Donner le nom de la mère à son enfant, une pratique encore rare |

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  • je lis ici :

    https://seenthis.net/messages/796347

    d’étranges déclarations associant le fait de donner à son enfant le nom de sa mère plutôt que celui de son père à un geste féministe (dit ici anti patriarcal , après une description inédite de la fécondation sur laquelle il vaut mieux ne pas s’étendre).

    Hm. Comme disait le père Flaubert, on voit tout en bleu quand on porte des lunettes bleues... Mon fils porte le nom de sa mère parce que je l’ai désiré. Et je l’ai désiré parce que je ne voulais rien transmettre de ma généalogie à qui que ce soit, pas même mon nom. Autant dire qu’on est assez loin d’un geste féministe, je l’ai fait pour des raisons tout-à fait autocentrées et égoïstes, contre lesquelles ma compagne n’a rien eu à dire. J’ai rarement été aussi peu soucieux de ses désirs que ce jour-là.

    • Si j’avais porté le nom de ma mère, j’aurais porté le nom d’un grand-père que je n’aimais guère et dont je dirais que les vues étaient pour le moins conservatrices. Je porte le nom de mes grands parents flamands dont je ne suis pas contemporains dont je ne connais que quelques histoires saillantes, du côté de ma grand-mère maternelle des membres de ma famille ont été torturés et tués par les Nazis au cours de l’opération Fortitude, quant à mon grand-père paternel, j’ai, semble-t-il, hérité d’un certain goût pour les échecs et la peinture flamande. De Jonckheere est un nom extrêmement courant en Flandre qui veut dire en flamand le jeune homme. La plupart de mes nombreuses cousines et cousins sont des gens du Nord avec lesquels j’ai des relations très chaleureuses. De Jonckheere cela me va finalement très bien comme nom, je ne le vois pas souvent correctement orthographié mais cela me va bien. J’ai par ailleurs depuis quelques années un rapport plutôt pacifié avec mes parents (merci la psychanalyse), j’ai des rapports chaleureux avec mes cousins du côté paternel et aucun rapport avec mes cousins du côté maternel, donc le nom de famille pour moi ce n’est pas un casse-tête, en dépit de son orthographe. Et c’est sans doute ce qui explique, sauf une très rare exception, que je signe tous mes textes et mes travaux de mon vrai nom.

      Quand je vivais aux États-Unis j’ai du me marier avec ma compagne américaine pour résoudre l’épineux problème de l’immigration/émigration. Ma compagne a hésité à prendre mon nom pour se couper de celui de son père qui avait été un tyran et un prédateur toute son enfance, en revanche l’exotisme du nom en question l’a fait reculer. Elle a essayé l’hyphenation comme on dit là bas, pour me faire plaisir croyait-elle, je l’ai rassurée sur ce point : je n’avais aucun désir de ce genre, bien entendu. Elle a finalement gardé son nom ce qui était aussi bien d’autant que ce nom commençait à avoir une certaine notoriété dans son domaine. C’est apparemment encore le nom qu’elle porte aujourd’hui, je ne l’ai plus revue depuis 1994.

      Quelques années plus tard ma nouvelle compagne portait, elle, le nom de son ancien mari (et avait deux enfants qui portaient ce même nom) et il était impensable pour elle de porter le nom de son père pour des raisons toujours les mêmes de violence et de prédation sexuelle et bien d’autres choses encore moins reluisantes, c’est dire. Quand nos enfants sont nés, nous leur avons donné mon nom puisqu’il n’était pas question de donner à ces enfants le nom de leur grand-père maternel ou celui de l’ancien mari de leur mère, qui est par ailleurs le nom de famille de leurs grands frère et sœur. A partir de là cela devient très compliqué parce que mes enfants sont en fait les derniers arrivés dans un fratrie qui s’étend sur plus de cinquante ans. Quand la dernière née, Zoé, est venue au monde, ses grands frère et sœur avaient d’autres demi-frères âgés de plus de cinquante ans, ce qui fait, pour les amateurs et amatrices d’énigmes que mes petites-filles nées récemment ont des oncles plus âgés que sa grand-mère et un cousin qui est plus âgé que certains de ses oncles et tantes (bon courage).

