Damas, 1840. Le vieux mythe des crimes rituels juifs

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  • Damas, 1840. Le vieux mythe des crimes rituels juifs
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    « L’intervention des puissances occidentales dans les affaires des Juifs des pays musulmans ne tourna pas toujours à l’avantage de ces derniers ; parfois, ce fut même le contraire ». Bernard Lewis — dont le regard sur le monde arabo-musulman s’avérait plus lucide lorsqu’il s’agissait de son passé que lorsqu’il le portait sur son présent — relevait alors l’influence de la diplomatie occidentale dans l’acclimatation de l’antisémitisme dans le monde arabe et musulman.

    […]

    Le mythe des meurtres rituels juifs n’est pas né dans le monde arabo-musulman, mais au sein d’une chrétienté européenne réinvestissant celui d’un peuple juif déicide. Ainsi, là où les communautés chrétiennes étaient absentes, la croyance dans les crimes rituels juifs fut inexistante.

    […]

    L’affaire de Damas fut la première qui fit converger puissances occidentales, minorités juives et monde arabe. En ce sens, elle révèle qu’à mesure qu’un antisémitisme en gestation enflait en France et en Europe, les puissances occidentales cherchaient à s’appuyer sur les minorités religieuses d’Orient, engendrant des situations parfois paradoxales lorsque celles-ci étaient juives. Résurgence d’un antijudaïsme féodal en voie de se réincarner en antisémitisme moderne, l’affaire de Damas est à replacer dans un contexte où les puissances européennes commencèrent à s’emparer de la question des minorités afin de s’ingérer dans les affaires ottomanes.