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    https://www.mediapart.fr/journal/france/030919/nantes-une-video-montre-un-policier-en-train-d-etrangler-un-manifestant?on

    Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anticriminalité (BAC), Bruno Kaïk, 51 ans, perd connaissance et est conduit aux urgences. Trois jours après les faits, la police nationale, par la voix de son service de communication (Sicop), affirme à Libération que ce manifestant avait été hospitalisé « parce qu’il était incommodé par les gaz lacrymogènes ».

    Le ministère évacue de la sorte toute responsabilité policière, nonobstant la parole de la victime qui accuse l’un des policiers de l’avoir « étranglé jusqu’à l’étouffement ».

    Une nouvelle vidéo que Mediapart publie contredit la version du ministère de l’intérieur. Sur ces images, derrière un fourgon, on distingue un policier de la BAC, le visage masqué, qui serre de sa main puis de son bras le cou de Bruno Kaïk. Celui-ci tombe à terre, quasi inanimé.

    #violence_policière #déni #mensonge_d_état

  • #Nantes : une vidéo montre un policier en train d’étrangler un manifestant
    | Par Pascale Pascariello pour Mediapart + ajout d’un témoignage direct
    https://www.mediapart.fr/journal/france/030919/nantes-une-video-montre-un-policier-en-train-d-etrangler-un-manifestant

    Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anticriminalité le 3 août, Bruno Kaïk, 51 ans, a dû être hospitalisé. Sur la vidéo que Mediapart publie, un policier lui serre la gorge et l’étrangle avec son bras, contredisant la version de la police nationale. Une plainte pour tentative d’homicide vient d’être déposée auprès du parquet de Nantes, qui a ouvert une enquête préliminaire.

    Témoin direct de la scène, [Bastien Gruchet] confirme tous les témoignages publiés dans cet article de Mediapart.
    https://www.facebook.com/bastien.gruchet/posts/10215250974734248

    Pris de convulsions puis tombé inconscient alors qu’il était menotté après avoir été étranglé, fouillé pendant que les pompiers le brancardaient.

    A noter que l’agent de la BAC avec le pull gris sur la photo, celui qui a mis la personne interpellée à terre en l’étranglant avec une très grande violence, tient tranquillement une grenade désencerclante dans sa main droite. Il semblerait (à la vue du pull et de la carrure) que ce soit la même personne qui, en 2017, avait passé plusieurs personnes à tabac avec sa matraque télescopique dans un camion de la CGT.
    Et c’est lui aussi qui balance de l’eau au visage sans réaction de sa victime, sans que cela ne l’émeuve.

    La #BAC, et tout particulièrement celle de Nantes, est un véritable danger public. Le fait que la #police soit munie d’une telle brigade en dit long sur ce qu’est cette institution... Le fait qu’elle soit envoyée faire du maintien de l’ordre alors qu’elle n’y est pas formée symbolise ce que l’Etat veut faire des mouvements sociaux : les effrayer et les mater dans la violence. Elle doit disparaître, dans les manifestations et ailleurs.

    Ci-dessous, le texte intégral de l’article (_vu le taf qu’on fait à Nantes sur le sujet, pas envie d’être bloqué-e-s par un #paywal_) :

    Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anti-criminalité le 3 août, Bruno Kaïk, 51 ans, a dû être hospitalisé. Sur la vidéo que Mediapart publie, un policier lui serre la gorge et l’étrangle avec son bras, contredisant la version de la police nationale. Une plainte pour tentative d’homicide vient d’être déposée auprès du parquet de Nantes, qui a ouvert une enquête préliminaire.
    À Nantes le 3 août, en marge de la marche blanche organisée en hommage à Steve Maia Caniço, les images d’un homme à terre, hagard, paraissant inconscient, entouré de trois policiers en civil, ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux.

    Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC), Bruno Kaïk, 51 ans, perd connaissance et est conduit aux urgences. Trois jours après les faits, la police nationale, par la voix de son service de communication (Sicop), affirme à Libération que ce manifestant avait été hospitalisé « parce qu’il était incommodé par les gaz lacrymogènes ».

    Le ministère évacue de la sorte toute responsabilité policière, nonobstant la parole de la victime qui accuse l’un des policiers de l’avoir « étranglé jusqu’à l’étouffement ».

    Une nouvelle vidéo que Mediapart publie contredit la version du ministère de l’intérieur. Sur ces images, derrière un fourgon, on distingue un policier de la BAC, le visage masqué, qui serre de sa main puis de son bras le cou de Bruno Kaïk. Celui-ci tombe à terre, quasi inanimé.

