Pourquoi les lycéens ont eu de la chance de tomber sur Andrée Chedid au bac français

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  • Pourquoi les lycéens ont eu de la chance de tomber sur Andrée Chedid au bac français
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-jeudi-20-juin-2019

    « Trop difficile » et « trop peu connue » : commenter le texte en vers libre de cette poétesse contemporaine a été perçu comme « une humiliation » si on en croit la pétition mise en ligne après les épreuves. Au contraire, c’est une sacrée chance.
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    L’objet de la contestation : un poème en vers libre jugé « trop difficile », et une autrice jugée « trop peu connue ». La pétition, qui a recueilli près de 35 000 signatures, appelle à plus de clémence dans la notation. Ce qui avait plutôt démarré comme une blague sur les réseaux sociaux à base de GIF et de « Ok donc c’est en sortant de l’épreuve que j’apprends qu’Andrée Chedid c’était une meuf » ou « quand t’as mis « il » partout et que t’apprends soudainement que Andrée Chedid était une femme » s’est mue en revendication. 

    Eux, les lycéens qui avaient buché sur tous les mouvements littéraires (pléiade, parnasse, romantisme), appris des citations et des figures de style par cœur, se retrouvaient donc, pour le commentaire de texte, avec une poétesse contemporaine inconnue - même si elle a été de nombreuses fois récompensée - et qui plus est au prénom épicène (ou presque) : quel affront ! Ma théorie, c’est qu’au contraire c’est une chance. 

    Premièrement, que tout le monde ait pris Andrée Chedid pour un homme, révèle à quel point les programmes scolaires et les examens ont manqué jusqu’ici d’autrices. En 20 ans d’épreuves du bac français, 116 textes d’hommes ont été présentés, pour seulement 11 textes de femmes. Jusqu’en 2018 il n’y en avait même que trois. 

    Le mouvement initié par des professeures de français, comme Barbara Cahen, pour que les grandes écrivaines soient régulièrement étudiées par leurs élèves porte donc ses fruits. Suite à cette pétition, Madame de Lafayette était devenue, en 2018, la première autrice à intégrer le programme de littérature en terminale L. Et en 2019, Andrée Chedid mais aussi Ana de Noailles se sont retrouvées dans le corpus de poèmes à étudier aux épreuves du bac français aux côtés d’Alphonse de Lamartine et d’Yves Bonnefoy. Parité parfaite !