• #Baptiste_Morizot : « Si la propriété privée permet d’exploiter, pourquoi ne permettrait-elle pas de protéger ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/19/baptiste-morizot-si-la-propriete-privee-permet-d-exploiter-pourquoi-ne-perme

    Baptiste Morizot 
    Philosophe et maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille

    Dans une tribune au « Monde », le philosophe Baptiste Morizot défend les iniatives d’#acquisition_collective de territoires pour permettre leur « #réensauvagement ».

  • Internet : « Aujourd’hui, le marché permet de moins en moins à de nouveaux acteurs indépendants d’émerger »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/17/internet-aujourd-hui-le-marche-permet-de-moins-en-moins-a-de-nouveaux-acteur

    Dans une tribune au « Monde », Jean-Baptiste Rudelle, PDG de Criteo lance un cri d’alarme pour le maintien d’un Internet ouvert, face à l’emprise des grandes plates-formes américaines, en passe de contrôler, seules, des pans entiers de l’économie. L’Internet ouvert est menacé et risque de disparaître sous nos yeux. Mais nous regardons ailleurs, sans prendre la mesure de ce que nous sommes en train de sacrifier. L’Internet ouvert est un principe fondateur du Web. Il vise à donner la possibilité à chacun (...)

    #domination #GAFAM

    • Internet : « Aujourd’hui, le marché permet de moins en moins à de nouveaux acteurs indépendants d’émerger »
      Jean-Baptiste Rudelle, Le Monde, le 17 juillet 2019

      L’Internet ouvert est menacé et risque de disparaître sous nos yeux. Mais nous regardons ailleurs, sans prendre la mesure de ce que nous sommes en train de sacrifier. L’Internet ouvert est un principe fondateur du Web. Il vise à donner la possibilité à chacun de diffuser et d’accéder aux informations et aux contenus de son choix, sans jamais être contraint par les acteurs qui l’organisent. C’est un idéal de liberté et d’égalité, qui donne le même pouvoir et les mêmes opportunités à tous les internautes.

      C’est un idéal qui devrait nous réunir tous : les citoyens, les gouvernements, les entreprises engagées du Web. En réalité, force est de constater que ces dernières années, cet idéal de liberté et d’égalité a fortement régressé. L’Internet ouvert est l’objet de menaces insidieuses, liées à la consolidation très rapide du marché mondial de la technologie. Aujourd’hui, les GAFA contrôlent des secteurs entiers de notre économie : la recherche sur Internet, le contenu mobile, les réseaux sociaux et une grande partie du commerce de détail.

      Ils ont montré qu’ils savent utiliser de manière redoutablement efficace la rente qu’ils extraient des secteurs qu’ils dominent, pour brider l’innovation et l’émergence d’autres acteurs sur des secteurs adjacents. Très révélateurs, les GAFA comptent pour moins de la moitié du temps passé sur le Net, mais captent plus des trois quarts de la valeur ajoutée du secteur, et cette concentration s’accélère d’année en année.

      Un enjeu pas uniquement économique mais sociétal

      Aujourd’hui, le marché permet de moins en moins à de nouveaux acteurs indépendants d’émerger. Si je voulais lancer dans l’écosystème numérique actuel l’entreprise que j’ai créée il y a près de quinze ans, je ne le pourrais plus. Le problème n’est pas l’accès aux financements. Nous avons au contraire beaucoup progressé dans ce domaine au cours des dix dernières années, et nous devons nous en féliciter. Non, le problème fondamental est qu’une très grande partie de l’écosystème numérique est devenue impénétrable.

      L’enjeu n’est pas seulement économique et il est impératif de prendre conscience que cette situation a aussi des répercussions importantes sur nos modes de vie. On ne peut, dans les faits, observer de système plus verrouillé, plus contrôlé, à l’opposé de ce que les fondateurs du Web avaient imaginé. Laisser Internet se fermer, c’est donc se résigner à ce que notre vie sociale et notre rapport à l’information soient régentés par quatre groupes mondiaux, tous américains, qui ont tout pouvoir pour organiser les choses comme ils veulent.

      Cette absence de choix pour le consommateur nous contraint à nous conformer à des normes – relatives à la protection de la vie privée et à l’éthique – auxquelles on n’adhère pas forcément, sans avoir d’alternative possible. Parce qu’ils dominent des pans entiers de l’écosystème numérique, les GAFA sont aussi en proie à des conflits d’intérêts majeurs avec les internautes. Le problème principal vient du fait d’avoir une même entreprise qui, d’un côté, offre un service aux internautes et qui, de l’autre, commercialise les données personnelles de ces mêmes internautes.

      Pour la liberté de choix des internautes

      Cette imbrication rend particulièrement difficile la transparence sur l’utilisation des données et la protection de la vie privée des consommateurs. Dans ce modèle opaque, l’opérateur dominant sera toujours tenté d’utiliser les données personnelles qu’il collecte au-delà d’un usage économique raisonnable. Ce conflit d’intérêt majeur ne pourra se résoudre sans l’intervention de la puissance publique. Il est urgent d’assainir l’écosystème numérique pour le rendre plus transparent et plus protecteur des choix personnels de chaque internaute.