    Le compte-rendu médical atteste que le « patient interpellé par [la] BAC lors d’une manifestation, a reçu plusieurs coups (…), a présenté une perte de connaissance » et a été « retrouvé inconscient sur la voie publique ». Il souligne l’absence de toute substance toxique qui aurait pu provoquer cet état.

    Le parquet de Nantes vient d’ouvrir une enquête préliminaire à la suite de la plainte déposée par Bruno Kaïk pour tentative d’homicide.

    Contactée par Mediapart, la police nationale nuance désormais sa version initiale. « Un signalement fait par Bruno Kaïk auprès de l’IGPN [Inspection générale de la police nationale] est en cours d’instruction et des éléments complémentaires ont été demandés à la Direction départementale de la sécurité publique de Loire-Atlantique », assure le service de communication.

    Alors pour quelle raison la police nationale s’est-elle autorisée à communiquer une information inexacte ? Notre question est, à ce jour, restée sans réponse.

    « Ce n’est pas la première fois que j’assiste à des dérives des policiers de la BAC », explique Mathilde, l’auteure de la vidéo, dont l’appartement surplombe une des rues de Nantes régulièrement empruntée par les manifestations.

    Le 3 août, cette professeure des écoles et son conjoint décident de filmer ce qui se passe sous leur fenêtre parce qu’ils aperçoivent « une personne blessée ». Mais un autre événement retient rapidement leur attention. Mathilde observe trois policiers de la BAC : « Ils ramenaient derrière les camions et de façon musclée un homme. Ensuite l’un d’entre eux l’a étranglé et un autre l’a menotté. »

    « J’ai été choquée de voir autant de violence, confie-t-elle. Les policiers ont ensuite fait partir les passants qui filmaient. Seuls mon conjoint et moi, à l’abri dans notre appartement, pouvions continuer à filmer pour témoigner de ces dérives. »

    Mathilde ne peut oublier « l’image de cet homme à terre, menotté, qui haletait pour chercher de l’air. J’ai été très inquiète ensuite pour sa santé parce qu’il a commencé à avoir des convulsions ».

    La gratuité de cette violence a également affligé Grégory. Venu couvrir la marche, ce photographe de 34 ans passait à côté des fourgons de police lorsqu’il a « entendu plusieurs personnes qui demandaient aux policiers d’appeler les pompiers ».

    « J’ai vu cet homme à genoux, quasi inconscient, raconte Grégory. Il avait la bouche ouverte et avait du mal à respirer. J’ai alors demandé une bouteille d’eau à une passante pour la donner aux policiers. »

    L’un des agents de la BAC asperge alors la tête de Bruno Kaïk qui « n’a eu aucune réaction. J’ai été choqué. Et ce qui m’a interpellé c’est que les policiers ne faisaient rien pour lui venir en aide. Ils étaient davantage préoccupés par les témoins et ils nous ont demandé de partir de façon agressive. L’un d’eux me marchait sur les pieds alors que je reculais. C’était absurde. Ils ont même placé un caddie de supermarché devant cet homme pour le cacher », témoigne Grégory.

    Pris de convulsions, Bruno Kaïk sera gardé en observation plusieurs heures à l’hôpital. À sa sortie et après 24 heures de garde à vue, il ressort libre du commissariat sans qu’aucune poursuite ne lui soit notifiée. Le parquet de Nantes n’a pas apporté plus de précisions concernant cette procédure.

    Un policier formateur, qui a aussi fait du maintien de l’ordre et auquel nous avons fait visionner ces images, commente : « Tout d’abord, saisir à une main le cou d’un individu, ce n’est pas une technique référencée au sein de la police. Ensuite, concernant l’étranglement qu’il fait avec son bras, il ne respecte pas la technique de l’étranglement arrière. Cette technique est utilisée comme moyen d’amener un individu d’un endroit à un autre ou pour le neutraliser s’il est très récalcitrant voire dangereux, c’est-à-dire susceptible d’être armé. Or là, non seulement elle est mal maîtrisée mais elle n’est ni adaptée ni justifiée. La personne ne montre ni de signe d’opposition ni de dangerosité. C’est donc disproportionné. »

    Consterné par ces images, ce formateur déplore l’intervention de la BAC sur des manifestations. « Ils ne sont pas formés pour cela et on ne peut que constater les dérives qui en découlent. On ne doit pas s’arrêter à la responsabilité individuelle mais remonter à celle de notre hiérarchie qui décide de mettre des unités non formées sur ces dispositifs. Aujourd’hui, il y a un manque de formation continue dans la police nationale. Elle a quasiment disparu et se limite désormais aux tirs réglementaires, mais le métier de policier est plus complexe et il est impératif de revenir à une formation plus complète. »

    De son côté, un ancien policier de la BAC rappelle, sans les dédouaner, que « ses collègues doivent gérer des violences urbaines et surtout sont habitués à faire du “crâne”, c’est-à-dire le maximum d’interpellations ».

