Les mots sont importants (lmsi.net)

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  • La fin du monde se visite en camionnette Chez Renart - Renart
    Depuis un an, un Tour operator goupilesque à souhaits propose la visite des lieux les plus délabrés, toxiques, emblématiques, de la région la plus frappée par la « révolution industrielle ». Exquis, non ? Entre « urbex » et visite guidée, Nord-Pas de Calais Adventure remonte l’histoire industrielle des Flandres et du bassin minier pour expliquer la situation écologique actuelle. Accrochez-vous à votre second degré.

    Quand bien même on préfère souvent regarder ailleurs, nul n’ignore que la région Nord-Pas-de-Calais cumule les médailles les moins reluisantes. Pollutions des sols, de l’air et des eaux offrent à la région la première place du cancer et la dernière de l’espérance de vie. La preuve par cartes, ci-dessous.

    La région s’est encore illustrée dernièrement dans les médias. Le reportage « Les enfants du plomb », diffusé le 3 octobre sur France 5 , https://www.france.tv/france-5/vert-de-rage/4198072-les-enfants-du-plomb-extrait.html fut tourné autour de l’ancienne usine Penarroya-Metalleurop de Noyelles-Godault, qui fut la plus grande d’Europe. On y recense 5 000 cas de saturnisme depuis les années 1970. Malgré les interdictions de cultiver, construire, jouer dans la terre, et les obligations de décaisser les sols, vingt après la fermeture de l’usine, les taux de plombémie sont toujours aussi désespérants. Le métal infestera encore quelques siècles le sang des habitants sans que les actionnaires, évaporés eux, ne rendent un jour de compte. Entre une ruine et une déchetterie à ciel ouvert, Nord-Pas de Calais Adventure raconte l’épopée du fondateur de Metaleurop, le polytechnicien Charles Ledoux, ingénieur des mines ayant œuvré tantôt pour l’État, tantôt pour son compte.

    Le 21 septembre dernier, c’est par une enquête du Monde que les habitants du Nord-Pas de Calais apprennent que deux robinets sur trois les abreuvent d’une eau polluée aux pesticides – la moyenne nationale est de 20 %. La faute à l’agriculture intensive, aux patatiers et betteraviers.
Depuis la camionnette traversant la plaine agro-industrielle flamande, on apprend que les résidus chimiques de la première guerre mondiale interdisent la consommation d’eau dans des centaines de communes. . . . . .

    La suite : https://chez.renart.info/?La-fin-du-monde-se-visite-en-camionnette

    #tour_operator #pollution #ubex #plomb #saturnisme #tourisme #Nord #Pas_de_calais #metaleurop #chimie

    • New York vu par Le Monde : quelques remarques sur un « reportage » singulièrement biaisé Sylvie Tissot, vendredi 28 octobre 2022

      Quel journaliste ne mourrait pas d’envie d’être envoyé en reportage à New York ? Aude Goullioud du Monde a eu cette chance. Alors que le réchauffement climatique impose de réduire les vols transatlantiques, il est bon, après la publication de son article le 17 octobre 2022, https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/10/17/si-tu-es-genereux-avec-new-york-new-york-sera-genereuse-avec-toi-les-possibi de se demander : qu’y a-t-elle vu, qui y a-t-elle rencontré pour accumuler tellement de clichés que ça en devient presque gênant ?


      
La ville des « opportunités » qui se « réinvente sans arrêt » et se relève après chaque épreuve. La ville du « brassage constant », des milles nationalités, la ville où l’on vient tenter sa chance et où, si l’on « travaille dur », s’il l’on sait se « dépasser », on sera récompensé.

      On se croirait en plein American Dream , un mythe, qui n’a cessé, depuis des décennies, d’être contesté de toutes parts et de toutes les manières, mais dont il semble qu’il inspire, toujours et encore, des plumes françaises d’habitude plus acérées quand il s’agit de parler des Etats-Unis.

      De la gentrification qui avance à un rythme qui donne le tournis, des inégalités brutales, profondes, structurelles, visibles partout, de la pandémie qui a détruit tant de vies, on n’aura dans l’article que quelques rapides évocations, en guise de concessions. Certes les loyers sont faramineux, mais  : un peu d’entraide entre voisins et un puits sans fond d’opportunités viennent efficacement effacer du paysage ces ennuyeux détails, et donner toute sa place à ce « ciel bleu toute l’année » qui a tant fasciné la journaliste – ciel bleu qui, comme le soleil, rend probablement la misère « moins pénible ».

      Black Lives Matter est évoqué mais ravalé – on a du mal à le croire – au rang de plaidoyer naïf pour la « diversité ». C’est ce qu’on retient des propos d’une « jeune Française » appartenant à l’échantillon très particulier constitué par la journaliste envoyée « sur le terrain ».

