Une journée avec les hommes et les femmes de Frontex
Chaque jour ils surveillent, contrôlent, lisent avec attention vos documents. Les employés de Frontex sont au taquet. L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes a pour mission principale d’aider les Etats membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen à sécuriser leurs frontières extérieures. Elle dispose d’une réserve de réaction rapide de 1500 agents et sera dotée, progressivement jusqu’à 2027, d’un corps permanent de 10.000 agents.
Les hommes et les femmes qui la composent traquent la moindre anomalie, le moindre document frauduleux. Au moindre doute, tout votre véhicule est fouillé.
Frontex dirige des opérations maritimes, aériennes et terrestres (en Méditerranée et dans les pays de l’Est notamment). Elles sont menées par des garde-frontières mis à la disposition de l’agence par les Etats membres. Ils sont reconnaissables à leur brassard ou leur dossard bleu clair et sont toujours accompagnés par des agents de l’Etat membre dans lequel a lieu l’opération.
A l’été 2018 par exemple, dans le cadre de l’opération opération Minerva, Frontex a aidé les autorités espagnoles à contrôler les passagers arrivant du Maroc par ferry. L’agence avait également déployé des experts en documents contrefaits et des agents formés pour repérer les véhicules volés.
▻https://ds1.static.rtbf.be/article/image/770xAuto/5/b/b/b8d4c4953a1d60bd9cf28d042fa96f59-1568391909.pngCertains week-ends jusqu’à 100.000 voyageurs et 20.000 véhicules différents sont contrôlés au poste frontière de Medika. D’un côté c’est l’Europe. De l’autre, l’Ukraine. Un point de passage idéal pour a trafiquants en tout genre, drogue, contrebande, contrefaçon. Pour les affronter, une coopération internationale est tout simplement indispensable.
En matière de lutte contre l’immigration illégale, Frontex coordonne aussi des opérations de renvoi de migrants irréguliers vers leurs pays d’origine (chaque Etat membre restant libre de déterminer quelle personne doit être renvoyée). Elle peut aider les États membres à financer les opérations de retour et à coopérer avec les pays tiers chargés des procédures de réadmission.
L’Agence européenne assure également une veille permanente de la situation aux frontières extérieures de l’UE et de l’espace Schengen : elle analyse les tendances et collecte des données sur les personnes liées aux filières d’immigration clandestine ou aux activités criminelles transfrontalières (trafics, terrorisme, pêches illégales…). Elle transmet ces informations aux Etats membres et à l’office européen de police Europol.
Une vocation familiale
Piotr Wiciejowski a toujours voulu être soldat, il faut dire que c’est une tradition dans la famille. Sauf qu’il a choisi la protection des frontières comme terrain de chasse. Aujourd’hui il coordonne l’agence européenne Frontex à Medyka.
Dans le même bureau travaillent un Polonais, un Autrichien, un Portugais, un Letton et un Moldave. Tous ont des expériences différentes mais un même objectif : agir rapidement et compter les uns sur les autres.
« On contrôle les polices d’assurance, les documents de voiture, les passeports, les papiers de voyage, les visas et même les cartes de pêche. » Explique Piotr Wiciejowski.
La détection des faux documents est une priorité dans la profession et un succès face aux criminels.
« Notre groupe s’entraîne constamment. Nous avons des spécialistes de la contrefaçon de documents, de la détection des documents de voitures volées, nous partageons les expériences de nos collègues des services de police et des services des frontières d’autres pays de l’Union européenne. » ajoute le garde-frontière.
En 2018, 1500 faux documents d’identité ont été saisis à la frontière orientale de l’Union européenne. La contrebande est un aussi un défi aux postes frontières. Drogues, alcool sans accise, cigarettes permettent aux organisations criminelles de gagner beaucoup d’argent.
Un agent témoigne anonymement. « Il s’agit d’un secteur très lucratif pour les groupes criminels, c’est de l’argent facile à gagner, il n’est pas étonnant que des personnes peu scrupuleuses tentent leur chance. Mais nous sommes là pour l’éviter. »
Les passeurs rivalisent d’imagination pour cacher leur marchandise. Mais les hommes de Frontex ne sont pas dupes et les chiens détecteurs de drogue par exemple, sont très utiles pour dénicher les cargaisons frauduleuses.
« L’innovation et la créativité de ces groupes criminels n’ont pas de limite » explique le garde.
Piotr Wiciejowski sait que toutes les voitures doivent être soigneusement contrôlées à la frontière de Medyka. C’est le dernier point de passage pour qu’un véhicule volé ne disparaît complètement des radars. La lutte contre les voleurs de voitures est possible grâce à la coopération internationale. En 2018, près de 1000 voitures volées ont été interceptées aux frontières de l’Union européenne. « Nous venons de saisir une voiture Jaguar en version limitée, d’une valeur marchande supérieure à 400.000 PLN. (Soit 92.313 euros) Lors des contrôles frontaliers en Pologne, il s’est avéré que les numéros d’identification et les papiers de la voiture étaient contrefaits », explique une responsable du bureau polonais.
Lorsqu’un agent doit vérifier un document ou obtenir des informations rapidement, les employés de Frontex peuvent immédiatement contacter leurs collègues européens. Le temps et la rapidité de réaction sont au détriment des criminels." Si quelqu’un franchit la frontière de notre côté, il peut ensuite arriver facilement à Lisbonne, au Portugal. Nous sommes donc tenus de travailler d’une façon précise et la plus professionnelle possible. Nous sentons la pression sur nous, mais nous la gérons très bien. "
Lorsqu’ils rentrent dans leur pays, les employés de Frontex ont acquis de nouvelles expériences tout en contribuant à protéger la frontière orientale de l’Union européenne. Une coopération qui joue aussi sur la dissuasion. Les hommes de Frontex veulent aussi donner l’impression aux trafiquants qu’ils ne peuvent leur échapper.
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