• Max DUEZ - Et maintenant qu’ils sont là... on fait quoi ?

    Pardonnez-moi, monsieur le procureur, j’ai dû manquer une case. À vingt-cinq ans j’étais un bandit, je vendais de la drogue, j’ai payé pour cela, j’ai pris trois ans fermes et j’ai rendu ma dette à l’État. Et maintenant, devenu vieux, que je fais de l’humanitaire en aidant de pauvres gens épuisés qui ont soif, froid et faim... vous voulez me mettre en prison tout ça parce que je ferais partie d’une bande organisée ? Je ne saisis pas bien votre raisonnement, là... je vous le dis, j’ai dû louper une case. Arrêtez, vous vous fichez du monde. « Eux, les migrants, ils disent merci toutes les cinq minutes. Merci de quoi ? pense Pierre. C’est lui qui doit dire merci de ce rappel impérieux de la nécessité du partage. Eux, ils ont les yeux grands ouverts sur l’avenir, pupilles noires au centre de billes blanches. Ce sont eux qui sont propres et c’est lui qui a la gale, pas sur la peau du corps, mais sur la peau du coeur sans doute depuis toujours... » « Une famille nombreuse, c’est quelque chose. Il n’y a pas un avis comme aux époques patriarcales, il n’y a pas deux positions qui s’affrontent comme en politique au moment du choix présidentiel, il y a une foultitude d’avis qui vont, qui viennent, qui remettent tout en cause et qui font qu’on évolue. »


    https://www.editions-baudelaire.com/auteur/max-duez/et-maintenant-qu-ils-sont-la-on-fait-quoi
    #livre #Max_Duez #réfugiés #asile #migrations #frontière_sud-alpine #Hautes-Alpes #solidarité #accueil

    –------------

    Pour celleux qui ne le connaissent pas (encore), Max Duez est médecin... il habite #Briançon... et c’est une figure magnifique.

    Il apparaît dans le film Déplacer les montagnes.
    J’ai cité ces paroles qu’il a prononcées lors des Etats généraux de la migration (décembre 2017) dans le petit article que j’ai écrit pour la revue L’Alpe :

    Max Duez, chirurgien à l’hôpital de Briançon qui « a passé sa vie à réparer des corps cassés », prend à sa suite la parole : « Dans nos montagnes, le sauvetage ne se discute pas ». Faisant référence à Zola, il déploie un long « J’accuse ». « J’accuse l’État qui se tait lorsqu’on condamne un humaniste comme Cédric Herrou. J’accuse le ministère de l’Intérieur qui donne ses directives aux préfectures, au prétexte de délits qui n’en sont pas. J’accuse la police qui exécute ses ordres ; N’aggravons pas les choses, c’est assez difficile comme ça. »

    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02289383/document

    ping @reka @isskein @karine4