      Pour cette habitante « bien ancrée à New York où elle a monté Polonsky&Friends, une agence de direction artistique et stratégique dans le secteur des métiers de bouche », BLM semble bel et bien avoir été un « tournant ». Désormais consciente du « racisme systémique », bouleversée semble-t-il, elle ne se laisse pas abattre et lance une newsletter où « elle met en lumière les meilleurs artisans de bouche de New York avec un souci constant de diversité ».

      Il faudrait beau voir qu’après ça, des policiers tuent encore des Noirs.

      Preuve que le message – sur le racisme systémique, donc – de BLM est passé, notre informatrice enchaîne : « Et c’est win win pour tout le monde ! ». La journaliste semble sous le charme.

      Quant à nous, nous sommes plutôt consternés. Est-ce que des Français au profil un peu différent auraient eu autre chose à dire ? Probablement, mais aucun n’est interviewé. Seuls les « gens qui font des choses formidables » ont eu l’honneur de parler de leurs « opportunités ». La liste est parlante : le conseiller culturel de l’ambassade de France, une photographe et joaillière, la directrice artistique d’un magazine, une curatrice et consultante dans l’art contemporain, le directeur d’un centre culturel et artistique de Brooklyn, un galeriste, une directrice artistique et consultante en stratégie de marque, un photographe, un écrivain et philosophe.

      Mon préféré reste le propriétaire français de trois restaurants, dont le dernier, tout juste ouvert à Brooklyn, s’appelle (car il est installé dans une ancienne laverie) : Fulgurances Laundromat.

      N’est-ce pas follement créatif ! (seul un esprit chagrin, plutôt qu’« innovant », y verra un lien avec la gentrification évoquée quelques paragraphes plus haut).

      Vous aurez, à la lecture de cet article, compris le sous-texte régulièrement relayé dans les pages du Monde, où les affinités macroniennes s’expriment parfois sans filtre : on pourrait en prendre de la graine en France, pays des grincheux et des fainéants, où perdurent des hiérarchies dépassées alors qu’ici, « jamais personne ne vous demande vos diplômes ou votre CV ».

      Qu’une journaliste relaie sans broncher une contre-vérité pareille, dans une ville où les discriminations sont bien ancrées, où la compétition est féroce, et où la préparation aux plus grandes universités commence dès l’école primaire… on croit rêver.

      La conclusion en rajoute une louche, avec le témoignage, repris sans ironie aucune, de la directrice artistique d’un important journal : épouse d’un célèbre illustrateur, avec qui elle a monté son magazine, elle se félicite – et s’étonne ! – d’avoir été ainsi recrutée, et y voit la manifestation de la plus grande des libertés et des possibilités infinies.

      Quand l’entre-soi des élites culturelles devient le « degré d’innovation maximal »…
      Sylvie Tissot


      « Sous le ciel bleu, les clichés »  : nous reproduisons, sous forme de tribune et avec son accord, un texte de Sylvie Tissot paru sur le site de LMSI https://lmsi.net/Sous-le-ciel-bleu-les-cliches (Les mots sont importants) le 24 octobre. (Acrimed)

  • Usages langagiers, pratiques militantes : l’impensé validiste | Charlotte Puiseux
    https://lmsi.net/Usages-langagiers-pratiques-militantes-l-impense-validiste

    L’universitaire étasunienne Sami Schalk souligne dans un article comment le féminisme utilise le vocabulaire du handicap pour parler du patriarcat : « Cela laisse entendre que le féminisme a deux buts : en finir avec le patriarcat et éradiquer le handicap. […] L’utilisation des métaphores du handicap promeut une idéologie du handicap comme une forme négative de l’incarnation. » Source : Les mots sont importants

  • Combien coûtent nos vies ? Entretien avec Pauline Londeix
    23 sept. 2022 - FRANÇOIS RUFFIN
    https://www.youtube.com/watch?v=dl9w0JKax6s

    Elle se bat contre les labos, leurs brevets, les Etats, à l’OMS, à l’OMC, à la Commission européenne, pour que tout le monde ait accès aux médicaments. En fait, c’est ma ministre de la Santé, la garante que sur ces sujets, je ne raconte pas n’importe quoi ! Je reçois ma ministre de la Santé !, Pauline Londeix, co-fondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, pour la sortie de son nouveau livre, « Combien coûtent nos vies ? ». (...)

    • Interview long format : Pauline Londeix et Jérôme Martin pour « Combien coûtent nos vies ? »
      Publié le 2 septembre 2022
      https://lmsi.net/Combien-coutent-nos-vies
      Recherche, approvisionnement, fixation du prix : pour une politisation de la question du médicament
      par Jérôme Martin, Pauline Londeix
      13 septembre 2022
      « Combien coûtent nos vies ? », de Pauline Londeix et Jérôme Martin, éditions 10/18, 102 p., 6 euros.

