Les effectifs de la police et de l’armée augmentent-ils alors qu’ils baissent à l’Ecologie et à l’Education ?

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  • Les effectifs de la police et de l’armée augmentent-ils alors qu’ils baissent à l’Ecologie et à l’Education ?
    https://www.liberation.fr/checknews/2019/05/30/les-effectifs-de-la-police-et-de-l-armee-augmentent-ils-alors-qu-ils-bais

    Le gouvernement veut supprimer 50 000 postes d’ici 2022, tout en épargnant certaines missions régaliennes. Une choix intenable, selon la Cour des comptes, sans risquer de passer à côté de son objectif.

    Question posée sur Twitter le 29/05/2019

    Bonjour,

    Vous nous interrogez sur une capture d’écran circulant sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, où l’on voit le nombre de suppressions et créations de postes qu’auraient subi les différents ministères en 2018 et 2019. Alors que l’armée et l’Intérieur voient leurs effectifs augmenter, la santé, l’écologie et l’éducation nationale baissent drastiquement.

    @CheckNewsfr , ils sont vrais ces chiffres ? https://t.co/iQxcycLdE1
    — Ray_le_gnou (@babbouze) 29 mai 2019

    Ces chiffres sont issus du document « chiffres clés » du projet de loi de finances 2019, adopté le 20 décembre 2018. S’appuyant sur la page, « schémas d’emplois », qui recense les créations et suppressions d’emplois prévues dans les ministères en calculant en équivalent temps plein (ETP), l’internaute a additionné les colonnes 2018 et 2019. Notons que les chiffres de 2018 sont ceux votés en 2017 dans la loi de finances initiale, et ceux de 2019 sont ceux prévus pour 2019 dans le projet de loi de finances.

    A chaque fois, les internautes partageant ces chiffres ne mentionnent pas le ministère devant subir la plus forte baisse : celui des Comptes publics. Après avoir voté la suppression de 1450 ETP en 2018 au sein de ce ministère, les parlementaires en ont approuvé 1947 ETP en 2019.

    En deuxième position arrive l’Education nationale, qui voit 1800 postes supprimés, mais qui n’en avait eu aucun en 2018. Puis la Transition écologique et solidaire (811 et 828), la Santé (258 et 250), l’Economie (198 et 280), le Travail (239 et 233), l’Agriculture (130 et 140), les Affaires étrangères (100 et 130), la Culture (110 et 150) et enfin la Cohésion des territoires (15 et 15).

    A l’inverse, le ministère de l’Intérieur, après s’être vu promettre 1420 ETP supplémentaires en 2018, devrait en avoir 2153 en 2019. Suivi de la Justice (1000 et 1300), les armées (518 et 466), les services du Premier ministre (75 et 181) et l’outre-mer (20 et 23). Seuls les ministères des Sports et de l’Enseignement supérieur sont censés rester à périmètre constant sur ces deux années.

    Ces chiffres ne prennent pas en compte, par ailleurs, les suppressions de postes chez les « opérateurs » des ministères, c’est-à-dire des opérateurs privés ou publics des ministères, mais à qui sont confiées des missions de service public.

    L’exposé des motifs du projet de loi de finances 2019 résumait ainsi : « Pour 2019, le solde global des créations et des suppressions d’emplois s’élève à - 4 164 équivalents temps plein (ETP), dont 1 571 ETP pour l’État et 2 593 ETP pour les opérateurs. Ce solde net permet de financer de manière soutenable les priorités du Gouvernement ». Et affirmait : « le projet de loi de finances pour 2019 marque le renforcement de la dynamique des suppressions nettes d’emplois pour l’État et ses opérateurs initiée en 2018. »

    Diminuer le nombre d’emplois dans la fonction publique est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, qui avait annoncé aux Echos vouloir supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, dont 50 000 dans la fonction publique d’Etat. Un objectif inscrit dans la loi de programmation des finances publiques 2018-2022, promulguée en janvier 2018, qui prévoit donc la suppression de 50 000 emplois pour l’Etat et ses opérateurs d’ici 2022.

    Un peu avant l’été, la Cour des comptes avait par ailleurs rappelé qu’étant donné que des créations de postes étaient prévues dans plusieurs missions (justice, intérieur, armée), « pour atteindre l’objectif d’une réduction nette de 50 000 emplois prévue par la trajectoire de la LPFP, ce seront donc 70 000 emplois qui devront être supprimés ». Et concluait ainsi que, si les effectifs de l’Education nationale devaient rester stables, « un tel effort [de suppression de postes] ne pourrait être concentré sur les seuls autres ministères ne bénéficiant pas de ces créations, qui ne représentent que 300 000 emplois, soit 15 % des effectifs de l’État : cela correspondrait en effet à une réduction de leurs effectifs près de 25 % en cinq ans ».

    Comme Libération l’écrivait en septembre dernier, « dans la majorité, on commence à espérer que la pyramide des âges fera l’affaire et que les "500 000 départs à la retraite d’ici à 2022 dans le périmètre Etat" suffiront. "Le non-remplacement des départs à la retraite sur ces autres missions serait largement insuffisant, répondait déjà la Cour. Pour être réalisée, la diminution de 50 000 effectifs dans la fonction publique d’Etat implique que tous les ministères soient concernés par ces diminutions". Pour l’instant, ce n’est pas le choix du gouvernement. »

    Cordialement