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  • Comment l’ultra-droite française tente d’imposer ses idées - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/plongee-dans-l-ultra-droite-francaise-07-06-2019-8088828.php

    Le rapport de la commission d’enquête parlementaire consacrée à la lutte contre les groupuscules d’extrême droite, que révèle Le Parisien-Aujourd’hui en France, offre une photographie inédite de cette France de la contestation radicale.

    Identitaires, nationalistes, néofascistes, nationaux populistes… Combien de divisions représentent aujourd’hui l’ultra-droite, mouvance très en vue au début du mouvement des Gilets jaunes ?

    La commission d’enquête parlementaire, lancée à l’initiative de sa présidente (LFI) Muriel Ressiguier, a auditionné responsables de services de renseignement, sociologues, politologues, mais aussi représentants de ces groupuscules.

    L’audition d’Yvan Benedetti, porte-parole du Parti nationaliste français, a débouché au passage sur un incident rarissime : un signalement à la justice. Une enquête préliminaire a été ouverte cette semaine par le parquet de Paris pour contestation de crime contre l’humanité par paroles, écrits, images, de communication au public par voie électronique.
    Une nébuleuse de 3 000 militants

    L’ultra-droite française est décrite comme une « nébuleuse » aux « effectifs stables » (environ 3 000 militants), bien inférieurs à ceux de l’Allemagne (quelque 24 000 personnes). Mais, comme le précise à notre journal le rapporteur Adrien Morenas (LREM), cette frange activiste trouve un écho grandissant en raison d’« une stratégie d’occupation du terrain et des réseaux sociaux » (jusqu’à 8 millions de vues par mois pour le site Égalité et Réconciliation d’Alain Soral, condamné à un an de prison ferme mi-avril pour négationnisme).

    Si les rixes avec l’extrême gauche perdurent, une stratégie de normalisation est à l’œuvre. « Il faut faire peur à l’adversaire, non pas à nos grands-mères », résume un leader d’Unité radicale (aujourd’hui dissous).

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    L’opération la plus emblématique de ce point de vue revient à Génération identitaire. Entre le 22 avril et le 29 juin 2018, certains de ses militants, vêtus de bleus et survolés par un hélicoptère, bloquent le Col de l’Échelle (Hautes-Alpes) pour empêcher les migrants de passer en France. L’association et trois de ses membres, dont son président, seront jugés à Gap, le 11 juillet pour « activités exercées dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ».
    La tentation du terrorisme

    Cotisations, concerts, dons… Le rapport s’attarde sur les finances de la mouvance, écartant l’hypothèse d’argent provenant de « puissances étrangères ». L’ultra-droite reste handicapée par un financement qualifié de « low cost ». C’est pourquoi elle cherche aujourd’hui à renflouer ses caisses via les plates-formes de financement participatif. À l’été 2017, Génération identitaire aurait ainsi levé plus de 150 000 euros pour la location d’un bateau destiné à contrer l’aide apportée aux migrants quittant la Libye.

    Les membres de la commission pointent enfin l’« émergence avérée d’une nouvelle tentation terroriste » en réaction aux attentats islamistes de 2015. Le danger viendrait surtout d’individus isolés, inconnus des services de renseignement. Le rapport signale d’ailleurs la bonne connaissance des armes des militants, notant la « présence de membres ou anciens membres des forces armées ou de sécurité intérieure », comme ces ex-militaires engagés dans la rébellion au Donbass (Ukraine) ou dans la Task force La Fayette contre Daech en Syrie.

    Au sein de la commission, les débats ont parfois été vifs et cela dès sa création, à commencer par le champ de l’étude que LREM aurait souhaité l’élargir à l’ultra-gauche et pas seulement aux violences « émanant d’une partie seulement du spectre politique ».