    • LES DESSOUS DE L’ODIEUX BUSINESS DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
      Blast | 20 sept. 2022
      https://www.youtube.com/watch?v=_5GRFQF9VVY

      « La santé n’a pas de prix » selon l’adage, mais en réalité, elle a un coût, elle a même un prix, très précis, souvent défini par des multinationales pharmaceutiques qui pensent la santé de tous comme un marché. Elles financent et et commercialisent ce qui est rentable, et fixent leurs prix en fonction de la compétitivité et des brevets.
      (...)
      Salomé Saqué donne la parole à Pauline Londeix et Jérôme Martin , auteurs de Combien coûtent nos vies, enquête sur les politiques du médicament. Ces deux spécialistes plaident pour plus de transparence et de régulation de ce secteur, pour notre bien à tous.

  • Le mythe de la capacité | Charlotte Puiseux
    https://lmsi.net/Le-mythe-de-la-capacite

    Extrait du livre « De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste » de Charlotte Puiseux. En 160 pages à la première personne, faites de chair et de fer comme l’est, selon ses propres mots, son autrice, cette dernière nous livre, réduite à son expression la plus simple, directe et implacable, une autobiographie pour ainsi dire totale : un récit de vie, une socio-analyse, une autobiographie intellectuelle et politique. Source : Les mots sont importants

  • Tenir le racisme à distance | Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang
    https://lmsi.net/Tenir-le-racisme-a-distance

    Pourquoi, dans un pays aussi centralisé que la France, les principaux mémoriaux de la traite transatlantique et de l’esclavage sont-ils installés à Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Pointe-à-Pitre ? Ces villes étaient, bien sûr, les charnières du commerce négrier. Mais où, sinon à Paris, le projet colonialiste a-t-il été conçu, imaginé, négocié entre les différents acteurs de l’État au XVIIe siècle ? Source : Les mots sont importants

  • Aux sources obscures de la panique woke | Alex Mahoudeau
    https://lmsi.net/Aux-sources-obscures-de-la-panique-woke

    Que dire des accusations de « wokisme » ? On peut en montrer l’absurdité, l’inanité, et retourner les procès en « censure » en montrant que ceux qui sont obsédés par le « woke », l’intersectionnalité ou encore l’islamo-gauchisme sont les premiers censeurs, ceux qui, en vérité, représentent la plus grande menace pour la liberté d’expression : c’est ce que fait le livre de Sébastien Fontenelle On ne peut pas tout dire. Petit éloge de la « censure ». C’est sous un autre angle qu’Alex Mahoudeau examine cette étrange notion, jamais définie bien-sûr, comme tout épouvantail brandi pour faire taire. Pour mieux le contrer, l’auteur nous propose d’abord d’en faire l’histoire. Dans La panique woke, il restitue le résultat d’un minutieux travail généalogique qui nous emmène vers les Etats-Unis et l’inquiétante nébuleuse (...)

    • Hier il y avait un rassemblement pro-IVG et voici ce qu’en disent les woke
      https://www.instagram.com/p/Cfb5JjMDfoo
      "Rassemblement pro-IVG et comportements transphobes

      Slide 2 :
      Nous tenons à rappeler que certaines personnes se revendiquant du féminisme tiennent des propos transphobes.
      Bien que la lutte pour le droit à l’avortement soit effectivement capitale, elle ne doit pas faire oublier la réalité de nos corps.
      Droit à l’avortement pour touxtes !

      N’en déplaise à certaines cis-hetera, nos adelphes trans existent et ont aussi le droit à la parole.

      Slide 3 :
      [2 pancartes avec des slogans problématiques : « pas d’uterus pas d’opinion », et « les femmes decident » (avec un clitoris dessiné)]

      Des exemples de propos transphobes relayés sur les réseaux.
      Samedi, ne leur laissons pas tribune libre.
      Rendez-vous samedi dans la rue pour exiger la sécurisation d’un IVG pour touxtes !

      Slide 4 :
      Afin que pour une fois notre présence ne soit pas synonyme d’exclusion.
      Rejoins-nous avec ou sans ton cintre, avec ou sans ton drapeau mais avec ton existence et ta colère !"

    • (Test)

      Je trouve ça compliqué, d’utiliser le mot woke quand une telle panique a été construite autour de ces positionnements qui se veulent généreux, inclusifs, bienveillants (avec tout le côté agaçant de ces deux mots) et qui souvent arrivent à faire mieux que la moyenne de la gauche. Sur le port du masque par exemple, la seule manif où je l’ai vu requis formellement, avec des gens qui viennent te voir pour te demander de le mettre ou de partir, étant le cortège handi de la Pride radicale parisienne.

