• La mairie de Paimpol saccagée dans la nuit de mardi à mercredi - Paimpol - Le Télégramme
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    Pour rentrer, le ou les casseurs ont brisé la vitre d’une des portes latérales, à l’arrière de la mairie. En s’aidant à la fois d’une grosse pierre et du défibrillateur attenant, lui aussi hors d’usage.
    Le Télégramme/Marie-Hélène Clam

    La mairie de Paimpol a été vandalisée, dans la nuit de mardi à mercredi. Pas de vol à déplorer mais beaucoup de dégâts, notamment le service de l’état civil, complètement hors d’usage.

    « C’est du vandalisme pur ». Ce mercredi matin, devant la porte arrière de la mairie, dont la vitre a été brisée, la maire, Fanny Chappé, revenait sur les événements de la nuit. « L’alarme s’est déclenchée à 4 h du matin et nous avons retrouvé le bureau des services de l’état civil complètement saccagé, les meubles, les ordinateurs sens dessus dessous, cassés ». Résultat : un service complètement hors d’usage. En revanche, pas de visite malveillante du côté de l’accueil ou des étages du bâtiment.

    Une plainte a été déposée auprès de la gendarmerie de Paimpol. D’après les premières constatations, rien n’aurait été volé, et pas d’intrusion non plus sur les disques durs des ordinateurs.

    Les communes voisines solidaires
    Après le passage des enquêteurs, les agents ont passé la matinée à déblayer et à ranger, tout en maintenant une permanence téléphonique. « C’était une priorité d’assurer ces services auprès de la population et les personnes qui avaient un rendez-vous sont ou vont être rappelées », promet l’élue qui a fait appel aux communes voisines pour traiter les demandes urgentes. Elle a ainsi contacté les mairies de Guingamp, Saint-Brieuc, Bégard et Lannion pour prendre le relais des demandes urgentes, dont celles de passeport et de pièces d’identité. « Toutes ont répondu favorablement, une vraie solidarité s’est mise en place ».

    Tensions palpables
    Même si la maire se garde bien d’y voir un lien avec d’autres violences constatées ici ou là en ville - l’enquête est en cours - elle reconnaît que « la tension est palpable, en particulier sur les événements culturels ». La semaine dernière, aux Mardis du port, des élus s’étaient fait traiter de « fachos » et de « collabos ». Ce mardi soir même, des heurts ont encore éclaté à l’entrée du fest-noz, avec des anti passe sanitaire un brin virulents. Sans oublier les tensions au centre de vaccination, le 28 juillet dernier, où des agents avaient été l’objet d’actes d’intimidation ou d’insultes, mais cette fois de personnes très pressées de se faire vacciner.

  • À Paimpol, le maire sortant réclame des élections « dans des conditions normales » - Paimpol - Le Télégramme
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    Jean-Yves de Chaisemartin, le soir du premier tour, après le résultat et les 21 voix d’écart. Il parlait alors de « hold-up ».

    Jean-Yves de Chaisemartin poursuit ses actions pour faire annuler le premier tour des élections municipales. Après un recours, le maire sortant de Paimpol écrit, via l’association 50 millions d’électeurs ! (†) au Président et aux parlementaires.

    Vous avez déjà déposé un recours devant la justice. Pourquoi ces courriers au Président de la République et aux parlementaires ?
    Cette volonté d’annulation pèse 2 700 recours, pour l’instant, auprès du tribunal administratif, ce qui inédit. Il y a des sujets paimpolais, mais il y a une problématique globale, qui est ce problème d’égalité des communes face au scrutin municipal. On met en cause la sincérité du vote. Comme des catégories entières de la population n’ont pas pu aller voter à cause de la pandémie, le maintien de ce premier tour a altéré la sincérité du scrutin. Sincérité, ça se comprend bien dans le bon sens, et cela a aussi une valeur juridique, constitutionnelle. Certains électeurs n’ont pas été libres d’aller voter : on pense en particulier aux Ehpad et aux résidences pour personnes âgées, à Paimpol.

