juillet 2006 - Le Monolecte

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  • « Le tourisme est une industrie de la compensation » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/Le-tourisme-est-une-industrie-de

    À l’origine, il s’agit quand même d’une conquête sociale, celle de 1936 et des congés payés. Comment la machine se grippe-t-elle par la suite ?

    « Effectivement, il y a à partir de 1936 cette visée supposément émancipatrice consistant à libérer – provisoirement – le travailleur grâce à l’acquisition du droit aux congés payés. Bien entendu, c’est un leurre : ces congés payés restent dépendants du travail et du salariat. Plus qu’une libération, il s’agit d’un aménagement de peine. Une question s’est cependant posée : comment occuper ce temps libéré de manière à ne pas laisser s’installer le vice et la débauche qui, comme chacun le sait, se nourrissent de l’oisiveté ? Associations, syndicats et diverses organisations ont proposé des activités et des séjours pour meubler un temps, au final, de moins en moins ’’ libre ’’. Dans la foulée des congés payés naît ainsi le tourisme social. Une démarche d’éducation populaire guidée par l’idée de découvrir l’autre et le monde. Mais, avec l’efficacité qu’on lui connaît, le capitalisme a pris en main cette tendance qui s’est rapidement avérée rentable. Depuis, la demande touristique n’a cessé de croître dans un assentiment général.

    Résultat : nous avons basculé dans l’industrie ’’ décomplexée ’’ du tourisme de masse. Celle-ci a largement organisé les territoires à des fins mercantiles. Le tourisme n’a plus comme finalité la recherche de la diversité mais celle du divertissement. Il tend à transformer des régions entières en zones commerciales à ciel ouvert. Pour les territoires non dotés de capital touristique, on implante des espaces créés de toutes pièces – centres de vacances, parcs à thèmes ou zones de loisirs. Autant d’univers artificiels dédiés à l’accueil des vacanciers. »

    #tourisme #congés_payés #dromomanie

    • On s’en fout, on n’est pas chez nous !

      Cela pourrait résumer pas mal de l’esprit vacances. En tout cas, je l’ai souvent entendu en zone touristique, quand les gens se lâchent. Après 11 mois à courber l’échine, bouffer des couleuvres et traverser dans les clous, ils pensent que pendant les vacances, tout est permis : « Ben oui, moi, j’ai payé, moi » ! Les vacances deviennent alors le lieu des réglements de compte sociaux : « Je sers les autres toute l’année, à mon tour d’être servi », en reproduisant tous les comportements les plus haïssables qu’ils ont eu à supporter tout au long de l’année.
      Mais je pense que la goujaterie n’est rendue possible que par l’éloignement de son lieu de vie. Dans un endroit où l’on ne connaît personne et où personne ne nous connaît. Ce qui assure précisément de l’impunité sociale : on peut se comporter en gros blaireau, puisque finalement, les gens qui comptent, la famille, les amis, les collègues, n’en sauront rien.
      Et c’est ainsi que les touristes sont généralement mal vus dans leur lieu de villégiature et qu’ils ne sont pas reçus très aimablement : « manière on s’en fout s’ils ne reviennent pas ces blaireaux, l’année prochaine ! »

      https://blog.monolecte.fr/2006/07/30/turista