      Mais par ailleurs, que de nombrilisme, d’incapacité au compromis, à se poser des questions, à faire des arbitrages, à critiquer, à avoir une pensée en mouvement. C’est complètement sectaire.

      Sur la défense de la liberté d’avorter, ça se voit quand un mouvement en capacité de toucher toutes les femmes, parce qu’il s’attaque à un droit fondamental, est saboté parce qu’il n’a pas mis au centre de sa pensée la possibilité que des personnes soient trans. Les deux slogans ne sont pas cohérents de ce point de vue, ils ignorent simplement les personnes trans. Le premier inclut les hommes trans (qui ont un utérus et ont une capacité gestative) et prend le périmètre parfait des personnes concernées par une grossesse (y compris lesbiennes et asexuelles en cas de viol) ; le second est assez vague pour inclure les femmes trans. Les personnes trans ne font pas vraiment partie du tableau et tout de suite c’est entendu comme une haine pathologique à leur égard, et tout de suite la manif tombe du côté obscur (parce qu’étrangement tout est un peu binaire). Comme si c’était plus important de s’assurer de la pureté politique d’un mouvement que de laisser surgir des paroles de femmes sur ce sujet.

      Il y a quelques années Julia Serrano, l’activiste trans, avait écrit sur Twitter « Tout ce militantisme autour de l’avortement m’offense » (je cite de mémoire, j’avais lu le tweet qui a été effacé plusieurs années après sa publi). Je l’avais compris comme : sa seule existence m’offense, là je me dis que ça pouvait aussi signifier : la manière dont il s’exprime à chaque fois m’offense. Même dans le deuxième cas, exiger qu’un mouvement déjà pas aussi populaire qu’il devrait être exprime dans chacune de ses manifestations une complaisance parfaite avec toutes les minorités, une adéquation sans faille avec les dernières précisions de la pensée queer, c’est beaucoup demander à ces femmes.

      Car oui, il y a un certain intellectualisme de ces mouvements (j’ai déjà observé des effets d’autorité intellectuelle pas bienveillants !) et un manque singulier de volonté de faire masse : la qualité avant la quantité et on s’en fout un peu, des objectifs politiques, des alliances. Comme si c’était un jeu de l’esprit et du verbe, comme si des vies humaines et leur possible dégradation n’étaient pas en jeu. Alors on scrute chaque slogan, chaque expression, et on corrige au stylo rouge.

      Imaginons que la gauche ait accueilli les Gilets jaunes comme ça ! Oui on a pu faire la grimace au début ou se sentir très loin de ce mouvement, mais continuer à le regarder sans sympathie, voire le dénoncer, pour ses maladresses d’expression ou ses raccourcis trop simples...Non, on n’a pas fait ça, alors pourquoi des femmes infligent-elles ça à d’autres femmes, si ce n’est un vieux fond misogyne intériorisé ?

      Car au final on a cette situation hallucinante de féministes dont chaque mot est scruté, qui sont accusées de toutes les haines, qui sont abandonnées à leur sort de machines reproductives et à leur militantisme pas franchement dans l’air du temps en plein backlash, pendant que par ailleurs le patriarcat fait rage (et je le suspecte d’être beaucoup plus violent à l’égard des personnes queer que ce témoignage d’ignorance ou de non-prise en compte par des féministes). Mais qu’importe !

      Alors comment garder ces ambitions inclusives sans se laisser pourrir la vie par une mentalité de commissaire politique, comment faire de la politique dans ce contexte, généreusement mais sans complaisance ? Et comment éviter la critique droitière de ce mouvement (voir l’article) autant que l’abandon de toute critique ?

  • Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre | Pierre Tevanian
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    26 juin : nous apprenons avec effroi la décision prise 5 jours plus tôt par la Cour suprême de Turquie : condamnation à prison à perpétuité pour Pinar Selek, écrivaine, sociologue, féministe, militante, au péril de sa vie et donc au risque de l’exil, pour les droits des kurdes, des arméniens, et de toutes les minorités. Comme le rappelle Pascal Maillard, Pinar Selek prenait il y a quelques semaines la défense de huit intellectuel.les condamné.es par le pouvoir turc et devenu.es des « otages de la résistance de Gezi ». Pinar Selek, aujourd’hui réfugiée en France, écrivait ceci : « La spécificité du régime répressif turc découle de la définition constitutionnelle de la citoyenneté républicaine : le monisme y prévaut dans tous les domaines. Quiconque s’écarte des normes établies par le pouvoir politique est (...)

