Tous fous pour le climat ? – ACTA

/tous-fous-pour-le-climat

  • Tous fous pour le climat ? – ACTA
    https://acta.zone/tous-fous-pour-le-climat

    Ce texte est la traduction d’un article paru en mars 2019 sur le site italien Infoaut.

    Depuis quelques temps déjà, les rendez-vous se multiplient pour protester contre les conditions climatiques catastrophiques laissées par l’humanité aux nouvelles générations. Des groupes de jeunes ont commencé à se retrouver tous les vendredis après-midi dans beaucoup de villes du monde sous le slogan Fridays4Future pour sensibiliser le monde des adultes et de la politique institutionnelle contre un futur déjà écrit. Ces événements nous imposent de raisonner avec l’émergence d’une nouvelle composition politique, propre à l’époque que l’on vit. Comme tous les phénomènes sociaux imprévus, ils portent en soi de grandes ambiguïtés ; mais nous sommes prêts à parier que les mouvements vont devoir s’affronter à l’impossibilité systémique de fournir des réponses adéquates à leurs demandes de réformes. Ces mouvements fourniront peut-être le vivier d’une nouvelle classe politique réformiste de plus en plus hors-sol ; les plus confus vont émerger comme représentants du nouveau capitalisme vert ; mais la plupart de ces révoltés se frotteront tout de même aux limites matérielles, politico-économico-écologiques, opposées par cette société à un véritable changement de paradigme dont on perçoit de plus en plus le besoin. Ce qui se cache derrière les mots indignés de Greta1 n’est pas encore clair, mais le ton et l’intensité de ces mots nous disent déjà quelque chose des temps qui courent.

    Le temps qui reste

    Le changement climatique est aujourd’hui l’exemple le plus macroscopique des contradictions qui traversent le mode de production capitaliste. À ce niveau, au sens littéral du terme, la déconnexion entre les nécessités reproductives du capital et les nécessités des êtres vivant sur terre, est évidente. Si la crise de 2008 avait déjà montré l’incapacité totale des institutions capitalistes internationales à gérer les aspects les plus macroscopiques de la dérégulation financière – en proposant des solutions qui creusaient encore plus les racines de la crise, en reportant tous les soucis à la prochaine grande bulle (sauvetage in extremis des banques, injections massives de liquidités, régulation manquée du shadow banking et de l’off trade etc.) – la sottise avec laquelle les États nationaux sont en train de se rapporter au climate change est la représentation la plus claire d’une « attitude de l’autruche » à cause de laquelle les dimensions globales, épocales, systémiques et géologiques de la catastrophe en cours sont rationalisées par des solutions de petite échelle et l’oubli de toute puissance collective.

    Pour saisir la (dé)mesure du défi en jeu, il suffit de considérer l’accélération avec laquelle les prévisions du temps qui reste se réduisent à chaque fois qu’un nouveau bulletin scientifique sur l’état de la terre est publié. (...)

    #climat #capitalocène