Une saison meurtrière pour les rennes du Svalbard, en Norvège

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  • Une saison meurtrière pour les rennes du Svalbard, en Norvège
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    Les chercheurs de l’institut polaire norvégien Hamish Burnett et Mads Forchhammer près du cadavre d’un renne sur l’île de Longyearbyen dans l’archipel norvégien des Svalbard, en juin.
    SIRI ULDAL / NORWEGIAN POLAR INSTITUTE /AFP_

    Quelque 200 bêtes ont été retrouvées mortes par l’Institut polaire norvégien, lors de son opération annuelle de recensement.

    De retour de son expédition annuelle de recensement des rennes du Spitzberg sur l’archipel du Svalbard, à quelques centaines de kilomètres du pôle Nord, Ashild Onvik Pedersen, chercheuse à l’Institut polaire norvégien, sonne l’alarme. Plus de deux cents rennes ont été trouvés morts de faim durant l’été, la plupart dans Adventdalen. Jamais elle n’a trouvé autant de cadavres. « C’est une expérience terrible de trouver autant d’animaux morts », dit-elle.

    Pour l’Institut, qui procède à ce travail d’observation des rennes du Spitzberg tous les étés depuis quarante ans dans le cadre d’un programme scientifique, le réchauffement climatique est sans la moindre hésitation à l’origine du drame. « L’impact du changement climatique s’observe de deux façons, explique Ashild Onvik Pedersen au Monde. Il y a maintenant de la pluie en hiver dans le Haut-Arctique, ce qui entraîne, quand le froid passe dessus, la formation de couches de glace qui interdisent l’accès à la végétation. Ensuite, le réchauffement des températures l’été transforme le paysage, l’herbe des pâturages devient meilleure ici, donc la population de rennes augmente, ce qui induit plus de compétition entre les animaux. »

    Cette concurrence a des conséquences dramatiques l’hiver, quand le nombre de rennes est trop important pour une nourriture qui devient plus rare et difficilement accessible sous la glace, d’où une mortalité bien plus grande. « Il sera sans doute plus commun à l’avenir de constater des variations très importantes dans les deux sens, note Ashild Onvik Pedersen, avec une population de rennes importante du fait des bons pâturages d’été, mais une mortalité importante à cause de la rareté de la nourriture l’hiver. »