• Les mesures du gouvernement constituent "une régression intellectuelle et politique considérable"
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/06/les-mesures-du-gouvernement-constituent-une-regression-intellectuelle-et-pol

    Le gouvernement prévoit une hausse de la TVA de 19,6 % à 20 %, est-ce une bonne solution ?

    Il me semble que c’est ce qui a été annulé l’été dernier [la TVA sociale]... Avec la TVA, malgré tous les taux réduits, le ciblage social obtenu est toujours moins bien qu’avec l’impôt direct : l’assiette de la CSG est deux fois plus large que celle de la TVA. Si l’on a inventé l’impôt direct au XXe siècle, c’est parce qu’il permet de répartir la charge fiscale en fonction du niveau de revenus.

    Le fait que la gauche en arrive aujourd’hui avec comme seul horizon fiscal un bidouillage sur le taux de TVA sur les produits de première nécessité tout en augmentant le taux général, c’est une régression intellectuelle et politique considérable ! C’est un fusil à un coup, on ne voit pas assez à long teme ; on ne va pas pouvoir augmenter la TVA indéfiniment. Mais, même si je pense qu’il vaut mieux financer la protection sociale par une CSG progressive, c’est mieux que de ne rien faire du tout.

    Il est également prévu de mettre en place un crédit d’impôt pour les entreprises « pour la compétitivité et l’emploi ».

    A priori, je suis sceptique. Soit il est proportionnel à la masse salariale, et c’est équivalent à une baisse du taux de cotisation patronale, soit il est proportionnel à la variation de masse salariale d’une année sur l’autre – donc aux créations d’emploi –, ce que je crains. Et dans ce cas, on s’oriente vers une énorme usine à gaz. Tout cela ne ressemble pas à une réforme fiscale claire et lisible.

    Justement, cette réforme fiscale « claire et lisible » que vous appeliez semble avoir été abandonnée...

    Je pense que cela vient d’une part d’un manque de courage politique et du fait qu’il n’y ait jamais eu, de la part de François Hollande, de volonté de remise à plat du système fiscal, ce dont je m’étais rendu compte dès janvier 2011. Tout le monde fait semblant d’être pour la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG mais, en fait, aucun des points litigieux n’est jamais tranché, comme la question du prélèvement à la source ou le maintien ou non du quotient conjugal.

    Ce n’est qu’une question de volonté politique ?

    Ce qui m’inquiète le plus, c’est que j’ai l’impression qu’il y a également une part d’incompétence. Il y un côté vase clos de l’administration qui fait que les gens aujourd’hui au pouvoir ont tous des expériences très franco-françaises et une connaissance des réformes fiscales dans le monde à peu près nulle.

    Quand je leur parle de CSG progressive ou de prélèvement à la source, ils se mettent dans tous leurs états. [Le ministre du budget] Jérôme Cahuzac a passé tellement de temps dans les micro amendements en commission des finances [dont il était le président], à changer des virgules dans le code des impôts, qu’il se noie dans un verre d’eau quand vous lui parlez d’une réforme un peu globale.

    Or, la politique économique du gouvernement montre là les impasses d’une approche gradualiste : vous vous faites plein d’ennemis à chaque fois que vous supprimez une niche, et vous n’arriverez jamais au bout du processus. Sans compter que vous singularisez les perdants en les désignant individuellement.

    On a besoin d’une réforme fiscale d’ensemble pour des raisons de justice fiscale, mais aussi d’efficacité. Notre système fiscal est extraordinairement complexe et archaïque par certains côtés, et la gauche néglige totalement le fait que si on veut sauver notre modèle social français et européen, nous avons besoin de moderniser en profondeur notre système de recettes et de dépenses.

  • Vingt milliards de baisse d’impôts sur trois ans pour les entreprises
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/06/vingt-milliards-de-baisse-d-impots-sur-trois-ans-pour-les-entreprises_178628

    La lettre est un peu différente, mais l’esprit est sensiblement le même. A quelques exceptions près, comme la poursuite de l’exploitation du gaz de schiste, les principales recommandations du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité seront suivies par le gouvernement. Jean-Marc Ayrault s’y est engagé, mardi 6 novembre, à l’issue d’un séminaire organisé au lendemain de la publication de ce rapport.

    Pour redonner un ballon d’oxygène aux entreprises, M. Gallois proposait de baisser les charges patronales de 20 milliards d’euros et les charges salariales de 10 milliards, comme le demandait le Medef.[...]Ainsi, sur les 20 milliards de baisse de charges patronales, dix seront effectifs dès la première année, l’autre moitié devant entrer en vigueur les deux années suivantes. [...]le premier ministre n’a pas retenu en revanche l’idée d’une baisse des charges salariales

    L’exécutif assure par ailleurs qu’il financera la moitié des 20 milliards d’allègements de charges par une nouvelle baisse de la dépense publique. Etalée sur 2014 et 2015, cette réduction pourrait viser l’assurance-maladie et les collectivités locales, pourtant déjà mises à la diète.

    Ayrault Medef, même combat
    #socialiste

    • Le taux normal de TVA, qui pèse sur la plupart des biens et des services, passera ainsi de 19,6 % à 20 % en 2014, tandis que le taux intermédiaire, qui concerne notamment la restauration et les travaux à domicile, passera de 7 % à 10 %.

    • Pour faire passer la pilule, il appelle les entreprises à prendre leurs responsabilités en termes d’investissement et d’emploi. « Un comité de suivi du pacte associant l’Etat et les partenaires sociaux sera mis en place pour dresser à intervalles réguliers un constat partagé sur le bon fonctionnement du dispositif », a précisé M. Ayrault. Le dispositif n’a toutefois pas de caractère coercitif. Le premier ministre n’a ainsi pas retenu l’option défendue par Arnaud Montebourg d’une véritable conditionnalité des aides aux entreprises

      «Soyez sages les enfants.»