Bretagne à cinq. J-J. Urvoas : « Un référendum possible en mars prochain » - La Bretagne à 5 en débat

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  • Bretagne à cinq. Ce sondage qui relance le débat - La Bretagne à 5 en débat - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/dossiers/reunification-bretagne-debat/reunification-de-la-bretagne-ce-sondage-qui-relance-le-debat-29-08-2019

    Porté par le collectif Dibab et le cercle de réflexion Breizh Civic Lab, un sondage sur l’hypothèse d’une région administrative à cinq départements () a été réalisé par l’institut TMO. En Bretagne, mais aussi en Loire-Atlantique. Le Télégramme en dévoile en exclusivité les résultats.

    Nantes… en Bretagne ? Combien de fois un résidant nantais en vacances à l’autre bout de la France n’a-t-il pas entendu cette question. Château des Ducs de Bretagne, tour Bretagne, reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne… Il faut dire que sur les bords de la Loire, les références à la péninsule sont légion. De quoi en faire perdre son breton, y compris dans les plus hautes sphères de l’État français. Il y a un peu plus de six mois, le Premier ministre Édouard Philippe lui-même se prenait les pieds dans le tapis territorial. Lors d’une visite à Nantes, il qualifiait alors, dans un savoureux lapsus, la patronne des Pays de la Loire, Christelle Morançais, de présidente du Conseil régional de… Bretagne.

    Véritable serpent de mer, la réunification est revenue sur le devant de la scène ces derniers mois avec la pétition de Bretagne Réunie (lire encadré). Et cette fois-ci, c’est un sondage qui vient d’être réalisé par l’institut rennais TMO, sous l’impulsion de Dibab et de Breizh Civic Lab, via un financement participatif. Voici ce que l’on peut en retenir.

    *Bretons jusqu’au bout des ongles
    Premier enseignement, les Bretons se sentent… bretons. Une « bretonnité » partagée par 87 % des résidents de la région administrative, soit 10 points de plus que la moyenne nationale et qu’un précédent sondage réalisé en 2009. « On aime vivre sur un territoire qui protège contre les vents mauvais de la mondialisation », analyse Vincent Guillaudeux, associé chez TMO. Et quand on pose la question en Loire-Atlantique, là encore, c’est le sentiment le plus partagé, avec 59 % des répondants se disant Bretons, dont 28 % très fortement. « Il y a beaucoup de références à la Bretagne en Loire-Atlantique. L’histoire du département est corrélée à l’histoire bretonne », explique le sondeur. Il est aussi moins facile de s’identifier aux Pays de la Loire qui « ont une cohérence identitaire moins forte ».

    Chauvins et confiants
    La Bretagne, ça vous gagne. 60 % des Bretons considèrent que la région réussit mieux que les autres (40 % quand on habite la Loire-Atlantique). « L’image de la Bretagne est positive et elle s’améliore. La dynamique régionale est bonne contrairement aux années 2012-2013 où, avec la crise de l’agroalimentaire, les Bretons avaient une lecture négative », souligne Vincent Guillaudeux. Mieux encore, 86 % des Bretons ont confiance dans la capacité de la Bretagne à relever les défis (78 % vu de Loire Atlantique).

    Rattachement : il n’y a pas photo mais…
    C’est LA question qui fâche et qui fait peur aux élus. Quand on interroge les Bretons, leur réponse est claire : ils sont plus nombreux à être favorables au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne (47 %) que défavorables (31 %). Un résultat qui bouge peu depuis 2009, fait remarquer TMO. Ils sont même 53 % de « pour » à Nantes et dans son département, contre 25 % d’opposants. C’est en Ille-et-Vilaine que l’on trouve le plus de « défavorables » à la réunification (38 %). Le risque pour Rennes de perdre son statut de capitale régionale au profit de Nantes explique ce résultat. Toutefois, pour Vincent Guillaudeux, « s’il y avait un référendum en Bretagne et en Loire-Atlantique, la situation serait très favorable au rattachement ». Même si le sondeur veut rester prudent. Car dans le détail, on distingue en réalité quatre groupes : les pro-rattachement (31 %), les anti-rattachement (28 %), les « ouverts, qui s’accommodent de la situation actuelle mais s’expriment en faveur d’un rattachement » (19 %) et les indifférents (22 %). Les blocs resteraient-ils aussi figés si un référendum était organisé ?