    Vous souhaitiez pourtant le maintien de ce premier tour. La veille, quand des rumeurs évoquaient son annulation, vous parliez alors de déni de démocratie.
    La veille, comme le soir même, de mon point de vue, l’abstention n’était pas un sujet mais c’était avant de voir les chiffres. Je ne pensais pas que cela prendrait cette proportion-là. Au niveau national, moins de la moitié des gens sont allés voter. Chez nous, on a toujours été un peu plus citoyens que les autres, mais c’est quand même 13 % de votes en moins que la dernière fois. Quand c’est l’abstention qui gagne aux municipales, il y a quand même un os quelque part. Outre les personnes âgées, il y a aussi les jeunes parents qui ont été empêchés : j’ai plein de témoignages qui disent que les gens ne se sont pas sentis en confiance pour aller voter. C’étaient des circonstances inédites, exceptionnelles. C’est ce qu’on appelle l’abstention contrainte.

    Les nouveaux élus, ceux élus au premier tour, sont, selon vous, illégitimes ?
    Quand on pense avoir été élu avec 100 voix de moins que l’opposition en 2014, cela pose un problème de légitimité évidente. Certes, mon équipe a perdu presque 600 voix, dont acte. Le sujet n’est pas là. Si demain, c’est tout ce que je souhaite, il y a des élections organisées dans des conditions, sincères, normales, et qu’on se prenne une banane même de 20 voix, on se sera fait battre ; j’en ai déjà perdu des élections. Le sujet est global et il tient à l’égalité des citoyens devant leur vote et leur possibilité de voter. C’est ce qu’on dénonce au niveau national, sans polémique. Localement, si elle prétend (Fanny Chappé, NDLR) représenter plus de la moitié de la population, dans ce cas-là, rendez-vous dans les urnes…

    Qu’en est-il du recours ? Avez-vous bon espoir qu’il aboutisse ?
    Je ne suis ni juge ni avocat. Beaucoup ont témoigné leur agacement vis-à-vis de ma démarche, y compris en ligne. Je les invite à garder leur sang-froid. Cela fait partie de l’élection, le recours, il n’y a rien d’illégitime et d’anormal à vouloir porter recours si l’on considère qu’il y a eu matière à en faire un. On est juste en train de se battre pour qu’il y ait la meilleure représentation possible au conseil municipal de Paimpol, demain. Le tribunal rendra son verdict et on aura bouclé la boucle. Pour l’instant, le quotidien n’est pas rythmé par ça, mais par la gestion de la crise sanitaire. Mais évidemment, on commence à prévoir l’après.

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    (†) 50 millions d’électeurs ! a été créée le 10 avril à l’initiative de quatre maires - Renaud George, maire de Saint-Germain-au-Mont-d’Or (Rhône), Yves d’Amécourt, maire de Sauveterre (Gironde), Thomas Vidal, maire de Val d’Aigoual (Gard) et Jean-Yves de Chaisemartin qui en est le secrétaire général. Ils plaident pour une annulation complète du premier tour et un report des élections municipales pour toutes les communes.

  • Erwan Bouliou. Dans la peau du policier 2.0 - Paimpol - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/paimpol/erwan-bouliou-dans-la-peau-du-policier-2-0-25-08-2019-12366901.php


    Les compétences d’Erwan Bouliou lui valent d’intégrer l’Association francophone des spécialistes de l’investigation numérique.
    Le Télégramme/Dimitri Rouchon-Borie

    Pendant des années, le major Erwan Bouliou a traqué dans la plus grande discrétion les pirates émergents du web. Aujourd’hui, le Paimpolais forme les policiers de la France entière au vertige des investigations cyber.

    Le major Bouliou est un expert autant qu’un témoin. C’est que ce flic breton - 100 % Paimpolais surtout - a mis les mains dans le cambouis des enquêtes cyber en pleine genèse du réseau mondial. Au moment balbutiant des premiers bals sur la toile. Quand naissaient en même temps l’internaute naïf et son jumeau sombre : le cyber escroc. Aujourd’hui, il met sa science des rouages barbares 2.0 au service d’une autre exigence : la formation de tous les policiers de France aux bases de l’investigation numérique. Et plus si affinités.

    Erwan Bouliou a pourtant commencé sa carrière sur le terrain. Police secours, avec « ses alcooliques et ses accidents ». Une sorte d’entrée dans la réalité autant qu’un pass pour acquérir une vraie culture du métier. Mais ses connaissances et son parcours scolaire lui ouvrent rapidement d’autres portes. Le voilà en service informatique. Une zone grise à l’époque des ordis encore tout beige. « On me ramenait les PC pour des affaires de pédophilie. Personne n’était formé à cette époque, il n’y avait pas de cadre légal pour la preuve numérique. La règle, c’était on fait comme on peut ».