      Pour encadrer ces risques de conflits d’intérêts, la puissance publique peut s’inspirer de ce qu’elle a fait avec succès dans le secteur bancaire, en séparant les activités de détails et la banque d’affaires. Dans le domaine du numérique, il est très souhaitable d’instaurer des règles claires en cloisonnant les services aux consommateurs d’une part et la monétisation de ces services d’autre part.

      Ces dispositions permettraient de beaucoup mieux contrôler la manière dont sont utilisées nos données personnelles et éviteraient les dérapages qu’on a pu parfois constater. Se battre pour un Internet ouvert, ce n’est pas seulement défendre un principe abstrait, mais tenter de protéger concrètement nos modes de vie et nos choix individuels. Il y a donc urgence à agir. C’est ainsi, et ainsi seulement, que l’on rouvrira le Web à la liberté d’entreprendre et aussi à une vraie liberté de choix pour les internautes. C’est l’essence même d’Internet. Et c’est ce que nous devons, collectivement, protéger à tout prix.

      Jean-Baptiste Rudelle, fondateur et PDG de Criteo, leader mondial sur le marché du ciblage publicitaire et cofondateur du Galion Project, un groupe de réflexion de la tech qui regroupe 250 entrepreneurs qui recherche le partage des bonnes pratiques entre entrepreneurs du numérique.

  • Médecins du monde : « La grève des urgences, signe d’une dégradation généralisée de l’accès aux soins »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/17/medecins-du-monde-la-greve-des-urgences-signe-d-une-degradation-generalisee-

    <b>Tribune</b>. La grève des personnels de santé travaillant dans les services d’urgence des hôpitaux partout en France était prévisible. Ce mouvement, …

  • « Les noms “autrice”, “officière”, “professeuse”… existent depuis des siècles. Ils avaient juste été condamnés par des idéologues masculinistes »

    Dans une tribune au « Monde », la linguiste Eliane Viennot et le juriste Benjamin Moron-Puech pensent que l’#écriture_égalitaire permet de renouer avec des #usages éliminés pour des raisons discutables.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/11/les-noms-autrice-officiere-professeuse-existent-depuis-des-siecles_5487951_3

    #féminisation #métiers #français #écriture_inclusive #égalité #femmes #égalité

  • « Il faudra bien réfléchir avant d’adjoindre au CSA un haut conseil agissant “au nom de la science” »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/06/il-faudra-bien-reflechir-avant-d-adjoindre-au-csa-un-haut-conseil-agissant-a

    Chronique. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a rendu, le 1er juillet, son avis sur le dossier glyphosate d’« Envoyé spécial », diffusé par France 2 le 17 janvier 2019. Il n’a rien à reprocher au magazine, malgré la virulence des critiques formulées à son endroit – souvent sur la foi de faits imaginaires. Insatisfaits, certains ont aussitôt dénoncé un manque de jugement du CSA et réactivent cette vieille idée des académies : attacher au gendarme de l’audiovisuel un haut conseil à la science, une sorte de « ministère de la vérité scientifique ». Il faudra, dans ce cas, bien choisir les « ministres ».

    Au cours des derniers mois, L’Actualité chimique (la revue de la société savante des chimistes français) a, par exemple, publié plusieurs chroniques climatosceptiques – l’une allant jusqu’à mettre sur un pied de quasi-égalité le mouvement antivaccinal et la mobilisation contre le réchauffement. En mai, sous les protestations, la publication a retiré l’un des textes litigieux.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le glyphosate et deux insecticides accusés d’augmenter les risques de lymphomes

    Ce genre de situation n’a rien d’exceptionnel. Un regard rétrospectif sur la manière dont s’est propagée la vulgate climatosceptique ces dernières années suggère que ce sont des scientifiques, bien plus que des journalistes, qui en ont été les principaux moteurs. Sur le réchauffement, les tribunes ou les ouvrages les plus trompeurs ont été publiés sous d’éminentes signatures issues des sciences économiques, de la géologie, de la géographie, de la microbiologie, de la physique des semi-conducteurs, des mathématiques, de la chimie… Forts de leurs titres académiques, des scientifiques s’exprimant hors de leur champ de compétence ont largement contribué à tromper le public et les décideurs sur l’une des plus graves questions de notre temps.

    De fait, en France, le principal bastion climatosceptique n’était ni une sombre église obscurantiste ni un mouvement d’homéopathes radicalisés : c’était l’Académie des sciences.

    Il est incontestable que, de manière générale, la presse est sujette à un biais d’exagération et de spectacularisation des faits. Mais il est tout aussi incontestable que l’establishment scientifique souffre du biais inverse de conservatisme, et il n’est pas certain que l’un soit toujours préférable à l’autre. Il n’est pas non plus certain que les travers dont est souvent accusée la première soient toujours étrangers au second.

    #Science #Médias #Climat