• Contrarié par les chiffres de la déforestation, Jair Bolsonaro menace l’institut qui les divulgue
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/contrarie-par-les-chiffres-de-deforestation-jair-bolsonaro-menace-l-institut

    Le directeur de l’organisme public brésilien chargé de mesurer la déforestation accuse le président d’extrême droite de « lâcheté ».

    Il a d’abord critiqué le messager, suspecté d’officier en secret pour quelque ONG de défense de l’environnement aux financements obscurs. Puis il s’en est pris au message, si « alarmiste » qu’il pourrait nuire au pays. En l’espace de quarante-huit heures, le chef d’Etat brésilien, Jair Bolsonaro, a lancé l’offensive contre l’Institut national de recherches spatiales (INPE) et son directeur, Ricardo Galvao, qui rendent compte chaque mois de la progression dramatique de la déforestation amazonienne.

    Lundi 22 juillet, avec une ingénuité désarmante, le président a avoué « ne pas vouloir être pris par surprise » par des informations qu’il pense « exagérées » et à même de porter préjudice à des négociations commerciales importantes. En juin, lors du G20 d’Osaka, au Japon, l’Allemagne et la France avaient fait du respect des engagements climatiques du Brésil un préalable à la signature de l’accord de libre-échange entre les pays du Mercosul (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) et l’Union européenne.

    Alarmantes, les statistiques le sont. En mai, l’INPE faisait état de 739 kilomètres carrés déforestés, soit l’équivalent de deux terrains de football rasés chaque minute. En juin, le chiffre a atteint 920 kilomètres carrés, soit une hausse de 88 % par rapport au même mois en 2018. Cette évolution dramatique risque de se poursuivre en juillet, avec des données préliminaires faisant état d’une hausse de la déforestation avoisinant les 70 %.

    Ces chiffres, obtenus à partir d’images satellites, déplaisent au dirigeant d’extrême droite, qui les a qualifiés, vendredi 19 juillet, devant la presse internationale, de « mensongers ». Promettant de convoquer le directeur de l’organisme d’Etat pour qu’il vienne s’expliquer, le président dit avoir la « conviction » que ces données sont biaisées. « Si l’on faisait la somme de la déforestation annoncée ces dix dernières années, l’Amazonie aurait déjà disparu. Je comprends la nécessité de préserver, mais la psychose environnementale n’existera plus »