  • La théorie comme pratique libératrice | bell hooks
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    Pour commencer l’année 2022, nous proposons un second femmage à bell hooks, disparue le mois dernier. Il s’agit d’un extrait du livre Apprendre à transgresser, repris ici avec l’amicale autorisation des Éditions Syllepse. Loin des « formats universitaires conventionnels » qu’elle a toujours refusés, l’autrice part de son expérience pour amorcer une réflexion précieuse, défendant l’idée que la théorie est une « pratique nécessaire » pour un « activisme de libération ». Tout en concédant que les théories – celles notamment des féministes blanches – ont pu être des outils de domination, bell hooks se penche aussi, pour le dénoncer, sur le stéréotype « selon lequel la "vraie" femme noire est celle qui parle toujours avec les tripes, qui place le concret au-dessus de l’abstrait, le matériel au-dessus du théorique ». (...)

  • Manouchian n’est pas un héros de « roman national » | Pierre Tevanian
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    « Missak Manouchian, à quand la patrie reconnaissante ? ». Tel est le titre d’un appel lancé, en deux temps, dans le quotidien Libération, en janvier et février 2022. Le texte qui suit réagit à cette initiative, qui soulève une vraie question : celle de la « reconnaissance » d’un homme, et autour de lui d’un groupe, et d’une histoire glorieuse et trop longtemps occultée – mais le fait en des termes singulièrement inadéquats : ceux de la « patrie » et du « patriotisme ». Source : Les mots sont importants

  • On ne peut pas tout dire | Sébastien Fontenelle
    https://lmsi.net/On-ne-peut-pas-tout-dire

    « On ne peut plus rien dire » : le constat, devenu une sorte de sens commun, est répété de plateaux télé en éditos indignés. L’idéologie « woke » serait à l’œuvre, annulant débats et représentations théâtrales, interdisant des livres, baillonnant les esprits libres qui font la France. Dans un ouvrage plus qu’utile, Sébastien Fontenelle revient sur cette curieuse thématique de la censure, les mensonges sur lesquels elle repose et la manière dont certain-es s’en sont tout de même prévalus pour dire tout et n’importe quoi, et surtout partout. Il montre aussi qu’il s’agit d’un discours défensif face à un profond renouvellement du débat public, et plus précisément face à l’apparition de voix longtemps minoritaires, peut-être insupportables pour certain-es, mais porteuses d’une nouvelle vision de ce qu’on peut dire (...)

  • Le complexe d’Œdipe : belle découverte ou perverse invention ? - Les mots sont importants (lmsi.net)
    https://lmsi.net/Le-complexe-d-OEdipe-decouverte-ou

    Freud, venu à Paris pour suivre les cours de Charcot, a beaucoup fréquenté aussi la Morgue. Il y a « vu des choses que la Science préfère ignorer » : des autopsies d’enfants massacrés par leurs parents. Dans sa pratique de médecin, il observe puis raconte dans des publications scientifiques que ses patientes névrosées évoquent toutes des violences sexuelles qu’elles ont subies, bien souvent de la part du père ou d’un autre parent proche... S’en suit un tollé dans le monde savant, qui lui fait comprendre qu’on n’incrimine pas impunément l’ordre familialiste et l’honneur des pères ou des oncles. Malgré le soutien de certain proches comme Sandor Ferenczi, la théorie dite de la « séduction » sera finalement abandonnée par le fondateur de la psychanalyse et par ses disciples, au profit de la désormais célèbre théorie de l’Oedipe, tellement plus convenable puisqu’elle renvoie sur l’enfant l’initiative d’un rapport libidinal, voire prédateur, à ses parents. C’est sur cet épisode que revient le texte qui suit, en interrogeant la légende dorée du mouvement psychanalytique, qui interprète ledit épisode comme un pur et simple « progrès » scientifique, coupé de son contexte et de ses implications socio-politiques.

    • Toute théorie complexe à vocation totalisante est susceptible de fonctionner comme un cheval de Troie de l’erreur. Plus la théorie est géniale, plus les erreurs qui s’y lovent, risquent de passer inaperçues et de peser lourdement. Lorsqu’on est ébloui, la vue se brouille. Eblouis par les fortes découvertes de Freud, nous courons le risque d’être inattentifs à repérer ce qui n’est plus découverte, mais invention discutable.

    • Les mots utilisés par Freud : viol, abus, attaque, attentat, agression, traumatisme, #séduction sont sans ambiguïté sauf le dernier. L’adulte séducteur dira pour sa défense que l’enfant était séduisant et qu’on ne sait plus qui séduit qui... C’est donc cet euphémisme assez vague qui, après 1897, deviendra l’appellation officielle de la théorie abandonnée.