    Une envie de débattre
    Dans ces conditions, faut-il lancer un débat citoyen sur la question du rattachement ? Oui, répondent les sondés : à 60 % en Bretagne, 58 % chez leurs voisins ligériens. Et un référendum ? Assurément, pour 68 % des résidents de Bretagne et 63 % pour ceux de Loire-Atlantique. « Pour ou contre le rattachement, 78 % de la population a une opinion et considère que c’est un sujet », note le sondeur.

    Une Bretagne qui voterait ses propres lois ?
    Au-delà de ses questions territoriales, TMO s’est aussi penché sur la connaissance des Bretons de leur conseil régional. Verdict : il y a encore du travail de notoriété ! 61 % des sondés indiquent mal connaître ses compétences. Et 30 % ne savent pas dire s’ils sont satisfaits ou non du niveau d’autonomie dont dispose la Région. Paradoxalement, ils sont largement majoritaires (63 %) à vouloir voir le conseil régional prendre en charge des politiques publiques gérées au niveau national. Sujet parmi d’autres : 40 % aimeraient que la Bretagne ait sa propre équipe de football. Et ils sont même 35 % à souhaiter que la Bretagne puisse voter ses propres lois ! À travers la création d’une « Assemblée de Bretagne », regroupant Région et Départements ? 61 % disent oui. Le débat est lancé.

    Enquête réalisée du 3 au 15 juillet 2019 par téléphone et internet auprès de 1 683 personnes de 18 ans et plus résidant en Bretagne et en Loire-Atlantique. Répartition des enquêtes selon la méthode des quotas : sexe, âge, CSP de la personne interrogée et du territoire de résidence.

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      Ancien député socialiste et ministre de la Justice, maître de conférences à l’UBO, Jean-Jacques Urvoas plaide depuis longtemps pour la réunification de la Bretagne et la création d’une assemblée régionale.
      Photo archives Claude Prigent

      Ces scores sont très impressionnants. Ils montrent que les gens ne sont pas dans une espèce d’irréalisme. Ils veulent une reconnaissance du fait régional parce qu’ils se sentent Bretons. C’est particulièrement visible en Loire-Atlantique ! Pourtant, dans ce département ? Les politiques - et j’en connais plusieurs - n’ont jamais plaidé pour un rapprochement avec la Bretagne, car ils ne se sentent pas Bretons. Cela peut se comprendre car ils œuvrent depuis des années à la construction d’une région qui s’appelle les Pays de la Loire. Leurs administrés n’ont pas le même sentiment. On le sait à présent.

      Cette situation a-t-elle évolué ?
      Oui, c’est plus net que ce qu’on a vu précédemment. Je pense notamment à un sondage réalisé en 2014 sur la Bretagne à cinq départements. On avait des scores, pour la réunification, de près de 60 % en Loire-Atlantique. On est dans le même étiage. Logiquement le temps devrait rendre tout cela moins fort. Mais ça n’est pas le cas et c’est flagrant.

      Le contexte est-il favorable à la création de l’Assemblée de Bretagne ?
      Oui. C’est une idée qui s’imposera. Pour deux raisons : le besoin de simplification administrative et la lisibilité politique. On doit pouvoir identifier ceux qui agissent. Un article de la Constitution (72-1) prévoit une consultation des électeurs lorsqu’il y a création d’une collectivité locale, dotée d’un statut particulier. Ce n’est pas tout : prochainement, Sébastien Lecornu, ministre de la Cohésion des territoires, va présenter un projet de loi appelé « engagement et proximité », qui porte sur l’organisation des pouvoirs locaux. Dans ce projet, les parlementaires bretons auront la possibilité de déposer un amendement pour l’organisation d’une consultation. Je ne vois pas pourquoi cet amendement ne serait pas voté. Permettons donc, demain, à la population de dire ce qu’elle pense.

      Peut-on envisager d’organiser ce référendum pendant les municipales ?
      Oui. Il reste suffisamment de temps. Il suffit de dupliquer les textes qui ont servi en Alsace et en Corse (†), d’en changer les intitulés, et de les soumettre aux Bretons.

      † En 2013, une consultation des Alsaciens n’a pas débouché sur la fusion des conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. En Corse, la collectivité commune remplace les deux conseils départementaux et l’ancienne collectivité territoriale depuis le 1er janvier 2018.