    Yes card et pédophiles
    Il est muté en sûreté départementale, au moment où l’informatique « s’ajoute de plus en plus à l’enquête classique », à laquelle il se forme sur quelques belles affaires criminelles. « On est en 2002-2003, donc on commence à voir apparaître les premiers « pirates » informatiques. On avait des affaires de yes card et de pédophilie ». Il rejoint alors l’Office central de lutte contre le crime lié aux technologies de l’information et de la communication. Il y restera dix ans. Dix ans au cœur des investigations les plus sensibles en la matière. Avec « des dossiers qui sortent de l’ordinaire ». Une star française de la chanson dont le clip est piraté ? C’est lui qui joue sa meilleure partition pour interpeller les suspects. « En une semaine », sourit-il. «  C’étaient des gamins ».

    Greenpeace et EDF
    Plus sensible : les soupçons d’espionnage de Greenpeace par EDF, qu’il découvre à l’occasion d’une vaste enquête sur une affaire de dopage. « Il s’agissait de Floyd Landis. Contrôlé positif lors du Tour de France 2006. Le labo qui avait réalisé des analyses s’était fait pirater. Il nous a fallu deux ans pour remonter jusqu’au hacker. Sur son ordinateur, il y avait un fichier chiffré. On a réussi à le déchiffrer et c’est là qu’on a découvert un certain nombre de choses… » Il connaît encore toutes ses affaires par cœur. Mais l’enquêteur n’en dira pas plus.

    Suspect au Maroc et DGSE
    L’affaire a tout de même eu quelques échos dans la presse spécialisée. Le suspect avait été interpellé au Maroc, rapporte ainsi le site Legalis. « L’enquête, l’expertise informatique ainsi que les témoignages ont permis d’établir qu’un responsable sécurité d’EDF a conclu au bénéfice de son employeur un contrat avec Kargus Consultants, une société d’intelligence économique, portant sur la veille stratégique de Greenpeace et de ses activités antinucléaires, à partir de source ouverte. Ce contrat s’avérera être un habillage pour des activités beaucoup moins licites ».

    Une victime nommée… Jadot_
    C’est le responsable de Kargus, « un ancien de la DGSE » qui avait recruté le hacker installé au Maroc « en lui demandant de procéder à une surveillance offensive des ordinateurs de l’association écologiste et de la messagerie électronique de son directeur des programmes ». La justice avait prononcé plusieurs condamnations dans ce dossier. À l’époque, une des victimes est un certain… Yannick Jadot.

    En plus des « Perquiz dans des grosses boîtes du CAC 40 », il y a aussi ces surprises, comme l’interpellation d’un petit génie de l’informatique, âgé de 17 ans. Il avait trouvé une combine autour d’appels en absence surfacturés. Ou d’autres petits malins qui avaient mis au point des fausses applis lesquelles envoyaient à l’insu des victimes des rafales de SMS surtaxés à 4,50 euros. «  Il faut penser qu’à cette époque, la sécurité informatique, c’est zéro. Aujourd’hui il y a encore des failles mais ça n’a plus rien à voir ». Erwan Bouliou collabore avec des organismes internationaux, notamment la cour pénale internationale.

    Montée en puissance des formations
    Et puis un jour, il bascule. " Je suis passé du mode chasse au mode transmission ". Il atterrit à Rennes, au sein de la direction zonale. En 2014, il monte une petite formation à destination des enquêteurs du commissariat de Saint-Brieuc. Elle sera finalement déployée sur tout le territoire national police. « En 2019, on a formé en France 2 300 policiers, en 2018 on était à 1 500. Aujourd’hui. Il y a une volonté de monter en puissance et donc de former des enquêteurs mais aussi des primo intervenants. Le but est de pouvoir repérer certaines choses, et d’orienter au mieux les suites judiciaires en préservant l’intégrité des preuves ».

    Ses compétences lui valent d’intégrer le comité scientifique de l’Association francophone des spécialistes de l’investigation numérique. « On doit se tenir au courant de tout. Tous les trois ans par exemple, je repasse les tests pour conserver une certification d’enquêteur reconnue par les États-Unis ». Et dans un monde où tout est connecté « on n’a pas fini d’avoir du travail ».