Professionnel sos dératisation Paris 24/24

http://www.deratisation-nuisibles.com

  • « On a perdu 40 % à 50 % des adhérents selon les fédérations » , Marine Le Pen et la guerre des « ex » : comment le RN poursuit ceux qui le quittent, Lucie Soullier - « On a perdu 40 % à 50 % des adhérents selon les fédérations »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/28/marine-le-pen-et-la-guerre-des-ex_5402916_823448.html

    Marine Le Pen et la guerre des « ex » : comment le RN poursuit ceux qui le quittent
    Insultes, procédures judiciaires… Le Rassemblement national poursuit souvent élus ou adhérents en rupture de ban.

    L’un serait « porté sur la bouteille », l’autre aurait écrit un livre « ambigu » sur la seconde guerre mondiale. Ambiance délétère entre l’ex-Front national (FN) et ses démissionnaires.
    Depuis plusieurs mois, le parti d’extrême droite dresse un portrait peu flatteur de ceux qui osent le quitter. « Poubelles du parti », « inconnus », élus « amers » ou que « personne ne regrettera »… Les lieutenants de Marine Le Pen dégainent. La patronne elle-même aurait envoyé un texto « limite » à une élue sur le départ, raconte un cadre resté au Rassemblement national (RN) : « Quelque chose comme “Tu finiras dans une caravane”. »

    Les « ex » du RN sont nombreux à décrire les tensions au sein des hémicycles, depuis qu’ils ont décollé l’étiquette bleu marine de leur pupitre municipal, régional ou même européen. Les « philippotistes » s’en étaient faits les premiers relais, ébruitant dès septembre 2017 les bisbilles causées par le fracassant départ du favori déchu de Marine Le Pen… mais entretenant souvent eux-mêmes le face-à-face épidermique entre les deux clans.

    Depuis un an et demi et le choc, coup sur coup, des défaites présidentielle et législatives, d’autres quittent le mouvement plus discrètement. Sans tapage interne ou médiatique, mais en confiant au passage leurs réserves quant au leadership, à la ligne ou à la nature de la « refondation » du parti d’extrême droite. « On a perdu 40 % à 50 % des adhérents selon les fédérations », confie un frontiste historique.
    A l’image de ces militants qui ne voulaient pas « cracher dans la soupe » en partant, Jordan Grosse-Cruciani a même tenté de rester en bons termes. Le Vosgien de 28 ans n’a finalement pas échappé à ce qu’il qualifie de « vengeance » de l’appareil. « Au départ, je n’étais pas parti fâché, rappelait-il au Monde en novembre, soit huit mois après sa démission. Mais maintenant… » Maintenant, il se retrouve « traîné » devant la justice par son ancien parti, qui exige le remboursement des frais de campagne engagés pour son élection au conseil régional Grand-Est. Un chèque d’environ 5 700 euros qu’il assure avoir envoyé, et que le parti aurait égaré. « Au lieu de m’appeler, ils m’ont envoyé un huissier ! », s’agace le jeune élu, en acceptant de refaire un chèque du même montant, mais « sûrement pas » de payer les frais inhérents à la procédure judiciaire. Le RN, lui, estime être dans son bon droit en exigeant la somme qui lui est effectivement due.

    « Poubelles » et « tocards »

    « Ils sont marrants, tous ces gens élus grâce à nous qui veulent le beurre et l’argent du beurre », se crispe un proche de Marine Le Pen. Même analyse courroucée dans les états-majors locaux. Lors de la dernière scission au conseil régional des Hauts-de-France, en septembre, le président du groupe RN, Philippe Eymery, concédait des « interrogations légitimes » à ceux qui quittaient le parti. « Mais, quand vous êtes sélectionné dans l’équipe et que le match a commencé, vous ne lâchez pas le maillot ou alors vous laissez entrer le remplaçant ! »
    Au siège du RN, le ton est le même : les élus locaux peuvent bien rendre leur carte d’adhérent, mais s’ils renoncent à leur mandat dans le même temps. « Sinon c’est trop facile », s’irrite l’entourage de Marine Le Pen. Un autre responsable RN soupire, anonymement, devant ce qu’il considère être « une erreur de stratégie » de la part d’un parti prônant le « rassemblement » à tout bout de champ. « Qui voudra faire alliance avec nous après ça ? », interroge-t-il, alors que nombre de ces démissionnaires soutiennent justement, pour les européennes, la candidature de l’allié d’entre-deux-tours de Marine Le Pen à la présidentielle, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.

