• Reconnaissance faciale : pourquoi la France veut-elle l’expérimenter ?
    https://information.tv5monde.com/info/reconnaissance-faciale-pourquoi-la-france-veut-elle-l-experime

    Des voix au gouvernement et parmi les parlementaires s’élèvent pour demander une réflexion sur l’encadrement juridique de la reconnaissance faciale. Des « caméras intelligentes d’identification » pourraient-elles s’implanter dans les rues des villes françaises, dans les administrations ? Avec quels objectifs et quelles limites ? Entretien avec Laurent Mucchielli, directeur de recherche en sociologie au CNRS.

    Cédric O, le secrétaire d’Etat au Numérique l’a affirmé le 14 octobre dernier, dans un entretien donné au quotidien « Le Monde » : « Expérimenter la reconnaissance faciale est nécessaire pour que nos industriels progressent ». Cette technologie — déjà utilisée pour dévérouiller les smartphones de dernière génération ou reconnaître le propriétaire d’un assistant Google, — commence à être utilisée au sein d’entreprises, dans des aéroports, et massivement dans les rues des villes Chinoises. Les responsables politiques français annoncent depuis 2018 tester la reconnaissance faciale dans le domaine de la sécurité publique, mais jusque là, sans débat ni loi pour la mettre en œuvre.

    Ces « caméras intelligentes » — pilotées par des intelligences artificielles et capables d’identifier ou authentifier des visages humains — posent de nombreux problèmes en terme d’atteinte aux libertés, de liberté de circulation, de droit à l’anonymat et à l’image, de consentement à l’utilisation des données biométriques.

    La reconnaissance faciale pourrait aussi mener à une « policiarisation » de la société, selon les organisations de défense des droits de l’Homme ou des libertés. Ces dernières dénoncent le risque d’un « panoptisme global », grâce aux caméras intelligentes : une surveillance policière permanente et invisible… menant à un contrôle social généralisé.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/24/la-reconnaissance-faciale-s-avere-inefficace-pour-enrayer-la-violence_601669

    La question majeure et préalable est : la reconnaissance faciale, pour quoi faire ? dans quel but ? pour répondre à quel besoin ? Pour améliorer quelle dimension de la vie quotidienne des citoyens ? C’est tout le problème de cette fascination et de cette crédulité actuelles pour les nouvelles technologies, qui amènent nombre d’élus à s’enthousiasmer pour des technologies, sans avoir préalablement procédé ni à un diagnostic des besoins de la population, ni à une évaluation des innovations technologiques précédentes du même genre. Cela donne un côté « hors sol » à leurs propos, qui doit nous interroger.

    TV5Monde : « La France pourrait se positionner en exemple pour développer une reconnaissance faciale éthique bénéficiant à tous sans créer de nouvelles inégalités, sans empiéter sur nos libertés publiques, sans poser de nouveaux risques sur notre sécurité individuelle et collective », selon les deux députés. Cela est-il possible, souhaitable, selon vous, et si oui, par quels biais ?

    L.M : Ces propos relèvent de la pétition de principe de type philosophique et ne sont pas du tout réalistes. Là encore, on est simplement dans du déclaratif, on se paye de mots.

    Il faut absolument sortir de la naïveté ambiante vis-à-vis des nouvelles technologies — puisque face au marketing des industriels de la sécurité, trop de gens se comportent comme des spectateurs crédules d’un film de science-fiction — et se demander préalablement si nous en avons réellement besoin. Il faudrait aller regarder de près les expériences étrangères pour voir dans quelle mesure la technologie répond ou non aux besoins identifiés. Le droit ne doit venir qu’après. Et si on décide de faire une loi pour encadrer le développement de cette technologie, alors je répète que la question de la surveillance de l’application du droit sera majeure. Car le potentiel d’intrusion dans la vie privée et de réduction des libertés publiques est majeur avec cette technologie.

    #surveillance #biométrie #reconnaissance_faciale #libertés

  • Mireille Delmas-Marty : « La “société de vigilance” risque de faire oublier la devise républicaine »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/24/mireille-delmas-marty-la-societe-de-vigilance-risque-de-faire-oublier-la-dev

    La « vigilance » prônée par le président Macron au motif de combattre le terrorisme risque d’entraîner un glissement vers un Etat de « suspicion », s’inquiète la juriste, pour qui se dessine un « culte de la sécurité ». Le monde est dangereux, et nous en sommes de plus en plus conscients, qu’il s’agisse de dangers concernant l’ensemble de la planète comme le changement climatique ou le risque nucléaire, ou menaçant plus particulièrement les êtres humains, comme les crises sociales, le désastre humanitaire (...)

    #algorithme #justice #vidéo-surveillance #reconnaissance #émotions #délation #surveillance (...)

    ##prédiction