      Je suis donc le père de trois enfants qui portent le nom de mon père et de mon grand-père, nom d’origine flamande, mon grand-père étant originaire d’Ieper (Ypres). Comme dirait Zoé dyslexique, s’appeler De Jonckheere quand on est dyslexique c’est assez comique. Émile qui est autiste sait écrire son nom de famille depuis très peu de temps, depuis sa majorité en fait. Je suis par ailleurs l’ancien beau-père de deux autres jeunes gens avec lesquels je continue d’avoir des relations quasi filiales et qui eux portaient jusqu’à récemment le nom de leur père. Julia en se mariant il y a six ans a accolé le nom salvadorien de son mari à son nom français et pour une psychologue c’est la classe internationale, ça fait vraiment nom de psychanalyste. Par ailleurs Julia et son mari ont désormais deux petites filles, qui portent le nom composé de leurs deux parents, la plus grande d’entre elles qui a l’âge de parler m’appelle Pépé, plus souvent Pépé-Phil. Elle ne semble pas trop troublée d’avoir trois grand-pères, son grand-père paternel salvadorien avec lequel elle échange en espagnol, son grand-père maternel français et Pépé-Phil ou Pépé-sanglier. Clément s’est aussi marié et sa jeune épouse a voulu prendre son nom et même laisser celui de son père. Je ne sais rien de ses raisons. Mes filles plus tard feront bien ce qu’elles voudront aussi pour elles-mêmes si elles se marient que pour leurs enfants si elles en ont.

      Quant à Émile qui sait ?

    • @philippe_de_jonckheere ce fil de conversation est une mine assez fascinante de déclarations hors-sol. J’évoquais plus haut la description burlesque de la fécondation, et je lis, en commentaire, ceci :

      Pour les généalogistes et études de la filiation cela ne posera aucun problème, on a l’ADN et facebook plus besoin de patronymes ni de matronyme.

      C’est... C’est merveilleux... Je suis épaté par cette fulgurance...

    • 1) La description n’a rien de burlesque, c’est une suite de faits, parfaitement « sourçables », et qui ne sont pas des cas minoritaires, mais bien une bonne partie voire pour certains points la majorité de ce qui se passe. C’est donc plutôt triste, ou énervant, ou autre, mais pas vraiment burlesque, malheureusement.

      2) Pour la filiation avec FB, je sais pas trop quoi dire, si on voit pas l’ironie… Moi j’ai ris à cette phrase.

    • @rastapopoulos
       ?
      de quoi tu parles ?
      Ce que je lis, là, comme description de la fécondation :

      « après avoir utiliser le corps d’une autre pour transmettre son ADN, au risque de sa santé physique (les femmes peuvent mourir, subir l’épisiotomie, chopper des fuites urinaires et une collection de problèmes de santé à vie sympas comme des fistules anales ou des descentes d’organes) , psychique (c’est souvent l’occasion de remontés traumatique et dépression pour les mères) , sociale (perte de statu sociale, de réseau... ) et économique (perte de salaire, mise au placard, mi-temps imposé...) et d’en tiré bénéfices sur tous les plans au détriment de la mère (augmentation de salaire, de statu, baisse d’impôts, ménagère gratuite et soumise économiquement...) , après tout ça les hommes osent encore y adjoindre leur nom en couronnement de leurs privilèges. »

      ça te va ? C’est ça, en fait, la fécondation ? C’est un type qui utilise un corps de femme pour transmettre son ADN (ah, on transmet son ADN, c’est sourcé ? Je serais ravi de voir les sources) ? Et être enceinte, c’est une sorte de traumatisme délétère infligé par un sexe à un autre ? etc ? Ne pas prendre ça pour burlesque serait risquer de s’en attrister profondément. J’ai choisi d’en rire.

      Quant à l’ironie, c’est une question de moyens.
      C’est le moment de sourcer. Si tu as une source pour un autre moment d’ironie, d’humour, de la part de la même rédactrice, je fais amende honorable.