• Une note interne à La France insoumise dénonce « un fonctionnement dangereux pour l’avenir du mouvement »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/06/une-note-interne-a-la-france-insoumise-denonce-un-fonctionnement-dangereux-p


    Jean-Luc Mélenchon, le 5 juin à l’Assemblée nationale.
    JACQUES DEMARTHON / AFP

    Dans un document que « Le Monde » s’est procuré, plusieurs dirigeants « insoumis » demandent plus de démocratie interne et critiquent sévèrement le mauvais score du parti aux élections européennes.

    C’est un texte de cinq pages qui secoue La France insoumise (LFI) et qui tombe au pire moment : juste après la défaite aux élections européennes où la liste emmenée par Manon Aubry a recueilli 6,31 % des suffrages, et en pleine crise interne autour de la stratégie à adopter. Une note qui va par ailleurs gâcher l’installation des eurodéputés aujourd’hui au Parlement européen et la réunion intergroupe prévue avec les députés LFI.

    Intitulée « Repenser le fonctionnement de La France insoumise », envoyée le 5 juin, cette note que Le Monde s’est procurée, est signée par quarante-deux cadres et militants « insoumis » – dont des figures du mouvement, comme Charlotte Girard, ex-responsable du programme ; Manon Le Bretton, qui dirige l’école de formation ; ou encore Hélène Franco, magistrate et coanimatrice du livret Justice de LFI. Elle est un réquisitoire en règle contre la gouvernance du mouvement populiste de gauche.

    « Cette prétention de construction d’un mouvement suffisamment “gazeux” pour être à l’abri des tensions entre “courants” ou “fractions”, et à l’abri des enjeux de pouvoir, est un leurre. »

    Sans jamais nommer ni Jean-Luc Mélenchon, leader de fait de LFI, ni Manuel Bompard, son dirigeant statutaire, mais en les visant constamment, ce texte – qui se présente comme une « contribution interne et positive » – affirme qu’après « la séquence présidentielle de 2017, [LFI n’a pas su] maintenir la dynamique » ni « s’ancrer durablement dans la société », souligne « l’affaiblissement du réseau militant et le départ de plusieurs responsables » dus « en grande partie au mode de fonctionnement du mouvement depuis sa création ». Pour les auteurs de cette note, « le fonctionnement actuel de LFI combine une certaine horizontalité en termes de fonctionnement mais une grande verticalité en termes de décisions collectives ».

    Pour les signataires, il s’agit de préserver l’outil créé pour les élections de 2017. Pour l’un d’eux, « la maison brûle, il faut agir ». Le texte s’inquiète ainsi de la perte « d’un nombre considérable de militants, mettant en péril la possibilité de présenter des listes aux municipales ».