Élections européennes 2019 : Macron et Le Pen en duo

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    Le parlementarisme, feuille de vigne de la domination de la bourgeoisie

    La bourgeoisie des grandes puissances impérialistes a trouvé avec le parlementarisme un système qui dissimule sa mainmise sur la société. Elle donne à la population l’illusion que c’est d’elle et de ses votes que dépend la vie sociale, alors qu’en réalité elle est soumise à la dictature impitoyable du grand capital. Mais cette illusion ne fonctionne que tant qu’elle est crédible. C’est de moins en moins le cas.

    La forme de domination dite démocratique de la bourgeoisie est le résultat d’une évolution historique dans laquelle le mouvement ouvrier a joué un rôle majeur. Aux origines de la démocratie parlementaire, c’est sous la pression du prolétariat que la bourgeoisie a fini par abandonner le suffrage censitaire. Le combat contre cette forme de représentation limitée aux seuls possédants a été un des aspects essentiels de l’éveil politique du prolétariat britannique, dont le mouvement chartiste. Il aura fallu plusieurs décennies pour que le suffrage universel se répande dans les pays bourgeois les plus développés. Et encore  ! En France, le suffrage n’est devenu plus ou moins universel, en incluant les femmes, qu’en 1945, c’est-à-dire un siècle après le chartisme  !

    Et la démocratie parlementaire reste réservée aux pays impérialistes où la bourgeoisie est assez riche pour se l’offrir grâce au pillage des pays dominés et à l’exploitation de leur classe ouvrière.

    Car le parlementarisme coûte. Il faut en financer les institutions et se payer une caste de politiciens rétribués. Et, plus largement, il faut financer tous ces corps intermédiaires dont le rôle est d’assurer une certaine stabilité sociale, en tentant d’atténuer certaines des conséquences de la lutte de classe, en essayant de désamorcer les affrontements par des négociations.

    Au fil du temps, les appareils syndicaux, de plus en plus intégrés dans l’appareil d’État par l’impérialisme, pour reprendre l’expression de Trotsky, sont devenus un des piliers des démocraties impérialistes, un puissant moyen pour peser sur la classe ouvrière, pour la ligoter, l’intégrer dans le système institutionnel de la bourgeoisie.

    Les appareils syndicaux et l’électoralisme sont les deux piliers de la démocratie impérialiste.

    Mais ces multiples moyens pour canaliser le mouvement ouvrier, pour l’intégrer dans le système et pour faire des partis et des syndicats des piliers de la stabilité, coûtent de l’argent. Et la bourgeoisie sur le déclin en a de moins en moins ou, plus exactement, elle s’efforce de plus en plus de réduire le coût de fonctionnement de sa démocratie.

    Une multitude de réactions et d’attitudes de Macron vis-à-vis des syndicats, comme vis-à-vis des collectivités locales, se situent dans cette évolution générale. Là encore, tout cela n’est pas dû à l’homme qui est au pouvoir comme pour les autres avant lui  : il est l’exécutant des intérêts de la bourgeoisie.

    Et, pour ne parler que de cet aspect des choses, la préoccupation des états-majors des partis politiques de la bourgeoisie a pour fondement les difficultés croissantes des municipalités et des pouvoirs locaux. La rivalité des partis autour de la mangeoire devient d’autant plus violente que la mangeoire rétrécit.

    Toutes ces bagarres ne concernent encore pour l’essentiel que la caste politique et les appareils syndicaux. Si, derrière la crise des institutions de la bourgeoisie, il y a la crise du système capitaliste, ce n’est pas encore la crise de la bourgeoisie. Cette crise touche son personnel politique. C’est à ce personnel de la gérer.