À Saint-Pierre-Quiberon, des tags « locals only » et des pneus de voitures crevés sur un spot de surf - Auray - Le Télégramme
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Lors du week-end de Pâques, des voitures « étrangères » se sont vue gratifier d’un « LO » ou « Local » à la peinture blanche.
(Capture d’écran)
À Saint-Pierre-Quiberon, des « locals only » ont été tagués sur des voitures de « touristes » et des pneus de voiture ont été crevés lors du week-end de Pâques. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie de Quiberon.
Des voitures immatriculées 44, 35 et 29 ont été taguées d’un « LO » ou « locals only » sur le parking de la Plage de Port-Bara, à Saint-Pierre-Quiberon, le week-end de Pâques. Plusieurs pneus de véhicules ont également été crevés, indique la compagnie de gendarmerie de Lorient, qui confirme qu’une enquête a été ouverte après qu’une plainte a été déposée.
Une vidéo des voitures taguées a été partagée sur une page Facebook dédiée au surf dans la presqu’île. Dans les commentaires, tous dénoncent ces agissements, qu’ils jugent « honteux », « nuls » et « lâches ».
« Localisme »
« Locals only », pour « locaux uniquement ». « Dans le milieu du surf, on parle de localisme. C’est considérer que les surfeurs locaux sont plus légitimes que les touristes sur leur spot de vagues, souffle un résident, qui tient à conserver l’anonymat. C’est un truc dans le milieu du surf qui ne date pas d’hier et qui touche tous les coins ».
La maire de Saint-Pierre-Quiberon, Stéphanie Doyen, dit ne pas avoir été alertée de ces incidents récents, mais explique avoir déjà entendu parler « du phénomène ». « À ma connaissance, poursuit-elle, ça n’était jamais arrivé à Saint-Pierre ».
« Sujet épineux »
Quand on interroge des gens du milieu, les langues peinent à se délier. « C’est un sujet épineux », « ça va donner une mauvaise image de notre sport », « faut pas du tout en parler, ça peut nuire à la presqu’île », glisse-t-on, entre inquiétude et défiance. « C’est un cas isolé, le fait d’un taré », assure un surfeur du coin, qui tient, lui aussi, à rester anonyme.
Un prof de surf de la presqu’île - qui préfère taire son nom - le contredit. « Chaque année, on trouve des petits tags « LO » sur des barrières, aux abords des plages de Saint-Pierre. Des pneus crevés, un ou deux rétros de pétés, y’en a tous les ans. Ça a toujours existé. C’est de la connerie. Le surfeur est assez égoïste et quand on lui prend sa vague, il n’est pas content. Mais ce n’est pas qu’ici ».
« Quand les touristes débarquent, ça se tend »
Pour Zak†, prof de surf, ces tags, c’est une « connerie de petits jeunes ». « Si ça se trouve, ils ne sont même pas du coin. C’est complètement bête », lâche-t-il. Perplexe, le surfeur poursuit : « Ici, il n’y a pas de conflit. C’est tranquille et l’ambiance est bonne ». Il marque une pause, puis ajoute : « Mais c’est vrai que quand les touristes débarquent, ça se tend sur la presqu’île. Ils ne disent pas bonjour ».
Ces tags « locals only » dépassent la « simple » appropriation d’un spot de vagues. Ils traduisent la contestation à l’égard du tourisme d’une frange de la population. « Ça va de pair avec les résidences secondaires, le tourisme de masse…, énumère un habitant de la presqu’île. Aujourd’hui, la côte est saturée, les locaux ne peuvent plus se loger… Tout ça créé des tensions ».
† Le prénom a été modifié.