Après la mort de deux migrants dans la Manche, les associations alertent sur cette nouvelle route migratoire

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  • Après la mort de deux migrants dans la Manche, les associations alertent sur cette nouvelle route migratoire

    Pour la première fois, les corps de deux migrants ont été retrouvés lundi sur une plage du #Touquet, dans le #Pas-de-Calais. Un drame qui souligne l’augmentation préoccupante du nombre d’exilés qui tentent de rejoindre les côtes britanniques par la #voie_maritime.

    Les dépouilles de deux Irakiens ont été retrouvées lundi sur une plage du Touquet, dans le Pas-de-Calais. Ils avaient 17 et 22 ans. Ces jeunes hommes auraient tenté de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, selon les premiers éléments recueillis par la préfecture. Une petite embarcation semi-rigide a en effet été retrouvée à proximité. Ce drame porterait donc à quatre le nombre de migrants morts en tentant de rejoindre les côtes anglaises par la voie maritime.

    Le 9 août, une Iranienne de 30 ans avait perdu la vie après être tombée d’un bateau surchargé. Le 23 août, le corps d’un Irakien avait été retrouvé au large de Zeebruges, en Belgique. Il pourrait s’agir d’un homme repéré par les secours français en train de tenter la traversée à la nage. Des morts prévisibles, selon les associations d’aide aux migrants. Depuis 2018, elles alertent régulièrement sur l’augmentation des traversées clandestines de la Manche.
    Les traversées ont plus que doublé entre 2018 et 2019

    Depuis le début de l’année 2019, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, contactée par le JDD, a dénombré 206 cas de tentatives ou de traversées. Soit environ 2.000 migrants. Lundi matin encore, huit migrants ont été secourus sur une plage près de Calais, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer.

    Rien à voir avec les chiffres en Méditerranée où 69.962 personnes ont gagné l’Europe en bateau cette année, d’après les données de l’UNHCR au 14 octobre 2019. Et 1.071 y ont laissé leur vie ou sont portés disparus.

    Il n’empêche. Si la plupart des candidats à l’immigration continuent de tenter de se faufiler dans un camion (souvent en risquant leur vie, 4 personnes étant décédées en 2018 selon la Cimade), de plus en plus d’entre eux choisissent la voie maritime. Le phénomène a été repéré pour la première fois par les autorités en 2016 et connaît, depuis, une croissance exponentielle. Cette année-là, 23 tentatives ou traversées sont comptabilisées par la préfecture maritime. Puis 12 cas en 2017 et… 78 en 2018, impliquant 586 migrants. En 2019, ce chiffre a donc plus que doublé, et l’année n’est pas finie.
    Une bouée avec des bouteilles en plastique

    Une nouvelle route migratoire d’autant plus préoccupante qu’elle est extrêmement dangereuse. Car la Manche est « une autoroute de la mer », rappelle la préfecture maritime, « 25% du trafic maritime international passe par le détroit du Pas-de-Calais ». Et de comparer cette traversée au fait de franchir une voie express de nuit et à pied.

    Les exilés doivent naviguer de nuit entre ferrys et cargos, avec bien souvent des embarcations de fortune et un matériel de sauvetage insuffisant. L’Irakien repêché fin août près de Zeebruges portait une ceinture de flottaison bricolée avec des bouteilles en plastique.

    A ces difficultés, il faut ajouter les courants forts et les températures glaciales. A bord, les passagers se retrouvent vite trempés, risquant l’hypothermie. Et s’ils tombent, leurs chances de s’en sortir se réduisent drastiquement. Les conditions météorologiques ne semblent pas dissuader les départs : la préfecture a enregistré un pic à l’hiver 2018, la pire période pour naviguer.
    1.200 migrants auraient réussi la traversée, selon les médias britanniques

    Alors, pourquoi prendre ce risque, au péril de sa vie ? "Parce que certains réussissent, avance Antoine Nehr, coordinateur de l’antenne d’Utopia 56 à Calais, « c’est un mélange de désespoir et d’espoir ». La préfecture maritime ne communique aucun chiffre sur le nombre de migrants ayant réussi à atteindre les cotes anglaises mais, côté britannique, la BBC, citant le ministère de l’Intérieur estime que plus de 1.200 personnes ont réussi la traversée cette année, dont 336 en août.

    Autre facteur explicatif, selon ces associatifs : les conditions de vie toujours plus dures sur place. Depuis le démantèlement en 2016 de la « jungle » de Calais, « la politique est d’empêcher toute fixation, explique Antoine Nehr d’Utopia 56. Il y a des démantèlements des campements de fortune tous les deux jours, les forêts sont coupées pour empêcher de créer des lieux de vie, les tentes ou matériels sont jetés ». Ce qui pousserait les exilés à vouloir à tout prix parvenir au Royaume-Uni.
    Plus de contrôles et plus de risques

    « Ça ne va pas s’arrêter ! », prévient Claire Millot, secrétaire générale de l’association Salam, à l’AFP. « Parce que les conditions à Calais et Grande-Synthe sont épouvantables, avec des démantèlements réguliers, ils sont prêts à tout pour passer. » Pour elle, « ils ne sont pas prêts à entendre ce qu’on pourrait leur dire car ils sont déterminés. »

    En fait, les migrants prennent de plus en plus de risques, en camions ou par bateaux. C’est en tout cas ce qu’observent les associations interrogées. « Les contrôles se sont renforcés sur le littoral nord entre Calais et Grande-Synthe, raconte Antoine Nehr au JDD. Il y a de plus en plus de murs, de barrières. » Il ajoute que ces personnes sont souvent « des déboutés du droit d’asile, en fin de parcours, qui n’ont plus d’autre choix et tentent le tout pour le tout ». En 2019, les contrôles ont également été accrus en mer et sur les côtes. Conséquence : « On observe qu’ils partent de plus loin et sur des canots surchargés », déclare Antoine Nehr.

    Même constat pour Eva Ottavy, responsable des questions internationales à la Cimade. « Les camions n’ont plus le droit de s’arrêter dans les parkings entre Arras et Calais, indique-t-elle au JDD, pour éviter que les migrants n’y grimpent. Alors ils partent plus en amont sur la route ou prennent la mer. » Pour elle, « le renforcement des contrôles ne fait que déplacer les routes migratoires ». Tous craignent que d’autres drames soient passés sous les radars.

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