Gilets jaunes blessés : « Des policiers seront renvoyés en correctionnelle »

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    Dans une interview exclusive au Parisien – Aujourd’hui en France, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, dresse le bilan judiciaire des six mois de mobilisation des Gilets jaunes. Il annonce les premiers résultats des enquêtes visant les forces de l’ordre.

    Et qu’en est-il des dossiers visant les forces de l’ordre ?

    Je veux être très clair : il n’y a aucune volonté de ma part d’éluder ces violences ou de les minimiser. À ce jour, 174 enquêtes ont été ouvertes : 171 confiées à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et 3 à l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). 57 dossiers ont été clôturés et remis à mon parquet qui est en train de les analyser. Je peux d’ores et déjà vous dire que 8 d’entre elles ont justifié l’ouverture d’une information judiciaire, c’est-à-dire que la poursuite des investigations est désormais confiée à des juges d’instruction.

    De quels dossiers s’agit-il ?

    Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais cela concerne par exemple les faits dénoncés par Jérôme Rodrigues le 26 janvier ou bien encore ceux commis dans un restaurant Burger King le 1er décembre. Il s’agit notamment des dossiers où les préjudices sont les plus lourds, avec des infirmités permanentes par exemple, qui datent pour la plupart des premières manifestations de novembre et décembre. Plusieurs dossiers ont trait à l’usage de lanceurs de balle de défense (LBD).

    Quelles décisions seront prises sur les autres dossiers ?

    Toutes ces procédures vont être analysées avec beaucoup d’attention. Il y aura des classements sans suite. Il y aura aussi des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d’ici la fin de l’année.

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    Des poursuites ont-elles déjà été engagées ?

    Non. À ce stade, aucun policier ou gendarme n’a été mis en examen. Un policier a été placé en garde à vue dans une affaire où un manifestant a été blessé et hospitalisé, mais l’enquête est toujours en cours.

    N’y a-t-il pas une différence de traitement entre les Gilets jaunes massivement renvoyés en comparution immédiate et les forces de l’ordre dont l’examen des cas prend plus de temps ?

    Cela tient à la spécificité des violences qui leur sont reprochées et à la complexité des investigations. Il faut resituer les événements dans leur contexte. Depuis six mois, les forces de l’ordre effectuent des missions extrêmement difficiles. Elles ont subi de violentes agressions, mais ont su garder leur sang-froid. La République leur doit une reconnaissance toute particulière. Il faut aussi rappeler que les forces de l’ordre peuvent avoir un recours légitime à la force, ce qui n’est pas le cas des manifestants venus pour commettre des violences ou des dégradations. La question est alors de savoir si policiers et gendarmes ont pu parfois faire un usage illégitime ou disproportionné de la force. Cela prend du temps : il faut analyser des heures de vidéos, recueillir des témoignages, identifier les auteurs et évaluer le préjudice des victimes… Mais la justice passera dans ces affaires, comme dans toutes les autres.

    Utiliseriez-vous le terme de violences policières ?

    Je parlerais plutôt de violences illégitimes, car c’est bien la question de la proportionnalité qui est posée.

    L’IGPN, un service de police, est-elle légitime pour enquêter sur ses collègues ?

    J’ai une totale confiance dans l’IGPN. Les enquêteurs de ce service sont réputés pour leur rigueur et leur impartialité.

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