Investi par la grande distribution : l’eldoraBIO - Libération
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Décryptage
Investi par la grande distribution : l’eldoraBIO
Par Coralie Schaub , Aurore Coulaud , Aude Massiot et Margaux Lacroux — 28 mai 2019 à 21:06
A ce jour, seulement 50 hectares de bio sont exploités en serres chauffées en France. Mais les projets se multiplient. Photo JEAN-CLAUDE MOSCHETTI . REA
Face à la demande croissante des consommateurs, le marché de l’alimentation biologique est massivement investi par la grande distribution. Rachat de réseaux, production et vente hors saison : certaines enseignes modifient en profondeur les pratiques. Au risque de fragiliser la philosophie du secteur.
Investi par la grande distribution : l’eldoraBIO
« Pas de tomate bio en hiver ! Non à l’industrialisation de la bio ! » Voici le mot d’ordre d’une pétition lancée mardi soir par la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme, Greenpeace et le Réseau Action-Climat et relayée en avant-première sur Libération.fr (lire aussi page 3). Avec, pour premiers signataires, une cinquantaine de chefs et de restaurateurs, dont certains sont étoilés et plusieurs œuvrent dans la restauration collective. Son but ? Obtenir du ministère de l’Agriculture l’interdiction de la production de fruits et légumes bio hors saison, sous serres chauffées au gaz ou au fioul, lors du prochain vote du Comité national de l’agriculture biologique, le 11 juillet. Une « aberration gustative, agronomique et environnementale », plaquée sur le modèle conventionnel productiviste. Qui serait contraire à la philosophie de « la » bio telle que la concevaient les pionniers : un « mode de vie », un « projet de société » respectueux de l’environnement et de la biodiversité, qui valorise le lien social, avec une juste rémunération pour l’agriculteur et des produits de saison pas suremballés dans du plastique.
« La » bio perdrait ainsi son âme au profit « du » bio, au masculin, réduit à la seule dimension du mode de production (sans pesticides pétrochimiques). Et symboliserait l’industrialisation à marche forcée d’un secteur qui ne représente encore qu’environ 5 % du marché alimentaire français, mais bénéficie d’un boom de la consommation (+ 17 % en 2017). Le gouvernement espère gonfler les surfaces en bio à 15 % pour 2022.