• En patriarchie, personne ne vous entend crier | Rebecca Solnit
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/07/24/en-patriarchie-personne-ne-vous-entend-crier

    L’un de mes livres préférés quand j’étais jeune était « La Quête du roi Arthur » de T. H. White ; et l’un de ses thèmes centraux est la tentative du roi Arthur de remplacer un ethos de « la loi du plus fort » par quelque chose de plus juste. Source : Entre les lignes entre les mots

  • J’écoute mal un sot qui veut que je le craigne | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/07/24/jecoute-mal-un-sot-qui-veut-que-je-craigne

    Marion Carbillet et Hélène Mulot parlent de leur métier de professeures documentalistes, du déploiement des technologies numériques, de la transformation de la profession d’enseignantes, « Il y a une dizaine d’années, nous sommes retrouvées en grand questionnement sur les contenus à transmettre aux adolescents que nous avions face à nous. Comment accompagner leurs pratiques de recherche d’information, leur utilisation des blogs, des forums, des médias sociaux ? »

    Elles abordent les libres savoirs, les communs, « La réflexion autour des communs de la connaissance nous a apporté un cadre nouveau, stimulant », la modification de leurs postures et de leurs pratiques, « Nous avons développé une posture qui nous incite à : accueillir des savoirs qui ne viennent pas nécessairement de l’école elle-même, notamment sur les outils numériques ; favoriser l’apprentissage de pair à pair et le lien à autrui à travers des activités multiples sans cesse enrichies ».

    Je souligne les questions autour de l’apprentissage : « comment aider les élèves à développer des dispositions durables à l’apprentissage pour trouver, construire et enrichir les ressources et connaissances dont ils ont besoin ? / comment entretenir chez eux le goût de partager ces connaissances tout au long de leur vie ? / comment enfin, développer individuellement et collectivement, par la connaissance d’eux-mêmes et le lien à autrui, leur pouvoir d’agir sur le monde ? »

    Dans ce livre, il s’agit, pour elles, d’assumer la complexité, d’être résolument guidées par la dimension collective, orientées vers l’acquisition d’un pouvoir d’agir, de favoriser le débat contradictoire et la négociation pour atteindre des points de consensus…

    Les autrices questionnent les outils web et leurs utilisations dans le cadre de l’école, invitent à débattre avec les élèves autour de la philosophie et du financement de ces outils, « De la même manière, toute utilisation d’un outil qui enferme les utilisateurs, ou qui se finance par la captation de données personnelles, devrait pouvoir faire l’objet d’une étude critique et argumentée », soulignent l’exigence « de formation à l’esprit critique ». Elles interrogent sur l’enseignement du web, rappellent que « le web n’est pas seulement une interface donnant accès à des documents, c’est un véritable espace social, un environnement dans lequel les individus évoluent et se construisent ».

    Il faut « identifier les outils communs à tous et réfléchir à leur fonctionnement », mettre des mots sur « des pratiques quotidiennes qui ne sont jamais arrivées en conscience », permettre aux élèves de gérer leur « présence numérique » (ce terme me paraît particulièrement adéquat) et anticiper les traces qu’elles et ils (iels) laissent, comprendre que les activités en ligne n’ont rien d’immatériel, dépasser un certain sentiment de magie, comprendre comment « derrière une illusion de gratuité » les données sont monétisées et le ciblage de la publicité construite… sans oublier le droit à l’oubli et le droit au changement d’opinion.

    J’ai particulièrement été intéressé par le chapitre III, La copie : Au cœur du patrimoine culturel. Les autrices discutent de la transmission, de culture partagée, de copie, « La copie est utilisée toujours pour la diffusion comme pour l’acquisition personnelle du savoir ».

    Marion Carbillet et Hélène Mulot détaillent la place des savoirs dans les relations sociales, la fiabilité et la qualité des informations, le travail par controverse, les savoirs « dans le triple lien à soi, aux autres et à l’environnement », le co-enseignements avec les élèves, la construction d’« une autorité collective » et l’exemple de Wikipédia, le contrôle des informations, la place du doute et de l’esprit critique, l’étude et la participation, les savoirs en réseau, l’éducation populaire, la critique de l’organisation du travail, l’entraide des utilisateurs et utilisatrices, les limites de la division en catégories, les formes scolaires de la transmission, les pédagogies actives, le plaisir d’apprendre, la coopération et les apprentissages, les projets participatifs, les savoirs multiples et les échanges réciproques…

    Le dernier chapitre est justement intitulé : A l’école du pouvoir d’agir.

    Les autrices écrivent, entre autres, sur le questionnement de « ses connaissances, ses croyances et ses valeurs », l’autoformation « à visée émancipatrice et libératrice, qui relie l’individu et le collectif », la multiplication des expériences, l’observation d’un e « pair » qu’on estime semblable à soi, le choix des buts et des moyens, le désir d’apprendre, la notion d’« environnement capacitant », les initiatives des élèves, l’inclusion et l’interaction, les situations de handicap, l’aspect oppressif des livres sur certain·es élèves, le besoin de déconnexion, les systèmes attentionnels, les ateliers pour exercer son attention et l’exemple de « Silence on lit », les projets collectifs, la place de la solitude, les corps…

    « En écrivant ce livre, nous avons nous-mêmes énormément appris car nous avons été amenées à lire, chercher des informations dans de multiples domaines, formuler des pensées, préciser notre vocabulaire et tisser nos liens de compréhension entre les résultats des chercheurs dont nous avons consulté les écrits ».

    #C&F_éditions #Marion_Carbillet #Hélène_Mulot #Ecole_partage