Après « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique »… (ou l’art de regarder ailleurs) | Frédéric Lordon
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Car le martyre de la Grèce, c’est bien ça qui empêchait de regarder ailleurs. Comme une mouche à merde au milieu d’une tasse de lait : il y avait l’euro. Et tout ce qui s’ensuit par automatique des traités interposée. Ça ne devrait normalement pas être trop demander que de se souvenir de ce qui s’est passé il y a si peu d’années (et qui en réalité se passe encore). Il faut croire que si. Le chaos grec supprimé du champ de vision médiatique, on peut retourner aux plaisirs de l’inanité sans suite, et parler de démocratiser l’Europe sans jamais jeter un œil à ce par quoi l’Europe est radicalement anti-démocratique : les traités de l’euro. Par une légère erreur de perspective, ou de calcul, les démocratiseurs pensent qu’on démocratisera l’Europe en ajoutant (des couches supplémentaires à base de fiscalité, de redistribution, et de parlementarisme européens) alors qu’il faudrait commencer par enlever — toutes les dispositions présentes de la monnaie unique… Quelle sorte d’effets autres qu’ornementaux (et mensongers) pourrait donc atteindre une entreprise prétendant démocratiser sans même faire semblant de s’attaquer au noyau dur antidémocratique de la construction ?