    Ce policier regrette cette évolution du maintien de l’ordre. « Quand vous avez une foule, hostile ou non, qui manifeste et que vous y opposez des spécialistes du maintien de l’ordre, équipés, formés, comme les CRS ou les gendarmes mobiles, la stratégie est de maintenir à distance les manifestants de manière à éviter tout contact direct. Et, à ce moment-là, la foule s’adapte. »

    « Or, depuis quelques années, notamment depuis 2016 et les mouvements contre la loi El Khomri, lors des manifestations, la BAC intervient en première ligne. Ce qui est la plus mauvaise des réponses, car la présence de la BAC n’apaise pas la situation mais engendre des tensions supplémentaires puisqu’il y a une volonté d’interpeller, souvent exacerbée par les ordres de la hiérarchie », déplore-t-il.

    « Aujourd’hui, on met à la tête de dispositifs de maintien de l’ordre des commissaires qui ne sont pas habitués à cela. Ils connaissent mal notamment le cadre d’emploi du LBD [lanceur de balles de défense – ndlr], qui a largement été dévié de son utilisation d’origine. Ces commissaires ont sous leurs ordres des policiers de la BAC dont beaucoup sont équipés de LBD et qui tirent sur tout manifestant un peu plus provocateur ou véhément que les autres. C’est du grand n’importe quoi, explique-t-il. Il est urgent de revenir à la doctrine de maintien de l’ordre fait par des professionnels et surtout dirigé par des spécialistes. »

    Pour Bruno Kaïk, faire le récit de cette interpellation est encore douloureux. « J’ai vécu un véritable cauchemar qui n’en finissait pas », confie-t-il.

    Le samedi 3 août, vers 15 h 30, ce traducteur rejoint avec son fils la marche organisée en mémoire de Steve Maia Caniço. « Très vite, les tirs de lacrymogènes se sont succédé à une cadence infernale. Nous étions pris au piège. D’un côté les nuages de gaz, de l’autre les agents de la BAC qui nous mettaient en joue avec leur LBD. J’ai alors décidé de filmer. Le chaos s’en est suivi. Mon fils a été victime d’un tir dans le dos. Plus tard, un autre manifestant est blessé », raconte Bruno Kaïk qui demande alors aux forces de l’ordre de laisser passer les pompiers afin qu’ils viennent secourir ce blessé.

    « Impuissant, j’étais ulcéré par les exactions répétées des forces de l’ordre. J’ai alors lancé une bouteille vide en direction de policiers cagoulés et casqués qui se trouvaient à quelque trente mètres de moi. Elle a échoué à plusieurs mètres devant eux », assure-t-il.

    Bruno Kaïk ne comprend pas la violence dont il a été victime. « Je n’ai blessé personne. Mon geste n’était que dérision et symbole face aux armes des policiers. Comme seule réponse, je n’ai eu que violence. Agressé sans sommation par-derrière, violemment jeté au sol et étranglé une première fois. Derrière les camions de police, j’ai à nouveau été victime de strangulations. Je ne trouvais plus mon souffle. Je me rappelle avoir hurlé de douleur lorsqu’ils m’ont menotté. Ensuite le silence et le néant. Plus rien. C’est le visage d’un pompier que je verrai lorsque je reprendrai enfin connaissance », explique-t-il.

    « J’ai décidé de faire un signalement auprès de l’IGPN, une semaine après. Le temps de reprendre mes esprits. Et je n’étais pas très convaincu d’un tel procédé. On voit bien comment l’IGPN enterre systématiquement les enquêtes et blanchit les policiers », regrette-t-il en précisant qu’il n’a pas été, à ce jour, contacté par l’IGPN.

    « Non seulement, j’ai eu très peur de la violence de la BAC mais après j’ai été confronté à la violence de la police nationale qui a menti en contestant publiquement les violences que j’avais subies », déplore-t-il.

  • Affaire Rugy : un été d’intox
    https://www.mediapart.fr/journal/france/030919/affaire-rugy-un-ete-d-intox

    Après nos révélations qui ont conduit à sa démission, le 16 juillet, l’ancien ministre de l’écologie a mené, parfois aidé par certains médias, une offensive de communication visant à faire croire qu’il avait été « blanchi » et que Mediapart avait été « démenti ». C’est évidemment faux. Mediapart reprend les faits, un à un.

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