    Un dirigeant RN soupire devant ce qu’il considère être « une erreur de stratégie » de la part d’un parti prônant le rassemblement
    La petite sortie de David Rachline dans les colonnes du Journal du dimanche, début octobre, après une nouvelle vague de départs, a d’ailleurs fait grand bruit chez les partants. Le maire de Fréjus (Var), très proche de Marine Le Pen, avait alors estimé que M. Dupont-Aignan faisait « les poubelles » du RN et récupérait « l’intégralité des tocards » et des « déçus qui n’ont pas eu de poste ». Marine Le Pen n’aura pas de mots moins durs pour aborder ses anciennes troupes, dans les allées automnales du Mondial de l’auto : « Ils sont au chômage. Ils traversent la rue pour essayer de trouver un nouveau taf. »

    De rage, Valérie Laupies en a rédigé un communiqué, début novembre, cinglant que « l’injure semble être devenue la méthode des cadres du RN ». Appuyant sur le « travail de terrain immense » qui lui a valu son mandat – entendre au moins autant que son étiquette –, la conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur « 100 % mariniste, avant », juge avoir été « salie publiquement » et rend désormais la pareille. L’ancienne membre du bureau politique, qui a appris son exclusion du parti d’extrême droite par voie postale, ouvre ainsi le feu contre le « jacobinisme » des mouvements politiques auquel, selon elle, n’échappe pas le RN. « Il est paradoxal et incohérent de la part du RN de plaider pour l’implantation locale et, dès qu’un élu ouvre la bouche, de lui dire “soit tu marches sur la ligne, soit on t’injurie”. »

    Ce réquisitoire contre « l’autoritarisme » de l’état-major RN et son « mépris » envers la base militante, Le Monde l’a déjà croisé dans de nombreuses lettres de démission d’élus locaux depuis un an et demi. Comme celle de Dominique Thomas, ancien secrétaire départemental adjoint des Vosges, dénonçant en mars un « mode de fonctionnement » négligeant militants et électeurs au profit de « l’entre-soi » de Nanterre.

    Mêmes reproches à l’encontre des « têtes pensantes qui ne se rendent pas compte des réalités du terrain » chez une conseillère régionale des Hauts-de-France toujours au RN, Marie-Christine Bourgeois. Et l’on ne peut s’empêcher d’entendre, dans leurs critiques, la même fracture entre « deux France » que celle dénoncée par les « gilets jaunes ».
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : le Rassemblement national fait le pari de l’infusion des idées

    « Les choses sont perfectibles »

    « Quelles que soient les instances, la sphère parisienne est dans sa bulle. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont déconnectés de la province, et pensent même faire les bons choix de toute bonne foi », ajoute Mme Bourgeois. Elle-même est restée en bons termes avec les démissionnaires du RN dans sa région, ce qui lui vaut quelques remarques « internes ». Mais la quinquagénaire s’en moque, et continue à parler à ses « amis » qui ont quitté le parti.

    Son fils, Quentin, a d’ailleurs lui-même rendu sa carte en février. L’ancien frontiste de 36 ans racontait alors avoir été « blessé » par le « mépris » affiché à l’annonce de son départ, après plus d’une dizaine d’années de militantisme. « Steeve Briois [vice-président du RN et maire d’Hénin-Beaumont] a dit que je ne représentais rien », déplorait-il en avançant ses titres locaux : conseiller municipal de Saint-Omer et ancien responsable de la 8e circonscription du Pas-de-Calais. Un département devenu emblème mariniste, mais où, il n’y a pas si longtemps, rappelle Quentin Bourgeois, « c’était pas si facile de dire qu’on était du FN ! »

    André Murawski, lui, estime que son départ s’est passé en douceur, en le comparant avec le précédent. A la fin des années 1990, le frontiste historique du Nord avait suivi Bruno Mégret, accompagné d’ailleurs du même Steeve Briois et de bien d’autres cadres du parti d’extrême droite, revenus depuis dans le petit cercle des favoris. « Là, c’était quelque chose, se remémore le conseiller régional. Il y avait des vraies injures, les gens refusaient de se serrer la main… » Rien à voir avec les chicaneries d’aujourd’hui, même si, « du point de vue des relations humaines, les choses sont perfectibles », avance diplomatiquement M. Murawski.

    Une précaution qui n’a pas empêché son ancien parti de faire fuiter sa « casserole », en précisant que Nicolas Dupont-Aignan « devrait faire attention à ce qu’il récupère ». A savoir, un livre autoédité par André Murawski en 1994 – dont le RN jure évidemment ne pas avoir eu connaissance auparavant – consacré au bunker d’Adolf Hitler à Margival, dans l’Aisne. Un quartier général où le dictateur nazi aurait passé quelques heures durant la seconde guerre mondiale, et dont l’auteur Murawski déplore, dans l’épilogue de son ouvrage, l’absence de « promotion » touristique : « Quand on considère le succès touristique dont le Wolfsschanze [la tanière du loup] fait bénéficier la Pologne, il est assez consternant de constater que, depuis cinquante ans, absolument rien n’a été entrepris en France pour promouvoir le dernier Führerhauptquartier [quartier général du Führer] demeuré presque intact, et que ce monument, qui appartient tant à l’histoire de France qu’à celle de l’Europe, risque un jour de disparaître pour le plus grand bonheur des promoteurs ou des industriels, représentants d’une civilisation marchande dans laquelle se reconnaît de moins en moins notre pays. »

    André Murawski n’en revient pas de « l’argument » utilisé contre lui. A l’époque, il en avait même envoyé un exemplaire à Jean-Marie Le Pen, et reçu en retour une lettre de remerciement. La vengeance envers les démissionnaires n’a pas de prix au RN. Si ce n’est, peut-être, celui de se rediaboliser soi-même.

    #exit #FN #RN