entretien sur les collectifs politiques de vénétie

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  • Libération signifie contre-pouvoir : entretien sur les collectifs politiques de vénétie
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    Publié cette année par DeriveApprodi, le livre de Donato Tagliapietra, “L’autonomie ouvrière vicentine. De la révolte de Valdagno à la répression de Thiene” est le cinquième d’une série d’ouvrages que la maison d’édition dédie à l’autonomie italienne. Dans ce volume, l’auteur retrace l’histoire d’une des expériences régionales les plus emblématiques du mouvement autonome italien des années 1970 : celle des Collectifs politiques vénètes (CPV) de la province de Vicenza.
     
    Dans ces zones rurales et périurbaines qui font partie de ce qui deviendra suite aux restructurations productives la « métropole diffuse vénitienne », une génération de militants autonomes « de province », jeunes prolétaires, ouvriers et étudiants, a mis à mal un système d’exploitation qui se fondait sur la complicité de l’ensemble des institutions, des partis aux syndicats jusqu’à l’Église. Elle a surtout imposé des nouvelles pratiques et des nouvelles formes d’intervention – en dehors des organisations traditionnelles, mais aussi au-delà des murs de l’usine.
     
    Si dans un premier temps l’intervention (et la formation) politique de ces jeunes militants a eu lieu devant les portes des lieux de production et au sein des groupes de la gauche extra-parlementaire (ici, Lotta continua), dans un deuxième temps – avec la construction des Groupes Sociaux notamment – c’est la société dans son ensemble qui est devenue le lieu de l’intervention militante. Le projet des Groupes Sociaux visait en effet à recomposer les différents segments de l’intervention sur le territoire (luttes sur le logement, mobilisations étudiantes, intervention à l’usine, auto-réductions), pour rompre avec la logique étroite de la revendication et orienter les pratiques d’appropriation des besoins vers la construction d’un contre-pouvoir.
     
    Face aux restructurations productives et à la perte de centralité politique de la figure de l’ouvrier masse, c’est alors « l’ouvrier social », entendu non comme simple entité sociologique mais comme figure produite par le processus de recomposition organisationnelle, qui devient le centre de la réflexion et de l’intervention.
     
    Entre 1976 et 1980 on enregistre en Vénétie plus de 500 actes “d’usage raisonné de la force”. La singularité de l’expérience des CPV réside également dans l’exercice d’une pratique combattante directement liée aux contenus et aux échéances du mouvement, refusant la voie sans issue de la “clandestinité stratégique” : « on voulait être des cadres transversaux, au sens où il ne devait pas y avoir de séparation entre le politique et le militaire. »
     
    Dans la séquence de conflictualité sociale inédite que l’on vit en France depuis plus de dix mois avec le mouvement des Gilets Jaunes, l’importance – et la possibilité – de construire des instances de contre-pouvoir au niveau territorial, ainsi que de dépasser l’horizon d’une simple dynamique de convergence des luttes par la réelle recomposition des désirs et des besoins sociaux, est plus que jamais d’actualité.
     
    Si bien des choses ont changé depuis cette saison pendant laquelle une génération a tenté de partir à l’assaut au ciel en Italie, plusieurs éléments dans cette histoire peuvent nous aider, en tenant compte de ses échecs, à réfléchir à l’invention de formes d’intervention adéquates aux défis du présent.
     
    L’auteur viendra présenter son livre le 5 octobre prochain à 17h à la librairie Michèle Firk de Montreuil. Entretien réalisé par ACTA et la Plateforme d’Enquêtes Militantes.

    #autonomie_ouvrière #histoire #livre