L’islamophobie en France, une offensive raciste – CONTRETEMPS

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  • L’islamophobie en France, une offensive raciste
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    Étant donné l’ampleur des discriminations islamophobes d’ores et déjà endémiques et mesurables[16], c’est donc une politique séparatiste qui se met en place. Celle-ci prend précisément pour prétexte la lutte contre le séparatisme communautaire dont les musulmans se rendraient coupables en toute occasion. Ainsi se trouve reconduite la logique ségrégationniste et raciste évoquée plus haut à propos des Roms : les dirigeants politiques mettent en place des mesures qui marginalisent objectivement un groupe, ou qui entérinent les pratiques d’exclusion sociale qui le ciblent ; puis ils justifient ces mesures et ces pratiques au nom de la marginalité et de l’exclusion dans lesquelles ce groupe se complairait, et au nom de son incapacité, pour de prétendues raisons culturelles, à s’insérer socialement et économiquement. Quoi de plus commode que de légitimer l’exclusion par l’auto-exclusion, la marginalisation par l’auto-marginalisation ?

    Il est encore une autre dimension de l’islamophobie moins souvent relevée mais cruciale pour notre objet : son développement est en effet l’un des principaux vecteurs de l’aiguisement du nationalisme français. […] Le nationalisme français s’affirme comme un nationalisme impérialiste et guerrier. Cela est d’autant plus vrai que le militarisme, et plus largement le complexe militaro-industriel, ont joué depuis au moins deux siècles un rôle central dans la construction et le développement de l’État et du capitalisme français[17].

    Sans ennemi identifié, le nationalisme ne peut guère se développer : il lui faut se donner des « communautés imaginaires » ennemies, vigoureuses et malfaisantes. Dans le cas des nations opprimées, les puissances colonisatrices ou néo-impériales constituent une cible logique, évidente et légitime. Mais dans la mesure où la France n’est aucunement une nation opprimée mais dominante, un travail intellectuel et politique constant est rendu nécessaire pour faire apparaître comme ennemis ou traîtres à la nation certains groupes minoritaires qui, subissant pourtant la stigmatisation et la discrimination, se trouvent constitués en puissance omniprésente et menaçante.