    • Cette théorie présentée le 21 avril 1896, dans une communication à la Société de Psychiatrie et de Neurologie de Vienne, est accueillie par un silence glacial et on lui conseille de ne pas la publier. Krafft-Ebing directeur du Département de Psychiatrie à l’Université de Vienne déclare :

      « On dirait un conte de fées scientifique. »

      Freud qualifie ses auditeurs "d’imbéciles incapables de se rendre compte qu’on leur indique la solution d’un problème plusieurs fois millénaire – une source du Nil"

    • En 1932, Ferenczi – proche disciple [8] et ami de Freud – apportera, au Congrès de l’Association Internationale de Psychanalyse une contribution importante où il ose reprendre à son compte la théorie de la séduction à partir de son expérience de praticien :

      « L’objection, à savoir qu’il s’agit des fantasmes de l’enfant lui-même, c’est-à-dire de mensonges hystériques, perd malheureusement de la force par suite du nombre considérable de patients en analyse qui avouent eux-mêmes des voies de fait sur des enfants ».

      Cette contribution sera accueillie par les psychanalystes avec une hostilité comparable à celle que Freud avait connue en 1896. On veut l’empêcher de parler, Freud lui-même insiste pour qu’il ne publie pas [9]et Jones, le premier biographe de Freud, ira jusqu’à le déclarer psychotique.

    • C’est peut-être la mort du sien, le 23 octobre 1896, une mort très durement ressentie [10], qui va conduire Freud à renoncer à une découverte par trop scandaleuse puisqu’elle l’amenait à soupçonner jusqu’à son propre père. Dans la nuit qui précède son enterrement, il fait un rêve dans lequel il lit sur une pancarte :

      « On est prié de fermer les yeux ».

    • Le 21 septembre 1897, Freud écrit à Fliess une lettre décisive qui détaille les arguments le conduisant à renoncer à sa neurotica. Le plus spectaculaire porte sur l’impossibilité qu’il y ait autant de pères pervers.

      Il évoque « la surprise de constater que dans chacun des cas, il fallait accuser le père (y compris le mien) de perversion » [12]

      Dans l’article Séduction du volumineux Dictionnaire de la psychanalyse d’Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, l’argument devient :

      « Freud se heurte en effet à une réalité irréductible : tous les pères ne sont pas des violeurs (…) ».

      Dans leur crainte que le lecteur d’aujourd’hui ne prenne au sérieux une thèse rejetée par l’orthodoxie, nos deux auteurs poussent l’argument à la limite et même à l’absurde [13], puisque cette fois il ne s’agit plus seulement des pères d’hystériques mais de tous les pères. Pour rendre la théorie de la séduction encore plus inacceptable, ces auteurs disent violeurs alors que Freud (le Freud de 1896 comme celui de 1897) s’en tenait au terme de perversion (le viol n’étant qu’une forme extrême dans la diversité des actes pervers).

    • Dans cette tragique illustration de ce que le sociologue Merton appelle une prédiction créatrice (Je crée ce que je m’attends à voir, j’induis ce que je voudrais, de toutes mes forces, éviter), #Oedipe fait plutôt figure d’innocente victime : condamné à mort dès sa naissance, les pieds percés et liés, il devait être jeté dans un ravin ; adulte, il est condamné à réaliser sans le savoir, le parricide et le mariage incestueux décidés par les Dieux ; il ne lui restera plus qu’à se crever les yeux pour se punir de crimes commis contre sa volonté claire. Que le père (#Laïos) se soit comporté en pervers, en violant un adolescent, qu’il ait ordonné le meurtre de son fils, voilà ce que Freud occulte de l’aventure.

    • Freud va beaucoup plus loin puisqu’il affirme qu’il y a chez tout jeune enfant une disposition perverse polymorphe.

      L’expression est souvent citée mais généralement hors de son contexte. Il faut relire le texte : « La disposition perverse polymorphe » [3] :

      « Il est intéressant de constater que l’enfant, par suite d’une séduction, peut devenir un pervers polymorphe et être amené à toutes sortes de transgressions. Il y est donc prédisposé…"

    • La formulation de Freud qui s’en prenait à l’ensemble du monde enfantin ne parlait que d’une prédisposition et il précisait que l’enfant pouvait devenir pervers à condition d’avoir subi une séduction. Dans la diffusion du dogme, ces réserves ont disparu. Si vous consultez le Grand Robert pour connaître la signification de polymorphe, la citation proposée est :

      « L’enfant, selon Freud, est un pervers polymorphe. »

    • Et faites l’expérience auprès de ceux qui connaissent l’expression freudienne : les gens se souviennent de la perversité polymorphede l’enfant mais ils ont oublié ou ont toujours ignoré que cette qualification est – dans le texte – le fruit d’une séduction. Un fruit possible seulement, ce n’est donc pas un résultat inévitable.

