Elia Suleiman, IT MUST BE HEAVEN
Cannes, compétition. Le monde comme microcosme de la Palestine | Vendredi, 24 Mai, 2019 | Pierre Barbancey | L’Humanité
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(...) Si loin, si proche. L’atmosphère sécuritaire, violente a envahi le globe, nous dit Elia Suleiman. Mais il ne fait surtout pas œuvre de documentaire géopolitique. D’abord, il utilise son arme de prédilection, arme fatale, le loufoque, voire le burlesque et l’absurde. Le rire lucide. Les instants sont d’autant plus décalés qu’ils éclatent à l’image, avec très peu de dialogues. Lui parle à juste titre de « poésie du silence qui est au cœur du langage cinématographique ». On l’oublie trop souvent. Une caresse tendre pour ceux qui subissent le dérèglement du monde, chauffeur de taxi à Big Apple ou SDF à Paname.
La réflexion est moins légère qu’il n’y paraît. Que signifie « être chez soi » quand les traces du passé s’envolent, que les chansons traditionnelles font place à une musique synthétique sans frontières et que tout se ressemble ? ES finit par rentrer à Nazareth, en ayant observé qu’il est chez lui partout et nulle part à la fois. Heureusement, le citronnier qu’il avait planté avant de partir a poussé. Les fruits mûrissent, éclatants. L’espoir existe encore.
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