[Resistons_Ensemble]

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  • Se tirer une balle dans le pied ? Résistons ensemble, février 2014, n°127

    http://resistons.lautre.net/spip.php?article535
    PDF bulletin entier (1 A4 recto/verso) : http://resistons.lautre.net/IMG/pdf/re127-fevrier-2014.pdf

    édito

    Se tirer une balle dans le pied ?

    L’IGA n’a pas inventé l’eau chaude. Normal, il s’agit de l’Inspection générale de l’administration, dont fait partie la police. Pourtant elle arrive à dire des choses à ne pas répéter. Dans son rapport, publié par Mediapart du 23 janvier on apprend que il y a des policiers « spécialistes » de l’« outrage et rébellion » (délit qui peut être puni d’amendes lourdes et de 6 mois de prison) qui ont déposé plainte jusqu’à 28 fois en un an, que le prix de la « protection juridique accordée aux policiers victimes d’outrages, de rébellions ou de violences a augmenté de plus de 50 % depuis 2006, passant de 8,7 millions d’euros à 13,2 millions d’euros en 2012… ». Bien sûr, l’IGA se dit choquée par des « abus », qui coûtent chers, mais, prudence, pas un mot sur la véritable « utilité » pour l’État de ces plaintes. Dans les quartiers populaires, on ne connaît que trop la fonction de ces accusations d’« outrage et rébellion ». Dès janvier 2004, notre réseau l’a dénoncé, dans un guide juridique : le « délit d’outrage sert d’abord à couvrir les violences policières, il permet de poursuivre ceux que les flics considèrent comme des gêneurs, aussi, aux flics d’arrondir leurs fins de mois. » (http://resistons.lautre.net/spip.php?article38). Contrairement, donc, à ce qu’affirme l’IGA, il ne s’agit aucunement de « bavures », d’« excès », mais bien d’un outil juridique qui représente une arme de dissuasion et destruction massive pour l’État.
    Mais attention, trop c’est trop. Manuel Valls lors d’une visite au commissariat du Kremlin-Bicêtre, le 18 janvier dernier « s’est empressé d’enterrer les recommandations du rapport face à des syndicalistes d’Unité SGP Police buvant du petit lait… Et de conclure : « Un rapport de l’IGA ne s’impose pas au ministre. » Ce message venant du ministre de l’intérieur est un signe. Valls dédouane les « forces de l’ordre » (ce qui n’est pas nouveau ) mais cette fois-ci en face de sa propre administration. Il soutient et encourage publiquement et explicitement la transformation de la Police en une milice.
    On dit que le poisson pourrit par sa tête. Mais nous, on n’a pas de chance, notre poisson a deux têtes. Face à la misère sociale, la répression, le racisme institutionnel de l’État, les plus misérables, les plus pauvres, faute de mieux, se tournent vers des perspectives qui leur paraissent nouvelles. De nouveaux gourous apparaissent, qui à l’instar de Valls, prêchent aussi la haine, la soumission, le racisme. Ce mois-ci, l’école est devenue une de leurs cibles.
    Il est vrai que telle qu’elle est, l’école ne vaut pas grand-chose, elle est structurellement sélective, raciste à l’image de la société, mais, en l’absence d’une nouvelle société égalitaire et démocratique, y-a-t-il d’autres moyens pour des opprimés et exploités de recueillir , ne serait que des miettes de savoir, en vue de résister ? Alors, quand les extrémistes de tout bord propulsés par des dominants haineux se réunissent pour la boycotter, il faut se méfier. Le but de ces gens-là est aussi d’assommer les consciences. En les suivant, les plus méprisés, les plus pauvres se tirent une balle dans le pied.
    Nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Aux coups de matraque de Valls/Hollande s’ajoute l’enfumage idéologique de Dieudonné-Soral-Belghoul/Valls. Comme dans l’Allemagne des années 30, les premiers signes d’un glissement vers le fascisme apparaissent en France.