    • Dans la nouvelle théorie, appelée celle-là à triompher dans l’ensemble du monde judéo-chrétien, la causalité intrapsychique (tout s’est passé à l’intérieur du psychisme de X) tend à remplacer la causalité inter-psychique (une action de Z est à l’origine des symptômes actuels de X) :

      « Après l’abandon de la théorie de la séduction, puis la publication en 1900 de L’Interprétation des rêves, c’est le conflit psychique inconscient qui fut reconnu par Freud comme la cause majeure de l’hystérie. »

    • dernière partie : https://lmsi.net/La-violance-du-psy

      Pour reprendre une formule de Pierre Bourdieu, un pouvoir de violance symbolique est « un pouvoir qui parvient à imposer des significations, et à les imposer comme légitimes ». Et de fait, lorsque les freudiens parviennent à installer, jusque dans les dictionnaires, une nouvelle définition de la sexualité, qui permet d’étayer leurs théories oedipiennes grâce à l’affirmation d’une sexualité infantile, ils remportent sans conteste une importante victoire stratégique sur le plan symbolique.

    • Je crois pourtant qu’on gagnerait à différencier plus clairement les sentiments durables qui relèvent du lien familial et/ou fraternel au sens large des termes (attachement, affection, tendresse [1]) et des vécus de l’instant liés au plaisir (sensualité, sexualité).

      La sensualité parle du plaisir éprouvé par les différents sens : On peut vivre la sensualité au contact d’un autre corps, mais aussi par sa peau doucement chauffée au soleil de printemps, mais aussi par l’œil et l’oreille accueillant la beauté, mais aussi en dégustant un mets savoureux. Les satisfactions anales du jeune enfant relèvent de la sensualité, comme le soulagement de tout être humain qui a dû différer trop longtemps une légitime exonération.

      La satisfaction du bébé qui tête, relève de la sensualité. Il s’intéresse à son corps, à tout son corps, et sans doute davantage qu’aux objets qui passent à sa portée, parce des satisfactions sensuelles enrichissent le plaisir de l’exploration. La tendresse donnée par le parent, quand elle s’exprime corporellement s’accompagne parfois d’un plaisir sensuel, et quand ce plaisir va jusqu’au trouble, il fonctionne alors comme signal d’alarme dans les relations comportant un interdit.

    • Inceste avec viol, gestes incestueux mais sans réalisation totale, fessée déculottée, corps à corps imposé, camouflé en jeu, fantasme accepté ou lourdement culpabilisé, refus rigide de toute tendresse par crainte de ne plus contrôler la pulsion sexuelle interdite... La tentation de l’inceste existe probablement chez nombre d’adultes, même si elle est contenue ou refoulée la plupart du temps.

      Quant au petit d’homme, pour la satisfaction de ses besoins affectifs aussi bien que pour les besoins les plus clairement organiques, il est totalement dépendant de l’adulte non seulement en raison de sa faiblesse physique, mais aussi du fait de sa totale ignorance.

      Face à cette faiblesse infinie, le pouvoir de l’adulte est sans limite. Il peut donner, ne pas donner, se servir de l’enfant pour son propre besoin, le pervertir ou simplement introduire le trouble, effacer les limites du permis et de l’interdit... Durant les premières années, les plus décisives pour la mise en place des repères, c’est l’adulte et lui seul qui fournit les codes : comment le petit enfant pourrait-il deviner que ce geste du père-Dieu est interdit, qu’il n’est pas un geste paternel mais une violance majeure, qu’il n’exprime pas l’amour-don mais la confiscation-destruction...

    • Dans notre société, le complexe d’Œdipe est devenu un facteur explicatif volontiers invoqué, même de façon très vague, pour défendre la réputation de pères mis en cause par leur enfant devant un tribunal. C’est devenu parmi les gens cultivés, une sorte de dogme qui a pris la place du dogme de la sainte trinité. Un dogme plus utile aux pères incestueux qu’à leurs enfants…

      C’est ce qu’a fini par admettre à la fin de sa vie, Serge Lebovici, professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et vice-président d’honneur de l’Association Internationale de Psychanalyse :

      « Lorsque les féministes et les associations de victimes de l’inceste refusent l’explication oedipienne, elles ont probablement raison de dénoncer le phallocentrisme freudien qui accuse l’oedipe féminin de porter la responsabilité de la violence incestueuse des pères. »

    • biblio :

      Jeffrey Moussaiev Masson, Le réel escamoté. Le renoncement de Freud à la théorie de la séduction , Aubier, 1983

      (Masson dans sa position de directeur des archives freudiennes, a eu accès à la totalité des lettres adressées à Fliess. Il nous éclaire avant tout sur le grand virage de Freud mais aussi sur un débat essentiel entre des médecins de la fin du XIXème siècle qui dénoncent les maltraitances tragiques dont des enfants sont victimes et d’autres qui considèrent les enfants comme des menteurs auxquels il serait naïf de faire confiance.)

