenait pas, qui pouvait être assez con pour se faire avoir par un truc pareil, à part des bobos dans mon genre.
    – ah toi aussi tu t’y es mis ?
    – A quoi ?
    – A voir des bobos partout. Qu’est ce que tu leur reproches exactement, aux bobos ? de manger des sushis ? de voter à gauche ? D’être écolos ? D’avoir assez de fric pour se payer un voyage par an ? de lire Télérama ? De trier leurs déchets ? D’aller voir des films en VO ? De s’en battre les couilles de l’identité française ? De pas avoir peur des Noirs et des Arabes ? C’est quoi le problème ?
    J’avais haussé la voix. Depuis toujours ces conneries sur les bobos, la soi disant bien-pensance de gauche, qualifiée aussi de pensée unique alors que la droite gouvernait le pays et diffusait ses idées dans la plupart des journaux et médias de ce pays, alors qu’un type comme Zemmour passait son temps à dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, à proférer les jugements, idées, discours les plus répandus, ceux qu’on entendait à chaque coin de rue, dans le moindre café, la moindre discussion de famille, et qu’il se faisait passer pour un type minoritaire, tout ça me foutait hors de moi. Depuis toujours, ma génération et ses façons de faire et de penser avaient été méprisées, génération bof, génération molle, nous étions maintenant devenus des bobos, il suffisait de lire des livres, d’avoir trente ans ou quarante ans et de voter à gauche, de lire Libé, d’avoir déjà mis les pieds dans un pays étranger, d’écouter autre chose qu’Obispo Pagny Halliday Grégoire, d’aller voir des films asiatiques pour être qualifié de bobo, et ce qualificatif était bien sûr sensé être insultant. (...)

    Qu’est-ce qui m’avait pris de m’emballer comme ça ? Qu’est ce que j’en avais à foutre des bobos ? D’ailleurs, je ne me privais pas moins qu’un autre de les brocarder quand j’en avais l’occasion, de moquer leur conformisme, leur fausse insolence, leurs goûts tièdes, que je partageais parfois il fallait bien l’avouer, Bénabar, Benjamin Doré Julien Dutronc Thomas Chedid Mathieu Bioley, Guillaume Duris et Romain Canet Mélanie Tautou Audrey Laurent, le grand journal, Habitat, L’auberge Russe et les Poupées espagnoles, François Beigbeder et Frédéric Begaudeau (...) la Nouvelle star Apple les légumes bio, le commerce équitable la bouffe thai les vêtements de créateur, la certitude absolue d’être au dessus du lot, plus ouverts plus tolérants plus cultivés plus de bon goût plus de bonne compagnie, les bonnes écoles les bons quartiers les bons plans les bonnes manières, la facilité avec laquelle tout ce beau monde s’accomodait des « excès » de la mondialisation, des « dérives » de la société de consommation, des « inégalités », la mollesse pragmatique avec laquelle ma génération avait depuis longtemps renoncé à tout foutre en l’air, tout ça me débectait mais au moins tous ces gens avaient le bon goût de n’être ni racistes, ni misogynes, ni homophobes, tous ces gens payaient leurs impôts sans trop broncher, avaient une certaine idée de l’égalité, de la fraternité, de la tolérance, de la solidarité et ce n’était déjà pas si mal.

    J’ai pensé à Sarah, à la conversation que nous aurions pu avoir à leur sujet « Mais de qui parles-tu ? m’aurait elle dit. Arrêtes de ranger les gens dans des cases. Arrête avec ces archétypes. Toi qui détestes quand on te demande : Alors, comment sont les Chinois ? comment sont les Japonais ? Toi qui dis détester les généralités, arrête...

    Mon père n’a voulu goûter à aucun de mes sushis. »

    #bobo @thibnton

    • je lis pas les trucs qui sont pas correctement mis en forme désolé :-)

      Note de lecture, La France invisible (La Découverte, 2006) par @wolfganglodz
      http://socio.ens-lyon.fr/livres/livres_beaud_note.php

      "C’est par exemple ce que montre l’utilisation qui est faite de deux catégories aux destins divergents : celles de « #bobos » et de « travailleurs pauvres ». L’utilisation de la première ("bourgeois-bohèmes") s’est d’abord constituée aux Etats-unis, durant l’année 2000, lors de la parution d’un livre de David Brooks, Bobos in paradise. Très rapidement le terme fait une entrée fracassante dans l’espace médiatique français et est diffusé largement par bon nombres de journalistes, mais également par des géographes, pour décrire respectivement une « nouvelle catégorie sociale » (Alix Girod, journaliste au magazine Elle) et un nouveau type d’habitants (la nouvelle bourgeoisie de gauche) investissant massivement les anciens quartiers populaires de l’Est parisien. Cependant, cet usage est loin d’être celui pour lequel le terme avait été créé aux Etats-Unis et rassemble, sous couvert d’un terme langagier qui donne une illusion unifiée et unificatrice de cette population, des personnes aux profils socio-économiques très différents : il agit comme un masque et n’est rien d’autre qu’une « catégorie créée par un journaliste pour une journaliste ». Il exerce ainsi un double effet : l’invisibilisation de phénomènes qui ont lieu à l’intérieur du groupe lui-même, tel que l’appauvrissement général des classes moyennes, et la disqualification sociale de volontés dorénavant considérées comme naïves (écologique par exemple). On a ainsi une focale qui se penche davantage vers des comportements que vers la question plus politique des revenus. Ce passage au second plan d’un problème considéré par les auteurs comme avant tout politique s’apprécie de pareille manière lorsqu’on étudie l’autre catégorie qui est celle des « travailleurs pauvres ». Provenant du même pays d’origine (où elle fit son apparition dans les années 70) que celle de « bobos », celle-ci n’est prise en compte en France par la statistique (et l’on peut voir ici une autre illustration des divers rôles que peut jouer cet outil dans les processus d’occultation) qu’au milieu des années 90 (période à laquelle les progressions du travail à temps partiel et des emplois précaires se sont fait sentir)."

    • Camarade nton, sans mauvaise foi tu ne peux soutenir que ton bloc de citation rectangulaire et sans saut de ligne et tout petit est plus lisible que le texte aéré de pguilli.