Enterrer la Nakba : Comment Israël cache systématiquement les preuves de l’expulsion des Arabes en 1948

/enterrer-la-nakba-comment-israel-cache-

  • Enterrer la Nakba : Comment Israël cache systématiquement les preuves de l’expulsion des Arabes en 1948
    Hagar Shezaf – Haaretz - 5 juillet 2019 | Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/07/11/enterrer-la-nakba-comment-israel-cache-systematiquement-les-pre

    Forces internationales supervisant l’évacuation de l’Irak al-Manshiyya, près de l’actuel Kiryat Gat, en mars 1949. Collection des Archives d’État de Benno Rothenberg/Israël

    Depuis le début de la dernière décennie, des équipes du ministère de la Défense ont nettoyé les archives locales et retiré des collections de documents historiques pour cacher les preuves de la Nakba.

    Il y a quatre ans, l’historienne Tamar Novick a été secouée à la lecture d’un document qu’elle a découvert dans le dossier de Yosef Vashitz, du département arabe du parti de gauche Mapam, dans les archives de Yad Yaari à Givat Haviva. Le document, qui semblait décrire certains événemets survenus pendant la guerre de 1948, commençait ainsi :

    « Safsaf [ancien village palestinien proche de Safed] – 52 hommes ont été capturés, attachés les uns aux autres, on a creusé une fosse et on les a abattus. 10 tressaillaient encore. Des femmes sont venues, demandèrent grâce. Trouvé les corps de 6 vieillards. Il y avait 61 cadavres. 3 cas de viol, un à l’est de Safed, une fille de 14 ans, 4 hommes tués par balle. L’un d’eux, les doigts coupés au couteau pour prendre la bague. »

    Le rédacteur continue à décrire d’autres massacres, pillages et abus perpétrés par les forces israéliennes pendant la Guerre d’Indépendance d’Israël. « Il n’y a pas de nom sur le document et il est difficile de savoir qui en est l’auteur », dit Dr. Novick à Haaretz. « Par ailleurs, il s’interrompt en plein milieu. J’ai trouvé cela très perturbant. Je savais que trouver un document comme celui-là me donnait la responsabilité de clarifier ce qui s’était passé. »

    Le village de Safsaf en Haute Galilée a été pris par les Forces de Défense Israéliennes au cours de l’Opération Hiram vers la fin de 1948. Le moshav Safsufa a été construit sur ses ruines. On a dit au cours des années que la Septième Brigade avait commis des crimes dans ce village. Ces accusations sont étayées par le document trouvé par Novick et que les chercheurs ne connaissaient pas au préalable. Cela pourrait également constituer une preuve supplémentaire que les hauts gradés israéliens étaient au courant de ce qui se passait en temps réel.

    Novick décida de consulter d’autres historiens à propos de ce document. Benny Morris, dont les livres sont des textes fondamentaux pour l’étude de la Nakba – la « calamité », terme auquel se réfèrent les Palestiniens pour évoquer l’émigration massive des Arabes hors du pays au cours de la guerre de 1948 – lui a dit que lui aussi avait vu le même genre de documents dans le passé. Il faisait référence à des notes prises par un membre du Comité Central du Mapam, Aharon Cohen, sur la base d’un exposé fait en novembre 1948 par Israel Galili, ancien chef de cabinet de la milice Haganah, qui donna ensuite les FDI. Dans ce cas, les notes de Cohen, publiées par Morris, déclaraient : « Safsaf 52 hommes attachés avec une corde. Jetés dans une fosse et abattus. 10 sont morts. Des femmes invoquèrent miséricorde. [il y a eu] 3 cas de viol. Arrêtés et relâchés. Une fille de 14 ans a été violée. 4 autres ont été tuées. prises au couteau. »

    La note de bas de page de Morris (dans son ouvrage fondateur « La Naissance du problème des Réfugiés Palestiniens, 1947-1949 ») établit que ce document a également été trouvé dans les Archives de Yad Yaari. Mais quand Novick est revenue pour examiner le document, elle a été très surprise de découvrir qu’il n’était plus là. (...)

    traduction de cet article : https://seenthis.net/messages/791242