      Marianne Krüll : Sigmund fils de Jacob, Gallimard, 1979-1983

      Marie Balmary : L’homme aux statues, Grasset 1979

      Alice Miller : Abattre le mur du silence, Aubier, 1991

      Alice Miller : La connaissance interdite, Aubier, 1988-1990

      Jacqueline Lanouziere : Histoire secrète de la séduction sous le règne de Freud, PUF, 1991

      Chawki Azouri :J’ai réussi là où le paranoïaque échoue, Denoël, 1991

      Freud, La naissance de la psychanalyse. Lettres à Fliess), PUF, 1950-1956

      Freud, Lettres à Wilhelm Fliess. 1887-1904, PUF, 2007

      Freud, L’étiologie de l’hystérie (1896) in Névrose, psychose et perversion, PUF, 1973

      Freud : Cinq psychanalyses, PUF, 1954

    • Éric Zemmour ne vient pas en Arménie pour parler aux Arméniens. Il vient dans le but de recueillir les bulletins de votes de certains Arméniens de France qui, après la guerre, doivent faire face à leurs propres haines, et entendent dans le discours du candidat une réponse qui pourrait paraître réconfortante, à un appel à l’aide formulé à maintes reprises auprès d’une communauté internationale qui n’est jamais intervenue. Ce faisant, il instrumentalise les Chrétiens d’Orient qui sont devenus chasse gardée de l’extrême droite, alors même que cette extrême-droite ne voit en ces Chrétiens qu’un moyen de justifier son islamophobie.

      Et quels seraient les bénéfices pour les Arméniens d’une présidence de Zemmour ? En Arménie, ils n’obtiendront plus de visas pour la France ; en France, ils seront interdits d’appeler leurs enfants du prénom de leurs ancêtres, et réduits à leur statut d’immigrés.

      Zemmour espère peut-être trouver en Arménie une certaine sympathie pour ses idées. Mais l’Arménie a été en guerre avec l’Azerbaïdjan, pas avec les musulmans. L’Azerbaïdjan a été soutenue, d’un point de vue diplomatique et militaire, par plusieurs États. Tous n’étaient pas turcs, et tous n’étaient pas musulmans. L’Artsakh est un territoire, et à ce titre, le conflit est politique, pas religieux.

  • 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 : 60e anniversaire – Vérité et Justice [Actions collectives] ⋅ GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6686
    http://1000autres.org


    https://seenthis.net/messages/301867

    J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France, et aussi, à côté du portrait du Président de la République, dans tous les édifices publics, Mairies, Commissariats, Palais de justice, Écoles, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste. P.Bourdieu

  • Le terrain des idées ? | Noémie Emmanuel
    https://lmsi.net/Le-terrain-des-idees

    Les mots sont importants. Ceux de la science notamment, de la raison et de l’argumentation, mais pas seulement. Le rappel des faits, les preuves, les chiffres, les analyses rigoureuses ne suffisent pas face au racisme, qui mobilise d’autres ressorts que celui de la méconnaissance. Depuis la semaine dernière, le tapage médiatique autour d’Éric Zemmour, la campagne politique qu’il a déjà de fait commencée, et la Une terrifiante du magazine Causeur, reposent cette question insistante, sur laquelle nous revenons ici : comment réagir ? Source : Les mots sont importants

  • Des misogynies rebelles | Joy Press et Simon Reynolds
    https://lmsi.net/Des-misogynes-rebelles

    Au départ, Sex revolts a été imaginé comme une enquête sur la misogynie – la masculinité dérangée et dérangeante – au sein du rock et des styles voisins de musique populaire. Mais notre périmètre s’est rapidement élargi pour embrasser d’autres aspects des questions de genre, tels qu’ils se manifestaient, amplifiés, dans la musique pop et ailleurs. Source : Les mots sont importants

  • Ce livre a l’air excellent ! A moins que ce ne soit la (très bonne) critique de Sylvie Tissot, mais pas que ...

    https://lmsi.net/Faut-il-jeter-tous-ses-vinyles-des-Rolling-Stones-a-la-poubelle

    Sex revolts propose une analyse passionnante, minutieuse, drôle aussi, dans un style enlevé que la traduction parvient le plus souvent à rendre, des thèmes qui traversent un courant musical défini de manière très large (puisque les auteur·e·s nous amènent jusqu’au rap). Il démystifie ce tour de passe-passe par lequel le mépris des femmes devient une source inépuisable de blagues, et leur haine l’étalon à travers lequel se mesure l’art de la transgression.

    De fait, et Sex revolts le rappelle avec éloquence, il n’y a rien de transgressif à chanter des horreurs sur les femmes. Rien de beau, rien d’entraînant, rien de marrant, ni de cool : l’alibi que procure la culture rock à la misogynie se dégonfle d’un seul coup.

    #rock’n’roll #misogynie #culture_rock #patriarcat